Mort du célèbre romancier Gore Vidal : les médias « oublient » de parler de son combat pour la vérité sur le 11/9

Le célèbre romancier américain Gore Vidal est décédé hier dans sa résidence à Hollywood. Vous vous souvenez sans doute de lui si vous avez vu le film "Zéro – Enquête sur le 11-Septembre". Gore Vidal intervient vers la fin du film pour dénoncer l’absence totale de réponse de l’US AIR FORCE au moment des attentats de 2001. Essayiste et écrivain célèbre, parmi les plus lus aux Etats-Unis et renommé dans le monde entier, il connaissait aussi très bien le domaine de l’aviation civile. Son père fut l’un des fondateurs des transports aériens américains (compagnie TWA) et participa à l’élaboration des bases de la réglementation aérienne aux USA, fondant du même coup la FAA (Federal Aviation Agency). Il termina sa carrière aéronautique comme conseiller aéronautique du chef d’état major des armées ! C’est sur cette expertise que Gore Vidal se fondait pour douter de la sincérité de la réponse de la FAA et du NORAD à la situation de crise du 11 septembre 2001. Il n’était pas du tout un béotien comme l’ont dépeint de nombreux journaux.

En parallèle de ses romans internationalement connus, Gore Vidal dénonçait depuis 10 ans les mensonges de l’administration américaine sur le 11-Septembre mais aussi sur les guerres d’invasion qui en ont découlé, et de cela vous n’entendrez pas beaucoup parler dans nos médias. Dans les articles diffusés suite à son décès, seule RTL évoque (rapidement) le 11-Septembre, pour les autres (L’Express, La Croix, Libération), il a fallu attendre une dépêche de l’AFP diffusée tôt ce matin pour qu’ils consentent à ajouter mais toujours de façon confuse : "[...] il critique férocement le président républicain George W. Bush, l’accusant d’être arrivé au pouvoir à la faveur d’une fraude électorale et lui reprochant d’agiter la menace terroriste après les attentats du 11 Septembre‘C’était un coup d’Etat’, déclare-t-il ainsi à l’AFP en 2006. "Maintenir les gens sous la coupe de la peur est une grande manipulation totalitaire apprise auprès des dictatures européennes des années 1930".

En réalité la dénonciation de Gore Vidal concernant les mensonges du 11/9 va bien au-delà de la critique de l’exploitation de ces événements par l’Administration Bush. Retour sur la vidéo d’une de ses interviews (2005) et sur un article paru dans The Guardian en 2002.

 

Le célèbre romancier, essayiste et dramaturge américain Gore Vidal décédé hier à l’âge de 86 ans.

 


Gore Vidal accuse la ”clique de Bush” de complicité dans le 11-Septembre

paru dans The Guardian / The Observer, le 27 octobre 2002

Traduction GV pour ReOpenNews

Le plus controversé des romanciers américains appelle à une nouvelle enquête pour déterminer si l’administration Bush a délibérément laissé se produire les attentats.

Gore Vidal, l’écrivain américain le plus controversé, a lancé une des plus virulentes attaques à ce jour contre le président Bush, appelant à une [nouvelle] enquête sur les événements du 11/9 afin de savoir si l’administration Bush a choisi de ne pas réagir aux avertissements sur les projets [d’attentats] d’al-Qaïda.

Son texte hautement polémique de plus de 7000 mots intitulé "The Enemy within" publié dans The Observer aujourd’hui explique que ce qu’il appelle la « clique de Bush » a utilisé les attentats terroristes comme prétexte pour mettre en œuvre un agenda préexistant qui incluait l’invasion de l’Afghanistan et le démantèlement de nos libertés civiles.

