Zero Dark Thirty : un masque de beauté sur les horreurs de la CIA (2/3)
Zero Dark Thirty raconte la traque supposée d’Oussama Ben Laden par une cellule spéciale de la CIA. Rappelons que ce film est construit sur un scénario imaginaire à partir d’informations extraites d’un récit officiel subjectif et partisan, d’allégations sans preuves et de témoignages invérifiables. Et pourtant les médias célèbrent une œuvre particulièrement documentée… Les critiques de cinéma seraient-ils en passe, au sein des rédactions, de prendre la place abandonnée par les journalistes d’investigation pour nous éclairer sur les zones d’ombre des événements contemporains ? Par ailleurs, cette production nous fait visiter la CIA en compagnie d’une toute jeune fille, l’agent Maya, dont la beauté et la pâleur fantomatique apposent un masque bien trompeur sur la somme terrifiante des crimes que cette agence aura pu commettre hors du territoire américain en moins de 66 ans d’existence, et ce pour soutenir avant tout les intérêts de sociétés privées ou pour assouvir les pulsions impérialistes de l’oligarchie dirigeant les États-Unis.

Jessica Chastain reçoit le Golden Globe Award
pour son interprétation dans Zero Dark Thirty
Zero Dark Thirty : Oscar de l’islamophobie radicale (2/3)
Un masque de beauté sur les horreurs de la CIA
Par Lalo Vespera
Article précédent : La preuve par la fiction
« Le gouvernement américain est aujourd’hui
le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde. »
Martin Luther King, discours de Riverside Church à New York,
le 4 avril 1967, un an exactement avant sa mort. [1]

Récapitulatif des critiques de presse au sujet de Zero Dark Thirty,
présenté sur le site Allociné.
CIA, guerres secrètes – Opérations clandestines
L’holocauste américain
En 2003, l’historien William Blum publie un livre phare, Killing Hope (qui sort l’année suivante en France sous le titre Les guerres scélérates, aux éditions Parangon). Blum est un ancien fonctionnaire du département d’État américain qui établit une liste extrêmement documentée de 55 cas d’interventions militaires ou d’opérations clandestines menées à l’étranger par les États-Unis depuis 1945. Les premières lignes de son introduction donnent le ton : « Les Américains [ont] eux aussi perpétré un holocauste et […] le nier est aussi scandaleux que de nier l’holocauste nazi. La négation de l’holocauste américain est si largement et si profondément ancrée […] que ses négationnistes ne soupçonnent même pas qu’il y a eu des victimes. Pourtant, plusieurs millions de personnes en sont mortes et encore plus de millions ont été condamnées à vivre dans la misère, en raison des interventions américaines, de la Chine et la Grèce dans les années quarante, à l’Afghanistan et à l’Irak de nos jours. »
Voici le sommaire de l’édition américaine :
