Blog de l'association ReOpen911

Une équation mathématique peut-elle remplacer le journalisme d'investigation ?

Posté par .Rédaction le 15/05/2016

 

 
Il est parfois plus dur d’abandonner que de persister dit le dicton, mais quand la preuve est faite que vous avez poursuivi des chimères pendant des années, il n’est d’autre option que de se rendre à la raison et jeter humblement l’éponge. Après dix ans d’existence ReOpen911 va donc fermer ses portes. Nous présentons nos plus profondes excuses à celles et ceux qui nous ont suivis pendant toutes ces années : nous vous avons fait perdre votre temps avec ce qui s’avère être au final des balivernes… Nous pensions sincèrement que le doute était légitime, que les nombreuses zones d’ombre entourant le 11-Septembre méritaient qu’on se batte pour faire valoir le droit à un débat sérieux dans les médias. Mais voilà, la « reine des sciences » a parlé et son verdict est implacable : tout complot de grande envergure ne peut pas rester caché bien longtemps.
 
L(t)= 1-e-tφ0(t)        avec φ0(t) = 1-(1-p)N(t)
 
L’équation mathématique établie par David Robert Grimes, physicien de l’Université d’Oxford, laisse en effet peu de place au débat comme le montrent les titres des articles consacrés à (et consacrant) cette étude :
 
 
 
 
Pièce tragi-comique en cinq actes.
 
Probablement mû par un quelconque résidu de vanité nous avons malgré tout lu les articles publiés en France sur cette étude et quelle ne fut pas notre surprise en notant ça et là quelques…problèmes dirons-nous.
 
Remarque préliminaire : ne défendant pas la thèse d'un complot interne, ReOpen911 n'avait pas à répondre aux médias français ayant choisi de mettre en avant une étude prétendant démontrer l'improbabilité de complots de grande envergure. Aussi étrange que cela puisse paraître aux éventuels journalistes qui liraient ces lignes, notre association se contente de mettre en avant les nombreuses incohérences et omissions présentes dans les différents rapports officiels sur les attentats du 11-Septembre (en traduisant notamment le travail de journalistes américains) ; bref, à pallier la déficience des médias qui, de manière générale, ne relaient ces informations que sous forme erronée et partiale, quand ils ne les omettent pas (voir ici les objectifs de notre association). Toutefois, il nous a semblé nécessaire de répondre aux articles ayant fait l'apologie de cette étude scientifique tant ils nous ont semblé révélateurs du conditionnement des journalistes dès qu'il est question de "théories du complot".
 
 

Acte I : Une foi aveugle dans la Science
 
Commençons tout d'abord avec le magazine en ligne Slate.fr, qui dès le lendemain de la parution de cette étude dans la revue scientifique PLOS ONE, publie l’article « Les théories du complot sont peu plausibles: une équation le prouve » :
 
« On se demande parfois comment les projets maléfiques des méchants de films d’action peuvent rester secrets si longtemps avec autant d’employés qui s’affairent dans des bases hyper secrètes. N’y a-t-il pas un risque qu’au moins l’un d’eux parle de son travail après un verre de trop et ne ruine la conspiration? David Robert Grimes, physicien à Oxford, vient justement de publier un article scientifique qui démontre qu’il est improbable qu’un grand complot impliquant des milliers de personnes reste secret pendant des décennies. Car la probabilité d’une fuite majeure augmente avec le temps et le nombre de personnes impliquées dans le secret. »
 
Que le risque de fuite augmente avec le nombre de personnes impliquées est une évidence. Poursuivons : « Comme le décrit le site Vocativ, la méthode est originale puisque le chercheur s’est basé sur des complots avérés qui ont tous fini par être connus du public. » De La Palice aurait apprécié à sa juste mesure la méthode de David Robert Grimes. Doit-on rappeler au chercheur britannique qu’on ne connaît forcément que les complots qui ont fuité [1] ? Combien de complots restent dans l’ombre pour un complot révélé au grand jour ? En se basant sur des « complots avérés qui ont tous fini par être connus du public », notre chercheur laisse de côté de facto tous les complots qui sont restés dans l’ombre et dont il est impossible à quiconque de connaître le nombre exact. L’article de Slate poursuit en mentionnant deux complots avérés ayant servis à David Robert Grimes à paramétrer sa formule mathématique :
 
« Celui qui a impliqué le plus de personnes, le scandale du programme Prism d’espionnage massif des télécommunications par la NSA, a concerné jusqu’à 30.000 personnes. Il a été rendu public au bout de six ans par Edward Snowden. Le scandale de Tuskegee dans l’Alabama a connu une longévité bien supérieure; jusque dans les années 1960, des chercheurs ont intentionnellement laissé des patients noirs infectés de la syphilis pour observer la progression de la maladie. L’opération impliquait 6.700 personnes et le scandale n’a éclaté que vingt-cinq ans plus tard. »
 
Nous apprécierons particulièrement le « que » de la dernière phrase. Qu’il ait fallu attendre trente ans (et non vingt-cinq comme l’écrit Slate, reprenant l’erreur du Dr Grimes) pour que ce scandale éclate est tristement révélateur de la nature humaine. Sur les 6700 personnes au courant de cette étude aussi clairement raciste [2], il n’y aura eu qu’une seule personne pour dénoncer cette ignominie. L’affaire éclata au grand jour en 1972 lorsque après avoir vainement tenté d'alerter ses autorités de tutelle, le médecin en santé publique Peter Buxtun révéla à la presse l'existence de ces expérimentations. Sans ce courageux médecin, combien d’années celles-ci seraient-elles encore restées dans l’ombre ? Auraient-elles jamais été découvertes ? Et si Edward Snowden n'avait pas révélé le scandale Prism au bout de six ans, combien de temps aurait-il fallu encore attendre avant qu'une autre personne ne dévoile ce programme massif d'espionnage de la NSA ? Cinq ans ? Dix ans ? Trente ans ?
 
En plus de ces deux complots avérés, David Robert Grimes s’est basé également sur le scandale des experts médico-légaux d’une unité d’élite de la police scientifique du FBI [3]. Dans ce complot qui a perduré six ans, David Robert Grimes estime à 500 le nombre maximum de personnes au courant.
 
Mise en relation du nombre de personnes impliquées (selon Grimes) avec la durée de complots réels
 
 
Ainsi, pour calculer la probabilité de la révélation d’un complot, le Dr Grimes s’est basé sur seulement trois complots alors qu'on ne compte plus les complots dévoilés à ce jour. Bref, une taille d’échantillon absolument ridicule qui visiblement n’a gêné aucun des journalistes français ayant relayé cette étude. Il faudra traverser la Manche pour trouver un journaliste doté d'un minimum de sens critique. Dans un article cinglant, le journaliste anglais Martins Robbin critique violemment la méthodologie du Dr Grimes et considère que son étude est « un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire en statistiques.» Pour montrer l'absurdité d'extrapoler à partir de seulement trois exemples, il compare un tableau idéal de données avec celui obtenu avec les trois exemples choisis par le Dr Grimes. Le résultat se passe de commentaires :
 

 Avec en abscisse, le nombre de personnes impliquées et en ordonnée, le nombre de mois avant une fuite
 
 
Un complot de 50 ans
 
Une recherche un tout petit plus longue aurait (peut-être) permis à notre professeur de découvrir un complot resté secret durant un demi siècle malgré la participation de milliers, si ce n’est de dizaines de milliers de personnes, et ayant causé la mort de 100 millions de personnes à travers le monde… Délire conspirationniste ? Pas vraiment. L’article « Les conspirateurs du tabac » publié dans le Monde en février 2011 mérite qu’on en cite quelques extraits :
 
 « Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l’hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu’ils vendent est cancérigène – ce que les médecins allemands savaient depuis les années 1920 –, et des journaux commencent à évoquer cette possibilité. Au terme de réunions avec le patron de Hill & Knowlton, conseiller en relations publiques, les géants du tabac se lancent dans une entreprise de propagande et d’instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette.(…) Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en ont tiré un rapport explosif de 260 pages, publié en juillet 2000, montrant comment les cigarettiers avaient infiltré leur organisation grâce à des associations écrans ou à des scientifiques secrètement payés par eux. Le tout, bien sûr, pour entraver la mise en œuvre de politiques de contrôle du tabac. Et lors des poursuites engagées en 1999 par l’administration Clinton, en partie fondées sur les "documents", les procureurs fédéraux ont plaidé que les manufacturiers américains du tabac ont "préparé et exécuté – et continuent à préparer et exécuter – un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public". (...) Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population – qui ne résistent ni à l’analyse critique ni même au simple bon sens – est la part la plus fascinante de cette histoire. C’est le fruit d’investissements lourds. Depuis des décennies, les apparitions des marques de cigarettes dans le cinéma hollywoodien sont millimétrées, à coups de millions de dollars. D’autres millions sont investis par l’industrie dans la recherche biomédicale académique : non pour trouver des remèdes aux maladies du tabac mais, très souvent, pour documenter des prédispositions génétiques à des maladies, attribuées ou non à la cigarette… (…) Une cinquantaine d’historiens – la plupart financés ou secrètement payés par les cigarettiers – ont formulé lors des procès du tabac des témoignages favorables aux industriels. Dans les "tobacco documents", les cigarettiers parlent de développer une "écurie" de savants. Seuls deux historiens américains – dont l’auteur de Golden Holocaust – ont témoigné du côté des malades. » 
 
Un complot ourdi en1953 par une poignée d’industriels dans un salon (probablement feutré) de l’hôtel Plaza de New York dans le seul but de maintenir des profits colossaux et ce, au détriment de la vie de millions de personnes : « Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. Plus de cinq millions et demi de vies emportées prématurément chaque année. Cent millions de morts au XXe siècle ; sans doute un milliard pour le siècle en cours. » Cette conspiration a nécessité la participation de milliers, voire de dizaines de milliers de personnes à travers le monde, et pourtant il aura fallu attendre cinquante ans avant que l'ampleur du complot soit dévoilée ! [4] A noter que selon la formule mathématique du Dr Grimes, un complot de cette envergure n'aurait pas dû dépasser plus de 251 participants pour durer aussi longtemps :
 
 
Nombre maximum de personnes impliquées pour qu'un complot reste secret pour une durée déterminée (selon Grimes)
 
 
Comment expliquer ce demi-siècle de silence alors que les personnes impliquées ne risquaient pas la prison ou l'élimination si elles parlaient ?
Comment ces personnes faisaient-elles (et continuent de faire) pour justifier leur participation à une industrie qui tue un de ses clients sur deux ?
A quoi pensent-elles quand elles perdent des êtres chers suite à leur addiction au tabac ? Il faut croire que la dissonance cognitive est la plus efficace des alliées pour maintenir un complot dans l’ombre et seules des personnes d’exception (et donc rarissimes) auront le courage d’alerter l’opinion publique. 
 