Vidal écrit : « Nous ne savons toujours pas par qui nous avons été attaqués cet infâme mardi, ni dans quel véritable but. Mais il est assez évident pour de nombreux "libertariens" que le 11/9 a permis de s’en prendre non seulement à notre fragile Constitution, mais aussi à un système de gouvernement que beaucoup nous enviaient et qui a pris un coup mortel l’an dernier lorsque la Cour suprême a exécuté cette petite danse à 5 temps et remplacé un président élu par le peuple, par la clique "Bush-Cheney" liée au pétrole et au gaz. »

Vidal affirme que la vraie raison de la guerre d’Afghanistan est de contrôler le couloir entre l’Eurasie et l’Asie centrale riche en ressources énergétiques. A l’appui de ses théories, Vidal cite abondamment une analyse de la région faite en 1997 par Zbigniew Brzezinski, ex-conseiller national du Président Carter pour la sécurité [et actuel conseiller du président Obama]. Mais, explique Vidal, les administrations américaines, qu’elles soient démocrates ou républicaines, savaient pertinemment que la population américaine s’opposerait à une guerre en Afghanistan, à moins d’une menace externe grave et perçue comme telle.

« Oussama a été choisi sur des bases esthétiques pour être l’icône effrayante servant nos vieux desseins d’invasion et de conquête de l’Afghanistan… [car] l’Administration est convaincue que les Américains sont si simples d’esprit qu’ils ne peuvent comprendre un scénario plus complexe que celui du tueur fou isolé (cette fois aidé par quelques zombies) qui commet des atrocités, juste pour le "fun" du fait qu’il nous hait parce que nous sommes libres et riches et pas lui. » Vidal s’en prend aussi aux médias qui ont failli à parler du 11-Septembre et de ses conséquences : « Apparemment, le "conspirationnisme" est la formule consacrée pour les vérités innommables. »

Vidéo : Gore Vidal recommandait le livre "Le Nouveau Pearl Harbor"

 

« C’est un article basé sur la conviction qu’il n’y a pas de complots dans la vie [politique] américaine. Pourtant, pas plus tard que l’an dernier, qui aurait cru que la plupart des grandes entreprises américaines auraient comploté avec leurs cabinets comptables pour trafiquer leurs comptes du moins depuis, disons, la glorieuse époque de Reagan et ses dérégulations. »

On trouve, au cœur de cet essai, un ensemble de questions sur les événements du 11/9, et plus particulièrement sur les deux heures qui ont suivi les détournements d’avion. Vidal écrit que « des experts militaires restent stupéfaits que l’ordre des procédures gouvernementales automatiques standards en cas de détournement d’avion n’ait pas été suivi. »

Ces procédures, explique Vidal, font que des chasseurs doivent automatiquement décoller dès qu’un avion dévie de la trajectoire incluse dans son plan de vol. L’autorité présidentielle n’est pas requise, du moins pas avant que ne soit demandé l’ordre d’abattre l’appareil en question. Mais le 11-Septembre, aucune décision de faire décoller les chasseurs n’a été prise avant 9 h 40, c’est-à-dire 1 heure et 20 minutes après que les contrôleurs aériens eurent appris que le Vol 11 avait été détourné et 50 minutes après que le premier avion eut frappé la Tour Nord.(*)

« D’après la loi en vigueur, les chasseurs auraient dû être en vol et patrouiller sur zone dès 8 h 15 du matin. Si cela avait été le cas, tous les avions détournés auraient pu être déroutés et abattus. »

Vidal demande pourquoi Bush, en tant que Commandant en chef [des armées], est resté dans une classe d’école en Floride alors qu’on lui annonçait que des attentats étaient en cours : « Le comportement du président Bush le 11-Septembre peut très certainement donner lieu à de légitimes interrogations. » Il s’en prend également à la « nonchalance » [en français dans le texte – Ndt] du général Richard B. Myers, agissant en tant que Chef d’état-major interarmes (Joint Chief of Staff), et de son échec à réagir avant que les avions ne s’écrasent contre les Tours Jumelles.

