Interview du ministre de la Défense US Donald Rumsfeld, un mois après le 11-Septembre

Dans cette édifiante interview de Donald Rumsfeld faite exactement un mois après les attentats du 11 septembre 2001, les paroles du ministre de la Défense de George W. Bush contiennent déjà l’essentiel de la stratégie des USA pour la décennie à venir, c’est-à-dire les années 2001-2011 que nous venons de vivre. En effet, on y trouve les principales réponses que les USA vont imposer au monde entier à travers la "Guerre au terrorisme", l’augmentation drastique des budgets de sécurité et de défense, la propagande sur les "armes de destruction massive" qui servira pour l’invasion de l’Irak, et celle réitérée du "modèle" américain qui "se doit de réussir". On y trouve aussi cette allusion au "missile" qui a frappé le Pentagone, et qui fera couler tant d’encre dans les années qui suivront(*).

 

 


Interview du Secrétaire D.Rumsfeld

par Lyric Wallwork Winik, pour Parade magazine, le 12 octobre 2001 [Archivé sur le site Defense.gov]

Traduction Martin pour ReopenNews

 

Permettez-moi de commencer par la question suivante : la plupart d’entre nous sont programmés pour quitter un immeuble en feu. Qu’est-ce qui vous a fait aller vers le feu, ici, il y a un peu plus d’un mois, et que s’est-il passé dans votre tête ?

Eh bien, j’étais assis ici et le bâtiment a été frappé, on a pu sentir l’impact très clairement, et je ne sais pas ce qui m’a fait agir comme je l’ai fait, pour être honnête avec vous. J’ai agi par instinct. J’ai regardé par la fenêtre, ne voyant rien, je suis allé dans le couloir et je suis descendu vers l’entrée jusqu’à ce que la fumée soit trop dense, puis [arrivé] à une cage d’escalier je suis descendu et je suis allé dehors et j’ai vu ce qui s’était passé. J’ai demandé à une personne qui avait assisté à la scène, et elle m’a dit qu’un avion était rentré dans [le bâtiment].

Je savais qu’un avion était entré en collision avec le World Trade Center, et j’ai vu des gens sur l’herbe, et nous …, nous avons essayé de les mettre sur des civières puis de les déplacer à travers l’herbe vers la route et de les passer par-dessus la glissière de protection pour que des gens de l’autre côté puissent les mettre dans les ambulances.

Je suis resté un certain temps, puis les gens ont commencé à se rassembler, et nous avons pu trouver d’autres personnes pour faire ça, tenir les perfusions pour les gens. Il y avait des personnes allongées sur l’herbe avec des vêtements arrachés et des brûlures sur tout le corps.
Puis à un moment j’ai décidé que je devrais être ici [à mon bureau] pour réfléchir à ce qu’il fallait faire, parce que votre cerveau recommence à fonctionner, et il y avait là assez de gens pour faire face. Je suis revenu ici, dans ce bureau. Il y avait de la fumée ici aussi à ce moment-là.

Nous avons décidé où chacun devait être. Le président était hors de la ville, donc il était inaccessible. Le vice-président était avec moi. Nous avons envoyé mon adjoint sur un autre site. À un certain moment la situation est devenue insupportable et nous nous sommes rendus dans une pièce à 30 mètres d’ici dans ce bâtiment, dans le même secteur, mais vers l’arrière qui peut être isolé. Mais on s’est aperçuque ce n’était pas hermétique à la fumée, et ainsi de suite. Nous avons travaillé là-dedans, et on nous a dit et répété que ce bâtiment devait être totalement évacué, sauf pour les gens qui m’assistaient, et on a continué à nous seriner « vous devriez partir d’ici car ces personnes doivent rester si vous êtes là", pour autant que je me souvienne. J’ai dit "d’accord, nous le ferons en temps voulu".

Ils ont pu atténuer suffisamment le feu et aérer un peu pour que la fumée arrête d’augmenter. Elle n’a pas disparu, mais s’est stabilisée. Nous sommes restés là toute la journée, et nous ne sommes jamais partis pour (inaudible).

L’avantage pour moi était que je pouvais être ici, à proximité des problèmes, et j’ai pu avoir des conversations très complètes avec le président, le vice-président, le secrétaire d’État. Je crois qu’il était à l’étranger, non? C’était son remplaçant..

En  raison des contraintes de temps, je vais vous demander d’avancer. Je suis désolée si je semble impolie.