Comme le remarque justement l’auteur de cet article du Monde : « Les mensonges d’une demi-douzaine de capitaines d’industrie provoquant la mort de plusieurs millions de personnes ? Une fiction qui mettrait en scène une conspiration de cette ampleur serait taxée d’irréalisme ou de loufoquerie… » Cette incapacité à envisager l’inenvisageable est assurément un frein à la mise à jour de telles conspirations comme le souligne J. Edgar Hoover, Directeur du FBI de 1924 à 1974 : « L'individu est handicapé en se retrouvant face à face avec une conspiration si monstrueuse, qu'il ne peut croire qu'elle existe. » Combien de journalistes, quand la réalité dépasse la fiction, doivent préférer ne pas creuser le sujet par peur d’être taxés de « conspirationnistes » ou se heurtent à l’incrédulité de leur hiérarchie ? [5]
 
 
 
S'il est une personne apte à livrer son opinion en matière de révélation de complot, c’est bien Daniel Ellsberg, ancien consultant pour le Pentagone, à l’origine d’une des plus grandes fuites de l’histoire connue sous le nom de l'affaire des papiers du Pentagone [6]. Dans son livre Secrets: A Memoir of Vietnam and the Pentagon Papers, il écrit : « C’est un lieu commun de dire que "vous ne pouvez pas garder un secret à Washington" ou "dans une démocratie", peu importe le degré de sensibilité du secret, vous êtes susceptibles de le voir [publié] le lendemain dans le New York Times. Ces banalités sont parfaitement fausses. Ce sont des histoires qui servent de couverture, de moyens de flatter ou de tromper les journalistes et leurs lecteurs, et cela fait partie intégrante du processus qui permet de garder les secrets bien au chaud. »
 
 
Mais qu’importent les faits, qu’importent les déclarations de personnalités on ne peut mieux placées pour parler du sujet, pour le sociologue Gérald Bronner : « Les mythes conspirationnistes sont surtout invraisemblables [car] à partir du moment où vous impliquez des dizaines voire des centaines de personnes, il est impossible dans la société dans laquelle nous sommes de ne pas imaginer que l’information va percer. » (France Inter – 01 03 2013). Une analyse qui relève plus de la croyance qu’autre chose, ce qui est regrettable de la part d'un sociologue qui se dit « spécialiste des croyances »…
 
 
Mise en application de l’équation
 
Une fois sa formule mise au point grâce à ces trois complots révélés, le Dr Grimes a décidé de la tester sur quatre célèbres théories du complot : 
  • L’atterrissage sur la Lune serait une mise en scène
  • Le changement climatique serait un mensonge
  • Les vaccins engendreraient l’autisme
  • Un remède contre le cancer serait caché 
 
 
Durée maximale avant la révélation d'une théorie du complot (selon Grimes)
 
 
Dans son étude, le Dr Grimes écrit : « Pour une conspiration comportant quelques milliers d’acteurs, l’échec intrinsèque émergerait en quelques décennies. Pour des centaines de milliers de personnes impliquées, un tel échec serait assuré en moins de la moitié d’une décennie. » Bigre, un complot qui comprendrait des centaines de milliers de personnes ? Dans le cas du prétendu faux alunissage, Slate nous dit sans sourciller que « le secret aurait du être gardé par 411.000 personnes, ce qui correspond au nombre d’employés de la Nasa en 1965. » Pour arriver à un tel nombre de complices, notre universitaire a donc comptabilisé toutes les personnes travaillant à la NASA ! Une question cruciale se pose : services de nettoyage compris ? On retrouve là le même argument absurde utilisé pour essayer de discréditer tout questionnement sur le 11-Septembre : un tel complot nécessiterait soi-disant la complicité (active ou passive) de tous les personnels du FBI, CIA, NSA, NORAD, FAA, etc. Si certaines personnes sont effectivement convaincues la participation directe [7] ou indirecte [8] du gouvernement américain, rappelons que la majorité des sceptiques face aux nombreuses incohérences de la thèse officielle se contente de réclamer une nouvelle enquête (approfondie et réellement indépendante) laissant de côté les scénarios alternatifs forcément spéculatifs (c'est la position de ReOpen911).
 
A ce propos, quel serait le nombre de participants maximum pour qu'un complot courre le moins de risque de se faire éventer ? La réponse nous est donnée par le Dr Grimes : « Dans des circonstances idéales, il ne serait possible de garder une conspiration en dessous du seuil de détection que si le nombre d'acteurs impliqués était très petit (< 1000). » Un nombre qui laisse quelque marge de manœuvre aux conspirateurs... Puisqu’il est évident que plus il y a de personnes impliquées dans un complot, plus le risque de fuite augmente (pas besoin d’une équation pour arriver à cette brillante déduction), alors il parait clair que tout comploteur qui se respecte doit tenir compte de ce facteur. On nous demande (très) souvent comment un complot de grande ampleur pourrait durablement rester secret. C'est une question tout à fait légitime à laquelle nous avions proposé quelques pistes de réflexion dans le paragraphe « Comment minimiser le risque de fuites ? » de notre réponse à Noam Chomsky et Jean Bricmont.
 
 
 
Acte II : quand des journalistes prennent leurs désirs pour des réalités
 
Tombés sous le charme de cette équation magique, certains journalistes semblent oublier tout esprit critique. Ainsi, Jean-Paul Fritz, pourtant chroniqueur science sur le site du Plus de L'Obs, ne voit aucun des biais de l’étude et s’enflamme : « Le Watergate et Wikileaks montrent bien que s'il y a des tentatives de complots, il y aura désormais toujours un ou des lanceurs d'alerte pour les révéler, et des sites ou des médias pour publier ces révélations. » On retrouve la même erreur de raisonnement chez son confrère de Slate, Jean-Laurent Cassely : « Ces exemples pédagogiques [les scandales de Prism et de Tuskegee] vont servir à l’auteur pour mettre les adeptes de théories du complot de grande ampleur devant l’un des principaux maillons faibles de leur argumentaire: aussi grave soit-il, un «complot», s’il existe bel et bien, finit toujours par être connu. »
 
Rappelons une fois encore à ces messieurs qu’il est impossible par définition de connaître le nombre de complots encore dans l’ombre, faute de fuite justement. Aussi, se baser sur deux exemples de complots ayant fuité pour en déduire que tous les complots fuiteront est un bel exemple de pensée magique plutôt navrant venant de personnes travaillant pour des médias censés être des contre-pouvoirs. 
Non seulement cette équation mathématique ne démontre rien, mais elle représente en plus un danger pour le métier de journalistes :
 
Bam…bam…bam.
Le rideau s’ouvre sur une salle de rédaction :
- Chef, chef, j’ai un scoop du tonnerre !
- Aaah en voilà une bonne nouvelle. Raconte.
- Voilà, ça fait deux semaines que j’enquête sur une usine de conditionnement alimentaire, et je viens de découvrir qu’ils utilisaient un composé hautement cancérigène dans leurs produits…
- Mais ils sont au courant ?
- Ils ont découvert la toxicité de ce produit il y a plus de trente ans mais comme ils n’ont trouvé aucun autre produit aussi peu cher susceptible de le remplacer, ils ont décidé d’étouffer l’affaire et…
- Attends. Tu dis que ça fait trente ans que ça dure…
- Oui et ce ne pas tout, les…
- Et ton usine là, elle est grande comment ?
- Mais elle est énorme ! Elle appartient au leader européen du conditionnement alimentaire et…
- On se calme, on se calme : on t’a appris quoi à l’école de journalisme ?
- Comment ça ?
- Le cours de seconde année sur le conspirationnisme et ses méfaits sur la démocratie, ça te rappelle des choses ?
- Euh…
- Jamais entendu parler du cours Joffrin [9] ? Bon, je vois. Si tu avais été un peu plus attentif, tu connaîtrais l’équation de David Robert Grimes qui démontre mathématiquement que plus un complot va impliquer de personnes moins il restera caché. Tiens, regarde la courbe tirée de ses travaux :
 
- Ton groupe industriel doit compter au bas mot 100000 employés à travers le monde… un tel secret n’aurait pu être maintenu secret que quelques années au grand maximum…
- Mais j’ai vérifié mes informations, je les ai recoupées, tout concorde…
- Tu lis quoi là ?
- Euh… « De la viabilité des croyances conspirationnistes » étude de David Robert Grimes, physicien de l’université d’Oxford.
- Et la suite je te prie…
- Publiée le 26 janvier 2016 dans la revue scientifique à comité de lecture PLOS ONE.
- Je t’aime bien petit, tu es un bon élément mais attention à ne pas devenir la risée de tes collègues en relayant des théories du complot. Pense à ta carrière avant tout. 
- Merci patron
 
 
 
 
 
 
 
 
Ce serait une grande erreur que de sous-estimer la pression que peut ressentir un journaliste face à ses collègues quand il aborde un sujet sensible. La crainte d'être taxé de conspirationniste doit décourager nombre de journalistes soucieux avant tout de préserver leur emploi particulièrement en ces temps.
 
 
 
Acte III : Sophie Mazet et le « vrai esprit critique » 
 
Sophie Mazet est professeur d'anglais dans un lycée de Seine-Saint-Denis où elle anime depuis 2010 des ateliers « d’auto-défense intellectuelle ». Une initiative qui lui vaut en mars 2015 les Palmes académiques du ministère de l'Éducation nationale [10]. En septembre 2015, elle publie Manuel d’autodéfense intellectuelle (Robert Laffont) tiré de son expérience pédagogique avec ses élèves.
 
