Le blocage des camions de l’OTAN au Pakistan entre dans sa troisième semaine
C’était sans doute l’opération de trop pour le Pakistan. En effet, suite au raid de l’OTAN le 26 novembre dernier qui tué 24 soldats pakistanais, les autorités d’Islamabad ont décidé de mettre fin à leur collaboration avec l’OTAN en interdisant désormais le passage par leur territoire des camions de ravitaillement en route pour l’Afghanistan. Les USA doivent désormais réorganiser les approvisionnements des troupes de l’ISAF déployées sur place, mais doivent aussi faire face aux attaques de ces convois immobilisés, comme ce fut le cas encore vendredi, où une trentaine de camions de l’OTAN ont été détruits lors d’une attaque à la roquette près de Quetta, dans le sud-ouest du Pakistan. Combien de temps cette situation peut-elle durer ?
Pakistan : file de camions de ravitaillement de l’OTAN en route vers l’Afghanistan
Le blocage des camions de l’OTAN au Pakistan entre dans sa troisième semaine
paru sur Opex360.com, le 10 décembre 2011
Suite à l’incident du 26 novembre dernier impliquant l’OTAN et au cours duquel 24 soldats pakistanais ont été tués dans des circonstances qu’il reste encore à déterminer, le Pakistan a décidé de bloquer les convois de ravitaillement destinés aux troupes de la coalition internationale déployée en Afghanistan par mesure de rétorsion.
Par le passé, Islamabad a déjà pris une telle décision, notamment en octobre 2010, où les convois de l’OTAN furent bloqués pendant une dizaine de jours, après un incident similaire. Des excuses officielles mirent fin au blocus.
Mais cette fois, il semble que la situation n’est pas prête de revenir normale. En effet, le président Obama, s’il a présenté ses condoléances à son homologue pakistanais, a refusé de s’excuser pour le moment, ce qui n’est pas sans susciter la colère d’Islamabad, qui a accusé l’OTAN d’avoir commis un acte « délibéré » contre ses militaires.
« Les gens sont très en colère, et nous ne pouvons pas prendre de décision à la hâte » a expliqué un responsable pakistanais à l’AFP, lequel a indiqué qu’il ne faut pas s’attendre à une reprise du ravitaillement de l’OTAN transitant par son pays à court terme. « Le Pakistan rouvrira la frontière à ces convois quand la colère populaire sera plus apaisée et quand la route sera protégée » a-t-il ajouté.
Près de la moitié du ravitaillement de la force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’OTAN, en Afghanistan, passe par le Pakistan, le reste étant acheminé soit par voie aérienne, soit par la Russie et l’Asie centrale. Ce taux était plus élevé par le passé (de l’ordre de 75%) mais les fréquentes attaques des convois de logistique en territoire pakistanais avaient conduit à chercher des routes alternatives.
Pour l’ISAF, le blocus actuellement imposé par le Pakistan n’a pas, pour l’instant, d’incidence sur la conduite de ses opérations en Afghanistan. Sans préciser à partir de quel moment cette situation deviendrait critique, son porte-parole, le lieutenant-colonel Jimmy Cummings, a déclaré que la coalition a « la technologie et les moyens de soutenir l’ensemble » de ses « troupes sur le terrain en Afghanistan ». D’après, le quotidien britannique The Guardian, la force sous commandement de l’OTAN dispose de plusieurs mois de stocks.
Aussi, il ne faudrait pas que la Russie revienne sur son autorisation consistant à faire transiter par son territoire des matériels destinés aux forces de l’OTAN. Et avec le climat actuel entre Moscou et l’Alliance atlantique, qui n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la défense antimissile, laisse craindre cette éventualité, laquelle serait par ailleurs de nature à rendre plus compliquer le retrait d’Afghanistan de la coalition internationale.
En attendant, les camions de ravitaillement bloqués au Pakistan, qui appartiennent à des sociétés privées pakistanaises sous contrat avec l’OTAN, constituent de belles cibles pour les jihadistes.
Ainsi, entre 20 et 38 véhicules (selon les sources) ont été incendiés dans les environs de Quetta, dans le sud-ouest du Pakistan, où la direction du mouvement taleb afghan est soupçonnée d’y avoir trouvé refuge.
En lien avec cet article :
- Les drones américains commencent à manquer de cibles | paru dans Courrier International, le 23.11.2011
- La guerre secrète des drones US au Pakistan (1/2) | par Spencer Ackerman, sur Wired.com, le 4 novembre 2011
- La guerre secrète des drones US au Pakistan (2/2) | par Daphne Eviatar, pour HumanRightsFirst, le 7 novembre 2011
- La Justice américaine à deux vitesses, le programme d’assassinat suivi par Obama et le Printemps arabe | par Glenn Greenwald et Amy Goodman, pour DemocracyNow, traduit par Le Grand Soir, le 26 oct. 2011
- Obama, le fils de l’Afrique, s’accapare les joyaux du continent | par John Pilger, sur mondialisation.ca, le 21 oct. 2011
- La montée en puissance des opérations secrètes occidentales | par Sara Ledwith et Simon Robinson, Reuters, 18 oct. 2011
- Anwar al-Awlaki : exécution sommaire d’un citoyen américain | par Suzanne Ito sur ACLU.org, le 30.09.11
- Le coût exhorbitant de la « Guerre au Terrorisme » | par Manlio Dinucci, sur mondialisation.ca le 12 juillet 2011
- Les frappes de drones US au Pakistan sont un « nouveau Guantanamo » | paru sur Channel4 News, le 9 mai 2011
- A l’intérieur de la machine à tuer (In the killing machine) | paru dans Newsweek, le 13 février 2011
- Pourquoi le Pakistan ne peut pas relâcher l’homme qui se fait appeler Raymond Davis | par Shaukat QADIR, « This Can’t Be Happening » le 19 février 2011, repris pas Le Grand Soir
J’ai bien cette présentation naïve qui voudrait que le Pakistan, évidemment offusqué par la mort de ses soldats, attende des « excuses » censées laver l’affront. Si seulement c’était vrai. Evidemment, difficile de dire, pour nous, pauvres citoyens de base, ce qu’attend réellement le Pakistan, mais je pense qu’ils s’en foutent un peu des excuses. C’est juste une bonne occasion de mettre la pression pour négocier de l’argent ou tout autre chose.
Dorénavant, le Pakistan suivra les directives de la Chine n’ayant plus besoin des Yankees.
Tout bâton dans les roues de l’OTAN, qui s’est déshonoré en Libye, en attendant de se déshonorer ailleurs,est pour moi source de satisfaction.
Vivement qu’on sorte de là.
Cette occupation afghane est le fait du prince. Et depuis quand un prince s’excuse-t-il?