Pas du tout !

C’est une question qui a été posée par de nombreux Américains, mais surtout par les veuves du 11 Septembre. Comment se fait-il que nous ayons été aussi lents à la détente? Comment une guerre visant les civils a-t-elle pu atteindre notre patrie apparemment sans aucun avertissement ?

Il y a eu beaucoup d’avertissements. Les informations des services de renseignement que nous recevons, il y a parfois des centaines d’alertes ou d’informations venant du Renseignement par semaine. Si on inclut le monde entier, ce sont des milliers. Et la tâche consiste à trier et à extraire ce que vous pouvez en conclure. Et comme vous trouvez des choses, les fonctionnaires qui ont la responsabilité de traiter ce genre de choses – le FBI au niveau fédéral, et bien que ce ne soit pas, c’est un service d’enquête par opposition à une force de police, ce n’est pas une force de police fédérale, comme vous le savez. Mais les responsables de l’Etat et les forces répressives locales ont la responsabilité de traiter avec ce genre de questions.

Ils [découvrent un tas de choses] et énormément d’efforts terroristes ont été découragés voire stoppés grâce à la collecte de renseignements et à un bon travail de prévention. Il est vrai qu’un terroriste peut attaquer n’importe où, n’importe quand, par n’importe quelle technique et il est physiquement impossible de se protéger en tout temps et en tous lieux contre toutes les techniques imaginables. Ici, nous parlons de couteaux en plastique et de l’utilisation d’un avion d’American Airlines rempli de nos concitoyens, et DU MISSILE utilisé pour ENDOMMAGER CE BATIMENT(*) et de similaires (inaudible) qui ont endommagé le World Trade Center. La seule façon de régler ce problème est d’engager le combat avec les terroristes, où qu’ils soient, et de les traiter comme il convient.

S’il vous plaît, expliquez brièvement à nos lecteurs pourquoi il ne suffit pas d’attraper ben Laden et al-Qaïda. Pourquoi la menace doit aller au-delà de ça.

Eh bien, parce qu’ils ont formé un nombre inconnu de personnes qui sont disséminées sur toute la planète, mais il y a un certain nombre de réseaux terroristes dans un certain nombre de pays qui ont abrité des terroristes, et traiter un seul d’entre eux et ignorer les autres serait méconnaître la nature du problème.

Il existe une corrélation, vraiment, entre les pays qui financent le terrorisme, et les pays qui ont développé des armes chimiques et biologiques, et ils travaillent avec diligence pour développer une capacité nucléaire pour la plupart. Pas dans tous les cas. Mais ce lien est quelque chose qui devrait être une préoccupation pour les gens. Que cette connexion s’établisse et il est évident que vous parlez non de milliers de victimes, mais de centaines de milliers.

Il semble que vous êtes en train de dire que nous allons avoir besoin de traiter des armes irakiennes de destruction massive, en particulier à la lumière des preuves selon lesquelles malgré les inspections, Saddam a continué de renforcer son arsenal au cours des années 90 et maintenant nous ne savons pas ce qui s’est exactement passé. Est-ce que cela va être aussi une priorité élevée ?

Ce sont des décisions pour le président, mais il a été très clair sur le fait qu’il est profondément préoccupé par le problème du terrorisme. Il va aller chercher les terroristes, les isoler et les extirper d’où ils se cachent, et il va créer un environnement qui suggèrera aux pays qui les abritent qu’il doivent cesser [de le faire].

Contrairement à certains de nos précédents conflits à l’étranger, beaucoup de nos efforts à l’heure actuelle sont concentrés dans une partie du monde où des fractions de la population nous sont hostiles, à la fois des alliés et des ennemis. Un éditorial du Washington Post a parlé très clairement de ce sujet hier.
Pouvez-vous nous parler un peu de vos réflexions sur l’équilibre que nous devons établir entre les politiques de la raison, et même quelques-unes des propagandes qui existent dans la région, et nos propres intérêts de sécurité ?
 
Nous devons examiner nos intérêts de sécurité, c’est certain. Compte tenu de la létalité des armes aujourd’hui et la prolifération de ces technologies, nous n’avons pas le choix.

De même, nous devons être sensibilisés sur le fait qu’il y aura inévitablement au minimum la potentialité que des effets secondaires ou des menaces non intuitives puissent survenir. Certains d’entre eux peuvent être positifs. C’est-à-dire que les gens peuvent changer leurs habitudes, ou il peut y avoir de nouvelles convergences là où se situent des problèmes communs, que nos relations avec les gens au cours des trois, quatre, cinq ans à venir pourraient être notablement différentes de ce qu’elles étaient auparavant, pour le meilleur.

