Afghanistan: Rien ne va plus (5) selon le Canard enchaîné

 

 
  
 
 
 
Alors qu’un cinquantième soldat français vient de succomber de ses blessures en Afghanistan, voici un article que nous vous proposons dans l’esprit des "accords de fair use", même s’il ne fait pas la une du "Canard". Comme vous le constaterez, si Le Canard dénonce, il n’interroge pas les sources mêmes de ce pseudo-conflit et ne se prononce pas nettement, mais se contente de botter en touche par la dérision et le sarcasme. Sa spécialité certes, mais qui constitue aussi selon nous un ultime rempart contre l’émergence de la vérité. Car quelle autre cause que celle du retrait immédiat vaut d’être défendue dans nos médias, dans les couloirs de nos chancelleries, ou devant l’ONU ? Cette guerre sans éthique qui s’enlise , coincée entre volontaires professionnalisés et milices privées qui protègent des intérêts confus d’une part, et l’absence de vrais conscrits et de vrais motifs d’autre part, n’a-t-elle pas assez duré ?  Avons-nous été attaqués ? L’OTAN a-t-elle été attaquée? L’armée d’un quelconque pays a-t-elle attaqué le territoire des Etats-Unis en 2001 ? Le fonctionnement même des Etats-Unis a-t-il été compromis en 2001 ?
 
 
 
 
Chef d’état-major des armées
 
 
Commandant de la brigade française Lafayette engagée en Afghanistan
 

 
 
Violons désaccordés à l’état-major des armées
 
A Paris, le grand chef fanfaronne. A Kaboul, un général remet les pendules à l’heure.
 
 
Le Canard enchainé, mercredi 20 octobre 2010, bas de page 3

Alors que l’Assemblée n’a jamais été autorisée à se prononcer "pour " ou "contre" l’engagement français en Afghanistan, les Députés membres de la commission de la Défense ont eu le plaisir, le 6 octobre, de recevoir la visite de l’amiral Guillaud. et, en patron des armées qui se respecte, celui-ci leur a servi une version lénifiante de la guerre. A consommer avec modération.

"N’en déplaise aux Cassandres et autres défaitistes, a proclamé l’amiral, nous remportons des succès en Afghanistan.je ne dis pas que nous avons gagné [mais] que la stratégie que nous avons mise en place commence à porter ses fruits. Puis, emporté par son élan, le chef d’état-major en a rajouté: "Au sein des armées afghanes, les désertions reculent (sic;). Militairement (?), les taliban savent qu’ils ne peuvent plus gagner. Kaboul est aujourd’hui plus sûre que Bagdad ou New-York." Obama en sera flatté ?

Ce même 6 octobre, alors que l’amiral Guillaud discourait à l’Assemblée, le général Pierre Chavancy recevait à Kaboul Alissa Rubin, envoyée spéciale du "New York Times". Commandant les 2500 hommes de la brigade française Lafayette, engagée dans la province de Kapisa, le général Chavancy s’est montré plus franc que son patron Guillaud.

"Il n’y a pas eu beaucoup d’évolutions depuis les 2 dernières années et demie, depuis que l’armée française patrouille dans la zone, a-t-il confié à la journaliste américaine. Les filles ne sont toujours pas autorisées à aller à l’école, et tout déplacement, à plus forte raison tout voyage à l’intérieur de la région, peut être dangereux…."

En poste sur le front depuis 6 mois, ce général doit savoir de quoi il parle. Et nos chefs de guerre devraient accorder leurs violons avant de parler métier….

  • 700 milliards de dollars, c’est le budget annuel du Pentagone. Lequel a doublé ses dépenses depuis 2001, avec les guerres menées en Afghanistan et en Irak. Peut mieux faire encore, sans doute.
  • 1,3 million d’euros environ par jour de "surcoût" pour le contingent français en Afghanistan. Soit ce qu’il faut dépenser en plus quand les soldats quittent leur garnison pour aller combattre les talibans.
  • Avions et drones américains mettent le paquet. Exemple: 25 bombes et missiles ont été déversés sur les insurgés chaque jour en septembre dernier. Objectif, béni par Obama: amener les talibans à négocier avec le gouvernement Karzaï, ou obtenir des ralliements, voire des désertions. Bombarder plus pour négocier plus ?
  • A l’état-major français des armées, on cite cette confidence, sans précautions oratoires, de plusieurs collègues britanniques. selon eux, leur participation à la guerre d’Afghanistan prendra fin en 2015. Un voeux pieu ou un pari ?

 


En lien avec cet article: 

  • 26 novembre 2009 Frankfurter Rundschau "L’engagement armé de l’Allemagne, au-delà du droit" 1/2 (traduction reopennews)
  • 26 novembre 2009 Frankfurter Rundschau "L’engagement armé de l’Allemagne, au-delà du droit" 2/2 (traduction reopennews)
  • 22 octobre 2009 / Le Monde / Jacques Follorou / Narcoguerre en Afghanistan (reprise reopennews)

 


 

2 Responses to “Afghanistan: Rien ne va plus (5) selon le Canard enchaîné”

  • Sébastien

    Un néo-colonialisme basé sur l’idéologie (eh oui) des Droits de l’Homme, çà devrait faire cogiter un peu.
    Libérer les femmes voilées là-bas tout en les défendant ici, le spectre de cette idéologie purement anglo-saxonne et néo-conservatiste est large…

    Droits d’ingérence d’un côté, défendu par…………., liberté d’un autre côté, suprêmacisme occidental défendu par………….. (tous??). Le cercle finit par se refermer et on se retrouve dans la même barque que certaines personnes avec lesquelles on ne se serait pas imaginer voguer.

    En grattant un peu sous le vernis, tout ceci est pourtant parfaitement logique au-delà des déclarations d’intentions. Toute guerre est d’abord politique. On a jamais vu aucun aucun peuple se lancer de lui-même dans de telles folies.

  • max

    Moi, il me semblé que nous devions apporter la liberté, mais dans ce discours je n’ai pas vu le mot!

    alors de quoi comparer, selon RSF la France est en 44 place mondiale de liberté de la presse, et l’Afghanistan a la 175 sur 178 pays de la liste.

    triste liberté, je comprend qu’il l’a taise.

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