(Vidéo) Interview de Gore Vidal par Amy Goodman sur le 11/9 : « On ne nous a rien dit… Nous vivons maintenant sous le règne de la terreur »

En hommage à Gore Vidal décédé le 31 juillet dernier, la célèbre journaliste Amy Goodman revient sur une interview donnée par l’écrivain et essayiste américain en 2003, et choisit de mettre en avant la partie de l’entretien concernant le 11-Septembre et l’administration Bush. Gore Vidal y affirme que la République est en danger aux USA, voire, a abdiqué depuis les attentats du 11/9 et la vaste opération de dissimulation et de guerres que s’en est suivie. Pour lui – et l’interview date de 2003 (!) – désormais, "nous vivons sous le règne de la terreur".

 

Amy Goodman interview Gore Vidal sur le 11-Septembre
 


Interview de Gore Vidal par Amy Goodman sur le 11/9 (réalisée en 2003)

Transcription de la vidéo parue le 3 août 2012 sur DemocracyNow.org

Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews

 

INTERVIEW DE L’ÉCRIVAIN GORE VIDAL PAR AMY GOODMAN SUR LE 11-SEPTEMBRE


 

 

*** TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO ***

 

Amy Goodman : Nous terminons notre émission avec le formidable écrivain Gore Vidal qui est décédé mardi dernier à l’âge de 86 ans à son domicile d’Hollywood Hills à la suite de complications dues à une pneumonie. C’était une icône nationale, auteur de quelque 25 romans, plusieurs pièces de théâtre, deux mémoires, et de nombreux essais. Il était l’un des plus connus et des plus prolifiques chroniqueurs de l’histoire et de la politique américaine, et s’était consacré à la critique de la société américaine. Il avait candidaté deux fois sans succès au poste de représentant démocrate pour l’État de New York dans les années 1960, et en 1982 pour un poste de Sénateur de Californie. On le décrivait comme le moins noble défenseur de la République américaine. J’ai souvent discuté avec Gore Vidal, dont une fois en 2003 avec Juan Gonzales, et je vous propose un extrait de cette conversation. Je lui demandais ce qu’il pensait du 11 septembre 2001.

Gore Vidal : Les États-Unis ne sont pas un pays normal. Nous sommes sous…, notre pays est maintenant sous la surveillance et le contrôle des militaires. Juste après le 11-Septembre, le président a demandé au Congrès de ne pas lancer d’enquête approfondie, « car cela pourrait être préjudiciable à la lutte contre le terrorisme, où qu’il se trouve dans le monde. » [NdT - G.Vidal imite la voix de Bush] Et le Congrès a obéi.

Je me rappelle Pearl Harbor. J’étais un enfant. Et dans les trois ans qui ont suivi, je m’étais enrôlé dans l’armée. C’est ce qu’on faisait à l’époque. On n’allait pas se réfugier dans l’Air Force du Texas.

J’ai réalisé que le pays avait radicalement changé, que le gouvernement ne répondait plus aux attentes du peuple, par exemple de nous protéger contre des événements comme ceux le « 11-Septembre », ce qu’ils auraient dû faire, pu faire, mais qu’ils n’ont pas fait, et lorsque l’heure était venue, d’enquêter, enquêter, et enquêter encore. Et donc, j’ai écrit deux petits livres, l’un intitulé « Perpetual War for Perpetual Peace » dans lequel je m’intéresse à pourquoi Oussama Ben Laden, si c’est bien lui, ou qui que ce soit, pourquoi ils ont fait ça. Et puis un 2e ouvrage, « Dreaming War », sur pourquoi nous n’étions pas protégés le 11/9, chose qui aurait dû conduire à l’Impeachment (la démission forcée – NdT) du président des États-Unis qui a permis que cela se produise. Ils ont dit n’avoir eu aucune information. Depuis lors, chaque jour, le New York Times publie les dires d’une foule de gens qui ont dit avoir averti le gouvernement. Le président russe Poutine nous avait prévenus. Trois membres du Mossad nous ont affirmé être venus aux USA pour nous prévenir qu’en septembre, une chose déplaisante allait tomber du ciel sur nous. Avons-nous été défendus ? Non, on ne nous a pas défendus. A-t-on fait une enquête ? Non, pas d’enquête. Il y a eu juste une tentative lors des élections de mi-mandat. On a eu un comité ad hoc au Congrès, qui n’a rien fait pour nous à ce jour. Où en sommes-nous ? 3 ans après ? C’est une honte.

