ASIA TIMES (1/2) : Délits d’initiés du 11-Septembre… les faits mis à nu

Comment les banques fédérales, les commissions d’enquête successives, ou encore les autorités de régulation financières aux États-Unis et en Europe ont-elles réagi dans le temps aux transactions suspectes effectuées autour du 11/9 ? Puis aux rumeurs insistantes de délits d’initiés ? Et enfin aux études scientifiques montrant la très forte probabilité d’opérations financières impliquant une pré-connaissance précise des événements du 11-Septembre par certains opérateurs qui ont, pour l’occasion, fait d’énormes profits ?
C’est ce que s’attache à décrire en détail Lars Shall dans ce récent article d’Asia Times. En voici la première partie.

 

Qui se cache derrière les transactions frauduleuses survenues avant,
pendant et après le 11-Septembre ?

 


Une enquête exclusive d’ASIA TIMES (1/2)
Délits d’initiés du 11-Septembre… les faits mis à nu

* * * 1 e    P A R T I E * * *

(Lisez aussi la 2e partie ici)

Par Lars Schall, Asia Times, le 21 mars 2012

Traduction GV pour ReOpenNews

Y a-t-il quelque chose de vrai dans les allégations selon lesquelles des cercles bien informés auraient fait des profits substantiels sur les marchés financiers, en lien avec les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis ?

La première chose à faire pour le savoir est sans aucun doute d’examiner les opérations sur les "options de vente" (Put Options) faites autour du mardi 11 septembre 2001, qui représentent un volume exceptionnel, au travers tout d’abord d’un logiciel qui a joué un rôle-clé : le programme PROMIS, pour Prosecutor’s Management Information System. [i]

PROMIS est un logiciel qui semble doté de capacités quasi magiques. Il fait de plus l’objet depuis des dizaines d’années d’un contentieux entre son inventeur, Bill Hamilton, et plusieurs personnes ou institutions associées aux agences de renseignements, aux militaires et aux sociétés de conseil en sécurité.1

L’une des vertus "magiques" de PROMIS, d’après ce que l’on sait, est qu’il utilise l’"intelligence artificielle" et a été apparemment « capable dès le début de lire et d’intégrer n’importe quel programme informatique ou base de données, quel que soit le langage dans lequel ils étaient écrits, le système d’exploitation ou même la plateforme sur lesquels la base de données était installée. »2

Et c’est là que cela devient intéressant :

Que feriez-vous si vous possédiez un logiciel capable de penser, et de comprendre, tous les principaux langages dans le monde, de s’installer en douce sur n’importe quel ordinateur, d’y insérer des données sans que l’utilisateur s’en aperçoive, de dépasser les capacités du raisonnement humain, et de prédire ce que les gens vont faire avant qu’ils ne le fassent ? Vous l’utiliseriez, n’est-ce pas ?3

En admettant qu’elles soient vraies, ces facultés sont difficiles à croire. En fait, toute cette histoire de PROMIS, que Mike Ruppert développe en détail dans son livre Crossing the Rubicon, ("Franchir le Rubicon") ressemble plus à une nouvelle de science-fiction digne de Philip K. Dick ou William Gibson. Pourtant, les informations collectées par Mike Ruppert sont basées sur des sources fiables aussi bien que sur des investigations personnelles qui n’attendent qu’une chose : qu’un jury s’y intéresse.

Et il serait grand temps de le faire si vous ajoutez au potentiel de ce logiciel le fait « qu’il est établit que PROMIS a été utilisé par les agences de renseignement de différentes manières, dont celle de la surveillance en temps réel des achats/ventes d’actions sur tous les principaux marchés financiers dans le monde. »4

Nous avons donc affaire à un logiciel qui :

  1. Infiltre les ordinateurs et les systèmes de communication sans se faire remarquer.
  2. Peut manipuler des données.
  3. Est capable de surveiller le marché global des actions en temps réel.

