11-Septembre : Le Pakistan soupçonné pour l’assassinat du journaliste Daniel Pearl

L’exécution en 2002 au Pakistan du journaliste américain Daniel Pearl va-t-elle connaitre le même revirement que l’affaire "Karachi" ? La mort particulièrement horrible – par décapitation enregistrée sur vidéo – de ce reporter qui dénonçait la désinformation dans la guerre livrée au terrorisme et qui était parti au Pakistan enquêter sur les liens entre le terroriste à la chaussure piégée, Richard Reid, et la "nébuleuse" al-Qaïda avait ému l’opinion publique mondiale, surtout après la publication du livre de Mariane Pearl relatant la vie et la mort de son mari. Or, le juge Trévidic, déjà en charge de l’affaire Karachi, s’intéresse de près à ce drame du fait des étranges similitudes entre les deux affaires. Une fois de plus, al-Qaïda n’est probablement pas responsable de cet acte terroriste, et là encore, la piste de l’ISI, les services secrets pakistanais très proches de la CIA, retient de plus en plus l’attention du juge, mais aussi du FBI qui a rouvert l’enquête aux USA.

 

Le journaliste du Wall Street Journal, Daniel Pearl, décapité au Pakistan
en 2002 par ses preneurs d’otage, un crime jusqu’ici attribué à al-Qaïda

 


Le Pakistan soupçonné pour l’assassinat de Daniel Pearl

par Thierry Lévêque, Agence Reuters, 25 juin 2012

PARIS (Reuters) – Un juge français a obtenu aux Etats-Unis des éléments laissant penser que les services secrets pakistanais pourraient être responsables de l’assassinat en 2002 du journaliste américain Daniel Pearl, imputé jusqu’ici à al-Qaïda.

Marc Trévidic, chargé d’une enquête sur l’attentat dans lequel ont péri en mai 2002 à Karachi 11 Français travaillant à la construction de sous-marins, a fait connaître ces nouveaux éléments aux familles de victimes et à leurs avocats lors d’une réunion à Paris, a déclaré lundi l’un des défenseurs.

Il sait, après avoir conduit aux Etats-Unis une "commission rogatoire" – enquête officielle – que le FBI a rouvert l’enquête, pense que les coupables islamistes désignés ne sont pas les bons et se penche sur une étrange revendication de l’enlèvement en janvier 2002 de Daniel Pearl, journaliste du Wall Street Journal qui allait être décapité le mois suivant.

Ce crime avait suscité une émotion dans le monde entier du fait de la diffusion d’enregistrements vidéo de l’otage et de sa mise à mort et en raison de l’impact du livre publié ensuite par l’épouse française du reporter, Marianne Pearl.

Selon Me Olivier Morice, avocat des familles de victimes du dossier français, le juge Trévidic a authentifié la revendication parvenue en 2002 aux autorités américaines pour l’enlèvement de Daniel Pearl.

Elle demandait la livraison à l’Etat pakistanais d’avions de combat F-16 américains, alors bloquée par un problème juridico-diplomatique. Le FBI est par ailleurs en possession des auditions d’un islamiste condamné à mort au Pakistan pour ce crime, Ahmed Omar Cheikh, mais considéré aujourd’hui aux Etats-Unis comme innocent, a rapporté Me Morice.

"On a servi une version officielle concernant Al Qaïda pour l’assassinat de Daniel Pearl, on s’aperçoit aujourd’hui que tout cela s’effondre aux Etats-Unis, puisque le FBI a rouvert complètement l’enquête et qu’il est avéré aujourd’hui que celui qui a été condamné est innocent", a dit Me Morice à la presse.

SIMILITUDES AVEC KARACHI

Marc Trévidic s’intéresse à cet épisode, car il est aussi sur la piste d’une possible action commanditée par les services secrets pakistanais dans le dossier de l’attentat de Karachi.

Cette piste a été ouverte en 2008 par un rapport d’enquête privé remis à la Direction des constructions navales (DCN), intitulé "Nautilus" et qui mentionnait alors l’hypothèse d’une manipulation dans les affaires Pearl et Karachi.

Des islamistes condamnés à mort initialement pour l’attentat de Karachi ont été blanchis en appel au Pakistan et il est désormais envisagé que l’attentat ait été motivé par un imbroglio sur des paiements de commissions en marge du contrat des sous-marins, avec en toile de fond une possible corruption lors de la présidentielle française de 1995.