       
 
 
Sophie Mazet devient ainsi une « bonne cliente » pour les médias soucieux de lutter contre l'impact du conspirationnisme chez les jeunes. C'est donc sans surprise que le journaliste de Ouest France Cédric Rousseau décide de l'interroger pour son article « Une équation mathématique démonte les théories du complot » (01 02 2016) :
 
 
 
Vouloir développer l'esprit critique chez ses élèves est tout ce qu'il y a de plus honorable et devrait être une préoccupation constante de tout professeur, mais un tel idéal ne devrait-il pas amener à s'interroger en premier lieu sur ses propres préjugés ? Puisque Sophie Mazet reprend ce terme du « mille-feuilles argumentatif » si cher au sociologue Gérald Bronner, nous l'invitons à lire l'article « 11-Septembre : Gérald Bronner ou le côté obscur de la sociologie » que notre association lui avait consacré en avril 2013. Nous n'avons malheureusement jamais reçu de réponse argumentée de la part de M. Bronner : cela est probablement dû à un emploi du temps trop chargé ou, et c'est notre crainte, nos arguments étant si mal étayés, et de si mauvaise foi, que M. Bronner, Maître de Conférences à l'Université Paris-Sorbonne, ne pouvait décemment pas s'abaisser à nous répondre [11]. Mais ne serait-ce pas là une formidable opportunité pour Sophie Mazet que de faire étudier cette réponse de ReOpen911 à ses élèves de lycée lors d'un des ateliers « d’autodéfense intellectuelle » contre les théories du complot qu'elle anime ? Quel exercice stimulant ce serait pour eux : débusquer toutes les approximations, erreurs et autres manipulations que ReOpen911 a forcément commises dans sa réponse à M. Bronner. Cela démontrerait avec éclat l'efficacité de ses ateliers « d’autodéfense intellectuelle » contre les théories du complot ! [12]
 
 
 
Voici un très bon exemple pour exercer son sens critique. On reconnaît là le classique mais indémodable recours à l’amalgame. Voyons ce que nous dit Wikipedia à ce propos :
 
« L’amalgame, dans son sens figuré de procédé de langage, consiste à associer abusivement des personnes, des groupes ou des idées. On parle, par exemple, d’un amalgame quand on associe intentionnellement ou non un groupe criminel du passé sur lequel un consensus est établi quant à sa nocivité (tels que les nazis) à un groupe, une personne ou une action contemporaine qui ne méritent pas ce rapprochement extrême, quels que soient leurs défauts éventuels. »
 
Dans l'extrait de Ouest France sont associés Illuminati, Reptiliens et thèses alternatives du 11-Septembre [13] sans qu'il y ait la moindre distinction entre ces thèses. Mme Mazet estime-t-elle pertinent de comparer ceux qui croient que Barack Obama, Elisabeth II, Madonna ou encore Nicolas Sarkozy seraient en fait des reptiliens avec des personnes qui estiment qu’il reste de nombreuses zones d’ombres autour du 11-Septembre ? Traiterait-elle de cinglée Donna Marsh O’Connor, mère d’une victime du 11-Septembre qui milite depuis des années pour une nouvelle enquête ?
 

 
 
Sophie Mazet nous livre ensuite un des lieux communs les plus tenaces sur la remise en question de la thèse officielle du 11-Septembre en nous assurant doctement que les « arguments [des conspirationnistes du 11-Septembre, ndr] ont tous été démontés un par un, patiemment, par des scientifiques. » Une affirmation bien péremptoire qui mérite quelques approfondissements. La lecture de son livre Manuel d’Autodéfense Intellectuelle permet de comprendre d’où lui vient pareille certitude :
 
 
 
Le monde selon Sophie Mazet est très simple : il y a les vrais experts qui démontent les arguments des « conspirationnistes » et les faux experts qui servent juste à donner une « apparence de sérieux » aux thèses des « conspirationnistes ». Une vision du monde bien éloignée de la réalité comme le démontre l'article « Des experts face au 11-Septembre : entre doutes et accusations » du blogueur Taïké Eilée. Sophie Mazet nous prévient ensuite que :
 
 
 
En somme Sophie Mazet reproche aux « conspirationnistes » de ne pas suivre aveuglément les « bons » experts. Il est tout à fait intéressant de noter qu'elle ne s'offusque pas de l'utilisation de l’argument d’autorité (procédé rhétorique qui consiste à invoquer une autorité lors d'une argumentation, en accordant de la valeur à un propos en fonction de son origine plutôt que de son contenu) mais de son supposé dévoiement.
 
 
 
 
Voilà donc la source de notre professeure d'anglais : Jérôme Quirant, scientifique français bien connu de nos lecteurs pour son combat contre les « thèses conspirationnistes » du 11-Septembre. Malheureusement pour Sophie Mazet, le fait que ce dernier soit chef du Département Génie civil de l'IUT de Nîmes n'empêche pas son argument d'être à la fois mensonger et fallacieux :
 
1. Jérôme Quirant affirme que les architectes et ingénieurs de l’association AE911Truth ne sont pas des spécialistes du calcul des structures et discrédite l'ensemble de ces architectes et ingénieurs au motif que certains d’entre eux seraient des architectes d’intérieur. Nous conseillons à M. Quirant de consulter dans les plus brefs délais un spécialiste de la mémoire car dans une tribune publiée sur Rue89 en août 2011, il déclarait à propos des 1500 [aujourd'hui plus de 2500] architectes et ingénieurs d'AE911 : « Quant aux 50, grand maximum, qui semblent avoir un jour pratiqué le calcul de structure de bâtiments, on ne sait s’ils ont un jour dimensionné autre chose qu’un hangar agricole. »
La dernière moquerie, un procédé classique chez M. Quirant [14], ne saurait gommer le fait qu'il a reconnu dans cette tribune qu'une cinquantaine des architectes et ingénieurs d'AE911 avaient des compétences en calcul de structure de bâtiments. 
Toujours dans cette tribune de Rue89, M. Quirant assène au sujet des architectes et ingénieurs contestant la thèse du NIST : « Bien qu'ils ne soient pas du tout spécialistes du domaine et qu'ils n'aient jamais rien publié dans des revues scientifiques de génie civil ni avant, ni après le 11-Septembre, ils se permettent de critiquer, accuser, juger. »
Un comble quand on sait que M. Quirant qui n'a aucune compétence en sismologie, en économie ou en chimie, s'accorde lui le droit de « critiquer, accuser, juger » l’étude d'un ex-chercheur du CNRS en géologie-géophysique spécialiste des ondes acoustiques, celle d’un professeur en Finance, ou encore celle d’un chimiste ayant publié près de 60 articles dans les meilleures revues à comité de lecture.
Ne craignant aucune contradiction, M. Quirant clame sur son site : 
« Le mécanisme de la réaction [sulfuration de l’acier] pourrait être étudié (certains l’ont même fait...) mais ça, je le laisse aux chimistes, pour le coup je ne suis pas compétent (…). Ce qui est sûr, c’est qu’à la différence d’autres personnes, je ne vous parlerai pas de choses dont je ne sais rien : on m’a demandé une fois ce que je pensais de la pelouse du Pentagone ! J’ai répondu "je ne sais pas je ne suis pas jardinier" … Et c’est vrai : j’ai bien quelques notions de jardinage, mais il vaut mieux laisser cela à des spécialistes… »
Si malgré tout la mauvaise foi de M. Quirant ne sautait pas aux yeux de Sophie Mazet, nous lui recommandons la lecture de cette réponse à M. Quirant dans laquelle nous nous proposions de tester l'honnêteté intellectuelle de ce dernier à travers de multiples exemples.
 
Une question nous taraude : puisque Mme Mazet prône de suivre l'avis des vrais experts et non pas l'avis « d'experts » improvisés, cela signifie-t-il qu'elle se rallie inconditionnellement :
  • à l'étude du docteur André Rousseau, ex-chercheur du CNRS en géologie-géophysique et spécialiste des ondes acoustiques, qui affirme que "la démolition contrôlée des trois tours du WTC est démontrée par l’analyse des ondes sismiques" ?
     
  • à la méthode de détection de délits d’initiés potentiels sur les marchés d’options de Marc Chesney, ex-professeur à HEC, professeur en Finance exerçant à l’université de Zűrich, qui a repéré 13 opérations suspectes autour du 11-Septembre (8 dans le secteur aérien, et 5 dans le secteur bancaire) ? [15
     
  •  à l'étude scientifique dirigée par Niels Harrit, Professeur de chimie à l’Université de Copenhague, concluant la présence de thermite dans la poussière du WTC ?
 
Sophie Mazet se retrouve face à un dilemme : soit elle continue de se soumettre aveuglément aux « vrais experts » et rejette les critiques de l'expert improvisé M. Quirant qui déclarait « c’est qu’à la différence d’autres personnes, je ne vous parlerai pas de choses dont je ne sais rien », soit elle décide de développer son sens critique et décide de ne plus suivre aveuglément les déclarations d'experts [16] (fussent-ils couverts de diplômes et de titres prestigieux) car la qualité d’expert n'est définitivement pas une garantie d’objectivité [17]. Il va de soi que les experts critiquant la thèse officielle peuvent eux aussi être victimes de leur méconnaissance du dossier et/ou de leurs préjugés. Il convient donc à chacun de rester prudent envers toutes les expertises, y compris celles venant conforter ses propres doutes ou convictions…
Au cas où Mme Mazet se poserait à présent la (bonne) question de savoir comment nous, simples citoyens, pouvons juger de la pertinence des arguments des différents experts, nous l'invitons à examiner les propositions émises au 6ème chapitre intitulé « Paroles d’experts » de notre réponse à Noam Chomsky et Jean Bricmont. 
 
 
2. Enfin et surtout, l'argument de M. Quirant est particulièrement fallacieux puisqu'il est inutile d’être un spécialiste du calcul des structures pour être à même de constater que les rapports du NIST sur les effondrements des trois tours sont truffés d’omissions et d’incohérences qui légitiment la demande de nouvelles enquêtes.
  • Que penser par exemple des multiples témoignages d’explosions ignorés par la Commission d’enquête et par le NIST ?
  • Que penser de l’explication du NIST au sujet de l’effondrement du WTC7 qui repose sur "un phénomène nouveau" jusque là jamais observé dans l'histoire de l'architecture ?
  • Que penser du refus par le NIST de rendre public les données de la simulation de l’effondrement du WTC7 au motif que leurs divulgations « pourraient compromettre la sécurité publique » ?
  • Que penser de l'absence d'étude de la part du NIST sur des pièces métalliques provenant des débris du WTC alors que la FEMA écrivait dans l'appendice C de son rapport publié en mai 2002 : « L’importante corrosion et l’érosion qui s’en est suivie sur les échantillons 1 et 2 constituent un événement tout à fait inhabituel. Aucune explication claire sur l’origine du soufre n’a été trouvée. (…) Une étude détaillée des mécanismes ayant engendré ce phénomène est nécessaire » ?
  • Que penser du fait que pour expliquer la couleur orangée de la matière en fusion s'écoulant du 80ème étage du WTC2, le NIST se contente d'hypothèses au lieu de réaliser une expérience pourtant très facile à concevoir ?
  • Que penser du fait que la recherche de traces d'explosifs sur les aciers prélevés dans les décombres du WTC fut écartée par le NIST ? [18]
  • Enfin, faut-il être un spécialiste dans le calcul de structures pour être en droit de s’interroger sur la validité d'un rapport officiel qui s’arrête précisément au moment même où l’effondrement débute ? [19]
 