Le point c) est pertinent par rapport à tout ce qui s’est passé en lien avec les transactions jamais vraiment élucidées survenues juste avant le 11-Septembre5, et dont l’ex-président de la Deutsche Bank, Ernst Welteke a dit qu’elles « n’ont pas pu être planifiées et conduites sans une certaine préconnaissance [des attentats]. »6

J’ai posé explicitement la question des opérations sur les Put Options au journaliste Max Keiser, spécialiste de la Finance, qui a travaillé pendant plusieurs années à Wall Street comme trader en actions et en options. A ce propos, Keiser m’a répondu : « J’ai discuté avec de nombreux brokers travaillant dans les tours du World Trade Center à cette époque. Certains brokers de Cantor Fitzgerald ont été les premiers à me parler des transactions de Put Options sur les compagnies aériennes plusieurs jours avant [les attentats]. » Il m’a ensuite fait part d’une information explosive, que Ruppert aborde en détail dans son livre Franchir le Rubicon.

Max Keiser : Il existe de nombreux problèmes au sujet de ces achats d’options, qui n’ont toujours pas été éclaircis. J’ai également travaillé chez Alex Brown & Sons (ABS). La Deutsche Bank avait racheté ABS en 1999. Au moment des attentats, ABS appartenait déjà à la Deutche Bank. Un personnage important chez ABS était Buzzy Krongard. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises dans ses bureaux de Baltimore. Krongard avait été promu directeur exécutif de la CIA. Les achats d’options dans lesquels ABS était impliquée ont été effectués depuis les bureaux d’ABS à Baltimore. Le bruit de fond que cela a occasionné entre Baltimore, New York City et Langley [siège de la CIA – NdT] était, comme vous pouvez l’imaginer, assez intéressant, pour utiliser un doux euphémisme.

Ce qui est à noter ici, est le fait qu’Alex Brown, une filiale de la Deutsche Bank (où la plupart des supposés pirates de l’air du 11/9 ont effectué des transactions bancaires – y compris Mohammed Atta) a acheté en masse des Put Options sur United Airlines (UAL) au travers du Chicago Board Option Exchange (CBOE) – « au grand embarras des enquêteurs », comme le rapporta le journal britannique The Independent.7

Le 12 septembre 2001, le président du directoire de la Deutsche Bank Alex Brown, Mayo A Shattuck III, démissionna brusquement et en toute discrétion de son poste, bien qu’il eut encore trois ans de contrat avec un salaire annuel de plusieurs millions de dollars. Cela parait un peu étrange.

Quelques semaines plus tard, l’attaché de presse de la CIA de l’époque, Tom Crispell, se refusa à tout commentaire alors qu’il était sollicité à propos d’un rapport paru sur le site de Mike Ruppert, From the Wilderness, où il lui était demandé « si le département du Trésor ou le FBI avait interrogé le directeur exécutif de la CIA et ancien président-directeur général (chief executive officer) de la Deutsche Bank-Alex Brown, A B ‘Buzzy’ Krongard, au sujet de la surveillance des marchés financiers par PROMIS et de son ancien poste de responsable des relations avec les ‘’clients privés’’ chez Alez Brown. »8

En effet, juste avant d’être recruté par George Tenet – ancien chef de la CIA -, Buzzy Krongard supervisait essentiellement les comptes des clients privés chez Alex Brown.9

En tout cas, le premier jour d’ouverture après le 11/9, lorsque les marchés boursiers américains furent à nouveau ouverts, le cours de l’action d’UAL [maison mère d'United Airlines - NdT] avait chuté de 43%. (Les 4 avions détournés le 11-Septembre étaient American Airlines 11 et 77, et United Airlines 175 et 93).

Avec son expérience d’ancien trader en options, Keiser m’a expliqué une chose importante à ce propos.