1. China – 1945 to 1960s: Was Mao Tse-tung just paranoid?
2. Italy – 1947-1948: Free elections, Hollywood style
3. Greece – 1947 to early 1950s: From cradle of democracy to client state
4. The Philippines – 1940s and 1950s: America’s oldest colony
5. Korea – 1945-1953: Was it all that it appeared to be?
6. Albania – 1949-1953: The proper English spy
7. Eastern Europe – 1948-1956: Operation Splinter Factor
8. Germany – 1950s: Everything from juvenile delinquency to terrorism
9. Iran – 1953: Making it safe for the King of Kings
10. Guatemala – 1953-1954: While the world watched
11. Costa Rica – Mid-1950s: Trying to topple an ally – Part 1
12. Syria – 1956-1957: Purchasing a new government
13. Middle East – 1957-1958: The Eisenhower Doctrine claims another backyard for America
14. Indonesia – 1957-1958: War and pornography
15. Western Europe – 1950s and 1960s: Fronts within fronts within fronts
16. British Guiana – 1953-1964: The CIA’s international labor mafia
17. Soviet Union – Late 1940s to 1960s: From spy planes to book publishing
18. Italy – 1950s to 1970s: Supporting the Cardinal’s orphans and techno-fascism
19. Vietnam – 1950-1973: The Hearts and Minds Circus
20. Cambodia – 1955-1973: Prince Sihanouk walks the high-wire of neutralism
21. Laos – 1957-1973: L’Armée Clandestine
22. Haiti – 1959-1963: The Marines land, again
23. Guatemala – 1960: One good coup deserves another
24. France/Algeria – 1960s: L’état, c’est la CIA
25. Ecuador – 1960-1963: A text book of dirty tricks
26. The Congo – 1960-1964: The assassination of Patrice Lumumba
27. Brazil – 1961-1964: Introducing the marvelous new world of death squads
28. Peru – 1960-1965: Fort Bragg moves to the jungle
29. Dominican Republic – 1960-1966: Saving democracy from communism by getting rid of democracy
30. Cuba – 1959 to 1980s: The unforgivable revolution
31. Indonesia – 1965: Liquidating President Sukarno … and 500,000 others
East Timor – 1975: And 200,000 more
32. Ghana – 1966: Kwame Nkrumah steps out of line
33. Uruguay – 1964-1970: Torture — as American as apple pie
34. Chile – 1964-1973: A hammer and sickle stamped on your child’s forehead
35. Greece – 1964-1974: "Fuck your Parliament and your Constitution," said the President of the United States
36. Bolivia – 1964-1975: Tracking down Che Guevara in the land of coup d’etat
37. Guatemala – 1962 to 1980s: A less publicized "final solution"
38. Costa Rica – 1970-1971: Trying to topple an ally — Part 2
39. Iraq – 1972-1975: Covert action should not be confused with missionary work
40. Australia – 1973-1975: Another free election bites the dust
41. Angola – 1975 to 1980s: The Great Powers Poker Game
42. Zaire – 1975-1978: Mobutu and the CIA, a marriage made in heaven
43. Jamaica – 1976-1980: Kissinger’s ultimatum
44. Seychelles – 1979-1981: Yet another area of great strategic importance
45. Grenada – 1979-1984: Lying — one of the few growth industries in Washington
46. Morocco – 1983: A video nasty
47. Suriname – 1982-1984: Once again, the Cuban bogeyman
48. Libya – 1981-1989: Ronald Reagan meets his match
49. Nicaragua – 1981-1990: Destabilization in slow motion
50. Panama – 1969-1991: Double-crossing our drug supplier
51. Bulgaria 1990/Albania 1991: Teaching communists what democracy is all about
52. Iraq - 1990-1991: Desert holocaust
53. Afghanistan – 1979-1992: America’s Jihad
54. El Salvador - 1980-1994: Human rights, Washington style
55. Haiti – 1986-1994: Who will rid me of this turbulent priest?

Commandée par le Royaume-Uni et les États-Unis et exécutée par la CIA, l’opération Ajax aboutit au renversement du Premier ministre, Mohammad Mossadegh, et renforce le pouvoir du Chah, Reza Pahlavi. Cette opération secrète met un terme à la politique nationaliste de Mossadegh et permet de préserver les intérêts occidentaux dans l’exploitation des gisements pétrolifères iraniens (British Petroleum en particulier). Les États-Unis reconnaitront officiellement, sous l’administration Clinton, leur implication dans l’organisation et le soutien financier de ce coup d’État [3].
