Rôle de l’Arabie saoudite dans le 11/9 : des témoins auraient été menacés [Washington Post]

 

 
Un manifestant tient une affiche de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné, 
lors d’un rassemblement devant le consulat saoudien à Istanbul (Yasin Akgul/AFP/Getty Images)
 

 


Par Shayna Jacobs, pour le Washington Post, le 5 mars 2020

Traduit par la rédaction pour ReOpenNews


Un juge fédéral ordonne aux avocats des victimes du 11 Septembre de détailler les menaces qui auraient été proférées contre des témoins potentiels dans une poursuite visant l’Arabie saoudite
 
NEW YORK — Un juge fédéral a ordonné aux avocats des familles du 11 Septembre qui poursuivent l’Arabie saoudite de détailler les menaces qui auraient été proférées contre des témoins qu’ils pourraient appeler dans le cadre de leur plaidoirie visant à prouver que le Royaume était impliqué dans les attentats de 2001.
 
Les avocats des victimes ont fait valoir qu’ils doivent protéger l’identité des témoins potentiels, en pointant le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi comme un exemple du genre de danger auquel font face ceux qui dénoncent l’Arabie saoudite. Khashoggi, chroniqueur du Washington Post et critique déclaré du prince de la couronne saoudienne, avait été interviewé par un enquêteur pour le compte des plaignants en 2017.
 
Les avocats de ceux qui poursuivent l’Arabie saoudite, y compris les survivants des attaques et les proches des victimes, ont déclaré lors d’une audience d’urgence mercredi [4 mars 2020] que le meurtre de Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul en octobre 2018 avait renforcé leurs craintes pour quatre témoins potentiels. Ces personnes, d’après les avocats, ont été en pourparlers avec les familles afin de fournir des renseignements sur le rôle présumé de l’Arabie saoudite dans les attaques du 11 septembre 2001 contre New York et Washington.
 
La juge de la Cour des États-Unis, Sarah Netburn, a déclaré qu’elle était « troublée par les allégations » selon lesquelles des témoins ont été menacés et a demandé aux avocats des plaignants de présenter un mémoire pour « documenter plus en détail les renseignements que vous possédez » d’ici le 18 mars.
Netburn a donné aux avocats la permission de censurer les noms des témoins. La soumission sera initialement déposée sous scellé et ne sera pas disponible pour l’équipe juridique du gouvernement saoudien, a déclaré le juge.
 
La question de la sécurité a été soulevée dans le cadre d’une joute juridique visant à déterminer si l’identité des témoins potentiels devrait être remise à l’équipe juridique des Saoudiens. Les plaignants ont fait valoir qu’il était prématuré de communiquer ces renseignements parce qu’il n’est toujours pas clair qui des témoins potentiels sera appelé et témoignera.
 
Le Procureur Andrew Maloney, un ancien procureur fédéral dans le district sud de New York, où l’affaire du 11 Septembre est en instance, avait exposé dans un précédent dépôt de la Cour ce qu’il décrivait comme un exemple-type de harcèlement et de menaces contre des témoins. Il a dit que les personnes ciblées avaient signalé les incidents à la police ou avaient l’intention de le faire.
 
Maloney a écrit dans une déclaration du 21 février qu’il « a parlé à plusieurs témoins tiers ayant une connaissance approfondie des attentats du 11 Septembre qui m’ont fait part de leurs craintes de témoigner contre le gouvernement saoudien. »
 
Un témoin « avait été approché en personne et directement menacé par des représentants du gouvernement saoudien » ou leurs employés ou agents, a écrit Maloney, ajoutant que la personne ou sa famille s’étaient laissé dire qu’ils pouvaient être assassinés.
 
Un autre témoin a dit qu’ils pensaient avoir été harcelés par des « agents saoudiens » à la suite de l’apparition de leurs noms dans un document judiciaire et que la personne craignait qu’ils puissent « disparaître », a écrit l’avocat.
 
Maloney a dit que les incidents s’apparentaient à de la subornation de témoin.
 
Michael Kellogg, qui représente l’Arabie saoudite, a déclaré que les allégations de Maloney étaient « fondées sur des ouï-dire ».
 
Dans les documents judiciaires, un ministre du gouvernement saoudien a déclaré qu’ « [aucun] représentant du gouvernement de l’Arabie saoudite, employé, agent ou toute autre personne agissant au nom de l’Arabie saoudite, n’a tenté de menacer tout témoin potentiel ou les membres de la famille d’un témoin dans le cadre de cette instance. »
 
Charles Wolf, un plaignant dont la femme a été tuée dans l’attentat du World Trade Center, a déclaré que les allégations d’intimidation des témoins sont choquantes et crédibles.
 
« A tout le moins, le gouvernement saoudien fait tout pour maintenir [ses avocats] dans l’ignorance », a-t-il dit. 

 


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