 
Nous constatons avec regret que Sophie Mazet a commis la même erreur que les journalistes qui relaient les affirmations de M. Quirant sans jamais chercher à les vérifier [20]. Persuadée à priori que les sceptiques du 11-Septembre sont dans l'erreur, elle n'a jamais pris réellement le temps d'étudier leurs arguments (elle est donc victime du biais de confirmation) et préfère s'en remettre aveuglément aux prétendus démontages de M. Quirant dont le titre de chef du Département Génie civil de l'IUT de Nîmes a suffi à la convaincre (elle se soumet ainsi à l'argument d'autorité). 
On peut comprendre (sans pour autant excuser) que des journalistes pressés par le temps et ne connaissant pas le dossier puissent se laisser berner aussi facilement par des experts qui les rassurent dans leurs préjugés. Mais qu'une personne soucieuse de donner à ses élèves « un vrai esprit critique » et qui a eu des années pour étudier les éléments, puisse être victime à son tour du biais de confirmation et de l'argument d'autorité a de quoi laisser pantois. En mars 2016, Sophie Mazet déclarait dans une interview accordée à Rue89 : « Qu’est-ce qui nous mène vers l’erreur ? C’est le biais de confirmation, c’est-à-dire chercher à confirmer ce que l’on pense déjà. C’est une pente naturelle de notre esprit, on est tous comme ça. On essaye toujours de se donner raison au lieu de se donner tort. »
 
Pour se prémunir contre ce biais de confirmation, Sophie Mazet conseillait aux lecteurs de Rue89 « d’essayer, même si c’est vraiment dur, de s’autodonner tort à chaque fois qu’on cherche à construire un raisonnement. » Comme souvent, il est malheureusement plus facile de donner des conseils que de les suivre...[21]
 
 
 
Acte IV : quand des journalistes s’assoient sur leurs chartes éthiques 
 
Plusieurs médias français (Slate, Ouest France, Sciences et Avenir, Le Plus de L'Obs) se sont empressés de relayer l'étude du professeur Grimes [22]. Pour des journalistes habitués à balayer d’un revers de main dédaigneux tout questionnement sur les attentats du 11-Septembre, une telle étude est une véritable bénédiction : d’un coup de formule magique, les voici justifiés, excusés, d’avoir pendant de si longues années imposés une chape de plomb sur cet encombrant dossier. Quel soulagement que d’avoir enfin la preuve mathématique de l’inanité de la remise en question de la thèse officielle : qui pourrait sérieusement s’élever et proclamer « non, deux plus deux ne font pas quatre » ? On imagine sans peine qu’entre devoir enquêter des semaines, trier les informations, éplucher des tas de rapports, soupeser le pour et le contre de chaque élément, écouter les arguments des uns et des autres avant de trancher et d’un autre côté se voir proposer sur un plateau une « formule simple » qui exonère de tout ce travail fastidieux, le choix doit être relativement facile pour bon nombre de journalistes. Un tel bonheur ne pouvait être gâché par des trouble-fête et sans surprise, nombreux furent les posts à être « modérés » par les équipes de modération : un procédé malheureusement classique qui s'apparente plus à de la censure quand les messages ne dérogent à aucune règle de modération. 
 
L'histoire aurait pu s'arrêter là mais six jours après la parution de l'étude sur PLOS ONE, le mathématicien Nicolas Gauvrit publie sur son blog un article sur l'étude de David Robert Grimes prouvant qu'elle contient de nombreuses erreurs :
 
« La prétendue preuve mathématique qu'un complot à grande échelle ne peut rester caché est fausse.
Un article est paru récemment dans la revue PLOS ONE. Son auteur, David Robert Grimes, de l'Université d'Oxford, prétend démontrer par des formules mathématiques qu'un complot impliquant un grand nombre de personnes ne peut pas rester caché bien longtemps. C'est un argument intuitivement parlant qu'on utilise souvent pour répondre aux défenseurs des théories du complot. Il semble en effet difficile de croire que des milliers des personnes auraient, par exemple, participé à un magistral complot visant à intoxiquer les citoyens de la planète par des vaccins, sans que personne ne vende jamais la mèche. Pourtant, cet argument, s'il peut paraître raisonnable, n'est pas prouvé : finalement, peut-être est-il possible de dissimuler des complots pendant des décennies ? Beaucoup de personnes qui s'inquiètent de la montée des théories du complot ont accueilli avec enthousiasme l'annonce d'une démonstration mathématique de cet argument. Si on peut prouver qu'un complot n'a que peu de chance de succès, c'est une puissante réponse aux "complotistes". De nombreux sites ont rapidement relayé l'information (par exemple ici, ou ). Beaucoup d'enthousiasme donc... trop d'enthousiasme en réalité... Car l'article de Grimes ne vaut pas grand chose, et ne démontre rien du tout. »
 
L'article de Nicolas Gauvrit se terminait sur un appel à la prudence que nous partageons pleinement : « Sceptiques ou non, rationalistes ou non, nous avons tous tendance à accepter avec joie et peu de méfiance un résultat qui va dans notre sens. » Une critique pouvant difficilement être taxée de conspirationniste puisqu'en plus d'être maître de conférence en mathématiques et membre de la Société Française de Statistiques, Nicolas Gauvrit est également rédacteur à Science...et pseudo-sciences, une revue connue pour sa lutte contre les théories du complot et qui avait d'ailleurs publié en juin 2011 un numéro hors-série sur les attentats du 11-Septembre [23]. Mais donner dans un post le lien du démontage du mathématicien Nicolas Gauvrit doit être jugé comme dérogeant à la charte des commentaires par l'équipe de modération de Slate [24]. Et malheureusement, on ne reçoit pas de réponse quand on écrit directement à l'auteur de l'article (afin de contourner la censure pratiquée par les modérateurs) pour lui demander s'il estime nécessaire de publier un correctif compte tenu de la réponse de Nicolas Gauvrit [25].
 
Deux semaines plus tard, l'équipe de modération, estimant probablement que l'article est désormais peu consulté, consent à laisser passer ce nouveau post :
 
 
Quand une information est fausse, on est censé la corriger, non ?
 
Cette équation relève plus de la pensée magique que des mathématiques. Je ne reviendrai pas sur l'incohérence de la méthode de David Robert Grimes puisque apparemment cela ne vous convainc guère. Par contre je ne comprends pas pourquoi vous ne tenez pas compte de la réfutation développée par un zététicien et repris par celui que les médias considèrent comme la référence ultime dès qu'il est question des théories du complot... Je recommence donc une dernière fois : Nicolas Gauvrit, maître de conférence en mathématiques, membre de la Société Française de Statistiques et opposant des théories du complot a déclaré : "La prétendue preuve mathématique qu'un complot à grande échelle ne peut rester caché est fausse". Sa démonstration mathématique se trouve là : http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/on-na-pas-demontre-que-les-complots-ne-peuvent-pas-tenir/
 
Rudy Reichstadt que vous connaissez bien pour lui avoir donné la parole dans votre média avait dans un premier temps repris votre article sur son site Conspiracy Watch avant de publier quelques jours plus tard l'article de Nicolas Gauvrit :
 
Puisque cette étude ne vaut rien, la laisser telle quelle sur votre site sans le moindre correctif revient à tromper vos lecteurs.
PS : et merci d'avance à la modération de laisser passer ce post qui ne contrevient à aucune de vos règles de modération.
 
 

Trois mois et demi après sa publication, aucun correctif n'a été apporté à l'article de Slate « Les théories du complot sont peu plausibles: une équation le prouve ». Nous avions également signalé à Cédric Rousseau, via la page de contact de Ouest France, que son article « Une équation mathématique démonte les théories du complot » publié le 1er février dernier nécessitait un correctif : pas de réponse. La modération du Plus de L'Obs prend également très au sérieux sa mission et il faut savoir insister pour faire accepter ses posts [26]. A moins que le chroniqueur Jean-Paul Fritz ne lise pas les commentaires à ses articles, c'est donc en toute connaissance de cause qu'il a choisi de ne pas modifier son article « "La Terre est plate" ? Comment déceler un complot grâce à une équation ».
 
Nous terminons ce tour d'horizon avec Arnaud Devillard, auteur de l'article « Les théories du complot à l’épreuve d’une équation », publié le 4 février sur le site de Sciences et Avenir, que nous félicitons d'avoir été le seul à modifier son article. Le chapeau de l'article est ainsi remanié : « Un mathématicien de l’université d’Oxford entend démontrer, avec une équation, que plus il y avait de personnes impliquées dans un complot, moins longtemps il avait de chance de rester secret. La méthode fait débat. » Et ce passage a été rajouté à l'article : « Sa méthode a immédiatement fait réagir, et tout particulièrement sur le web, où a été critiquée la modélisation de Grimes. Dans son blog "Statistiquement vôtre", le mathématicien Avner Bar-Hen décortique le travail de son confrère d'Oxford comme les limites de son raisonnement. »
 
Quel dommage néanmoins que juste après Arnaud Devillard écrive : « Quoi qu'il en soit, le principe de la démonstration de David Robert Grimes est simple : plus il y a de gens nécessairement impliqués dans le mensonge, moins longtemps ce dernier peut tenir et son exposition au grand jour ne tarde pas. » Qu'importe donc que la méthode fasse débat, que la modélisation soit critiquée ou que le mathématicien Avner Bar-Hen, professeur de statistique à l'université Paris Descartes, pointe les limites du raisonnement de Grimes, le journaliste de Sciences et Avenir laissera le reste de son article inchangé qui se termine sur ces mots : « Il reste que David Grimes est réaliste et ne s’attend pas à des effets miracles sur des gens pour qui le complot est une véritable croyance, si ce n’est un moyen rassurant d’expliquer le monde : "Il est très peu probable qu’une simple démonstration mathématique de l’intenabilité de leur croyance réussisse à leur faire changer d’avis". » C’est précisément sur cette phrase que David Robert Grimes terminait son étude mathématique. L’avant dernière phrase de la conclusion du Dr Grimes mérite également d’être citée : « La triste réalité est qu’il semble y avoir une cohorte si idéologiquement investie dans la croyance de leurs convictions qu’ils sont imperméables aux intrusions de la réalité. » [27]
 
