The Power of Nightmares, ou comment fabriquer des cauchemars

Comment les puissants de ce monde génèrent la peur pour imposer leur politique. Al-Qaida serait un leurre créé de toutes pièces, un cauchemar soigneusement élaboré et nourri par l’élite qui prétend nous protéger d’une terreur qu’elle fabrique. Quelle meilleure méthode pour imposer de nouveaux pouvoirs au monde et justifier les visées expansionnistes des faucons de Washington ?

A la suite de l’article paru dans Le Monde, nous vous proposons de regarder les meilleurs extraits du long métrage  "The Power of Nightmares" du réalisateur britannique Adam Curtis. Ce documentaire, produit en 2004, a été présenté au Festival de Cannes. Pour étayer son sujet, A. Curtis se réfère à deux "théoriciens" qui, dans les années 50, ont stigmatisé une dépravation générale des comportements à travers le monde, une véritable plaie à combattre. Il s’agit de l’Américain Leo Strauss, professeur de philosophie politique dont s’inspireront les néoconservateurs de la Maison Blanche, et de Sayyid Qutb, membre des Frères Musulmans dont la pensée influera sur l’idéologie de ben Laden. Mélangeons le tout, et nous avons là une parfaite recette pour fabriquer la peur. Le film que nous vous présentons a été traduit et sous-titré par l’équipe ReOpen911.


Adam Curtis, réalisateur

 


 "The Power of Nightmares" : le pouvoir américain comme fabrique à cauchemars

Article de Jean-Luc Douin paru dans Le Monde à l’occasion du Festival de Cannes 2005

Autres temps, autres moeurs. En 2004, on se serait battu pour assister à 
la projection du film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Cette année, 
c’est dans la plus petite salle du festival que l’on a visionné The 
Power of Nightmares ("Le Pouvoir des cauchemars"), documentaire du 
Britannique Adam Curtis, produit par la BBC. Ou comment des hommes 
politiques manipulent l’opinion au gré de cyniques numéros d’illusionnisme.

"Depuis que les gens ne croient plus aux rêves, et donc aux idéologues, 
dit Adam Curtis, nos gouvernants reprennent du pouvoir en nous assurant 
qu’ils nous protègent des cauchemars. Le pire d’entre eux serait le 
terrorisme international, censé opérer par un réseau de cellules 
éparpillées de par le monde. On veut nous protéger d’une terreur 
totalement virtuelle."

Il appartiendra aux spécialistes de se prononcer sur la démonstration 
d’Adam Curtis ­ délivrée par une voix off. Elle brocarde les Etats-Unis 
et l’Angleterre de Tony Blair. Elle mêle, sur fond de musique d’Ennio 
Morricone, des interviews de responsables politiques, spécialistes en 
stratégie ou membres de services de renseignements, à des archives 
d’actualités filmées. Nous sommes dans le droit fil de Michael Moore, 
mais de façon plus ironique que guignolesque, plus documentée aussi. 
Adam Curtis donne un fracassant cours d’histoire, appuyé par un montage 
dynamique d’images.

LES FORCES DU MAL

Deux hommes, sous la présidence d’Harry Truman, au début des années 
1950, seraient à la source des manipulations de l’opinion. L’Egyptien 
Sayyid Qutb, membre des Frères musulmans et adversaire du président 
égyptien Gamal Abdel Nasser, dont les idées auraient été reprises par 
Ayman Zawahiri, le mentor d’Oussama Ben Laden. Et le philosophe Leo 
Strauss, dont s’inspirent les néoconservateurs qui dominent aujourd’hui 
la Maison Blanche. Le premier a dénoncé la décadence des moeurs 
occidentales. Le second a élaboré le mythe d’une Amérique destinée à 
combattre les forces du Mal.

Les djihads islamiques n’ont cessé depuis de vouloir éliminer ceux 
qu’ils considéraient comme corrompus par l’Occident (dont le président 
égyptien Anouar Al-Sadate). Les républicains américains, de leur côté, 
se sont appuyés sur les activistes religieux pour mener leurs croisades 
morales, et sur une surévaluation de la menace soviétique assénée par 
Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz (anciens conseillers de Ronald Reagan) 
pour justifier leur propagande impérialiste.