Max Keiser : Les Put Options (options de vente), lorsqu’utilisées dans le cadre d’opérations de spéculation, consistent essentiellement en un pari que le cours de l’action va chuter brusquement. L’acheteur, qui signe un contrat sur une durée déterminée avec le vendeur, n’est pas obligé de détenir l’action au moment de l’achat des options. En lien avec l’affaire des délits d’initiés via des "Put" ou des "Call Options", il faut mentionner la remarquable définition donnée par les économistes suisses Remo Crameri, Marc Chesney et Loriano Mancini, selon laquelle une opération sur des options est « identifiée comme un délit d’initiés » – même si cela n’est pas prouvé (légalement) – « lorsqu’elle se caractérise par une augmentation inhabituelle de l’Open Interest et du Volume, qu’elle génère des gains significatifs, et qu’elle n’est pas ‘’couverte’’ sur le marché des actions. »10

L’ Open Interest décrit les contrats qui n’ont pas été exercés à la fin de la période (trading session), qui sont toujours ouverts. « Non couverts » sur le marché des actions signifie que l’acheteur des Options (Put ou Call) ne détient pas les actions sous-jacentes, grâce auxquels il pourrait atténuer ou compenser ses pertes si la l’opération ne va pas dans le sens voulu, autrement dit : il ne « se couvre pas », car cela n’est pas nécessaire, puisqu’il sait que le pari est "gagné d’avance". (Dans ce cas d’ailleurs, il ne s’agit pas vraiment d’un ‘’pari’’, puisque l’issue n’est pas incertaine, mais connue à l’avance.)

En l’occurrence, le véhicule de l’opération était « des Put Options très peu chères, qui donnaient le ‘’droit’’ au détenteur, sur une période donnée, de vendre certaines actions à un cours bien en dessous de celui du marché ce jour-là – ce qui est un pari risqué, puisque vous perdrez de l’argent si, une fois la période écoulée, le cours de l’action est plus haut que celui figurant dans l’option. Cependant, lorsque les actions sont tombées bien plus bas après les attentats terroristes, ces options ont vu leur valeur multipliée plusieurs centaines de fois, puisqu’à ce moment-là, le prix de vente spécifié dans l’option était plus haut que le cours de l’action sur les marchés. Ces paris risqués sur des périodes courtes et portant sur des options indiquent clairement que les investisseurs savaient avec quelques jours d’avance que quelque chose d’extrêmement important allait se produire et faire baisser considérablement le cours de ces actions. »11

Un logiciel comme PROMIS est quant à lui utilisé précisément pour surveiller les marchés d’actions en temps réel, et tracer les variations de prix qui semblent suspicieuses. Par conséquent, les services de renseignement US ont nécessairement reçu des signaux clairs suite aux étranges – et encore jamais vues – transactions d’avant le 11/9.

Autre élément important en rapport avec la surveillance, qui pourrait mener aux auteurs [de ces délits d’initiés présumés], si l’on voulait véritablement remonter jusqu’à eux :

Max Keiser : L’Options Clearing Corporation a le devoir de gérer les transactions, et le fait de façon plutôt anonyme – alors que la banque qui exécute la transaction en tant que broker peut déterminer l’identité des deux parties.

Mais cela n’a très certainement jamais été dans l’intention des autorités de régulation lorsqu’ils se sont aperçus que la piste remontait – entre autres – jusqu’à Alvin Bernard "Buzzy" Krongard, Alex Brown & Sons et la CIA. Mike Ruppert, quant à lui, se penche en détail sur cette affaire, dans son livre "Franchir le Rubicon".12

Il existe toutefois des moyens pour les auteurs de délits d’initiés de dissimuler leurs traces. Pour les rendre moins visibles, « les auteurs de délits d’initiés peuvent acheter des petits groupes de contrats. Ceux-ci peuvent être acquis au travers de plusieurs comptes afin d’éviter d’attirer l’attention sur un trop gros volume acheté par un seul gros compte. Ils peuvent aussi acquérir de petits volumes sur davantage de contrats, ce qui le rend le tout plus discret. Et tandis que l’Open Interest grandi, les autres opérateurs (non-initiés) peuvent s’en apercevoir et accroitre à leur tour leur activité d’achat. Les initiés ont alors la possibilité de revenir et d’effectuer de nouvelles transactions au prétexte de signaux d’activité apparente sur les marchés. De ce point de vue, il devient difficile pour le CBOE de distinguer entre les initiés et les autres, puisque tous effectuent un grand nombre de tractations. »13