L’opposition entre Science rationnelle d’un côté et croyants dogmatiques de l’autre est une vieille rengaine que nous livrait déjà Libération le 8 septembre 2006 dans un article finement intitulé « La religion du complot » : « "Une fois qu'ils ont basculé, il est impossible de les convaincre", constate-t-il. Mark Fenster approuve : "C'est comme un débat entre un croyant et un athée. Il n'y a pas suffisamment de base commune". » Le 9 septembre 2009, le Parisien publiait un article titré « 11 Septembre: pourquoi l’absurde rumeur persiste » dans lequel on peut lire que : « Les adeptes de la grande conspiration resteront persuadés envers et contre tout qu’« on » leur a menti. Sans arguments rationnels, ce qui condamne toute réponse logique. »
 
La messe est dite. Puisque les « conspirationnistes » sont des personnes dogmatiques, irrationnelles, profondément engluées dans leurs croyances, il est donc inutile de débattre avec eux. Une belle pirouette réalisée par certains médias pour justifier leur refus d'ouvrir tout débat contradictoire sur les inconsistances de la thèse officielle du 11-Septembre. Cette soi-disant opposition entre raison et croyance est parfaitement résumée par David Robert Grimes lui-même lorsqu'il pose fièrement avec son tee-shirt où est écrit « La Science n'en a rien à foutre de ce que tu crois » (« Science doesn't give a shit what you believe »)
 
 
 
Pour la petite histoire, le 1er mars 2016 David Robert Grimes a publié un correctif à son article initial et nous assure que les corrections apportées ne modifient pas les conclusions de l'étude. Mieux, la probabilité qu'un grand nombre de conspirateurs puisse maintenir secret leur complot apparaît encore plus faible que dans le modèle d'origine. Malheureusement pour Grimes, même corrigée son étude ne vaut rien en raison des biais décrits plus haut dans cet article. Le journaliste anglais Martins Robbin faisait le même constat dans son article au vitriol : « Même si l'on corrigeait l'erreur de Grimes, son modèle ne serait juste qu'une courbe de probabilité standard basée sur des hypothèses improbables. Cela ne nous rapprocherait pas d’une prédiction sur la longévité d’une conspiration dans le monde réel. »
 
Mais qu'importe, la Science a (re)parlé. Dorénavant, les gens de raison pourront se prosterner devant cette nouvelle formule :
 
 
 
 
 
La charte de déontologie de Munich de 1971 oblige, dans son 6ème devoir, les journalistes à « rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ». Il en est de même dans la charte d’éthique professionnelle des journalistes adoptée en mars 2011 par le Syndicat National des Journalistes (SNJ) qui stipule « qu’un journaliste digne de ce nom dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révélerait inexacte. »
 
Malheureusement, comme le note Sabrina Lavric, docteur en droit à l'université de Nancy, la charte d’éthique professionnelle des journalistes adoptée par le SNJ « est purement déclarative et dépourvue de toute sanction organisée par la profession ». Idem pour la Charte de Munich, adoptée par l'ensemble des syndicats européens en 1971 qui « n'est pas non plus dotée d'une valeur juridique contraignante ».
 
Dans ces conditions, nous ne pouvons que souscrire à l'avis de la sociologue Sophie Jehel qui déclarait le 22 janvier 2016 sur le plateau de Public Sénat : « J’adhère notamment à l’observatoire de la déontologie de l’information. Je crois qu’aujourd’hui en France on a des lacunes du côté des médias sur des différentes médiations qui permettent à une parole populaire, résistante, critique, méfiante de s’exprimer. Que les élites, les journalistes qui en font partie acceptent le jeu du dialogue, acceptent de rendre des comptes. »
 
 
 
ACTE V : Conclusion
 
Une étude riche d'enseignements
 
Bien que cette étude du Dr Grimes présente quelques biais et erreurs :
  • taille d'échantillon ridicule (3 complots)
  • ne tient pas compte du fait qu'un complot réussi peut rester à jamais caché
  • estimation du nombre de personnes impliquées loufoque
  • erreur dès la première équation...
 
celle-ci a pourtant été validée par le comité de lecture de la revue scientifique PLOS ONE. Un échec qui ulcéra le physicien Jonathan Jones qui enseigne à l'université d'Oxford (comme David Robert Grimes) :
 

« Je sais que l'examen par les pairs est souvent superficiel,
mais là ça devient ridicule »
 
Pour le mathématicien et zététicien Nicolas Gauvrit : « [L]a publication dans une revue à comité de lecture n'est pas la fin de l'histoire ni la preuve ultime. L'article de Grimes est publié dans une revue scientifique. Des experts ont validé un travail qui présente une erreur mathématique facile à voir pour quelqu'un qui connaît un peu les mathématiques. » Comme tout à chacun, les scientifiques peuvent être victimes des biais cognitifs, de leurs préjugés... Il convient donc de ne pas croire sur parole une autorité fût-elle scientifique [28], mais de se baser avant tout sur les preuves et les arguments avancés. Une pratique censée être au cœur du travail journalistique mais parfois vite oubliée dès qu'il s'agit de relayer une étude qui conforte ses propres préjugés...
 
Au risque de décevoir nos détracteurs, cela confirme une nouvelle fois que les journalistes ne font pas partie d'un gigantesque complot pour imposer le silence sur le 11-Septembre. La réalité est malheureusement plus banale et quelque part plus effrayante : les blocages sont avant tout psychologiques (peur d'être jugé par ses pairs, conformisme, contraintes intériorisées, autocensure, force des préjugés, etc) et systémiques (manque de temps pour enquêter, précarisation du métier, etc) [29]. Après avoir assimilé pendant des années tout questionnement sur le 11-Septembre à du vulgaire « conspirationnisme », les journalistes peuvent difficilement enquêter aujourd'hui sur ces attentats sans courir le risque d'être accusés à leur tour d'être des « conspirationnistes » ou a minima de propager des thèses conspirationnistes minant la confiance des citoyens en leurs institutions. Doit-on rappeler à ces défenseurs de la démocratie qu'il n'y a pas de démocratie sans une connaissance éclairée des faits ? 
 
C'est en excluant du débat les citoyens qui pointent les incohérences de la thèse officielle que les journalistes participent à la montée de la défiance à leur encontre. C'est en refusant de corriger des erreurs manifestes (en violation de leurs propres chartes éthiques) qu'ils se décrédibilisent davantage aux yeux des citoyens. Il serait grand temps que les médias réalisent que les méthodes utilisées (insultes, anathèmes, amalgames, diffamations...) pour empêcher tout débat démocratique sur le 11-Septembre ne fait que renforcer ce « conspirationnisme » qu'ils dénoncent. En assimilant les sceptiques à des « conspirationnistes », des extrémistes, des ennemis de la démocratie, des antisémites, des négationnistes (selon l'humeur du jour), les journalistes font le beurre des vrais extrémistes qui n'ont plus qu'à récolter l'exaspération engendrée [30]. Il appartient aujourd'hui aux journalistes de choisir : soit ils persistent dans leur refus d'enquêter et de débattre sous des prétextes fallacieux [31], soit ils se décident à enquêter sérieusement sur ce dossier sans préjugés. [32
 
Enquêter sur le 11-Septembre et constater éventuellement qu'il reste des questions en suspend ne signifie pas qu'on adhère pour autant à une quelconque théorie du complot comme en atteste cette déclaration du journaliste John Paul Lepers : « Il y a tellement de zones d’ombre justement pointées par des journalistes d’investigation qu’il ne faut pas fermer ce dossier. Mais ce n’est pas parce que Bush a tort que ses détracteurs ont raison. » Un constat partagé par la journaliste Florence Aubenas : « Je ne pense pas comme Meyssan que c’est une effroyable imposture, je ne le pense pas mais je pense qu’il y a plein de questions et que ces questions doivent être posées toutes sans tabous. » Des propos auxquels souscrit pleinement ReOpen911 et qui nous renforcent dans notre conviction de la nécessité d'un débat contradictoire sur le sujet. Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart à l'origine de nombreuses révélations sur l'affaire Karachi et sur l'affaire Cahuzac partage cet avis : « Qu’il y ait des questions qui se posent autour de la grande histoire et du grand récit du 11-Septembre, c’est une évidence. (…) Ce sont des questions qu’il faut mettre sur la table et dont il faut débattre démocratiquement » 
 
Un appel au débat démocratique qui perce timidement malgré les intimidations et que les médias seraient bien inspirés d'entendre s'ils souhaitent regagner un peu de leur crédibilité auprès des citoyens. [33
 
 
PS : Nous avons envoyé cet article à l'ensemble des personnes citées en les invitant à nous faire part de leurs remarques ou critiques dans les commentaires. Qu'elles soient rassurées d'avance : nous ne modérons que les posts qui dérogent à la charte des commentaires...
 
 
Par Pierre Luciani pour ReOpen911 
 
 
 
 
Pour aller plus loin :
 
 
 
Notes :
 
[1] Ou qui ont été découverts suite à une faille intrinsèque.
 
[2] Pour reprendre les mots du président Bill Clinton lorsqu’il fit le 16 mai 1997 des excuses officielles pour cette expérience désastreuse.
 
[3] En faisant « des témoignages erronés dans presque tous les procès auquel ils participèrent entre 1980 et 2000 », ces experts ont conduit à l’emprisonnement et à l’exécution de plusieurs prisonniers innocents entre 1980 et 2000 comme nous le rappelle le Courrier International.
 
[4] C’est grâce à l’action de la justice américaine que l’on doit la révélation des "tobacco documents" comme nous le précise Stéphane Foucart dans son article du Monde : « Leurs petits et grands secrets, puisés dans les mémos et les messages internes, dans les rapports confidentiels, dans les comptes rendus de recherche de leurs propres chimistes, de leurs propres médecins. (…) Des millions de documents, recouvrant plus de cinq décennies, ont ainsi été exfiltrés des quartiers généraux des grands cigarettiers et confiés à l’université de Californie à San Francisco, chargée de bâtir la Legacy Tobacco Documents Library, et de mettre sur le Net ce fabuleux corpus. Treize millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, sont déjà numérisés. »
 
[5] Une mésaventure qui arriva au journaliste Hervé Kempf lorsqu'il rapporta à la rédaction du Monde que le gouvernement des Etats-Unis envisageait sérieusement l’emploi de petites bombes nucléaires dans les conflits à venir. L'article fut bloqué plusieurs semaines avant d’être publié car ses collègues du service International ne parvenaient pas à admettre que l’information était vraie malgré les preuves accumulées (voir la note 33 de cet autre article de ReOpen911).
 
