Sophie Jehel : les journalistes doivent accepter le jeu du dialogue

Si vous nous suivez régulièrement sur les réseaux sociaux, vous avez pu constater que de nombreux articles et émissions ont été consacrés au "complotisme" ces dernières semaines :  

France Inter : Les ados à l’heure du complot
France Culture : A qui profitent les théories du complot ?
Europe 1 : Est-il pertinent d’attaquer les théories du complot ?
Europe 1 : Théories du complot : "Aller dans le détail et identifier les sources"

Rue89 : 16 histoires de complot pour bien commencer 2016
La Croix : « Tous menteurs », comment faire face au conspirationnisme ?
Le Point : Laïcité : les nouveaux révisionnistes
La Voix du Nord : Le Web, caisse de résonance pour les théories du complot
La Voix du Nord : Internet : comment ne pas se faire avoir par la complosphère
L’Express : Islamisme radical et complotisme, une histoire d’amour
BFM TV : Pourquoi les théories du complot inondent le web ?
BFM TV : Pourquoi les théories du complot fascinent-elles autant les jeunes ?
Philo Mag : Illuminati. Un complot mondial à l’état pur
Buzzfeed : 
Un an après Charlie, le grand malentendu sur la théorie du complot



L’article de Buzzfeed a rappelé que l’accusation de complotisme sert parfois à discréditer ceux qui font preuve d’esprit critique. La sociologue Sophie Jehel a justement expliqué ce qu’est l’esprit critique dans l’émission "On va plus loin" présentée par Sonia Mabrouk sur la chaîne Public Sénat. 

 


 

 
Thomas Huchon, du site Spicee, n’a toujours pas corrigé l’erreur signalée il y a plusieurs semaines. Il pense lutter contre les théories du complot sur le 11-Septembre alors qu’il ne fait que défendre la thèse qui lui convient.
 
L’émission est disponible ici dans son intégralité.
 
 
 

 
9’14 : Sophie Jehel : « J’adhère notamment à l’observatoire de la déontologie de l’information. Je crois qu’aujourd’hui en France, on a des lacunes du côté des médias sur des différentes médiations qui permettent à une parole populaire, résistante, critique, méfiante de s’exprimer. Que les élites, les journalistes en font partis, acceptent le jeu du dialogue, acceptent de rendre des comptes. »
 
Sonia Mabrouk : « C’est exactement ma question. Par exemple dans un débat comme celui-ci, est-ce que, ou sur d’autres chaines de télévision ou de radio, est-ce qu’il faudrait inviter également ceux qui portent cette parole complotiste ? On se souvient de débats vraiment où il y avait des accès de fièvre dans certaines émissions où il y a eu ces théories, je me souviens je crois que c’était sur France 2 juste après le 11-Septembre, il y a eu tout un clash. Est-ce qu’il faut accepter de les avoir sur nos plateaux afin de convaincre les téléspectateurs, les jeunes téléspectateurs, et justement qu’il y ait cette confrontation, ce raisonnement par l’absurde en direct ?


10’20 : Thomas Huchon : « Non, absolument pas. Je crois qu’il faut être comme l’historien Robert Paxton qui a systématiquement refusé de débattre avec Robert Faurisson. Je crois qu’il ne faut pas mettre sur un pied d’égalité des gens qui sont des professionnels de l’information avec tous les défauts qu’ils peuvent avoir, et des gens qui sont des désinformateurs professionnels. Je crois qu’il faut faire très attention à ça et je crois que la limite elle est aussi là, et moi je ne supporte pas qu’on puisse par exemple mettre vous, qui êtes une sociologue, face à Alain Soral, qui serait un soi-disant sociologue. Non, c’est pas vrai, c’est pas possible, on ne peut pas débattre et en plus le mille-feuille argumentatif permanent qui est utilisé par les théoriciens du complot fait que l’indécis qui est face à vous et qui nous regarde va être systématiquement enclin à croire celui qui a le plus d’arguments. »
 