Le sujet qui nécessite ici quelques clarifications est analysé de la manière suivante par Keiser :

Max Keiser : Je pense que la plupart de ceux qui sont morts le 11/9 (mais pas tous) étaient des mercenaires de la Finance – et nous devrions éprouver les mêmes sentiments pour eux que pour tous les mercenaires qui sont tués. Le drame est que ces compagnies ont mélangé des mercenaires et des civils, et que ces derniers ont également trouvé la mort. Et donc, se peut-il que les sociétés de Wall Street aient utilisé des civils comme boucliers humains ?

D’après un rapport remis par Bloomberg début octobre 2001, la Commission de sécurité et d’échange (Securities and Exchange Commission, ou SEC) américaine a lancé une enquête sur certaines transactions sur le marché des actions autour du 11-Septembre, et cela concernait 38 compagnies dont : American Airlines, United Airlines, Continental Airlines, Northwest Airlines, Southwest Airlines, Boeing, Lockheed Martin Corp., American Express Corp., American International Group, AXA SA, Bank of America Corp., Bank of New York Corp., Bear Stearns, Citigroup, Lehman Brothers Holdings Inc., Morgan Stanley, General Motors et Raytheon.14

Jusque-là, très bien. Le même mois cependant, le San Francisco Chronicle rapportait que la SEC avait pris une mesure jamais vue auparavant, consistant à assigner (deputize) des centaines, si ce n’est des milliers d’importants détenteurs d’actions pour les besoins de son enquête. Dans un courrier adressé à presque toutes les compagnies listées aux USA, la SEC a demandé que la direction générale de chacune soit assignée pour l’enquête, en l’informant de la nature "sensible" de l’affaire, et en lui demandant de « conserver la plus grande discrétion sur ce sujet. »15

En somme, il s’agissait de contrôler l’information et d’éviter toute fuite. Un tel procédé a des conséquences compromettantes.

Mike Ruppert (ci-contre) : Ce qui se passe quand vous assignez quelqu’un dans une enquête criminelle ou concernant la sécurité nationale, est que vous rendez illégal pour lui de divulguer publiquement tout ce qu’il sait. C’est plutôt malin. En effet, la personne devient de facto un agent du gouvernement et passe sous le contrôle des lois gouvernementales plutôt que sous celui de sa conscience. En fait, on peut jeter quelqu’un en prison sans même passer par un tribunal s’il parle en public. J’ai souvent constaté cette menace implicite faite sur des enquêteurs fédéraux, des agents du renseignement, et même des membres du Congrès des États-Unis, eux qui sont tellement liés par le secret qu’ils ne peuvent même pas parler des activités criminelles à l’intérieur même du gouvernement, de peur d’être emprisonnés immédiatement.16

Parmi les rapports sur les soupçons de délits d’initiés mentionnés dans le livre Franchir le Rubicon ou sur le site From the Wilderness se trouve une liste publiée sous le titre Black Tuesday: The World’s Largest Insider Trading Scam? par l’institut israélien Herzliyya International Policy Institute for Counterterrorism, le 21 septembre 2001 :