[6] Ces documents révélèrent, entre autres, que le gouvernement américain avait délibérément étendu et intensifié la guerre du Viêtnam en menant des bombardements secrets sur le Laos, des raids le long du littoral vietnamien, et en engageant les marines dans des actions offensives, avant leur engagement officiel, et ce alors que le président Lyndon Johnson avait promis de ne pas s'impliquer davantage dans le conflit. La majorité de ces 7000 pages de textes et d'analyses couvrant la période 1945-1967 fut clandestinement communiquée à la rédaction du New York Times au début de l'année 1971 par Daniel Ellsberg, un brillant analyste de la RAND Corporation employé comme consultant par le Pentagone. Nous conseillons vivement à celles et ceux qui l’auraient manqué de voir l’excellent documentaire « L'homme qui a fait tomber Nixon - Daniel Ellsberg et les dossiers secrets du Pentagone » diffusé sur Arte en avril 2010.
 
[7] Il s'agit là de la thèse « MIHOP » (« Make It Happen On Purpose ») qui suppose que le gouvernement a lui-même organisé et provoqué les actions terroristes sur son territoire. Une telle entreprise ne nécessiterait évidemment pas la complicité de la totalité des personnels administratifs de sécurité et d'aviation mais demanderait effectivement la participation d'un nombre conséquent de personnels pour planifier et organiser un tel plan. Il serait toutefois malvenu de rejeter a priori ce type de scénario (certes extrême) comme le montre l'Opération Northwood, une gigantesque opération de manipulation digne Hollywood très sérieusement étudiée dans les années 60 par l'état-major interarmées des Etats-Unis.
 
[8] Une participation indirecte peut revêtir de nombreuses formes, que ce soit par un laissé faire ce qui présuppose une connaissance préalable des attentats (thèse LIHOP pour « Let It Happen On Purpose ») ou que ce soit par une éventuelle “aide” apportée aux terroristes. Celle-ci aurait pu consister par exemple :
 
[9] Voir l’article « Pourquoi les censeurs du 11-Septembre sont des ennemis de la démocratie » (Blog de ReOpen911 – 13 09 2011)
 
[10] Le 14 juillet 2014, Caroline Fourest recevait Sophie Mazet dans son émission de France Inter « Ils ont changé le monde » et déclarait à son propos qu'elle « mériterait les palmes académiques ». Huit mois plus tard le souhait de Caroline Fourest était exaucé.
 
[11] Que les lecteurs attentifs soient ici récompensés en découvrant le fin mot de l'histoire : M. Bronner a refusé de répondre à notre article le concernant car nous n'aurions pas tenu nos engagements en n'y incluant pas « le long mail qu ['il avait] explicitement demandé à voir reproduit en cas d'article. » Effectivement, le mail de M. Bronner étant un peu long, nous avions choisi de le placer, avec l'ensemble des mails échangés, dans un fichier séparé indiqué dans une note de l'article : « Les lecteurs curieux de savoir sur quels éléments se base Gérald Bronner pour établir ses certitudes sont invités à lire ces échanges mails (que le sociologue nous a autorisés à publier et que nous remercions à notre tour pour son « ton très courtois »). » Certes, nous aurions peut-être dû mettre plus en évidence ce mail mais celui-ci était bien visible pour qui voulait bien le voir comme en atteste la recension (très) critique du livre la démocratie des crédules de M. Bronner par Fabrice Flipo, Maître de conférences en philosophie, dans laquelle sont mentionnés les échanges de mails entre ReOpen911 et M. Bronner... Face au constat que notre réponse à M. Bronner resterait confinée à Internet (ReOpen911 est un peu moins souvent invité dans les médias que ce dernier), et faute de réponse de la part du principal intéressé, nous avions décidé d'envoyer notre article aux confrères sociologues de M. Bronner afin qu'ils prennent connaissance de nos arguments et jugent s'ils sont pertinents ou non. Très mauvaise idée. Quelques mois plus tard, M. Bronner est invité au colloque « L'emprise mentale au cœur de la dérive sectaire : une menace pour la démocratie ? » organisée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) et dans le rapport 2013-2014 de la MIVILUDES adressé au Premier ministre, on retrouve une version développée de l'allocution de M. Bronner à ce colloque :
 
« C’est exactement la même tactique dont usent les conspirationnistes du 11 septembre par exemple, et particulièrement ceux qui se réclament de l’association reopen 9/11. Ceux-ci se livrent par ailleurs à une forme de harcèlement sur leurs contradicteurs publics (en envoyant par exemple des courriers obsessionnels aux collaborateurs, collègues, associés… de ces contradicteurs dans le but de les discréditer) ainsi que le font traditionnellement certains groupements sectaires. » (page 38)
 
 Voici donc le « courrier obsessionnel » que nous avons envoyé aux sociologues français :
 
Bonjour,
ReOpen911 est une association citoyenne qui suit la controverse sur les attentats du 11-Septembre et milite pour une enquête indépendante. Vous savez peut-être que de plus en plus de journalistes s'y intéressent :
Nous vous invitons à lire cet article consacré au sociologue Gérald Bronner qui qualifie de croyants ceux qui ne partagent pas ses certitudes sur ce sujet :
Cordialement,
L'association ReOpen911
contact@reopen911.info
ps1 : Pour en savoir plus sur ce sujet
ps2 : Voici pourquoi il était tabou pendant quelques années
 
En conclusion, M. Bronner ira même jusqu'à préconiser de « regarder avec attention » l’activité de ReOpen911 dont les responsables sont « identifiés »....Que M. Bronner ait été blessé dans son orgueil, qu'il ait des difficultés à argumenter ou pour quelque raison que ce soit, rien ne justifie le recours à de tels procédés pour régler ainsi ses comptes. Décidément, le titre de notre article le concernant n'était finalement pas si mal choisi : « 11-Septembre : Gérald Bronner ou le côté obscur de la sociologie ».
 
[12] On imagine les titres de presse au lendemain de la performance : « ReOpen911 humilié par des lycéens ». Sophie Mazet ferait plus fort que Rue89 qui avait demandé à des élèves en 2nde année d'école de journalistes de démonter les théories du complot sur le 11-Septembre (un résultat qui fut malheureusement mitigé).
 
[13] L'amalgame est ici renforcé par le journaliste Cédric Rousseau. En intercalant la phrase « Pour elle, la palme revient aux thèses « alternatives » sur le 11-Septembre » au milieu des déclarations de Sophie Mazet, il rend confus le propos de la professeur : pense-t-elle que la palme de popularité revient aux thèses « alternatives » sur le 11-Septembre ou estime t-elle que ces dernières sont plus dingues que les thèses circulant sur les Illuminati ou les Reptiliens ? Qu'importe, on sent que la précision n'est pas une priorité pour Cédric Rousseau. Par contre, nous saluons son sens de l'humour lorsqu'il choisit de mettre une photo de Richard Nixon prise lors de son discours de démission suite au scandale du Watergate pour illustrer la phrase de Sophie Mazet « les puissants n'ont pas besoin de secret, ils parviennent à leurs fins à la vue de tous ! »
 
[14] Outre ses problèmes de mémoire, Jérôme Quirant semble avoir quelques prédispositions aux insultes. Pendant des années, il a accusé les « conspirationnistes » du 11-Septembre de "blaireaux", de "c...", d' "escrocs de haut vol", de "singes décérébrés", de "croyants invétérés ou décérébrés", d'être "atteints d'une forme très sévère de flatulence supra rectale", de "vierges effarouchées", d'être "pitoyable de nullité", de "fils spirituels du gourou", de "poissons qu’on vient de sortir de l’eau et qui se débattent pour essayer de rejoindre leur milieu naturel", d' "’ineffables spécialistes en tout mais fiables à peu près sur rien", de "désinformateurs," de "pseudo spécialistes", d' "élucubrateurs", de "tenir des théories débiles", de faire des "allégations douteuses et nauséabondes", de vivre "au pays de Oui-Oui", d' "incompétents", de "tracassés du bulbe", de "faire appel à Wikimerdia", d'avoir plutôt leur place "dans un hôpital spécialisé", d'avoir vu "4000 juifs rester chez eux le matin du 11"...
 
[15] Fin septembre 2001, une étude menée par la banque centrale allemande concluait à « la preuve quasi irréfutable de délits d’initiés » sur les actions des compagnies aériennes et d’assurances touchées par les attentats. Ernst Welteke, président de la Bundesbank déclarait à ce propos : « ce que nous avons trouvé nous donne la certitude que des personnes liées au terrorisme ont essayé de tirer profit de cette tragédie ». Allen Poteshman, professeur de finance à l’Université de l’Illinois, publiait une étude en avril 2004 confirmant l’existence de délits d’initiés sur les titres United Airlines et American Airlines : « Il y a des preuves d’une activité inhabituelle sur le marché des options dans les jours précédant le 11 Septembre correspondant à des transactions financières sur la base d’une connaissance préalable des attentats » concluait-il . Pour plus d'information, vous pouvez consulter le point clé de ReOpen911 "Mystérieux délits d'initiés boursiers à la veille des attentats".
 
[16] Mme Mazet qui a tant à cœur d'aider ses élèves à développer « un vrai esprit critique » serait bien inspirée d'écouter les propos du physicien et zététicien Christophe Michel : « en zététique, quelque soit le messager qui vous donne la nouvelle, il a beau être prix Nobel ou président de la République ou ministre, peu importe : on fait confiance à ses preuves et à ses arguments. Donc ce qu'il faut regarder, ce n'est pas le crédit, les diplômes ou la réputation d'une personne mais juste les preuves et les arguments qu'il amène avec lui. » (à 9'40 de la vidéo)
Un conseil zététique qu'ignore également Jérôme Quirant. Dommage quand on sait que son livre 11 septembre et théories du complot ou Le conspirationnisme à l'épreuve de la science fut publié en 2010 dans la collection d'ouvrages de zététique Une chandelle dans les ténèbres.
 
[17] Comme nous le remarquions dans ce passage de notre réponse à Chomsky et Bricmont, il faut que les conditions suivantes soient réunies pour que la qualité d'expert puisse être garante d'objectivité :
  • une connaissance au moins minimale du sujet
  • une absence de préjugés
  • une indépendance
  • une honnêteté intellectuelle
Sans ces qualités, les risques d'erreur voire de manipulation sont quasiment inévitables.
 
[18Au cours d'un échange en janvier 2008 avec la journaliste d'investigation Jennifer Abel, le porte parole du NIST Michael Newman fournit une explication pour le moins étrange à l'absence de recherche de traces d'explosifs par le NIST :
Abel : "Pourquoi le NIST n'a t-il pas recherché des indices d'explosifs ?"
Newman : "Parce qu'il n'y avait aucun indice de cela".
Abel : "Mais comment le savez-vous puisque vous n'avez pas effectué de recherches ?"
Newman : "Si vous recherchez quelque chose qui n'est pas là, vous perdez votre temps... et l'argent du contribuable".
 