Le régime démocratique de Jacobo Arbenz Guzmán est renversé par un coup d’État organisé par la CIA afin d’empêcher l’expropriation des terres non exploitées de la société américaine United Fruit spécialisée dans la monoculture de la banane, alors même que le numéro un de la CIA, Allen Dulles, siège au conseil d’administration de United Fruit. L’historien William Blum témoigne : « C’est sans doute une des pires choses que la CIA et le gouvernement américain aient jamais faites. Ils ont mis à la place une dictature militaire qui a tué des centaines de milliers de gens au Guatemala pendant 40 ans. » [4]
Alors qu’il vient de chasser le dictateur Batista, Fidel Castro nationalise les plantations de sucre détenues par des sociétés américaines. Dès lors commence l’escalade entre Cuba et les États-Unis qui conduit au débarquement de la Baie des Cochons visant à renverser Castro. La CIA a entrainé 1400 exilés cubains, mais le gouvernement en place étant très populaire, le soulèvement n’a pas lieu et les mercenaires sont rejetés à la mer. « La CIA espérait que Kennedy, devant le désastre, se sentirait obligé de dépêcher l’armée américaine en renfort. Mais Kennedy refusa et l’opération échoua. La CIA lui attribua la totalité de l’échec de la Baie des Cochons. » [5]

William Colby en charge de l’Opération Phoenix menée au Vietnam par la CIA
L’opération Phoenix est un programme secret de la CIA qui implique l’assassinat ciblé de civils vietnamiens (enseignants, cadres, médecins…) visant à paralyser le fonctionnement du pays et à détruire son infrastructure. Ce programme accompagné de tortures fut exécuté avec une violence sans nom afin de terroriser les populations. William Colby est en charge de l’opération et il sera ensuite nommé directeur de la CIA. Lors des auditions qui auront lieu dans les années 70 devant le congrès, Colby lui-même avouera que ce programme a conduit à l’assassinat de 20 000 personnes en une seule année. A noter que le général Aussaresses, militaire français connu pour son efficacité dans les pratiques de torture durant la guerre d’Algérie, participe à l’opération. [6]
Le mardi 11 septembre 1973, le gouvernement socialiste du président démocratiquement élu Salvador Allende est renversé par un coup d’État militaire dirigé par le général Augusto Pinochet et combiné en sous main par la CIA et le Secrétaire d’État Henry Kissinger. Salvador Allende est assassiné (selon la CIA, il s’est suicidé). La liberté de la presse est abolie, le couvre-feu instauré et les opposants au régime arrêtés, exilés, torturés ou exécutés. Les listes des suspects sont fournies par la CIA aux escadrons de la mort de la junte militaire. La dictature militaire dirigera le pays jusqu’en 1990. [7]
Les dérives de la CIA ont continué malgré les révélations de la commission Church en 1975, avec en particulier l’Irangate et le financement des groupes armés au Nicaragua dont les conséquences sur la société américaine ont été largement étouffées par les médias, en particuliers le lien entre ces machinations de la CIA et le fléau du crack, le stupéfiant qui a ravagé les États-Unis durant les années 1980. Le livre Black List publié en 2003 rassemble les récits de plusieurs grands journalistes américains racontant comment ils ont été mis à l’index après avoir tenté de publier des articles ou diffuser des reportages sur des sujets mettant en cause des instances ou des personnages élevés du pouvoir. Le premier récit présenté dans le livre est celui du journaliste Gary Webb au sujet de la guerre secrète menée par la CIA au Nicaragua entre 1980 et 1986 qui a donné lieu à une opération clandestine organisée par l’Agence, faisant usage d’un gigantesque trafic de drogue. Cette opération a permis de financer la Contra, un mouvement de lutte armée créé de toutes pièces par la CIA pour déstabiliser le gouvernement sandiniste au pouvoir à Managua. Et le financement de ce groupe armé s’est fait grâce à la vente de la cocaïne dans les ghettos noirs de Los Angeles, contribuant à déclencher la terrible épidémie de crack qui a dévasté ensuite les quartiers pauvres sur l’ensemble du territoire américain. La diffusion du travail de Gary Webb sur Internet, en 1996, donnera naissance à un vaste mouvement de mobilisation citoyenne aux États-Unis pour enrayer le désastre sanitaire dû à cette arrivée massive de drogue, et ce malgré le black-out presque total des médias institutionnels sur le sujet. Le journaliste dénonce précisément la collusion entre l’Agence de renseignement et la presse de son pays : « Les grands médias nationaux courtisent depuis longtemps la CIA. Ils publient des fuites qui arrangent l’Agence, ou bien pourfendent des articles ou des idées qui lui sont préjudiciables. Si cette connivence entre la presse et le pouvoir est si inquiétante, c’est parce qu’elle est devenue la règle. »
Le paravent de la polémique sur la torture
Il est probable que la polémique à propos de la représentation de la torture dans le film, même si elle a pris à un moment donné des proportions embarrassantes pour la production, était au départ souhaitée par cette dernière, car cette polémique présente trois atouts majeurs :
1 • La polémique sert de paravent. Elle sature le débat autour du film, comme cela a été en particulier le cas aux États-Unis, ce qui écarte du champ des débats médiatiques l’enjeu primordial de l’absence de preuve concernant la réalité de l’assassinat d’Oussama Ben Laden en 2011.
