Drones : Obama choisit lui-même les personnes sur la « kill list »

Le président choisit lui-même chaque mardi la liste des cibles à frapper à l’aide de drones au Pakistan, au Yémen, en Irak, en Afghanistan, dans tous les pays où sévissent les terribles terroristes qui ont, voilà dix ans, ont frappé les États-Unis au coeur. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, c’est pourtant bien cette image que se donne actuellement le président Barack Obama en faisant "fuiter" des informations par le très officiel New York Times. L’affaire fait sensation outre-Atlantique et commence à être reprise ici notamment par le quotidien Le Monde. L’image de ce président froid, déterminé à défendre la toute puissante Amérique contre ses lointains ennemis d’al-Qaïda, soucieux d’économiser les vies des soldats américains, semble être la stratégie choisie par l’équipe de campagne du Prix Nobel de la Paix 2009 pour séduire les électeurs américains.

 

 

 


Drones assassins pour la "Kill List"

par Manlio Dinucci, Il Manifesto, le 14 juin 2012

Traduction Marie-Ange Patrizio pour VoltaireNet

Les États-Unis doivent se défendre de ceux qui les attaquent, déclare le secrétaire à la Défense Leon Panetta, rejetant les protestations sur l’augmentation des attaques de drones étasuniens au Pakistan.

Selon Panetta, les Pakistanais doivent comprendre que les Predators sont là aussi pour leur bien : ils volent au dessus de leurs têtes, téléguidés depuis les USA à plus de 10 000 kilomètres de distance, pour frapper avec leurs missiles Hellfire (Feu de l’enfer) les dangereux terroristes nichés en territoire pakistanais.

Conclusion opposée, après une visite au Pakistan, de Navi Pillay, Haut Commissaire de l’ONU pour les Droits de l’homme : les attaques par drones, qui ont lieu en moyenne tous les quatre jours, « provoquent les morts indiscriminées de civils, qui constituent une violation des droits humains ». Elles soulèvent en outre de graves questions de droit international, en ceci qu’elles sont menées « en dehors de tout mécanisme de contrôle civil ou militaire ». Pillay demande donc l’ouverture d’une enquête officielle. Accusation sèchement rejetée par le président Obama, lequel assure que les attaques par drones —effectuées aussi en Afghanistan, Irak, Yémen, Somalie et autres pays— « ne provoquent pas de grosses pertes civiles ». Elles sont en fait « sous contrôle très étroit ».

Personne n’en doute. Comme le rapporte le New York Times1, c’est le président lui-même qui effectue les « nominations top secret » des présumés terroristes à tuer, pour la majeure partie avec des attaques de drones. La «  kill list » —comprenant des personnes du monde entier qui, jugées nocives pour les États-Unis et leurs intérêts, sont condamnées secrètement à mort sous l’accusation de terrorisme— est mise à jour chaque semaine par « le plus étrange des rituels bureaucratiques » : la téléconférence, gérée par le Pentagone, de plus de cent responsables de la « sécurité nationale », lesquels retirent les fiches des tués et en ajoutent d’autres dans une sorte de jeu macabre qu’un fonctionnaire compare à celui des figurines des champions de base-ball. La liste est ensuite soumise au président pour approbation. Surtout quand « en même temps que le terroriste, qui sera touché par le drone, il y aura sa famille », « l’évaluation morale finale » revient au président. Quand celui-ci a donné son autorisation, l’opérateur, commodément installé aux États-Unis à la console de commande du drone, lance les missiles contre cette maison au Pakistan, indiquée comme refuge du terroriste. De toute façon, dans l’explosion, les enfants ne se voient pas.

Voici ce qu’est la « guerre non conventionnelle » menée par l’administration Obama. On développe pour elle des drones de plus en plus sophistiqués : comme celui à propulsion nucléaire, en mesure de voler de façon ininterrompue pendant des mois, et un petit « drone kamikaze » qui plonge sur l’objectif en le détruisant avec sa charge explosive. Des affaires en or pour les industriels (General Atomics, Northrop Grumman et autres) : le Pentagone a décidé d’augmenter de 30 % sa flotte actuelle de 7 500 drones, en dépensant 32 milliards de dollars. L’Italie participera à la dépense à hauteur de 4 milliards de dollars pour cinq drones fabriqués aux États-Unis, déployés par l’OTAN à Sigonella (Sicile), et achètera des missiles et des bombes de précision pour ses propres drones, eux aussi made in USA. Cela, souligne le Pentagone, servira à « protéger » non seulement l’Italie mais aussi les États-Unis.

À quand une « kill list » italienne ? [ou française ? - NdT]

Manlio Dinucci

 

Traduction Marie-Ange Patrizio pour VoltaireNet


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10 Responses to “Drones : Obama choisit lui-même les personnes sur la « kill list »”

  • Sébastien

    C’est fun, c’est smart. Il a dû confondre avec une PS 3. Entre un Coca light et une réunion ennuyeuse, il faut bien qu’il s’amuse un peu le pauvre chéri.