L’attentat aurait, selon cette hypothèse, été une sorte de "rappel" des services secrets pakistanais souhaitant que soient payées les commissions liées au marché des sous-marins et bloquées par Jacques Chirac après son élection en 1995.

"La commission rogatoire du juge Trévidic aux Etats-Unis vient crédibiliser de manière très importante le rapport Nautilus (…) Il y a des similitudes très fortes entre ce qui s’est passé pour Daniel Pearl et l’attentat de Karachi", a dit Me Morice.

"Nous savons qu’il peut y avoir des opérations de rétorsion en lien avec l’inexécution de contrats d’armement (…) Il s’agit pour le juge Trévidic de conforter le rapport Nautilus", a-t-il ajouté.

Les liens entre les services secrets pakistanais et les islamistes sont soupçonnés de longue date, notamment concernant le conflit avec l’Inde dans la province du Cachemire, où les premiers utilisent les seconds.

Ces soupçons sur les services pakistanais ont été relancés lorsqu’il est apparu, lors de l’opération d’un commando américain qui a mené à sa mort en mai 2011, que le chef d’Al Qaïda Oussama ben Laden résidait à Abbottabad, "capitale" de l’armée et des services spéciaux du Pakistan.

Edité par Yves Clarisse

 


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6 Responses to “11-Septembre : Le Pakistan soupçonné pour l’assassinat du journaliste Daniel Pearl”

  • Corto

    et si cette « bombe médiatique » était une réplique du FBI aux autorités pakistanaises qui ont l’outrecuidance de se plaindre des survols mortels des zones tribales par des drônes US ?

    Qui manipule qui ?

  • H.

    Je suis ravi que vous fûtes aussi promptes à relayer l’information que j’ai pour ma part entendu tôt à la radio, ce matin, en allant bosser. Je n’en ai pas cru mes oreilles ! On va dans le fossé pour moins que ça, il est vrai.

    Où l’on voit que BHL une fois de plus est le grand  » doubleur de vérité » contemporain. A l’époque, il n’avait pas ménager ses efforts en effet pour brouiller les pistes, mélanger dans un shaker  » faits & mensonges  » afin que tout le monde regarde bien le doigt plutôt que la lune.

    BHL écrivit un livre sur ce journaliste – héros tragique – pour mieux enfoncer le clou de la propagande mondiale « made in USA ».

     » C’est Al qaïda ! C’est Al qaïda !  » criait à l’époque BHL, les doigts poissés d’encre rouge, trafiquant la vérité pour mieux vendre les bombardement US sur Kaboul, Bagdad, Khartoum, Tripoli et Damas… en attendant ceux sur Téhéran et puis… qui encore ?

    BHL, le bon petit soldat millionnaire du pseudo-journalisme embarqué ou comment amadouer les opinions françaises pour mieux vendre le Project for the New American Century ! Air connu.

    Al Qaïda, dans cette énième affaire Karachi aux milles visages et aux milles tentacules, a encore bon dos ! Quid de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Bahreïn, du Pakistan tous ces pays alliés des USA : Régimes autoritaires ou implacables dictatures qui pour pas mal d’entre elles, assassinent à l’heure qu’il est, leur peuple respectif, en faisant tirer sur la foule ?

    « Al Qaïda » c’est la formule magique pour ne rien savoir. Un mot valise qui n’offre aucune signification une fois prononcé à haute voix. Un mot qui tue en lui-même la volonté de savoir afin de protéger certaines personnes qui en savent trop.

    Question 1 :

    Affaire Karachi : allo Édouard ? (Balladur) , allo Nicolas ? (Sarkozy)

    Question 2 :

    Quid de l’Arabie Saoudite dans le 9/11 ? Allo BHL ?

  • Zorg

    H a écrit :

    « BHL écrivit un livre sur ce journaliste – héros tragique – pour mieux enfoncer le clou de la propagande mondiale « made in USA ».
    « C’est Al qaïda ! C’est Al qaïda ! » criait à l’époque BHL »

    C’est inexact.
    Dans son livre « Qui a tué Daniel pearl », BHL s’efforçe de démontrer que l’ISI et Al-Qaida sont conjointement responsables de l’enlèvement de Daniel Pearl.
    Il remet également en question la TO du 11-Septembre en accusant l’ISI d’avoir joué un rôle dans les attentats…
    Un article du Diplo sur le livre de BHL :
    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/12/DALRYMPLE/10866

  • Zorg

    A la question pourquoi le juge Trévidic s’intéresse t-il à l’assassinat de Pearl, cet élément de réponse donné par FranceTV :

    « • Quel rapport avec l’affaire Karachi ?