2 • La polémique donne aux auteurs du film un gage de crédibilité aux yeux du public du fait que le film aborde de front certaines pratiques litigieuses normalisées sous l’administration Bush (le spectateur est ainsi susceptible de se dire « si les auteurs montrent sans détour la torture, sûrement font-il de même pour les autres zones d’ombre de cette histoire… »).
3 • La polémique, lorsqu’elle est maitrisée, est un excellent vecteur publicitaire pour un film.
Par ailleurs, contrairement à ce que prétendent les promoteurs du film, Zero Dark Thirty ne dénonce pas réellement l’usage de la torture, mais le justifie aux yeux du spectateur, car dans la logique du récit ficelé par Mark Boal, c’est bel et bien les informations fournies par les prisonniers torturés qui permettent au bout du compte à la jeune héroïne de parvenir au but ultime : attraper son Ben Laden de cinéma.
Le documentaire d’Errol Morris, Standard Operating Procedure,
revient sur les tortures infligées aux prisonniers d’Abu Ghraib en Irak,
loin de la représentation hollywoodienne de ces pratiques dans Zero Dark Thirty.

Le documentaire Hollywood – Pentagone (cinéma et propagande, les liens secrets)
s’ouvre avec la célèbre réplique du film Patton : « Mettez-vous bien dans la tête
qu’un connard n’a jamais gagné une guerre en mourant pour son pays.
On gagne une guerre en faisant ce qu’il faut pour que les pauvres
connards d’en face meurent pour leur pays. »
Du fait de sa nature souterraine, la CIA est une administration qui échappe au contrôle politique des citoyens tel qu’il peut être exercé au sein de l’appareil démocratique américain. À partir de ce constat, les dérives permettant l’instrumentalisation des médias et de l’industrie cinématographique à des fins propagandistes ne sont guère surprenantes. Chacun aura d’ailleurs noté que malgré la popularité des thèses alternatives à la version officielle sur le 11 Septembre, jamais Hollywood n’a pu à ce jour mettre en image un récit qui se démarque véritablement de celui livré en 2001 par l’administration Bush [9]. Comme le remarquent Alford et Graham, il est effectivement pertinent de se référer à l’analyse de Peter Dale Scott au sujet de « l’État profond » tel que cet auteur le définit dans ses derniers ouvrages et articles, pour comprendre comment la puissance monstrueuse de la CIA a pu s’enraciner au sein d’un pays comme les États-Unis.
A défaut, Zero Dark Thirty constitue une formidable campagne de communication au bénéfice de l’Agence. A noter que le film réserve tout de même une allusion sur le caractère criminel et illégal des activités de la CIA dans le choix de casting retenu par la production pour interpréter Leon Panetta alors directeur de la CIA. Le rôle est tenu par James Gandolfini avant tout connu pour son interprétation de Tony Soprano, le parrain d’une organisation mafieuse dans la célèbre série télévisée Les Sopranos. Voilà qui est bien à l’image de la roublardise des producteurs de Zero Dark Thirty, car quelle que soit l’ambivalence du propos que développe le film, ce choix de casting renforce finalement le sentiment de sympathie du spectateur à l’égard de la CIA.
À suivre : Le retour de Leni Riefenstahl
Notes :
[1] http://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Luther_King,_Jr.
[4] http://www.elcorreo.eu.org/CIA-et-Assassinats-Guatemala-1954
[5] http://www.arte.tv/fr/cuba-baie-des-cochons-1961/387256,CmC=387274.html
http://www.monde-diplomatique.fr/2011/04/CALVO_OSPINA/20388
[6] http://www.dailymotion.com/video/x1hmli_cia-plan-d-assassinat-en-masse-viet_news
[7] http://www.michelcollon.info/11-septembre-1973-coup-d-Etat-au.html
[8] Merci à "agent orange" qui a relayé cet excellent article de Global Research dans les commentaires de la première partie de cette analyse à propos de Zero Dark Thirty parue sur Agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/zero-dark-thirty-oscar-de-l-131524
[9] Des productions qui s’affranchissent du récit officiel ont vu le jour, mais elles sont l’œuvre de productions indépendantes, produites avec peu de moyens et restent extrêmement confidentielles en termes de diffusion :
http://www.reopen911.info/News/2012/11/07/le-11-septembre-2001-au-cinema-une-success-story-est-elle-envisageable/
http://www.reopen911.info/News/2012/10/24/september-morn-enfin-le-long-metrage-que-le-mouvement-international-attend/

Encore une fois un grand bravo pour cette analyse signée Lalo Vespera !