Les médias qui sont contrôlés par les grands conglomérats qui contrôlent aussi le système politique ont fait un travail épouvantable, même si quelques bonnes histoires sont passées malgré tout. J’ai soigneusement lu le Wall Street Journal (WSJ), qui malgré son épouvantable politique éditoriale est plutôt un bon journal d’actualité, ce que le New York Times n’est pas. Si vous lisez attentivement le WSJ, vous pouvez découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

Au moment du premier détournement, selon la loi, la FAA est obligée dans les quatre minutes après le détournement de demander le décollage de chasseurs de la base militaire la plus proche. Ça veut dire aller chercher l’avion et le forcer à atterrir, et savoir qui ils sont, comprendre ce qui se passe. Or, pendant 1 heure et 50 minutes, je crois, aucun chasseur n’a décollé. Et durant cette heure et 20 minutes, nous avons perdu 2 tours et un côté du Pentagone. Pourquoi n’ont-ils pas décollé ? Aucune explication de la part du gouvernement. Aucune excuse. Beaucoup de balbutiements, modifiés ou remplacés après coup par d’autres. Cela, pour moi, a signifié la fin de la république.

Nous n’avions plus de Congrès pour poser des questions à l’exécutif, ce qu’il est supposé faire, c’est sa fonction. Nous avons un commandant en chef qui aime se balader en uniforme militaire, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a fait, puisqu’ils sont supposés être des civils veillant sur les militaires. Tout cela est surréaliste, et cela continue d’empirer, car on nous laisse dans l’ignorance de ces choses qui pourtant nous concernent au premier chef, la guerre et la paix, la prospérité et la pauvreté. Ce sont les choses importantes auxquelles le gouvernement devrait travailler et nous tenir informés. On ne nous a rien dit. Et toutes les voix se sont tues.

J’ai donc écrit deux petits livres, qui ont été repérés par ceux qui surfent sur Internet, et quelques centaines de milliers de personnes les ont achetés. Je ne m’occupe pas de « théories du complot ». Je n’ai jamais été un journaliste. Je suis un historien. Car les journalistes nous exposent leurs opinions et prétendent que ce sont des faits. Je ne vous donnerai pas mes opinions, car elles pourraient être utiles à la rigueur à ma mère, mais c’est bien tout. Elles ont de la valeur pour moi. Mais je vous donne les faits que j’ai trouvés, et je les liste. Et ils sont très parlants.

Le gouvernement est coupable, à tout le moins, de négligence. Pourquoi n’étions-nous pas protégés ? Avec toutes les bases aériennes, les avions de chasse, tout le long de la côte Est, aucun n’a décollé pendant que se déroulaient les détournements. Finalement, deux chasseurs de la base d’Otis dans le Massachusetts sont arrivés au dessus des Tours Jumelles, je crois au moment où la 2e Tour était frappée. Si quelqu’un avait réfléchi, ils auraient dû aller à Washington pour tenter de prévenir l’attaque contre le Pentagone. Mais ils sont rentrés à Otis, retour dans le Massachusetts. Alors je pose ces questions, que le Congrès devrait poser aussi, mais il ne le fait pas, que la presse devrait poser, mais elle a trop peur. Aujourd’hui, nous vivons sous le règne de la terreur.

Amy Goodman : L’écrivain et essayiste Gore Vidal est décédé mardi dernier à l’âge de 86 ans à son domicile d’Hollywood Hills à la suite de complications dues à une pneumonie. Vous pouvez voir toutes nos interviews de Gore Vidal sur notre site Web DemocracyNow.org. Un remerciement tout spécial à notre équipe de Baltimore.

 

Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews


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Visionnez gratuitement le film "Zéro – Enquête sur le 11-Septembre" 

 

 


 





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