  • Entre le 6 et le 7 septembre 2001, la CBOE a vu l’achat de 4744 options de vente d’United Airlines, mais seulement 396 options d’achat. Dans l’hypothèse où ces options ont été achetées par des gens ayant une préconnaissance de l’imminence des attentats, ces initiés ont fait un gain de presque 5 millions de dollars.
  • Le 10 septembre, 4516 options de vente d’American Airlines ont été achetées sur le Chicago Board of Exchange, pour seulement 748 options d’achat. Encore une fois, il n’y avait aucune annonce particulière pouvant justifier un tel déséquilibre ; et là aussi, dans l’hypothèse où ces 4000 options sont le fait d’ "initiés", ils ont empoché un gain de presque 4 millions de dollars. (Le niveau de transactions en Put Options fut alors plus de six fois le niveau normal.)
  • Il n’y a pas eu de telles transactions sur d’autres compagnies aériennes au CBOE dans les jours précédant immédiatement le Black Tuesday.
  • Morgan Stanley Dean Witter & Co, qui occupait 22 étages du World Trade Center, a vu l’achat de 2157 de ses Put Options d’octobre à 45 dollars pendant les trois jours précédant le Black Tuesday. Ceci comparé à une moyenne de 27 contrats par jour avant le 6 septembre. La valeur de l’action de Morgan Stanley est passée de 48,90 dollars à 42,50 dollars juste après les attentats. Dans l’hypothèse où ces 2000 contrats d’options ont été achetés sur la base de la préconnaissance des attentats à venir, leurs détenteurs ont pu faire un profit d’au moins 1,2 million de dollars.
  • Merrill Lynch & Co, qui avait son siège tout près des Tours Jumelles, a vu l’achat de 12 215 options de vente pour octobre à 45 dollars au cours des 4 jours précédant les attentats. La moyenne d’achat avant était de 252 contrats par jour (soit une augmentation de 1200%). Lorsque les marchés ont rouvert, l’action de Merrill était tombée de 46,88 dollars à 41,50 dollars ; si les 11 000 contrats d’options ont été achetés par des « initiés », leur profit se monte à environ 5,5 millions de dollars.
  • Les autorités européennes de régulation examinent également Munich Re (Allemagne), Swiss Re (Suisse) et AXA (France), toutes d’importantes sociétés de réassurance très exposées par le désastre du Black Tuesday (11 septembre 2001). Note : AXA possède également plus de 25% des actions d’American Airlines, ce qui fait que les attentats sont pour elle une "double catastrophe".)17

Concernant les déclarations de l’ex-président de la Deutsche Bundesbank, Ernst Welteke, leur teneur dans plusieurs articles de presse peut se résumer ainsi :

Le président de la banque centrale allemande, Ernst Welteke a déclaré par la suite qu’une étude de sa banque avait conclu qu’ « il y a des signes toujours plus évidents qu’une activité nécessitant des connaissances d’experts a eu lieu sur les marchés financiers internationaux, » pas seulement concernant les actions des secteurs touchés, comme le secteur aérien ou celui des compagnies d’assurance, mais aussi sur les marchés de l’or et du pétrole. » [Daily Telegraph, 23 septembre 2011] Ses enquêteurs ont trouvé « des preuves quasiment irréfutables de délits d’initiés. » [Miami Herald, 24 septembre 2001] « Si vous observez les mouvements des marchés avant et après les attentats, il y a de quoi être perplexe. Mais il est très difficile de vérifier tout ça. » Malgré tout, Welteke pense que « dans un cas ou dans un autre, il sera possible de remonter à la source. » [Fox News, 22 septembre 2001]. Il fait remarquer « une augmentation forte et inexplicable » du prix du pétrole avant le 11/9 [Miami Herald, 24 9 2001], suivie d’une autre augmentation de 13% le lendemain des attentats. Et le prix de l’or a augmenté "non-stop" pendant plusieurs jours après les attentats. [Daily Telegraph, 23 septembre 2001] 18

En tenant compte de ces observations, j’ai posé la question par email au service de presse de la Deutsche Bundesbank, le 1er août 2011, en espérant apprendre en retour les choses suivantes :

Quel usage la Bundesbank a-t-elle fait de ces informations ? Avec qui les a-t-elle partagées ? Et aussi :

  1. Pouvez-vous confirmer qu’une telle étude a bel et bien été conduite par la Bundesbank en septembre 2001, au sujet des délits d’initiés autour des attentats du 11/9 ?
  2. Dans ce cas : Quel en était le titre ?
  3. Dans ce cas : qui étaient les auteurs de l’étude ?
  4. Dans ce cas : L’étude a-t-elle jamais été rendue publique ?

