[Brève] Une juge française demande à enquêter sur Guantanamo

Vue de Guantanamo, le 9 décembre 2008.AFP/MANDEL NGAN

Saisie de plaintes d’anciens détenus français de Guantanamo, une juge d’instruction française a demandé aux autorités américaines de pouvoir se rendre sur place et de faire procéder à des actes d’enquête, selon un document consulté mardi 17 janvier.

Dans sa commission rogatoire internationale du 2 janvier, la juge Sophie Clément (ci-dessous), qui enquête sur des accusations de torture et d’actes de barbarie lancées par trois ex-détenus français, demande à pouvoir "procéder à toutes constatations matérielles utiles sur la base américaine de la baie de Guantanamo".

La juge demande aux autorités américaines "de nous permettre de prendre connaissance et prendre copie de tous les documents détenus" concernant Mourad Benchellali, Nizar Sassi et Khaled Ben Mustapha, les trois plaignants français.

Mme Clément souhaite en particulier les documents "relatifs aux conditions de leur arrestation, de leur transfert et de leur détention dans un camp militaire à Kandahar [Afghanistan], puis de leur transfert et de leur détention sur la base américaine de Guantanamo". Elle réclame également "tous documents concernant les fondements et les modalités des opérations armées menées en Afghanistan et au Pakistan" et au traitement des personnes arrêtées lors de ces opérations.

La juge d’instruction enquête depuis 2005 sur des faits présumés de séquestration et de détention arbitraire et a obtenu en 2009 d’élargir ses investigations à des faits présumés de tortures et actes de barbarie. Six Français ont été arrêtés fin 2001 à la frontière afghano-pakistanaise et envoyés vers le camp américain de Cuba. A leur retour en France, en 2004 et 2005, ils ont effectué entre un et deux ans de détention provisoire.

La justice espagnole a relancé, vendredi 13 janvier, l’enquête sur des accusations de tortures subies par quatre détenus de la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, entre 2002 et 2005.

 

 

LEMONDE.FR avec AFP | 17.01.12 | 07h04   •  Mis à jour le 17.01.12 | 07h13


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5 Responses to “[Brève] Une juge française demande à enquêter sur Guantanamo”

  • Ça ne sent pas bon pour l’oncle Sam.
    Ça va être difficile de refuser les demandes d’enquête, maintenant.
    Déjà, c’est invraisemblable que le peuple américain ait pu laisser faire une telle monstruosité pendant près de dix ans. Jusqu’ici, il faisait confiance à son armée, et pouvait penser que les suspicions étaient légitimes, et la culpabilité des détenus plus que probable, ce qui pouvait à la rigueur justifier des mesures d’exception. D’autant que pour un américain moyen, un arabe est tout juste au-dessus du niveau de l’animal, et encore pas si sûr.
    Mais maintenant, ils vont découvrir que ces victimes de la barbarie de la soldatesque américaine, pas très éloignée de la barbarie nazie, sont en fait des bipèdes doués de raison, avec des sentiments, et peut-être même des droits, qui ont été complètement bafoués.
    D’autant qu’accessoirement, ils étaient complètement innocents.
    Maintenant les américains vont comprendre qu’il n’y a rien dans les dossiers, que des sévices inexcusables ont été commis, et comprendre aussi que le sort de ces victimes pourrait bien ressembler à ce qui les attend eux-mêmes, puisque la plupart des droits constitutionnels des citoyens américains viennent d’être anéantis pas les dernières décisions de leur président.
    Si on ne peut pas compter sur les média officiels pour diffuser l’info, on peut espérer que les alternatifs, Alec Jones en tête, vont leur ouvrir les yeux. Et alors, peut-être peut-on espérer une véritable et salutaire révolte, au moins une prise de conscience.
    Sauf que les mesures dictatoriales sont maintenant en place, et que ce peuple naïf pourrait bien se réveiller trop tard.
    Je suis en train de relire 1984, de Georges Orwell, écrit dans les années 40: pas à dire, on est en plein dedans, cet auteur est véritablement un prophète, un Jules Verne de la politique. La devise de la dictature au pouvoir y était:
    La guerre, c’est la paix.
    La liberté, c’est l’esclavage.
    L’ignorance, c’est la force.
    C’est à croire que le NWO s’est servi de ce livre comme d’un mode d’emploi. A lire absolument.

  • Citron

    Voilà une excellente nouvelle !!

