Communiqué de Presse d’Amnesty International : Guantanamo, une décennie d’atteintes aux droits humains

A l’occasion des 10 ans du centre, le rapport "Guantánamo : A Decade of Damage to Human Rights" met en lumière le traitement illégal infligé aux prisonniers de Guantánamo et expose en quoi ce centre de détention constitue encore une atteinte aux droits humains.

En s’abstenant de fermer le centre de détention de Guantánamo Bay, le gouvernement des États-Unis lègue un héritage toxique en matière de droits humains.

Guantánamo est devenu le symbole de 10 années de non-respect systématique des droits humains dans la réponse apportée par les États-Unis aux attentats du 11 septembre 2001. Le gouvernement américain a foulé aux pieds les droits fondamentaux dès les premiers transferts de prisonniers. Alors que Guantánamo entame sa 11e année d’existence, ces manquements se poursuivent.

Malgré la promesse faite par le président Barack Obama de fermer le centre de détention de Guantánamo avant le 22 janvier 2010, 171 hommes y étaient toujours incarcérés à la mi-décembre 2011. Au moins 12 prisonniers transférés à Guantánamo le 11 janvier 2002 y sont toujours détenus. L’un d’entre eux purge une peine de réclusion à perpétuité après avoir été déclaré coupable par une commission militaire en 2008. Les 11 autres n’ont toujours pas été inculpés.

Le gouvernement de Barack Obama – en fait de larges sections des trois branches du gouvernement fédéral – ont adopté le cadre de la « guerre » mondiale mis en place sous le gouvernement de George W. Bush. Le gouvernement a ainsi affirmé en janvier 2010 qu’une cinquantaine de détenus de Guantánamo ne pouvaient être ni inculpés ni libérés, mais devaient être maintenus en détention militaire pour une durée indéterminée, sans inculpation ni jugement, au titre de l’interprétation unilatérale que font les États-Unis des lois de la guerre.

 

Ce centre de détention, établi quatre mois après les attentats du 11 septembre sur une base navale américaine à Cuba, est devenu un symbole de torture et de mauvais traitements.

Parmi les prisonniers qui y sont toujours incarcérés, certains ont été victimes aux mains des États-Unis d’actes de torture et de disparitions forcées avant d’être transférés à Guantánamo. L’obligation de rendre des comptes n’a pas ou presque été mise en œuvre pour ces crimes relevant du droit international commis dans le cadre d’un programme de détentions secrètes ayant reçu l’aval du président.  Le gouvernement américain a systématiquement bloqué les démarches d’anciens détenus visant à obtenir des réparations pour ces violations des droits humains.

En 10 ans, seul un des 779 détenus incarcérés à la base a été transféré aux États-Unis pour être jugé devant un tribunal fédéral de droit commun. D’autres ont comparu devant des commissions militaires dans le cadre de procès iniques. Le gouvernement a aujourd’hui l’intention de requérir la peine de mort contre six détenus jugés dans ces conditions.

Le gouvernement de Barack Obama fait porter la responsabilité de son incapacité à fermer Guantánamo sur le Congrès [voir articles en lien - Ndlr], qui n’a pas veillé, il est vrai, à ce que les États-Unis respectent les principes internationaux relatifs aux droits humains dans ce contexte.

Aux termes du droit international, ni le droit national ni la politique ne peuvent être invoqués pour justifier le fait de ne pas honorer les obligations inscrites dans les traités. Une branche du gouvernement ne saurait faire porter le chapeau à une autre pour les manquements d’un pays envers les droits humains. Le droit international exige de trouver des solutions, pas des excuses.

 

Lire le rapport  :"USA: Guantánamo: A decade of damage to human rights and 10 anti-human rights messages Guantánamo still sends"
AI index : AMR 51/103/2011 – 16 December 2011 (en anglais)

 * * *

VIDÉO : Dix ans de Guantanamo: manifestation d’Amnesty à Paris

* * *

Source : Communiqué de Presse d’Amnesty international, le 10 janvier 2012


Documents à télécharger

 


Articles en lien (en anglais)

et aussi :

 


 

4 Responses to “Communiqué de Presse d’Amnesty International : Guantanamo, une décennie d’atteintes aux droits humains”

  • Henri

    L’emprisonnement illégal a bien moins de succès que le Téléthon.

    Pourtant, le sort illégal et inhumain des prisonniers de Guantanamo ne dépend pas d’une (très) hypothétique médecine et de ses budgets. La bonne volonté des hommes suffirait. Celle des américains, bien sûr… Et celle de la communauté internationale ensuite.

    Cette « prison » est par ailleurs un excellent moyen de transformer des hommes ordinaires en terroristes (sans compter tous ceux qui les soutiennent), et pour les autorités US cela justifie bien évidemment de la conserver. Allez comprendre…

    En attendant, notre idéal de démocratie est souillé dans les cachots de ces prisons infâmes où certains hommes croupissent, en dehors de toute preuve de culpabilité. Vous avez bien lu : « en dehors de toute preuve de culpabilité ».

  • lefebure

    L’administration Obama ne peut fermer Guantanamo tant qu’il y a des prisonniers. Le congrés US refuse de financer le retour des libérables dans leur pays ou dans un pays d’accueil. Bien, j’en prends acte.
    Excuses bien peu convainquantes. Les pistes d’atterissage de Guantanamo peuvent accueillir un avion charter affrété par la Croix Rouge Internationale pour récupérer les libérables.
    Mais non! et je m’attends à ce qu’on me rétorque que Guantanamo est une base militaire et que les avions civils sont interdits. Prétexte tout cela, il y a une volonté évidente de ne pas fermer Guantanamo … et d’y laisser dans l’ombre des suspects non jugés, donc innocents jusqu’à preuve de leur culpabilité.
    Notez qu’en France, on maintient en détention « préventive » pendant plusieurs années des hommes sans les avoir jugé pendant que l’on relache des multirécidivistes à la moitié de leur peine !!! Triste monde.

  • roblin

    Lorsque l »on veut lire la vidéo, il y a un message que l’afp a bloqué la lecture sur ce site web,

  • pdy

    Que sont devenus les gardes du corps de Ben Laden ? Ils avaient été capturés en janvier 2002 sans leur chef, indice s’il en était qu’il était décédé.
    Cf. CNN, « Sources : No Bodyguards, No Bin Laden », Arena & Starr.

Trackbacks

  •  





*
To prove you're a person (not a spam script), type the security word shown in the picture. Click on the picture to hear an audio file of the word.
Click to hear an audio file of the anti-spam word

``