Afghanistan: RIEN NE VA PLUS, suite (2)

Les ronds de jambe du Congrès américain, qui se rend bien compte du coût militaire, humain, politique et médiatique désastreux de l’engagement américain en Afghanistan (il ne s’agit pas d’une guerre, malgré ce vocabulaire de propagande constamment utilisé), ne s’expriment-ils que pour donner le change aux opinions publiques à coup d’espoirs pour la faire durer, ou bien sont-ils sincères ? Quel sera le prix en vies humaines à payer pour l’armée américaine et les forces alliées de l’ISAF pour « sauver l’honneur » de leur engagement, s’il y a encore quelque chose à sauver là-bas ?
 
Nous avons une solution rapide et efficace au sein du « mouvement international pour la vérité sur le 11/9 » : dévoiler les preuves accablantes de la culpabilité d’Oussama Ben Laden, celui par qui tout est censé avoir commencé, selon le récit officiel de l’exécutif américain et de son administration depuis le 12 septembre 2001. Si ces preuves sont impressionnantes et sans concessions, cela redonnera du souffle et du soutien, car du sens, à la lutte contre-insurrectionnelle en cours, sinon, son arrêt immédiat deviendra inévitable. Deux solutions viables au vu de l’enlisement des stratèges, des opinions, et des résultats ici et là-bas.
 
De fait, toutes les chancelleries savent depuis le début, que cet « engagement armé » voit ses jours comptés, et qu’il était (comme le rapport de la Commission d’enquête sur le 11 Septembre) voué à l’échec, sorti des nécessités politiques du moment. Si le Congrès est sincère et non instrumenté ou sous contrôle, alors seule une prise en main responsable de la gouvernance des Etats-Unis par un Congrès « mature » peut arrêter cette escalade insensée et redonner aux Etats-Unis (un peu de) leur réputation acquise – même si entachée d’erreurs – à l’issue des deux derniers conflits mondiaux. Aurions-nous atteint ce stade ? Il serait grand temps !
 
 Un soldat américain regarde un film sur une base près de Kandahar,
ville que les Etats-Unis espèrent débarrasser de ses talibans
 

 
Obama face à de nouveaux doutes sur la poursuite de la guerre en Afghanistan
New York Times, par David E. Sanger, publié le 21 juillet 2010 
Une version papier de cet article a été publiée le 22 juillet 2010 page A1 dans l’édition new-yorkaise
(Ndt. liens originaux en anglais)
 
WASHINGTON – Lorsque le Président Obama a annoncé sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan en décembre, il a avancé qu’en posant une limite à l’été prochain, pour commencer à retirer les troupes il créerait un sentiment d’urgence pour que le gouvernement afghan prenne la tête des combats, tandis qu’il reconnaissait les limites de la patience américaine face à la plus longue guerre de son histoire.
Mais au cours des deux dernières semaines – au Capitole, à Kaboul et même dans des conversations avec des dirigeants étrangers – on a rappelé à M. Obama comment ce but est devenu ce qu’un haut commandant de l’armée américaine a appelé une « épée à double tranchant », l’un qui menace la Maison Blanche, l’autre qui menace aussi sûrement le Président Karzaï.
Cette absence de progrès sérieux cette année a semé de nouveaux doutes, ici et à l’étranger, quant à la capacité de M. Obama à atteindre les buts, mêmes minorés, qu’il a assigné à la mission américaine dans le temps qu’il a dévoilé lors de son discours à [Ndlr. l’académie militaire de] West Point il y a sept mois. Le résultat en est que le débat houleux de savoir si la guerre vaut la dépense – un débat que M. Obama ne voulait pas aborder avant que les talibans n’aient enduré des pertes significatives – se développe un été plus tôt qu’il ne l’espérait.
M. Obama a commencé à perdre des figures politiques majeures et des stratèges qui s’expriment de plus en plus en argumentant que les bénéfices d’une poursuite à ce rythme pour au moins une année de plus, et probablement encore plus longtemps, sont largement dépassés par une escalade des coûts.
 