    C’est typiquement le genre d’info que des journalistes peuvent relayer sans aucune crainte de retour de manivelle de leurs donneurs d’ordres (oui, on dit « patrons » dans la presse, mais c’est kif-kif).

    Nous avons la chance, malgré tout (et toutes les tentatives d’y mettre un terme), de vivre dans un pays où le mot « Justice » conserve un sens moral et un « poids » éthique auprès de la population en général.

    Les mots « juge d’instruction » exercent sur les français un pouvoir d’évocation (voire de sidération) exceptionnel. J’ai l’air de m’en plaindre, mais comprenons-nous bien, le contraire serait encore plus dramatique.
    Pour le cas présent, c’est du « tout bon » !
    Les médias peuvent parler de cette affaire en adoptant une posture purement « technique »… et si ça prend et que ç’a l’heur de faire vendre du papier et du temps de télé, ça peut faire boule de neige.

    Bon, je reste lucide, ça va probablement pas faire le foin de l’affaire DSK, mais ça reste une excellente nouvelle…

    On vous suit Madame Clément, et on vous applaudit !

  • H.

    Honneur à Madame Clément.

    Pendant qu’un faux philosophe et vrai fou de guerre parade sur les plateaux télés en chemise de boucher, on est rassuré de voir qu’en coulisses, les vrais défenseurs des droits humains sont en action et fidèles au poste. C’est plutôt rassurant effectivement. Pour tout le monde.

  • Joel

    Il faudra 35 années de tergiversations pour qu’elle puisse obtenir raison, ce qu’elle obtiendra au moment de la fermeture du centre. A ce moment là, les plaignants seront séniles, la juge sera à la retraite, plus aucun jeune ne connaîtra le nom même de cette prison (vous trouvez que les médias en parlent, vous ?), Guantanamo aura déjà été reconditionné en hôtel de tourisme capitonné, et il n’y aura plus aucune trace du moindre mauvais traitement. (On se souvient de l’argumentation du NIST : « There is no evidence that…)

    Par contre, pendant toutes ces années les US auront pu impunément intimider, emprisonner, torturer, déshumaniser, en marge de toute règle déontologique, surtout grâce à la loi qu’Obama vient de faire passer.

    Certains archéologues tâcheront d’authentifier des squelettes dans une fosse commune comme étant ceux de Bradley Manning ou d’anciens opposants à Obama, mais les noms des commanditaires concernés auront été perdus, justement le 11 septembre 2030, le jour où un avion de ligne sera venu s’encastrer dans les archives au Pentagone juste dans le service contenant l’ADN des prisonniers, et qui aurait pu les authentifier.

    (Aux journalistes : merci prévoir dans vos parutions un avion-missile tous les 20 ans environ, afin de réinitialiser certains dossiers sensibles)

    En ce qui me concerne, je milite pour que Guantanamo soit obligé d’accepter des visites permanentes et inopinées, 24/24 et 7/7, de cars de touristes avec appareils photo en bandoulière. Entrée gratuite.

    Plus sérieusement, comment se satisfaire des visites une fois par an d’un journaliste-prisonnier qui n’a le droit de ne voir que le bout d’un couloir, justement le jour où ils ont fait le ménage et anesthésié 95% des prisonniers ? Au contraire, il faut un flot continu d’observateurs neutres et indépendants (de l’ONU bien sûr), qui aient des droits d’accès illimités et indéfinis à cet établissement. Un droit toujours utilisé de façon impromptue.

    En attendant, on assiste à une mascarade institutionnalisée.

    Les médias semblent bien plus préoccupés par les tortures (supposées ?) endurées par une seule femme de chambre au Sofitel pendant un quart d’heure, que par celles, quotidiennes et notoirement illégitimes, de dizaines de prisonniers de Guantanamo, oubliés par tous.
    Cependant on peut comprendre les chefs de rédaction; ces prisonniers ne sont ni annonceurs, ni lecteurs. Et encore moins actionnaires…

    Qui a osé dire : « Moralité » ?

  • Doume

    @doctorix
    « Ça va être difficile de refuser les demandes d’enquête, maintenant. »

    Mais si, c’est facile : il suffit de déclarer cette française « communiste ». D’ailleurs, c’est un pléonasme, non,  » française communiste  » ?
    Plus sérieusement, le secret d’état va être invoqué une fois de plus.

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