De même, pour aller au cœur de votre question, vous avez raison. Il est important que nous fassions tout ce qui est humainement possible pour faire notre devoir d’une manière qui soit acceptable pour nos nombreux alliés dans la région et en tenant compte des problèmes qu’ils rencontrent à cause, pour reprendre votre expression, de la propagande des terroristes. Cet effort n’a manifestement rien à voir avec une quelconque religion, rien à voir avec une race, rien à voir avec aucun pays en particulier. Il a à voir avec les terroristes et les réseaux terroristes. Dans le cas de l’Afghanistan, ils se sont largement emparés du pays. Mais pas totalement.
 
Avec le recul, la dernière décennie pourrait s’appeler la décennie de la négligence ? Nous n’avions même pas de pièces de rechange pour nos avions militaires. Quelles leçons devrions nous tirer en tant que peuple et en tant que dirigeants politiques, de ces années 1990 ?
 
Vous avez raison. Ils ont appelé cela une période fériée pour l’approvisionnement, ce qui est un euphémisme pour caractériser le fait de priver la société de sa défense de ses besoins indispensables.
 
La leçon à tirer est que c’est une honte, mais nous devrions vraiment ne pas avoir à poursuivre cet apprentissage. On aurait pu penser que nous serions assez sages, en tant que peuple, pour apprendre de l’Histoire et pour savoir qu’aujourd’hui, nous ne dépensons qu’une très faible fraction de notre PIB pour la Défense. Quand une crise survient tout à coup nous pouvons dire, oh mon Dieu, nous pouvons dépenser tout ce qu’il faut. Bien sûr, nous le pouvons. Mais la chose à faire est de le dépenser quand vous n’en avez pas besoin. Ensuite, vous n’avez pas à dépenser autant. Et ce sont l’effet dissuasif et l’effet de la capacité que vous avez, qui dissuadent les gens de faire des choses comme cela. Mais dans la mesure où vous êtes détendu et où vous vous dites : bien, ma foi, il n’y a aucune menace réelle aujourd’hui, nous pouvons ne pas nous préoccuper de ces choses, et vous laissez votre investissement diminuer, vous découvrez que vous allez devoir l’augmenter plus que vous auriez dû le faire et vous devez le faire en raison d’une crise. Je crois que c’est Benjamin Franklin ou quelqu’un d’autre, qui a dit que la nécessité est la mère de l’invention, mais ce pays peut se permettre de dépenser tout ce qu’il lui est nécessaire pour sa sécurité nationale.
 
Quand je suis arrivé à Washington dans les années Eisenhower/Kennedy , nous dépensions 10% de notre PIB pour la sécurité nationale. Lorsque j’ai pris le poste de secrétaire à la Défense il y a 25 ans, ce n’étaient plus que 7, 6, 5, pour cent, à peu près, pour autant que je m’en souvienne. Maintenant, ce sont dans les 2,8 ou 2,9 pour cent.
 
Nous sommes parfaitement capables de dépenser ce que nous devons dépenser. L’économie mondiale repose sur la contribution des États-Unis à la paix et la stabilité. C’est ce qui soutient la santé économique du monde, y compris [celle] des États-Unis.
 
Dire que nous voulons économiser sur notre sécurité nationale et mettre en péril l’économie mondiale, mettre en péril la situation économique de ce pays est tellement à courte vue et immature et cela reflète un manque de capacité à comprendre l’histoire.
 
En regardant aussi bien vers le passé que vers le futur, vous avez été très avant-gardiste dans vos plans pour le RMA (Revolution in Military Affairs ndlt). Maintenant, nous prévoyons de transformer l’armée sous la contrainte et dans un délai plus rapide pendant un conflit. Comment préparez-vous la prochaine guerre tout en menant le combat présent ? Brièvement.
 
Ça doit tenir sur un autocollant pour voitures ?
 
Non, pas un autocollant pour voitures. Vous pouvez aller plus en profondeur que cela. Nous pouvons nous adapter.
 
Eh bien, on pouvait espérer que notre pays serait assez sage pour le faire habilement, mais ce que nous avons à faire n’est pas d’examiner les menaces existantes, je veux dire de la part de pays ou de personnes. Nous devons examiner les potentialités. Les potentialités qui existent à travers le monde et qui circulent et peuvent être diffusées.
 