Le Sénateur Richard C. Luggar, Indiana
 a exprimé ses doutes sur la guerre d’Afghanistan
 
 
Depuis deux mois, les démocrates au Congrès ont retenu des milliards de dollars pour des financements additionnels de la guerre, plus longtemps qu’ils n’avaient jamais reporté des demandes similaires du président George W. Bush. La plupart des leaders républicains ont largement appuyé un engagement permanent, mais la Maison Blanche a été surprise l’autre jour lorsqu’un des mentors d’Obama sur les questions de politique étrangère  au Sénat, Richard C. Lugar de l’Indiana, a déclaré que « le manque de visibilité en Afghanistan ne s’arrête pas avec l’agenda du président », et qu’à la fois l’armée et les missions civiles « progressaient sans une définition claire de [ce que devait être leur] réussite ».
« Nous pourrions progresser pendant des décennies sur la sécurité, l’emploi, la bonne gouvernance, les droits de la femme », a-t-il dit « sans pour autant arriver à une conclusion satisfaisante ».
 
Le Premier ministre David Cameron, troisième en partant de la droite,
en visite au cimetière d’Arlington mercredi dernier (21 juillet 2010)
 
 
Les Alliés, faisant part d’inquiétudes similaires, ont abandonné la plupart des discussions sur un retrait basé sur des conditions en faveur d’un agenda plus strict. Le nouveau Premier ministre britannique, David Cameron, a fait de son mieux pour paraître en phase avec M. Obama au cours de sa première visite à la Maison Blanche mardi [Ndlr. 20 juillet 2010], mais il a aussi dit à un journaliste de la BBC à Washington, « Nous n’allons pas continuer d’être présent d’ici à cinq ans ».
Les Hollandais se retirent cet automne, et les Canadiens jouent "à suivre" d’ici la fin 2011.
Comme l’a dit ce week-end l’un des meilleurs stratèges de M. Obama, avec des sous-entendus, « il y a des signes qui montrent qu’il faut s’occuper de la durabilité de cette mission ».
Tout cela a rendu plus difficile que jamais pour M. Obama, de convaincre les Afghans et les Pakistanais d’un engagement durable de l’Occident. « Politiquement, le soutien est en train de s’effondrer complètement », a dit David Gordon, un ancien haut fonctionnaire du Conseil national du renseignement (NIC,  National Intelligence Council), et membre du département d’Etat, qui maintenant a intégré le groupe Eurasia. « Vous ne pouvez pas cacher cela des protagonistes de la région, et quand ils le voient, cela les fait tiquer encore plus, et se préparer à l’ère post-américaine. »
En public, les officiels de la Maison Blanche continuent d’avancer que M. Obama a trouvé le bon équilibre en décembre dernier, et a envoyé les bons signaux, lorsqu’il a appelé à un renforcement des effectifs pour une courte période, suivi d’un retrait. « L’Amérique n’a aucun intérêt à se battre dans une guerre sans fin en Afghanistan », a-t-il dit, citant le Président Eisenhower sur l’importance d’équilibrer les engagements de l’Amérique à l’étranger avec ses besoins intérieurs.
Mais lorsqu’on les interroge en privé, des officiels de la Maison Blanche qui, il y a quelques mois, disaient que ce serait « l’année de Kandahar » – se référant aux plans de reprise en main de la ville qui était le centre spirituel des talibans – reconnaissent à présent que les chances de progression sont de plus en plus minces ».
Dès que M. Obama a expertisé la stratégie de guerre l’an passé, lui et ses conseillers ont débattu des effets débilitants de ce que certains ont appelé « le facteur de lassitude ». Leur calcul était que le retrait d’Iraq, combiné avec la limite à 18 mois d’augmentation des troupes établie par M. Obama, apaiserait les critiques dans son propre parti. Cette supposition s’est avérée optimiste. Plus tôt ce mois-ci, 153 démocrates, y compris le porte-parole de la chambre [Ndlr. des représentants] Nancy Pelosi, ont voté en faveur d’un amendement qui aurait exigé un agenda précis pour le retrait. Seuls 98 démocrates se sont joints aux républicains pour le repousser.
Mais sur le long terme, ce qui pourrait s’avérer encore plus dommageable, c’est le fait que des membres de l’establishment en charge de la politique étrangère, même ceux qui ont vigoureusement encouragé l’éviction des talibans en 2001 après les attaques du 11 Septembre, sont en train de gagner en persuasion avec des arguments selon lesquels la Maison Blanche n’a simplement pas réussi à défendre le point de vue selon lequel l’augmentation des coûts vaut l’effort.
« Après neuf années de guerre », Richard Haass, président du Conseil des Relations Etrangères (CFR, Council on Foreign Relations), et haut fonctionnaire du département d’Etat de M. Bush, a écrit au cours du week-end dans Newsweek, « un engagement prorogé ou augmenté en Afghanistan ne va sans doute pas apporter des améliorations qui ne pourraient se mesurer d’aucune façon avec l’investissement par le sang et par les finances de l’Amérique. Il est temps de réduire nos ambitions là-bas, et de réduire et rediriger ce que nous y faisons. »
M. Haass ne recommande pas un retrait total. Au lieu de cela, il a dit dans un interview, « Je parle de réduire les troupes de combat, et les opérations, et les coûts, et les blessés de plus de la moitié », ne laissant essentiellement que les Forces Spéciales, les forces aériennes, et des formateurs de troupes afghanes dans la région. A Kaboul mardi (Ndlr. 20 juillet 2010), le Président Karzaï a parlé de donner la responsabilité de la sécurité aux soldats afghans et à la police en 2014. « Pourquoi devrions-nous avoir confiance là-dessus ? », a demandé M. Haass, « compte tenu de l’histoire de l’Afghanistan ? ».
 