  • Tous les membres de reopen sont sur la liste: gare à vos fesses…
    Ils sont fous, ces anglo-saxons..
    Avaaz devrait faire une pétition pour qu’on retire son Nobel à Obama: alors là, je pourrais y croire.

  • anonime

    Un docu sur les attentats de 1993 du world trade center qu\’il serait peut etre bien de traduire en français:

    http://www.ubest1.com/?page=video/38755

  • René M

    Citation de l article : « De toute façon, dans l’explosion, les enfants ne se voient pas. »

    Alors après tout, il n’y a donc pas une vraie différence entre BHO et Bachar el Assad, du moins à ce que nos médias disent du second, ce qui reste quand même à prouver car on ne peut pas y aller tous voir de nos propres yeux, et on a encore en mémoire le coup des bébés prétendument jetés des couveuses par les soldats de Sadam Hussein au Koweit, et on connait depuis l’épilogue c’est à dire le montage et la comédie jouée pour les médias

    Tout deux donc tuent (ou tueraient) des civils dont des enfants, ou pour le moins les font tuer par leurs sbires et les mécaniques tueuses qu’ils emploient

    Cependant l’un est Prix Nobel de la Paix, l’autre pas…. pour ce dernier c’est donc moins hypocrite à l’évidence.

  • Sébastien

    @ René M, il y a une différence entre Obama et El-Assad même si elle dérange les cerveaux dérangés: l’un est un assassin, l’autre sauve des vies. Je ne sais pas si Ghandi a sauver des vies en méditant. Je vous laisse lire le C.V. de chacun.

  • Gil

    Obama: marionnette du complexe militaro-industriel, même pas né aux US, alibi noir de la classe gouvernante pour une opinion lassée du Bushisme. Qu’il puisse décider de cibles militaires est risible, c’est juste de la propagande pré-électorale.
    Assad: homme politique contre son gré, reçu en grande pompe au 14 juillet jusqu’à ce que les stratèges US imposent un printemps arabe à un peuple qui n’en voulait pas, conscient de la convoitise de ses richesses et averti des précédents irakien et lybien.
    L’un est agresseur, l’autre est résistant
    @Sébastien : mais qui est dérangé ?

  • René M

    @ Sébastien

    Je comprends pas exactement !

    — Qui sont les cerveaux dérangés ?

    — C’est lequel selon vous qui est un assassin ?

    — C’est lequel selon vous qui sauve des vies ?

    Quand à Gandhi je n’aurais pas vu de prime abord un lien avec les deux personnes dont on parlait ici dans l’article et dans les commentaires.
    Pour moi d’ailleurs Gandhi ne faisait pas que méditer bien au contraire il y puisait disent ses biographes, sa force de caractère ainsi que l’inspiration pour des idées d’actions décisives, dans lesquelles il entrainait alors les foules, tel que ; la célèbre Marche du Sel qui brisa le monopole colonial Anglais etc… Ainsi il vainquit l’empire britannique et l’Inde obtint son indépendance.
    Un instant j’ai pensé que vous faisiez allusion à un prix nobel pour Gandhi comme point commun avec Obama (ce dernier selon moi l’a eu dans une pochette surprise ! ) . Ne sachant pas exactement j’ai recherché, or Gandhi a été proposé plusieurs fois mais des circonstances contingentes chaque fois ont fait qu’il ne l’a pas eu, même à titre posthume .
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohandas_Karamchand_Gandhi#Dans_le_monde

    Comme quoi ce ne sont pas forcément toujours les vrais hommes de paix qui reçoivent ce prix !

  • chb

    Article complet sur les drones US, par Hastings (avril, Rolling Stone) :
    http://lepcf.fr/spip.php?page=article&id_article=1248
    Hastings est l\’auteur de : \ »The Operators : The Wild and Terrifying Story of America’s War in Afghanistan\ » (« Les opérateurs : L’histoire Sauvage et Terrifiante de la Guerre Américaine en Afghanistan »).

    Pointant l’utilisation massive des drones par Obama, il précise :
    - En tout, les drones ont été utilisés pour tuer plus de 3.000 personnes désignées comme des terroristes, y compris au moins quatre citoyens américains.
    - Dans ce processus, selon les groupes de défense des droits de l’homme, ils ont aussi pris la vie de plus de 800 civils déclarés.

  • paul vetran

    Une bio iconoclaste d\’Obama de la part du journaliste d\’investigation Wayne Madsen, qui aide à comprendre les positions guerrières du prix nobel de la paix.
    Obama, the Manchurian Candidate?
    http://www.lewrockwell.com/orig11/madsen1.1.1.html

  • paul vetran

    Pour compléter le message précédent, Wayne Madsen vient de publier un livre exhaustif sur le role de la CIA dans la création d’Obama: The Manufacturing of a President: The CIA’s Insertion of Barack H. Obama, Jr. into the White House.

    http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=31463

    En espérant que les éditions Demi-lune (ou un autre éditeur) traduise ce livre pour le marché francophone…

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