Ainsi, plutôt que d’avoir une stratégie fondée sur la menace, nous avons élaboré une stratégie axée sur les potentialités, qui nous dit que nous ne pouvons pas savoir avec certitude d’où proviendra une menace spécifique, ou quand elle apparaîtra, parce que les potentialités sont très largement disséminées aujourd’hui. Mais on peut s’attendre à ce que ces menaces se présentent, et on peut faire une estimation assez bonne des capacités de dissuasion et de défense nécessaires contre ces menaces lorsqu’elles se concrétisent, d’où qu’elles viennent. Il y a eu une évolution du modèle de pensée qui a résulté de ces attaques terroristes. Mais c’est une transition conceptuelle significative, voire un changement de paradigme pour notre pays qui a eu lieu.
 
Le bio-terrorisme est une menace pour beaucoup d’Américains. Quelle est la gravité de cette menace? Avons-nous besoin d’un nouveau projet Manhattan pour faire face ? Y a-t-il d’autres menaces asymétriques plus préoccupantes? Et puis une petite question pour la fin : compte tenu de la concentration des pouvoirs politiques, gouvernementaux et militaires, à Washington, dans quelle mesure la sécurité de cette ville est-elle assurée ?
 
Je m’inquiète de toutes les menaces asymétriques. Nous devons nous en inquiéter. Nous savons qu’il n’existe pas d’armées importantes, de forces navales ou aériennes qui puissent nous poser problème. L’une des raisons pour lesquelles il n’y en a pas est que nous avons, dans ces domaines, des forces efficaces, et qui dissuadent les gens de penser que cela pourrait être un avantage asymétrique pour eux si nous n’avions pas de marine, d’armée de terre ou d’armée de l’air.
 
Maintenant donc, que font-ils ? Ils vont à la perche. Ils cherchent des moyens pour prendre l’avantage en utilisant notre technologie, nos capacités, grâce à la prolifération [dans] des domaines dans lesquels nous avons été pionniers, et pour lesquels nous n’avons pas de défenses toutes prêtes, et ce sont ceux que vous avez mentionnés. Ce sont le terrorisme, les missiles balistiques, les missiles de croisière, ce sont des armes de destruction massive, chimiques, biologiques et nucléaires, et potentiellement des attaques cybernétiques.
 
Je veux dire que, de tous les pays dans le monde, nous sommes plus dépendants de l’espace et des technologies de l’information que toute autre nation sur terre, et cela constitue un point faible si vous voulez – force d’une part, mais faiblesse de l’autre, parce que nous ne nous sommes pas préparés à ce genre de menaces.
 
Dans le cas du terrorisme, parce qu’il est si difficile à faire (à prévenir – Ndlt), dans le cas de… – nous travaillons sur des missiles de croisière et des missiles balistiques, mais il y a eu une espèce de bataille sur la question dans notre pays, depuis de nombreuses années, et cela a retardé et entravé le progrès. En ce qui concerne les armes cybernétiques et les armes de destruction massive, ce sont des choses qui vont demander un effort beaucoup plus grand de notre part. Et la défense de notre pays faisait clairement partie de notre revue de la stratégie de défense bien avant l’attaque du 11 Septembre pour la simple raison que vous avez incluse dans votre question, à cause de ces attaques asymétriques.
 
Je parle aussi vite que je peux.
 
Vous faites un excellent travail. Vous nous rendez la vie beaucoup plus facile.
Monsieur le Secrétaire, que se passe-t-il dans votre esprit lorsque vous envoyez des troupes américaines au combat ?
 
Eh bien, si vous risquez la vie des gens, il vaut mieux avoir une sacrément bonne raison.
 
Si les choses deviennent difficiles dans cette guerre – on dirait que ça va être long, si il y a des revers ou des pertes, vers quoi allez-vous vous tourner pour rester forts ? D’où tirez-vous vos forces maintenant ?
 
Pouvez-vous répéter s.v.p.. ?
 
Si cette guerre devient de plus en plus difficile, dure pendant une longue période de temps, s’il y a des revers ou des pertes, comme dans la plupart des guerres, vers quoi allez-vous vous tourner pour garder vos forces? À qui ferez-vous appel? Et y a-t-il quelque chose en particulier qui vous soutient d’ores et déjà ?
 