 


Notes ReOpenNews:

  • 4 juillet 2010 le Monde.fr / AFP-Reuters  Afghanistan, rien ne va plus: Petraeus prend les commandes et appelle les afghans à s’unir contre les insurgés (reprise ReOpenNews)

 


 

3 Responses to “Afghanistan: RIEN NE VA PLUS, suite (2)”

  • shantyla

    Le discours politique,bien plus que les autres,a ceci de particulier qu’il ne comporte pas que 2 à 3 tiroirs mais bien plusieurs dizaines…Pourquoi se laisser bercer par ces belles paroles destinées à un peuple américain assez peu politisé?
    CETTE GUERRE n’est pas faite pour être GAGNEE mais pour DURER.Et celà pour toutes les raisons que nous connaissons : implantation géostratégique, gazoduc, zone éminament intéressante entre Pakistan,Inde,Chine,Russie ect ect
    OBAMA n’est pas le maî^tre du jeu….c est évident

  • podolsky rosen

    Evidemment que cette guerre est là pour durer, et non pas pour être gagnée. Vous ne croyez tout de même pas que des dizaines de milliers d’hommes équipés du meilleur matériel, de la plus haute technologie, secondés par des satellittes capables de lire votre journal, peuvent s’enliser comme cela pendant 9 ans, là où ils ont eu l’Irak en 3 jours ?

    Il est donc évident que ce n’est pas trois talibans armés de sabres (j’exagère à peine) qui mettent en echec la plus chere et riche armée au monde !

    Dès lors la solution est simple : la guerre doit durer. Pour les milliers de sociétés privées qui gagnent des milliards dessus, et pour mettre en place les plans de l’oligarchie gouvernante (la vraie, pas Obama le pantin benetton).

  • Dès maintenant il nous faut être extrèmement attentifs à ce qui se prépare dans les trois semaines à venir…….
    Pour ces trois raisons :
    -Déploiement de bateaux américains au large des côtes iraniennes
    -Intensification des attentats en Irak..comme par hasard
    -Mouvements financiers importants aux US

    Pourquoi ? Mais tout simplement parce que lorsque le « petit peuple » est en vacances les grosses décisions se prennent en douce au mois d’Août !
    Bien entendu ces trois points sont liés..

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