[19] « L'enquête s’est focalisée sur les événements qui se sont produits entre l’impact de l’avion et le début de l’effondrement de chaque tour » (NIST, rapport final, oct. 2005, p.82, note n°13). Logiquement, le NIST reconnaît en septembre 2007 qu’ils sont dans l'incapacité « de fournir une explication complète de l'effondrement total. »
 
[20] Dans une de nos réponses à Jérôme Quirant, nous écrivions :
« Convaincus par préjugés, par suivisme, par idéologie ou par conformisme de l’inanité de la remise en question de la thèse officielle, les journalistes n’ont pour la plupart jamais pris le temps d’étudier en profondeur les arguments des sceptiques, se contentant de suivre aveuglément ceux qui prétendent démonter ces arguments. M. Quirant sert ainsi de caution scientifique aux médias [ici] qui veulent donner l'illusion d'impartialité oubliant au passage (ou ignorant) que les analyses et arguments de cet expert sont régulièrement démystifiés sur Internet []. »
 
[21] Dans son livre Manuel d'Autodéfense Intellectuelle, Sophie Mazet met en garde contre la « clôture informationnelle » et invite à « diversifier ses sources, voire de chercher des sources dont on sait quelles offriront un point de vue peut-être opposé au sien. C'est souvent difficile et le résultat n'est pas garanti. Mais essayer d'élargir sa vision du monde, et éviter de croire qu'on détient la vérité, vaut bien cette peine. » (p 221)
Un conseil que Mme Mazet a visiblement oublié de suivre lors de la rédaction des cinq pages de son livre consacrées au 11-Septembre. Il apparaît clairement qu'elle n'a jamais pris le temps de lire nos articles publiés en news ou sur le blog, ou nos points clés préférant s'en remettre aux expertises éclairées de Jérôme Quirant, Rudy Reichstadt, Gérald Bronner...
Cependant, nous sommes convaincus de la bonne foi de Mme Mazet aussi c'est sans mauvais esprit que nous lui proposons d'« essayer d'élargir sa vision du monde » en lui conseillant de lire nos articles consacrés à Noam Chomsky et Jean Bricmont, à Gérald Bronner, à Jérôme Quirant, à Caroline Fourest...
 
[22] Le très intéressant blog Gurumed qui traite de l'actualité des sciences et des nouvelles technologies a également relayé sans recul l'étude du Dr Grimes. Même engouement chez Guillaume Brossard, co-fondateur et directeur de publication d'HoaxBuster :
 
 
 
 
Sans vouloir être taquin, relayer sur Twitter un article qui « ne vaut pas grand chose » selon les mots du mathématicien et zététicien Nicolas Gauvrit n'est pas du meilleur effet quand on est le co-fondateur d'un site dont l'objectif est de « mettre un terme à la propagation des hoax et des rumeurs en circulation sur le web francophone. » Malheureusement, nous avions déjà noté qu'HoaxBuster a tendance à perdre de sa rigueur dès qu'il aborde le thème du 11-Septembre. Pour conclure cette note, nous invitons Jean-Laurent Cassely, le journaliste de Slate qui a relayé avec empressement cette étude scientifique du Dr Grimes à lire l'article "Comment autant de scientifiques ont-il pu tous se tromper à ce point ?" publié sur Slate le mois dernier. Un article qui montre que parfois les études les plus solides, confirmées par l'expérimentation maintes et maintes fois peuvent au final s'avérer fausses...
 
[23] Coordonné par Jérôme Quirant assisté de Nicolas Gauvrit ce hors-série de l'AFIS dont le titre « Dix ans après les attentats du 11-Septembre. La rumeur confrontée à la science » suffit à en révéler toute l’objectivité, fut démonté par des sceptiques (ici, ici ou ).
 
[24] Le 3 février 2016, le commentaire suivant est rejeté sans explication par la modération de Slate :
@la rédaction de Slate :
"Comme le décrit le site Vocativ, la méthode est originale puisque le chercheur s’est basé sur des complots avérés qui ont tous fini par être connus du public"
En plus d'être originale, elle est surtout biaisée la méthode...
Comme dit précédemment, comment le chercheur en question aurait pu se baser sur des complots qui seraient restés inconnus du public ? Ne tenant pas compte des complots non encore révélés (c'est évidemment impossible) comment sa méthode peut-elle être prise au sérieux un seul instant ? Discutez-en au sein de la rédaction, vous verrez que ça ne tient pas la route. Si jamais vous jugez malgré tout l'étude toujours sérieuse (il est vrai qu'elle a été publiée dans une revue à comité de lecture...) et que vous restez sensible à l'argument d'autorité (scientifique), alors écoutez ce qu'en pense Nicolas Gauvrit, maître de conférence en mathématiques à l'Université d'Artois et psychologue du développement, membre de la Société Française de Statistiques et du comité de rédaction de la revue Science...et pseudo-sciences éditée par l'Association Française pour l'Information Scientifique et farouche opposant aux théories du complot :
"La prétendue preuve mathématique qu'un complot à grande échelle ne peut rester caché est fausse".
Un rectificatif serait souhaitable, non ?
Pour rappel, la Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes), signée le 24 novembre 1971 à Munich et adoptée par la Fédération européenne des journalistes stipule que le 6ème devoir des journalistes est de "rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte".
Ce rappel de la Charte de déontologie de Munich dans le post aurait-il heurté la susceptibilité d'un des modérateurs de Slate ?
 
[25] Envoi le 4 février 2016 du mail à la rédaction de Slate intitulé « Message pour Jean-Laurent Cassely » : 
Bonjour,
Le problème est que la méthode me semble biaisée ainsi que l'ai expliqué dans un de mes posts [qui fut celui là accepté] :
L'assertion "aussi grave soit-il, un «complot», s’il existe bel et bien, finit toujours par être connu" est simplement ridicule.
Notre chercheur s’est basé sur des complots avérés qui ont tous fini par être connus du public et en déduit tout logiquement que tous les complots finissent par être révélés !!! A t-il réalisé une seule seconde qu'on ne connaît forcément que les complots qui ont fuité !
Combien de complots restent dans l’ombre pour un complot révélé au grand jour ? Comment pourrait-on répondre à cette question ? Le fait est qu'il est impossible de répondre à cette question. Si l'auteur de cet article a la réponse, qu'il n'hésite pas à nous en faire part. :)
J'ai ensuite envoyé deux posts donnant le lien d'un article de Nicolas Gauvrit, maître de conférence en mathématiques, qui montre où se trouvent les erreurs dans l'étude de ce chercheur américain mais ces deux messages furent modérés sans explication. Je me tourne donc directement vers vous pour que vous puissiez prendre connaissance de l'article de Nicolas Gauvrit et procédiez au correctif nécessaire à votre article si vous estimez qu'effectivement cette étude ne prouve rien.
Voici le dernier de mes posts qui fut censuré :
[copie du post du 3 février cité dans la note de bas de page précédente]
Bien à vous
 
[26] Post publié le 8 février 2016 sur le site du Plus de L'Obs :
@ Jean-Paul Fritz :
Sachez que cette étude fut dans un premier relayée par Conspiracy Watch, le site bien connu de lutte et vigilance contre les théories du complot, avant d’être « rectifiée » par la publication de l’article « Les complots ne peuvent pas tenir. Est-ce prouvé ? » du chercheur Nicolas Gauvrit, maître de conférence en mathématiques et membre de la Société Française de Statistiques :
Désolé, mais je crains que vous soyez obligé de vous attelez à la publication d'un rectificatif...
PS : ces deux posts ont été publiés hier puis retirés de la page des commentaires sans explication ! Merci à la modération de laisser ces deux posts afin que Jean-Paul Fritz puisse en prendre connaissance afin de décider si un correctif un nécessaire ou non. C'est à lui de décider si un correctif s'impose ou non, pas à vous.
Merci d'avance.
 
[27] « The grim reality is that there appears to be a cohort so ideologically invested in a belief that for whom no reasoning will shift, their convictions impervious to the intrusions of reality. In these cases, it is highly unlikely that a simple mathematical demonstration of the untenability of their belief will change their view-point. However, for the less invested such an intervention might indeed prove useful. »
 
[28] Dans une interview accordée aux Echos, le sociologue Gérald Bronner déclarait : « [L]es scientifiques se sont dotés de règles strictes (qu'ils transgressent parfois) qui produisent une information bien plus fiable que ce que l'on trouve sur Internet ou dans les médias. Face à une croyance, la position la plus raisonnable, c'est de la soumettre au marché de l'information le plus exigeant. Et celui-ci, qu'on le veuille ou non, c'est le marché de l'information scientifique. » Celui-ci a beau être « le plus exigeant », c'est visiblement loin d'être suffisant. L'exemple de cette étude mathématique montre qu'il n'y a pas d'un côté la croyance et de l'autre la raison comme aime à répéter Gérald Bronner.
 
[29] Si la censure n'est pas la première explication au blocage médiatique, elle constitue néanmoins une réalité comme le montre cette interview mémorable de Karl Zéro à la blogueuse Natacha Quester-Séméon en novembre 2006 :
NQS : « Et pourquoi quand t’étais encore à la télévision, tu n’as pas fait de chose là-dessus ? »
KZ : « Parce que c'était impossible ! »
NQS : « Mais de quel point de vue c’était impossible ? Parce que ça, ça fait vachement genre : ben dans les médias on ne peut pas dire tout ce qu’on veut. »
KZ : « Ça veut dire que la direction de la chaîne disait : "non, on ne touche pas à ça" »
NQS : « Mais en tant que producteur, tu n’as pas les moyens de faire quelque chose ? »
KZ : « (…) Dès que tu commençais à dire "mais on pourrait peut-être faire un truc qui donne un peu la parole aux deux", "ah non, tu ne peux pas". Donc ça, c’est pas si tu veux une conspiration, une théorie de la conspiration que de dire que quand tu es dans les médias dominants, les médias "officiels", y'a des trucs que t'as pas le droit de dire ! »
 