Eh bien, je suppose qu’on dirait que les États-Unis d’Amérique représentent quelque chose de si important pour le monde, notre mode de vie, notre mode de vie libre. Si l’on regardait de Mars sur la terre on constaterait que seule une poignée de pays sont vraiment capables de subvenir aux besoins de leur population, et où les gens subviennent eux-mêmes à leurs besoins. C’est-à-dire où les structures politiques et économiques sont telles que la majorité  de la population en profite au maximum.
 
C’est une grande idée. C’est quelque chose qui est important. Et nous devons voir – si vous prenez soin des êtres humains sur toute la planète, vous devez veiller à ce que cet exemple et ce modèle, ce moteur de la prospérité qui profite non seulement aux gens dans notre pays, mais aussi partout dans le monde, soit une réussite.

Et dans un monde où, en tant qu’êtres humains, nous savons que les gens ne sont pas parfaits et qu’il y a beaucoup de gens qui, pour diverses raisons, sont occupés à faire des choses mauvaises. Et des choses vicieuses. Et des choses mortelles. Par conséquent, si nous tenons à cela et si nous apprécions le peuple des États-Unis, il n’y a aucun doute que nous devons être prêts à défendre ce mode de vie et pour ce faire, les gens doivent risquer volontairement leur vie. Dieu merci, nous avons des personnes merveilleuses, des hommes et des femmes dans les Forces armées, qui sont prêtes à le faire.
 
Enfin, une dernière question. Beaucoup de gens aujourd’hui évitent la fonction publique, évitent une charge publique. Pourquoi servir ? Pourquoi avez-vous choisi de servir à nouveau ?
 
Je suppose que je me suis habitué au cours des décennies. Cette plaque dit: «Lutter pour le Droit est la force la plus noble qu’offre le monde." (Inaudible).
 
Je dois attendre l’arrivée du photographe. Y a-t-il des défis particuliers auxquels nous sommes confrontés en tant que nation dans le cadre de cette guerre ? Quelque chose que, selon vous, le peuple américain devrait savoir ?
 
Il y a une chose. Tout au long de notre histoire, les gens libres sont libres d’être sages, ou de ne pas l’être. Cela fait partie de la liberté. Nous avons conclu que ce système est meilleur que celui des rois philosophes ou celui des dictateurs. Si c’est le cas et en regardant notre histoire, nous savons que c’est le cas, cela signifie que nous pouvons faire des erreurs, et si nous existons, disons, depuis 260, 270, ou 280 ans en tant que pays, nous savons que nous avons fait quelques erreurs. Nous avons agi d’une manière telle que des crises se sont transformées en conflits par inattention, parce que nous avons cru que quelque chose était improbable, comme l’attaque japonaise sur Pearl Harbor; en disant quelque chose qui a conduit les gens à croire qu’envahir la Corée était une bonne chose. Nous avons survécu à tout cela raisonnablement bien. Il y a eu beaucoup de pertes de vie dans le trésor humain ainsi que dans le trésor matériel. Mais c’était une période différente. C’était avant l’apparition des armes de destruction massive. Nous n’avons plus cela, comment dites-vous, une marge d’erreur ?
 
C’est un luxe.
 
Oui. Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de faire une erreur de cette importance aujourd’hui. Nous devons être suffisamment… – Nous devons nous comporter à un niveau plus élevé comme un peuple libre. Nous ne sommes pas libres au point d’être plus inattentifs que nous l’avons parfois été dans le passé. Nous ne sommes plus aussi libres de faire une erreur de jugement quant à ce qui est probable ou pas, parce que si nous faisons cette erreur, au lieu de centaines de personnes, voire de milliers, ce sont des centaines de milliers de personnes et potentiellement des millions de personnes. C’est (inaudible).
 
Monsieur le Secrétaire, je vous remercie beaucoup. C’était fascinant. J’ai quelque chose, rapidement, pour vous de la part de mon mari que, je pense vous connaissez. Le président a adoré le livre comme (inaudible) et le Secrétaire Cheney (inaudible) samedi soir pour le dîner, et nous voulions que vous ayiez un exemplaire. Nous ne savons pas quand vous aurez du temps, mais…
 
Suis-je autorisé à accepter cela ?