Le 2 août, on m’a informé : « Nous avons bien reçu votre email, il est en cours de traitement sous le numéro 2011 / 011551. » Mais après cela, le service de presse de la Deutsche Bundesbank ne m’a plus répondu que verbalement par téléphone. Après cela, j’ai écrit au service de presse des autorités fédérales de régulation en Allemagne, le Bundesanstalt fur Finanzdienstleistungsaufsicht, BaFin, avec l’email suivant, pour des raisons évidentes :

Hier, j’ai envoyé une demande (voir en bas de ce message) au service de presse de la Deutsche Bundesnak à propos des délits d’initiés en relation avec les attentats terroristes du 11 septembre 2001, et également à propos d’une supposée étude menée par la Deutsche Bundesbank. Ma demande porte le numéro de référence 2011 / 011551.

Le service de presse, en la personne de M. Peter Trautmann, a pu me répondre seulement oralement. Je réexplique cela maintenant, car cela concerne votre entité. Mes questions se trouvent juste après.

D’après les explications orales fournies par le service de presse de la Deutsche Bundesbank, il n’y a jamais eu d’étude officielle détaillée des délits d’initiés par la Bundesbank. Il peut y avoir eu une analyse ad hoc, accompagnée des graphiques portant sur les variations des cours, comme support visuel à destination des directeurs de la Bundesbank. Enquêter sur cette affaire aurait dû faire partie des obligations de la Bundesfinanzaufsicht. Le service de presse de la Bundesbank n’a pas souhaité me fournir davantage d’informations écrites, pas même après que je leur eus fait remarquer que cette étude de la Bundesbank circulait sur Internet depuis plusieurs années et n’avait jamais été démentie. Voilà pour les explications orales du service de presse de la Bundesbank, par l’intermédiaire de M. Peter Trautmann.

Et maintenant, mes questions pour vous :

  1. La BaFin a-t-elle jamais lancé une enquête sur les délits d’initiés autour du 11/9 ?
  2. Avec quels résultats ? Ceux-ci ont-ils été rendus publics ?
  3. N’y a-t-il pas suffisamment d’éléments pour susciter le doute et déclencher une investigation, par exemple concernant la compagnie affectée : Munich Re, ou concernant l’acheteur de Put Options sur United Airlines : la société Alex Brown, appartenant à la Deutsche Bank ?
  4. La Deutsche Bundesbank a-t-elle jamais demandé à la BaFin de quelles informations elle disposait au sujet des délits d’initiés – par exemple, en vue de la création d’une étude ad hoc par la Bundesbank ?
  5. Les agences fédérales américaines ont-elles jamais demandé à la BaFin de coopérer avec elles dans leur enquête ?

Pourriez-vous s’il vous plait me répondre par écrit, et pas par oral comme la Bundesbank ? Je vous en serais extrêmement reconnaissant !

Le lendemain, j’ai reçu un email sur ce sujet, de la part d’Anja Engelland, l’attachée de presse de la Bafin, dans laquelle elle répondait ainsi à mes questions :