11’05 : Sophie Jehel : « Moi je suis partisane en tous cas d’espaces de dialogues diversifiés : c’est pas forcément à la télévision, dans les médias. Quand je dis qu’il y a des problèmes par exemple, il n’y a pas de conseil de presse en France, il n’y a pas d’espace vraiment, la position des médiateurs est compliquée dans l’ensemble des médias. Je pense qu’il faut absolument renforcer, il y a des émissions par exemple sur France3…l’émission de la médiatrice elle est à plus d’une heure du matin. Il faut renforcer le respect du public, il faut renforcer des espaces où, je ne dis pas qu’il faut que ce soit nécessairement des personnes, je ne suis pas sûr qu’il faille mettre au centre du débat les théories du complot comme si elles étaient unifiées »
 
Sonia Mabrouk : « C’est vrai »
 
Sophie Jehel : « il y a plutôt des croyances, des méfiances et je pense que ce qu’il faut, c’est un combat permanent parce que la démocratie ce n’est pas quelque chose de confortable où l’on peut s’installer tranquillement… »
 
Sonia Mabrouk : « Là-dessus, je crois qu’on est tous d’accord »
 

 

5 Responses to “Sophie Jehel : les journalistes doivent accepter le jeu du dialogue”

  • Bourget

    Si Monsieur Huchon se dit être journaliste,il devrait quand même ne pas avoir peur de dire(à moins que ces confrères le suspecte de complotiste!)que le gouvernement américain de Georges.W.Bush a été faire la guerre en Irak grâce à un gros mensonge qu’une bonne partie des médias mondiaux ont relayés.Il a été malheureusement reconnu depuis,mais bien sûr trop tard,que les armes de destruction massive n’étaient pas là ou les américains le suspectaient mais qu’il y avait du pétrole,quel hasard!(c’est pas le cas en Afghanistan)

  • pascal

    Alors là chapeau à Mme Jehel qui ose contrarier le borné Thomas Huchon qui répète comme un robot que les journalistes sont quasi irréprochables et qu’ils soignent leurs enquêtes.
    Heureux d’entendre dire que c’est le débat qui est la base de la démocratie , et qu’il ne faut s’interdire aucune parole contradictoire d’où qu’elle vienne, bien au contraire.
    Pas sûr quand même que Huchon retienne ce qu’elle a essayé de lui faire comprendre gentiment mais incessamment.

  • chb

    L’émission apporte l’habituel lot de poncifs contre le « complotisme ». En voilà une fracture sociale : il est envisagé de « déradicaliser » ceux qui ne croient pas la parole officielle !
    On entend quand même que :
    - le boulot d’un journaliste est de dénoncer les complots ;
    - les « contraintes » qui pèsent sur les journalistes en temps de guerre de terrorisme etc. sont un peu responsables de la perte de crédibilité des merdias.

  • chb

    Piquant, cet accès d’intérêt médiatique pour « le complotisme » qui ne dit mot du complot avoué par le New York Times le 23 janvier : USA et Arabie S. ont collaboré, dans une opération secrète appelée « Timber Sycamore », pour introduire en Syrie la déstabilisation et le jihadisme, contre le régime de Damas.
    La War on Terror, de Bush à Hollande, est de l’enfumage à ne surtout pas dénoncer sur nos ondes : dormez braves gens, et payez pour plus de bombes car La Guerre C’est La Paix ?
    Une autre des cibles du Pentagone, qui ne s’en sort pas si mal, a envoyé à Paris son représentant. Au cours d’une conversation qui paraît-il a évoqué les Droits de l’Homme, le président iranien a dû dire à Hollande combien il est regrettable que la France, ex-souveraine sinon indépendante, offre son territoire à l’OTAN et sa caution (rétribuée) à l’Arabie S, à la Turquie, et à d’autres dictatures répressives et meurtrières.

  • Michel

    Magnifique « débat » entre des gens qui sont d’accord entre eux.

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