C’est le moment fort du film. Adam Curtis veut démontrer comment les 
Américains, inlassables inventeurs de mythes, ont porté des accusations 
sans preuve à l’encontre de l’URSS (monstre qui aurait dirigé tous les 
mouvements terroristes de la planète, y compris l’IRA), puis de Saddam 
Hussein, et enfin d’un Ben Laden, qui ne serait, selon le film, qu’un 
banquier des djihads, n’aurait pas conçu les attentats du 11 Septembre, 
et dont la forteresse souterraine dans les montagnes de Tora Bora, en 
Afghanistan, serait une mystification.

Al-Qaida, nous explique Adam Curtis, n’a jamais existé. C’est une 
invention du ministère américain de la défense, tout comme les "cellules 
dormantes" implantées un peu partout dans le monde. Une cassette, que 
des prétendus terroristes arrêtés dans le cadre du Terrorism Act 
auraient tournée à Disneyland, est le prétexte à une discrète mise en 
boîte des services secrets.

Nous devrions voir en salles, à la rentrée, ce cours cinglant ­ textes 
et images ­ sur la façon dont des hommes sans foi ni loi "imaginent le 
pire au sujet d’une organisation -Al-Qaida- qui n’existe pas" . 
Film britannique d’Adam Curtis (2 h 37.)

Jean-Luc Douin
Article paru dans l’édition du 15.05.05



Docu BBC: "The Power of Nighmares" (11 septembre 2001)
envoyé par ReOpen911. – Regardez les dernières vidéos d’actu.


En lien avec l’article

A propos du réalisateur :

Articles

Vidéos

  • Ex-chef de la DGSE : "Al Qaida est morte en 2002" / vidéo DailyMotion
  • The Trap (Le piège) VSTF / synthèse du documentaire d’Adam Curtis / Dailymotion

 

9 Responses to “The Power of Nightmares, ou comment fabriquer des cauchemars”

  • Pole

    Nightmare*
    C’est mieux comme ça :)

  • seb

    Merci pour ce travail, j’avais vu la version VO sans sous titres et le contenu est tellement dense que j’avais raté des choses…
    Très bon documentaire encore merci.

    J’en profites pour demander le sous titrage d’un autre document essentiel et difficile à comprendre entièrement en VO:
    La conférence « THE TRUTH & LIES OF 9/11″ de Michael Ruppert.
    :)

  • Sébastien

    Intéressant. L’analyse me rappelle le film « Minority report » et plus récemment « The Ghost Writer », remarquable.

    Mais il faut un peu sortir de la terminologie classique. De même qu’Al Qaeda ne représente aucune réalité, les termes de néo-cons, républicains ou démocrates ne représentent pas plus la réalité.

    Qui aux Etats-Unis, en Angleterre, en France ou en Allemagne n’est pas d’accord avec cette conception du monde?

    Qu’on ne me me dise pas que ces hommes et ces femmes politiques ne sont pas bien informés sur la réalité du monde. Si c’est le cas, les populations qui continuent de les élire portent aussi une grande responsabilité.

    Ce qui veut dire que nous n’avons rien à attendre de ces gens-là et que nous devrons changer cela nous-mêmes. Bon courage…

  • Karandachnikov

    Plus prosaïquement, nous avons affaire à des privilégiés empêchant les autres de mener une vie meilleure. Et pour faire diversion du haut de leur confort, ils s’unissent et veulent nous unir à eux dans l’incitation à la haine anti-islamiste. Rappelons-nous que dans 1984 d’Orwell (paix à son âme), la guerre à l’étranger est une affaire structurelle interne.
    Partant de là, qu’un Nabe hédoniste, se laissant inviter impudiquement et sans grand génie à la TV (peu à voir avec ses textes), rejoigne ces roués désinformateurs dans l’anti-complotisme ne m’étonne qu’à moitié (au fait quelqu’un a-t-il posté des extraits de son livre sur le 119 et LLP ?).

    Certes, pour Nabe, ces actes de bravoure avec les armes mêmes du système, étaient du génie.
    Le hic c’est que les terroristes aveugles étaient justement tellement aveugles qu’ils ont – plutôt – lamentablement raté leur tir – surtout au Pentagone – car ils ne s’en sont pris qu’à des employés civils lambdas au WTC (ou à des passagers des transports publics à Londres et Madrid ou encore à de simples touristes à Djerba, Bali…), avant, donc, de viser un Pentagone déjà en alerte et qui plus est quasi vide du côté détruit…
    Des attentats si peu héroïques, si mal conçus et si contraires à la pensée anti-militaire de Ben Laden, et Nabe le madré qui répugne à repenser tout cela ?
    Ca craint…





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