Simple, clair, précis, sans détour… et « béton » comme d’hab’
J’aime beaucoup en particulier l’encadré sur « Le paravent de la polémique sur la torture »…
Tout cela n’étant évidemment rendu possible que grâce au méga-écran-de-fumée me(r)diatique qui distribue les étoiles… et qui, si on leur demande, nous disent que c’est pas du tout une position « politique » mais tout simplement une position « commerciale » pour vendre leur produit… comme si c’était une position d’une plus grande dignité.
Et pareillement, dans ce domaine médiatique précis, pas plus de respect pour France-Inter que pour Canal+ :
Les uns ne parlant qu’à sens unique, sans mot dire sur les sales ambitions impérialistes de l’état le plus meurtrier de la planète (tout à fait comparable au IIIe Reich Nazi sur ce plan, comme le dit William Blum dans son bouquin Killing Hope)…
les autres s’en mettant plein les poches en ne promouvant qu’un monde ultra-libéral à côté duquel Berlusconi lui-même paraît d’une vulgarité toute relative.
Très bon texte.Merci.
2013-03-04
UN demands prosecution of Bush-era CIA crimes
http://rt.com/usa/un-crime-cia-bush-804/
Des arguments d’une répugnance fétide, sous la beauté captivante de Jessica Chastain >> Une excellente recette pour faire gober un mensonge d’état.
Mais en ce qui me concerne, la coupe est pleine.
Coût estimé de la guerre d’Irak :
-770 milliards de dollars pour le Pentagone, 4000 milliards de dollars selon Linda Bilmes
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/12/18/04016-20111218ARTFIG00128-irak-la-guerre-coutera-encore-beaucoup-aux-etats-unis.php
Coût estimé de la guerre d’Afghanistan :
-2 milliards de dollars par semaine et 386 milliards déjà dépensés
http://www.news26.tv/politique/579-guerre-en-afghanistan-les-usa-ne-peuvent-plus-payer.html
49 millions de pauvres aux Etats-Unis, plus de 12 millions de chômeurs (officiellement…) près de 90 millions d’obèses sur une population de 300 millions (Wikipédia) et les conséquences immenses sur la santé qui vont en découler.
Enfin, le risque de 85 milliards de coupes budgétaires automatiques
http://www.francetvinfo.fr/austerite-barack-obama-rejette-la-faute-sur-les-republicains_272233.html
Le système qui a érigé la cupidité en principe, pourra-t-il masquer tout cela en emmenant les gens au cinéma ?
Grand merci à Lalo Vespera pour ce bon travail d’analyse. J’ai lu dernièrement un livre bien documenté du prof Jean Michel VALENTIN sur la permanence et la richesse des liens noués depuis au moins 1947 entre « Hollywood, le Pentagone et Washington » (cf. le titre du livre : http://www.amazon.fr/Hollywood-Pentagone-Washington-Jean-Michel-Valentin/dp/2746703793.
Le 11 septembre n’a pas modifié la donne et l’administration US a simplement si j’ose dire continué à solliciter et à soutenir Hollywood afin que soient produits des films dits « de sécurité nationale » véhiculant les « bons » messages et la « bonne » idéologie selon les impératifs du moment.
Il est vraiment fâcheux que la plupart de nos critiques de cinéma évitent soigneusement d’aborder ces choses là et qu’ils se contentent de commenter et critiquer ces films en surfant sur les infos du dossier de presse qui leur a été obligeamment remis.
Encore bravo pour ce beau travail !!