    Dans l’affaire Karachi, Marc Trévidic veut prouver une chose : l’attentat qui a tué 11 Français au Pakistan en 2002 ne serait pas un acte terroriste. Comme pour l’assassinat de Daniel Pearl, il serait lié à une affaire politico-financière.

    C’est ce qui dit le rapport Nautilus, rédigé en 2002, appuyant l’hypothèse du juge : la France n’aurait pas honoré un contrat d’armement conclu avec le Pakistan : le contrat Agosta. Une transaction frauduleuse aurait engendré des rétrocommissions utilisées pour financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Une fois arrivé au pouvoir, Jacques Chirac aurait coupé court à ce circuit financier. L’attentat de Karachi serait la revanche des Pakistanais.

    Pour ceux qui sont mis en cause dans cette affaire, dont Edouard Balladur et Nicolas Sarkozy, c’est une thèse fumeuse. Ils insistent notamment sur un point : sept années se sont écoulées entre l’arrêt des versements et l’attentat. Marc Trévidic a désormais un nouveau contre-argument : Daniel Pearl n’a t-il pas été assassiné douze ans après la conclusion des contrats ? »

    http://www.francetv.fr/info/daniel-pearl-et-karachi-le-juge-trevidic-rapproche-les-deux-affaires_111455.html

    Au sujet de Ahmed Omar Cheikh condamné à mort (puis blanchi en appel) pour le meurtre de Daniel Pearl, vous pouvez lire cet article très complet de Paul Thomson « Les nombreux visages de Saïd Cheikh » écrit en … septembre 2002 :
    http://questionscritiques.free.fr/terrorisme/Ahmed_Omar_Said_Cheikh/Paul_Thompson.htm

  • alexov

    good job zorg ! Les familles des victimes de l’attentat de Karachi et du 11/09 ne lâcheront rien ! un travail de longue haleine mais qui portera ses fruits ! Courage

  • H.

    @ Zorg

    Tes propos ne sont pas faux mais ils sont incomplets si tu n’associes pas complémentairement à tes dires – quand aux suppositions de l’auteur – le large service après-vente qui pérora pendant plusieurs semaines sur toutes les chaines de télévisions et les grand médias de la presse écrite.

    BHL à la télé n’en avait que pour Al-Qaïda. Al-Qaida par ci, Al-Qaida par là. Il évoquait parfois l’ISI pour dire qu’ Al-Qaida avait corrompu certains agents pour avoir la bombe atomique. C’était la thèse défendue partout par BHL sur les plateaux télés et il disait bien que Daniel Pearl avait sans doute trouvé les ramifications de cette incroyable histoire et qu’il en était mort dans des conditions effroyables.

    Un scénario sensationnel effectivement que BHL su parfaitement vendre afin d’ égarer les juges mandatés dans les enquêtes multiples depuis l’affaire Karchi ou  » Karachi-gate » et brouiller les pistes en trafiquant toutes sortes d’informations.

    BHL a su se servir et s’appuyer au passage sur l’imagination effrénée des téléspectateurs pour vendre sa came. Cet olibrius connaissant bien les potentialités spectaculaires de la suggestion télévisuelle des masses, a su éblouir en jonglant avec les faits et en tricotant une histoire à la OAS117.

    Tout cela pour que l’on ne remonte pas le fil d’ hypothèses moins épiques mais plus fondées et visiblement des plus sensibles pour les nombreux amis de BHL …Nicolas, Edouard, etc, etc.

    Chaque fois qu’il y a un scandale financier qui touche notre oligarchie médiatico-politico-financière, on lache le BHL à la télé pour tout embrouiller et en perdre son latin.

    Ce type n’est pas seulement douteux, c’est un complice des crimes de masses. Qui parle aujourd’hui des 55 000 civils Libyens assassinés dans la guerre que déclencha BHL avec la complicité du clan Sarkozy? Tout le monde semble s’en foutre. BHL le premier.

    Lui qui a fait son beurre sur  » les droits de l’homme  » , un autre bois précieux s’il en est, on ricane quand on l’écoute aujourd’hui et on rigole encore plus fort quand on voit le système médiatico maffieux qui ose encore l’inviter, en lui dressant un tapis rouge sang avec mille applaudissements enregistrés.

    Que les juges fassent honnêtement leur métier. Gloire à eux. Nous en reparlerons sans doute plus sereinement un jour.

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