Posant la question de savoir si cette absence de réactivité est imputable à un complot, à des coïncidences ou à des erreurs, Vidal fait remarquer que normalement l’incompétence donne lieu à des réprimandes pour les responsables, et écrit : « il est intéressant de remarquer combien de fois dans notre histoire, lorsqu’un désastre nous frappe, l’incompétence est considérée comme un meilleur alibi que… eh bien, oui, il y a d’autres possibilités bien pires. »

Vidal dresse des parallèles avec un autre « jour d’infamie » de l’Histoire américaine, écrivant que « la vérité sur Pearl Harbor reste encore cachée à ce jour. Mais elle fait l’objet de nombreuses études. Pour le 11-Septembre, il est évident que nous ne verrons jamais d’enquête demandant à Bush s’il a quelque chose à dire à ce sujet. » il cite un article de CNN expliquant que Bush a personnellement demandé au sénateur Tom Daschle, chef de la majorité au Sénat, de limiter les investigations du Congrès sur cette journée, officiellement pour ne pas détourner de ressources de la campagne de lutte contre le terrorisme.

Vidal dit de Ben Laden que c’est un « islamiste fanatique » et un « agent du diable » mais soutient que l’on ne fait pas la guerre contre une abstraction comme "le terrorisme". Il explique que « toute nation sait comment – du moins si elle en a les moyens et la volonté – se protéger contre les voyous de la trempe de ceux qui ont frappé le 11/9… Vous mettez leur tête à prix et vous les pourchassez. C’est ce que l’Italie a fait ces dernières années contre la mafia sicilienne ; et personne n’a suggéré de bombarder Palerme. »

Vidal souligne également le rôle des services secrets américains et pakistanais dans la création de la menace du terrorisme fondamentaliste : « Apparemment, c’est l’œuvre du Pakistan » – du moins, en partie, avec l’aide des USA. « En 1979, la plus grande opération secrète a été lancée en réponse à l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques… la CIA a entrainé et financé ces combattants. »

Vidal cite également le très respecté journal britannique spécialisé dans les questions militaires Jane’s Defence Weekly sur la façon dont ce soutien du fondamentalisme islamique s’est poursuivi bien après l’émergence de Ben Laden : « En 1988, au vu et au su des autorités américaines, Ben Laden a créé al-Qaïda (« la base ») ; un conglomérat de cellules terroristes islamiques pratiquement indépendantes les unes des autres, réparties dans plus de 26 pays. Washington a soigneusement fermé les yeux sur [les activités] d’al-Qaïda. »

Vidal, âgé de 77 ans, internationalement connu pour ses romans et ses pièces de théâtre récompensés par de nombreux prix, critique vertement l’administration Bush, depuis les USA ou d’autres pays. Il vit actuellement en Italie. Dans son dernier ouvrage, "The Last Empire", Vidal explique à quel point « les Américains n’ont aucune idée de la bêtise de leur gouvernement… le nombre de frappes militaires unilatérales (non provoquées) contre d’autres pays depuis 1947 se monte à plus de 250. »

 

Traduction GV pour ReOpenNews  (Merci à Buzz L’Éclair pour sa veille scrupuleuse des articles parus dans la Presse)


Note de la rédaction :

(*) Gore Vidal relaie ici la première version délivrée par le Général Myers le 13 septembre 2001 devant le Congrès et défendue jusque-là par le Pentagone. Elle stipulait qu’aucun avion n’avait décollé avant la frappe sur le Pentagone. Cette version des faits fut modifiée à trois reprises en intégrant la réponse de la base d’Otis comme le précisa Gore Vidal lui-même dans un entretien avec Amy Goodman en 2005 (en cours de sous-titrage). En effet, des déclarations dans la presse depuis le 14 septembre 2001 sur le décollage d’avions de chasse depuis la base d’Otis seront confirmées par le NORAD le 18 septembre. Néanmoins, la chronologie des événements sera modifiée encore à deux reprises devant la commission en mai 2003 puis en juin 2004, ce qui donnera lieu a bien d’autres questions encore. (voir ici à partir de 22’40 et ici). Lire à ce sujet les ouvrages de David Ray Griffin parus aux Éditions Demi Lune.

 


En lien avec cet article :

 


 

5 Responses to “Mort du célèbre romancier Gore Vidal : les médias « oublient » de parler de son combat pour la vérité sur le 11/9”

Trackbacks

  •  





*
To prove you're a person (not a spam script), type the security word shown in the picture. Click on the picture to hear an audio file of the word.
Click to hear an audio file of the anti-spam word

``