 

par Lyric Wallwork Winik, pour Parade magazine, le 12 octobre 2001 [Archivé sur le site Defense.gov]

Traduction Martin pour ReopenNews


Notes ReOpenNews :

(*) : A propos de la phrase de Rumsfeld sur le "missile" : "Here we’re talking about plastic knives and using an American Airlines flight filled with our citizens, and the missile to damage this building and similar (inaudible) that damaged the World Trade Center"

Parade Magazine a expliqué dans son numéro de septembre 2004 qu’il s’agissait d’une erreur de transcription. On trouve plus de détails sur le site HistoryCommons de Paul Thompson. Bien que cela n’ait jamais été clairement explicité, si l’on remplace "and" par "as" dans la phrase en anglais, on obtient un sens tout à fait différent, qui serait alors que l’avion a été utilisé comme un missile.

Dans tous les cas, le document traduit ici est toujours disponible tel quel sur le site Web du Department of Defensehttp://www.defense.gov/transcripts/transcript.aspx?TranscriptID=3845

 


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4 Responses to “Interview du ministre de la Défense US Donald Rumsfeld, un mois après le 11-Septembre”

  • djeb

    Attention … il parle de missile mais tout objet volant propulsé et utilisé pour endommager un autre objet est un missile … ne faites pas trop de raccourcis car si c’est un avion qui s’est écrasé sur le pentagone, il s’agit bien d’un missile (en forme d’avion … ok … )

  • enkidou

    Tout à fait d’ accord avec vous, Djeb…..

    Attention aux raccourcis car vous n’ êtes pas sans savoir que vous avez beaucoup moins le droit à l’ erreur que les partisans de la version officielle.Ne donnez pas de grain à moudre à ceux qui voient en vous des « conspirationnistes paranoiaques », c’ est dommage.

    D’ autant plus que dans cet interview, et de façon bien plus grande que l’ utilisation du mot missile, c’ est le ton et le fond du discours qui font halluciner et froid dans le dos:

    -plan d’ hégémonie américaine pour la prospérité et la sécurite de tous.
    -un modèle social et économique dont le peuple tirerait un maximum de profit (la bonne blague!)
    -des gens qui doivent être prêts à donner leur vie pour cet idéal (mais pas lui évidemment)
    -la perspective de millions de morts dues au terrorisme si les états-unis ne prennent pas leur responsabilité face aux « méchants » de ce monde….etc

    C’ est un vrai condensé du programme du PNAC, effarant!!! Et ça n’ interpelle pas les médias de l’ époque ou d’ aujourd’ hui, pourtant censés être rompu à l’ exercice du décryptage de discours politiques?

    C’ est tout simplement incroyable cette politique de l’ autruche depuis maintenant 9 ans, car ils font forcément exprès, c’ est pas possible autrement.Un puant mélange de conviction idéologique, d’ ignorance volontaire et de lâcheté intellectuelle.

    Les médias « mainstream » sont en train de se suicider vis-à-vis du peuple qu’ ils sont sensés informer objectivement, parce que de plus en plus de gens ont accès à l’ information par internet qui n’ est heureusement pas qu’ un repère de cinglés.

    Et quand on recoupe les infos on s’ aperçoit que les grands journaux (télévisés et papier) rendent compte des événements d’ une manière totalement partielle et partiale, quelque soit le sujet.

    C’ est grave et affligeant.

  • Pas d’accord.
    la lecture assidue de ce site explique que un avion s’est approché du pentagone (nombreux témoins indépendants), et qu’un missile a percuté le bâtiment (faisant un tout petit trou de 5m.. rien à voir avec les « belles » empreintes dans les tours).
    Bref, il s’agit d’un véritable lapsus de Rumsfeld
    C’est à mettre sur le compte de la confiance: la servilité du journaliste n’était pas déstabilisante, Rumsfeld a pu se croire un instant avec ses « potes » du PNAC, du CFR ou autre cercle du pouvoir occulte.

  • jacques

    Donald Rumsfeld .. est un homme intègre .. il n’y a aucun doute dans mon esprit … être secrétaire a la défense .. n’est pas donner a tout le monde .. ou faut savoir improviser … Je pense que la réaction de Donald Rumsfeld après les attentats du 11 septembre 2001, ont permis de sauver des millions de vie humaines . Plusieurs attentats ont été maîtriser grâce aux renseignement de la CIA .. et également les services secrets des pays alliés … Ronald Reagan avait dit dans les années 80 , que la prochaine menace mondial pour la paix !! serait , la menace terroriste … c’est un combat qui risque d’être long … mais la démocratie en sortira vainqueur … Un jour , tous les Américains diront merci a Donald Rumsfeld …

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