[30] Que ce soit par bêtise ou par malveillance, celles et ceux qui traitent les sceptiques de négationnistes font en réalité le jeu des authentiques négationnistes qui n'ont plus qu'à dire aux nombreuses personnes doutant de la thèse officielle du 11-Septembre « regardez, finalement on est pareils : nous aussi on nous ostracise... ». Il ne leur reste plus ensuite qu'à proclamer fallacieusement que si on les censure c'est parce qu'eux aussi sont porteurs d'une parole dérangeante... L'idéologue Alain Soral, rabatteur pour le FN connu pour son antisémitisme virulent, son négationnisme patent, son homophobie, sa misogynie et ses agressions verbales, est un parfait exemple de cette tentative de récupération. Dans la préface du livre le 11 septembre n'a pas eu lieu, il écrit : « Un magnifique exemple de ce que pourrait devenir, de façon plus générale, le révisionnisme historique sans l’inique loi Gayssot ! Les collabos à l’Empire ne s’y trompent pas d’ailleurs, eux qui vont jusqu’à clamer, devant la déferlante de doutes quant à la version officielle, qu’oser la contester c’est comme remettre en cause l’existence des chambres à gaz. Ce qui est parfaitement exact ! »
Qu'elle soit utilisée pour nous discréditer ou pour légitimer un discours négationniste, cette comparaison est obscène. L'acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz qui a perdu une grande partie de sa famille dans les camps de concentration répondait à ce rapprochement fallacieux en septembre 2009 sur le plateau de Taddeï :
« C'est très grave de comparer des gens qui se posent des questions sur un événement qui est extrêmement troublant et auquel les versions officielles n'ont pas répondu à des gens qui se posent la question sur les chambres à gaz. Je ne suis pas un négationniste. Ecoutez, les millions de personnes qui se posent la question, qui sont les familles des victimes, qui sont les pompiers, qui sont les 700 ingénieurs [2500 architectes et ingénieurs à ce jour], qui sont les milliers [des centaines, nda] de pilotes ne sont pas des négationnistes. J'ai entendu ça déjà avant, j'espérais ne pas l'entendre ce soir. C'est terrible d'entendre ça parce que vous, en disant ça, nous mettez dans une position où on n'a pas le droit de se poser la question. On ne se pose pas la question pour les chambres à gaz : elles ont été avérées, prouvées, et ça techniquement à tous les niveaux, au niveau de l'ingénierie, comment on a fait pour brûler tous ces corps, c'est prouvé. »
Mais Alain Soral compte surfer sur « le discrédit définitif de l’information officielle et des médias de masse » mis en évidence par le traitement du 11-Septembre pour amener son public à douter de la Shoah : « Le 11/09 c’est, face à la grossièreté de l’histoire officielle et à la brutalité de ses promoteurs – politiques et médias – la remise en cause, l’ébranlement de tout un système de domination fondé sur la diabolisation par le mensonge, et qui mène le monde depuis 1945. »
Obsession quand tu nous tiens...
 
[31] Le 22 janvier 2016 sur Public Sénat, Thomas Huchon, journaliste pour le site Spicee, déclare très grave : « Le débat c’est la confrontation libre des idées sur une base commune. Quand, comme les images que vous êtes en train de projeter, on considère qu’il n’y a eu aucun avion qui s’est crashé sur les tours du WTC à New York le 11 septembre 2001, on ne peut pas discuter. » Thomas Huchon nous livre là un bel amalgame en réduisant le mouvement francophone pour une nouvelle enquête à Alain Soral [voir note précédente] condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale, diffamation, insultes antisémites, et qui a relayé sur son site la thèse très marginale du no-plane sur le WTC. Un peu plus tard, la présentatrice interroge Thomas Huchon : 
« Est-ce qu’il faut accepter d'avoir [les conspirationnistes] sur nos plateaux afin de convaincre les téléspectateurs, les jeunes téléspectateurs et justement qu’il y ait cette confrontation, ce raisonnement par l’absurde en direct ? » 
Thomas Huchon : « Non, absolument pas ! Je crois qu’il faut être comme l’historien Robert Paxton qui a systématiquement refusé de débattre avec Robert Faurisson. Je crois qu’il ne faut pas mettre sur un pied d’égalité des gens qui sont des professionnels de l’information avec tous les défauts qu’ils peuvent avoir et des gens qui sont des désinformateurs professionnels. Je crois qu’il faut faire très attention à ça et je crois que la limite elle est aussi là, et moi je ne supporte pas qu’on puisse mettre vous là, qui est une sociologue [Huchon s'adresse à Sophie Jehel], face à Alain Soral, qui serait un soi-disant sociologue. Non, c’est pas vrai, c’est pas possible, on ne peut pas débattre... »
 
[32] Si vous désirez approfondir votre étude du sujet, nous vous invitons à lire les articles conseillés en bas de cet article ainsi que :
La rubrique « Points-clés du 11-Septembre » de ReOpen911 qui s'applique à rapporter les principaux faits relatifs au 11-Septembre, avec un souci d'objectivité et dans le respect des règles du journalisme
La recherche personnelle du journaliste québécois David Charbonneau, basée sur deux années complètes d'analyse de sources médiatiques crédibles et vérifiables. 
La Complete 911 Timeline, site anglophone de Paul Thompson qui regroupe des milliers d’articles de presse sur les événements entourant le 11-Septembre, et qui est à la base des recherches des familles de victimes regroupées sous le nom des "Jersey Girls". 
 
[33] Nous invitons bien évidemment Mediapart à suivre les conseils de son journaliste au lieu de réduire ceux qui critiquent la version officielle du 11-Septembre à des « mauvais citoyens (...) Au mieux, des malades. Au pire, des dangers pour la démocratie » comme ce fut le cas dans leur dossier d'août 2012 sur le « conspirationnisme ».
 

 
 
 

 

Publié dans Revue médiatique | 9 Commentaires »

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Commentaires (9)

  1. Laurent,

    Toutes mes félicitations à l'auteur de cette longue et brillante analyse. Travail opiniâtre que voilà. Bravo.
    J'attends les remarques et/ou critiques des personnes citées, mais je n'y crois pas trop.

  2. Jonas061,

    Je me joints au commentateur précédent pour féliciter Pierre Luciani pour la clarté et la qualité de son travail d'analyse. Je remercie plus généralement tous les membres de Reopen911, qui ne ménagent jamais leurs efforts quand il s'agit de répondre aux arguments fallacieux dont le seul objet est de dissuader toute remise en question de la sacro-sainte parole officielle. Après toutes ces années passées à dénoncer le traitement du 9/11 par les médias, très souvent biaisé et malhonnête, il est rassurant de voir que vous êtes toujours là pour les reprendre de volée à chaque fois qu'ils véhiculent des incohérences ou des énormités...

  3. alexov,

    Merci beaucoup pour tout ce que vous faites ! Bien sûr parfois on a l'impression de se battre contre des moulins à vent mais un jour peut-être et grâce à vous les gens ouvriront les yeux. Ne lâchez rien !

  4. Sébastien,

    Merci Pierre pour ton travail toujours aussi rigoureux intellectuellement, sans concession et sans aveuglement. Je ne suis pas étonné que Sophie Mazet ou d'autres n'aient pas jugé bon (pour leur égo ?) de venir commenter cet article depuis sa parution.

  5. Dominique,

    Cette équation est démentie par deux faits connus d'absolument tout le monde et qui devraient sauter aux yeux de tous :
    Pendant quatre ans, jusqu'à 130 000 personnes (selon Wikipedia) ont travaillé au deuxième plus grand complot de tous les temps, qui allait faire 200 000 morts. Le complot fut dévoilé par les comploteurs eux-mêmes, devant le monde entier, lorsqu'ils le décidèrent. Je parle bien sûr du projet Manhattan qui mit au point la bombe atomique. Peu avant, et c'est là le plus grand de tous les complots, la machine de guerre Allemande extermina des millions de juifs et autant d'humains d'autres groupes au nez et à la barbe du reste du monde. Le complot ne fut dévoilé que parce que les allemands perdirent la guerre. On peut donc supposer que tant que les comploteurs ont le pouvoir, les complots risquent bien de passer inaperçus.

  6. Gus Audiber,

    Bonjour,

    Le plaisir intellectuel de lire cet article fut intense

    Bien à vous.

  7. Banana,

    2 choses :
    - vous auriez peut-être dû rappeler la définition du "complot", ça ne mange pas de pain (les gens qui utilisent ce mot à tort et à travers l'ignorent souvent !)…
    Question gros complot, on peut aussi songer aux opérations conjointes "Overlord" et "Fortitude" qui ont battus quelques records : gigantisme des moyens mis en œuvre, grand nombre de personnes impliquées, espionnage très actif pour tenter d'en percer (sans succès) la nature, etc.
    Vous l'avez deviné : il s'agit du débarquement en Normandie (voyez simplement la page Wikipédia, déjà très instructive sur tout ces points !)…

  8. cocagne,

    Bravo pour cet article remarquable.
    Je ne sais plus qui a dit:" le mensonge prend l'ascenseur, la vérité prend l'escalier; Elle finit toujours par arriver!"
    Quelques uns, détenteurs de vérités officielles feraient bien de partir sur les océans en voilier.
    Ca remet les idées en place. Rien ne vaut un voyage sur les flots, pour savoir à qui l'on a affaire en très peu de temps.
    En mer le complot n'existe pas. La réalité est physique, le bon sens incontournable pour rester vivant.
    Pas besoin d'être savant pour considérer que la version officielle de la catastrophe du WTC n'est pas la vérité.
    C'est peut-être une pensée poétique? Alors rendez-vous sur les flots........Après on discute...

  9. Paul Napoli,

    Mes félicitations pour votre article ! :)
    Une prof d'anglais (voir de français) ça me semble un peu léger pour enseigner l'esprit Logique.
    L'esprit critique c'est bien mais sans raisonnement rigoureux et logique, c'est pas bien solide.
    C'est comme construire sur du sable.
    La preuve avec cette enseignante qui a besoin d'un expert d’autorité car incapable de vérifier la coherence de propos complexe.
    Et c'est le cas de la grande majorité des journalistes et intello.

    Sinon j'ai pas tout lu car c'est un peu trop long, un peu trop littéraire et verbeux pour moi.

    Un mathématicien va chercher une démonstration la plus courte possible comme un joueur d’échecs pour mater le + vite son adversaire et il s'en fout si la masse n'y comprend rien.

    Aucune simulation ou équation ne peut représenter des données qu'elle ignore.
    On ne connaît que les complot "secret" qui ont été rendu public.
    Les complots secrets qui sont restes inconnues on ne les connais pas par définition donc on ne peux pas connaître leur nombre. CQFD

    Ce qui reste intéressant c'est le rapport ou corrélation statique entre le nombre de comploteur et la durée du secret.
    Mais il faudrait ensuite voir dans quel contexte, démocratie, dictature, mentalité etc ... et la ça devient sans doute trop complexe a étudier.

    L'autre frein au lanceur d'alerte professionnel est un danger pour sa carrière, son emploi, sa réputation voir sa vie ne l'oublions pas.

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