Le coût exorbitant de la « Guerre au Terrorisme »

Alors que les Etats-Unis et nombre de pays européens croulent sous des dettes publiques gigantesques, d’un montant souvent comparable à leur PIB, et alors que la rigueur sociale atteint tous les pays occidentaux, combien coûtent réellement cette "Guerre au terrorisme" et les guerres déclenchées au lendemain du 11-Septembre ? En termes de dollars, mais aussi en coût "humain", morts, blessés, invalides. C’est ce à quoi s’est intéressé le journaliste Manlio Dinucci du quotidien italien Il Manifesto.

 

 


Les coûts de la « War on terror »

par Manlio Dinucci, sur mondialisation.ca le 12 juillet 2011

Quel est le coût économique de la « guerre à la terreur », que les Etats-Unis ont lancée il y a dix ans ? L’Institut d’études internationales de la Brown University(1) l’a calculé. L’invasion de l’Afghanistan en 2001 et de l’Irak en 2003, et l’extension successive des opérations guerrières au Pakistan, comportent un coût d’environ 4.000 milliards de dollars. Pour avoir une idée de ce que représente ce chiffre, il suffit de penser qu’il équivaut à ce que l’Afghanistan réalise, en termes de produit intérieur brut, en trois siècles environ, et l’Irak en plus d’un demi siècle. 

L’équipe de l’institut, formée de plus de vingt chercheurs, a calculé avant tout la dépense militaire directe, constituée par les sommes allouées pour la guerre que le Congrès a ajoutées au budget du Pentagone : environ 2.000 milliards de dollars. Cette somme n’était pas disponible dans les caisses publiques. Elle a donc été empruntée à des banques et organismes internationaux, obligeant cependant le gouvernement fédéral à payer (toujours avec de l’argent public) des intérêts salés : environ 200 milliards de dollars en dix ans. 74 autres milliards ont été dépensés, sous forme d’aides extraordinaires, pour étayer les vacillants régimes mis au pouvoir en Irak et Afghanistan.

La « guerre à la terreur » a en outre comporté une dépense de plus de 400 milliards de dollars pour renforcer la « sécurité de la patrie ». A ces dépenses est venue s’ajouter celle de l’assistance aux militaires rentrés blessés ou invalides des actions guerrières : jusqu’à présent 32 milliards de dollars. Mais ceci n’est que la pointe de l’iceberg : les vétérans (anciens combattants, NdT) qui réclament assistance pour des blessures ou des invalidités sont plus d’un million.  On calcule que, en 30-40 ans, ils coûteront de 600 à 1.000 milliards de dollars. Et, malgré le plan annoncé de diminuer le nombre des militaires en Afghanistan et Irak,  d’autres financements sont prévus pour la guerre : pour l’année budgétaire 2012, au moins 118 milliards, qui s’ajouteront aux 553 du budget du Pentagone.

Le coût de la guerre grimpera donc bien au-dessus des 5.000 milliards de dollars. La dette publique augmente en conséquence, dette que l’Etat n’est pas en mesure de rembourser, et les intérêts pourraient atteindre environ 1.000 milliards dans l’actuelle décennie. Ceci provoque une augmentation des taux d’intérêt (c’est-à-dire du coût de l’argent), qui se répercute aux USA surtout sur les classes moyennes : l’an dernier, à cause de l’augmentation des taux d’intérêt dû à l’endettement pour la guerre, les acquéreurs de logements ont vu augmenter leurs emprunts hypothécaires, en moyenne, de 600 dollars.

La guerre a par contre renfloué les caisses des partenaires contractuels du Pentagone : Halliburton est passé en quatre années de moins d’un demi milliard à 6 milliards de dollars de contrats, et Lockheed Martin est arrivé à 29 milliards en une année. Grosses affaires aussi pour les  compagnies militaires privées : en 2003 il y avait dans la guerre en Irak plus de « contractuels » (mercenaires, NdT) que de militaires.

Les coûts humains, pour les Etats-Unis, sont quantifiés à hauteur de plus de 6 mille morts au combat et plus d’un demi million d’invalides. Le nombre de civils tués dans les actions guerrières se monte à 125 mille en Irak, 50 mille au Pakistan et Afghanistan. Mais ce sont des estimations faites largement par défaut : des centaines de milliers de blessés et environ 8 millions de réfugiés continuent à mourir. Loin des yeux, loin du cœur des grandes démocraties qui sont allées les sauver de la menace de terrorisme.

Manlio Dinucci

 

Edition de mardi 12 juillet 2011 de il manifesto
 

Note : (1)  Située à Providence dans l’Etat du Rhode Island.

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


En lien avec cet article :


 

 

10 Responses to “Le coût exorbitant de la « Guerre au Terrorisme »”

  • Henri

    Et rappelez-vous, c’est incroyable !….
    48h avant l’attaque du 11 septembre, Donald Rumsfeld annonçait qu’il manquait déjà 2 300 MILLIARDS de dollars, soit 2,3 TRILLIARDS de dollars une somme qui avait « disparu », dont ne savait où elle était. Le Pentagone en avait fait « une question de vie ou de mort ». Authentique ! Mais pour qui ??? Apparemment pas pour les responsables, même 10 ans plus tard.