Un incroyable exemple de propagande où Pentagone et Hollywood fusionnent nous est donné par la mise en scène du « sauvetage » de la soldate Jessica Lynch :
« On se souvient que, début avril 2003, les grands médias américains diffusèrent avec un luxe impressionnant de détails son histoire. Jessica Lynch faisait partie des dix soldats américains capturés par les forces irakiennes. Tombée dans une embuscade le 23 mars, elle avait résisté jusqu’à la fin, tirant sur ses attaquants jusqu’à épuiser ses munitions. Elle fut finalement blessée par balle, poignardée, ficelée et conduite dans un hôpital en territoire ennemi, à Nassiriya. Là, elle fut battue et maltraitée par un officier irakien. Une semaine plus tard, des unités d’élite américaines parvenaient à la libérer au cours d’une opération surprise. Malgré la résistance des gardes irakiens, les commandos parvinrent à pénétrer dans l’hôpital, à s’emparer de Jessica et à la ramener en hélicoptère au Koweït.
Le soir même, le président Bush annonça à la nation, depuis la Maison Blanche, la libération de Jessica Lynch. Huit jours plus tard, le Pentagone remettait aux médias une bande vidéo tournée pendant l’exploit avec des scènes dignes des meilleurs films de guerre.
Mais le conflit d’Irak s’acheva le 9 avril, et un certain nombre de journalistes – en particulier ceux du Los Angeles Times, du Toronto Star, d’El País et de la chaîne BBC World – se rendirent à Nassiriya pour vérifier la version du Pentagone sur la libération de Jessica. Ils allaient tomber de haut. Selon leur enquête auprès des médecins irakiens qui avaient soigné la jeune fille – et confirmée par les docteurs américains l’ayant auscultée après sa délivrance -, les blessures de Jessica (une jambe et un bras fracturés, une cheville déboîtée) n’étaient pas dues à des tirs d’armes à feu, mais simplement provoquées par l’accident du camion dans lequel elle voyageait… Elle n’avait pas non plus été maltraitée. Au contraire, les médecins avaient tout fait pour bien la soigner : « Elle avait perdu beaucoup de sang, a raconté le docteur Saad Abdul Razak, et nous avons dû lui faire une transfusion. Heureusement des membres de ma famille ont le même groupe sanguin qu’elle : O positif. Et nous avons pu obtenir du sang en quantité suffisante. Son pouls battait à 140 quand elle est arrivée ici. Je pense que nous lui avons sauvé la vie 16. »
En assumant des risques insensés, ces médecins tentèrent de prendre contact avec l’armée américaine pour lui restituer Jessica. Deux jours avant l’intervention des commandos spéciaux, ils avaient même conduit en ambulance leur patiente à proximité des lignes américaines. Mais les Américains ouvrirent le feu sur eux et faillirent tuer leur propre héroïne…
L’arrivée avant le lever du jour, le 2 avril, des commandos spéciaux équipés d’une impressionnante panoplie d’armes sophistiquées surprit le personnel de l’hôpital. Depuis deux jours, les médecins avaient informé les forces américaines que l’armée irakienne s’était retirée et que Jessica les attendait…
Le docteur Anmar Ouday a raconté la scène à John Kampfner de la BBC : « C’était comme dans un film de Hollywood. Il n’y avait aucun soldat irakien, mais les forces spéciales américaines faisaient usage de leurs armes. Ils tiraient à blanc et on entendait des explosions. Ils criaient : « Go ! Go ! Go ! » L’attaque contre l’hôpital, c’était une sorte de show, ou un film d’action avec Sylvester Stallone17. »
Les scènes furent enregistrées avec une caméra à vision nocturne par un ancien assistant de Ridley Scott dans le film La Chute du faucon noir (2001). Selon Robert Scheer, du Los Angeles Times, ces images furent ensuite envoyées, pour montage, au commandement central de l’armée américaine, au Qatar, et une fois supervisées par le Pentagone, diffusées dans le monde entier18.
L’histoire de la libération de Jessica Lynch restera dans les annales de la propagande de guerre. Aux Etats-Unis, elle sera peut-être considérée comme le moment le plus héroïque de ce conflit. Même s’il est prouvé qu’il s’agit d’une invention aussi fausse que les « armes de destruction massive » détenues par M. Saddam Hussein ou que les liens entre l’ancien régime irakien et Al-Qaida. »
http://www.reopen911.info/News/2012/06/18/propagande-des-couveuses-en-irak-aux-massacres-en-syrie/
Toutes les beautés du monde n’effaceront pas les 9 MILLIONS de morts des guerres en proche-orient. (Et qui ont servi à quoi, déjà ?)