    C’est hallucinant, ce qu’il est possible de faire gober dans une « démocratie »
    http://www.youtube.com/watch?v=xU4GdHLUHwU

  • THE FLIPSIDE

    En résumé sur 14 000 milliards de dettes américaines on peut distinguer:

    - 4 000 milliards ajoutés en 3 ans par Obama et sa politique de soutien financier à ses maîtres de la haute finance
    - 2 000 milliards pour la guerre contre le terrorisme

    On voit bien que ces politiques profitent autant aux banquiers qu’au complexe militaro-industriel.

  • FALCONNIER M

    I support the Demand and also ask for THE TRUTH !

  • alexov

    on sait à qui profite le crime ! 4000 milliards de $ !!! De quoi sauver la Grèce 100 fois !

  • Phrygane

    « LA DETTE PUBLIQUE, UNE AFFAIRE RENTABLE, à qui profite le système ? »
    de André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder
    Editions Yves Michel

    Pédagogique, compréhensible et court, pour comprendre « l’arnaque de la dette » (c »est le titre d’un des chapitre) et qu’elle est aussi une arme économique aux mains des néo-cons.

    Le livre débute sur cette citation :

    « Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin. »
    Henry Ford (1863-1947)
    Fondateur de la Ford Motors Cie

  • Roger

    On estime qu’environ 10 milliards de dollars par an seraient nécessaires pour palier à la faim dans le monde.
    http://www.un.org/french/pubs/chronique/2001/numero3/0301p24.html

    Prenons deux « grosses bavues » financières récentes, par exemple :
    - Les 2300 milliards de budgets perdus par le Pentagone (Oooops !)
    - Les 5000 milliards de la dernière guerre (contre l’avis des Nations-Unies)

    Par la seule richesse de ces 7300 milliards gaspillés par les US ces dix dernières années, on pourrait lutter contre la faim dans notre monde pendant 730 années.

    Et qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?
    On attend le prochain épisode ?

  • Mo'

    En complément du post de Henri , je dépose le même lien en version s/t française .

    http://www.youtube.com/watch?v=yTHG8StTi_8

  • Phrygane

    Roger

    Sauf que le but des ultra-libéraux n’a jamais été de lutter contre la faim dans le monde mais de dominer la planète, militairement ou par l’économie.

    La dette est devenue un problème insoluble depuis que les Etats occidentaux ont interdit (1973 en France) la création monétaire par la banque centrale (financement des besoins de l’Etat à taux zéro), pour confier le monopole de la création monétaire aux banques privées.
    A l’heure actuelle, le seul paiement des intérêts de la dette confisque la totalité des ressources fiscales de notre pays.

    Or la création monétaire par la Banque de France, à TAUX ZERO, est un DROIT REGALIEN qui a été abandonné, sans consultation des citoyens, aux banques privées, pour des RAISONS IDEOLOGIQUES .

    Autant le phantasme des soviets était la suppression du « privé », autant celui des néo-cons est l’effacement des Etats.

    L’endettement actuel est une IMPASSE : ne pas rembouser, c’est affoler les marchés, se serrer la ceinture pour rembourser, c’est risquer une rcession et…affoler les marchés.
    Par contre, on va nous suggérer de privatiser les plus beaux fleurons de notre industrie et du patrimoine français (pour rembourser une partie de nos dettes). Et bien sûr, à terme, la Sécu et les caisses de retraites, au bénéfices des grands groupes anglo-saxons spécialisés dans ce domaine ultra rentable..

    Au niveau européen, là aussi, même interdiction pour la Banque Européenne de prêter à taux zéro, en lieu et place des baquiers privés, toujours SANS AUCUNE JUSTIFICATION ECONOMIQUE.

  • C’est facile de dépenser l’argent qu’on n’a pas.
    Maintenant, voici la facture. Et les politiques-huissiers vont nous coller aux fesses pour nous faire payer, quoi qu’il nous en coûte.
    Complot ou pas, ça fait réfléchir, non?

    http://www.dailymotion.com/video/xky479_les-mysteres-du-11-septembre-en-dessin-anime_news

  • Phrygane

    http://www.diatala.org/article-a-qui-profite-la-dette-61794768.html

    Sébastien,
    Il faut absolument aller plus loin que la propagande culpabilisatrice que l’on nous sert actuellement.

    Le livre cité plus haut démontre clairement que si la France avait emprunté, sans intérêt, auprès de la Banque de France
    (mais elle se l’est interdit en 1973) au lieu de le faire, contre intérêt, auprès des Banques privées, NOUS SERIONS TOUT SIMPLEMENT PAS ENDETTES !

    C’est le paiement des intérêts qui nous plombe, ainsi que, pour les mêmes raisons l’Europe (interdiction de se financer sans intérêt auprès de la Banque Européenne).

    Que ceux qui douteraient ( à priori, c’est compréhensible) de cette affirmation, se demandent comment notre Premier ministre peut affirmer qu’il est « à la tête d’un pays, au bord de la faillite », alors que ce même pays est noté AAA par les agences de notation.

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