  1. En effet, l’ex Bundesaufsichtsamt fur Wertpapierhande, BAWe (autorités fédérales de contrôle des marchés financiers) a bien effectué une étude complète de ces opérations.
  2. Il en est ressorti qu’aucune preuve de délit d’initiés n’a pu être trouvée. Leur approche et les résultats ont été publiés dans le rapport annuel de la BAWe (ou BaFin) de l’année 2001 (cf S 26/27) et 2002 (cd p 156, au-dessus du 1er paragraphe). Voici les liens. [Voir ici et ici].
  3. Voir les rapports annuels de 2001 et 2002. Les Put Options sur United Airlines n’ont pas été achetées sur le marché allemand des échanges (les premières options EUREX sur actions américaines ont été introduites seulement après les attentats de 2001) ; Il y a eu des souscriptions sur UAL et d’autres actions US, mais seulement pour des volumes réduits.
  4. Personnellement, je n’ai pas d’informations à ce sujet. De plus, c’est à la Bundesbank elle-même d’y répondre.
  5. BaFin est essentiellement en charge des échanges d’informations avec les autorités étrangères de régulation, comme la SEC, sur la base d’accords écrits, aussi appelés memoranda of understanding (MoU). Concernant les éventuelles demandes provenant d’autorités étrangères de régulation, la BaFin ne peut malheureusement pas faire de commentaires, par respect pour l’autre autorité. J’espère que vous comprendrez cela.

J’ai ensuite envoyé une brève note à BaFin, « afin d’éviter tout malentendu : vos réponses portent, si je comprends bien, uniquement sur les marchés financiers en Allemagne et à Francfort, n’est-ce pas ? »

La réponse de BaFin :

Les réponses réfèrent au marché financier allemand dans son ensemble et pas seulement au Francfort Stock Exchange. En ce qui concerne les vérifications des marchés financiers étrangers, ce sont les autorités de ces pays qui sont compétentes pour vous répondre.

Dans mes demandes, je mentionnai, entre autres, une étude scientifique de l’économiste US Allan M Poteshman, de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, conduite en 2006 au sujet d’opérations sur des Put Options aux alentours du 11/9 et en lien avec les deux compagnies aériennes impliquées dans les attentats, United Airlines et American Airlines. Poteshman était arrivé à la conclusion que « l’examen des transactions en options avant le 11-Septembre révèle un niveau très inhabituel d’achat de Put Options. Cette information est cohérente avec celle d’investisseurs « initiés » qui auraient effectué ces achats d’options avant les attentats. »19

Une autre étude scientifique a été menée par les économistes Wong Wing-Keung (Hong Kong Baptist University, HKBU), Howard E Thompson (Université du Wisconsin) et Kweehong Teh (National University of Singapore, NUS), qui ont publié leurs résultats en avril 2010 sous le titre « Was there Abnormal Trading in the S&P 500 Index Options Prior to the September 11 Attacks? » (Y a-t-il eu des opérations financières anormales sur le marché S&P 500 Index Options avant les attentats du 11 septembre 2001 ? »

Les auteurs, motivés par les nombreux articles parus dans les médias et relatant de possibles délits d’initiés avant le 11/9 sur le marché des options, ont étudié l’Index Standard & Poor’s 500 (SPX Index Options), avec une attention particulière sur les stratégies caractéristiques d’un marché baissier, c’est-à-dire celles intitulées "Put Purchase," "Put Bear Spread" ou encore "Naked ITM Call Write", puisque chacune d’elles correspond à l’hypothèse d’un acheteur pariant sur un marché globalement baissier et qui pourrait avoir voulu faire des profits en prévision des événements du 11/9.20

De la même façon, les auteurs se réfèrent à un article publié par Erin E Arvedlund le 8 octobre 2001 dans Barron’s, dont le titre suggère précisément cette hypothèse : "Follow the money: Terror plotters could have benefited more from the fall of the entire market than from individual stocks." (Suivez l’argent : les terroristes auraient pu davantage bénéficier d’un marché globalement baissier que de la chute individuelle des valeurs de certaines actions.)21

Concrètement, les auteurs Wong, Thompson et Teh sont arrivés à la conclusion suivante : « Nos résultats montrent une augmentation forte et anormale du Volume de transactions sur les marchés d’options juste avant les attentats du 11/9, contrastant avec l’absence de tels volumes anormaux sur ces mêmes marchés avant les attentats. »

Pour être précis, ils le formulent ainsi : « Nos résultats concernant les Put Options des [trois] index SPX, out-of-the-money (OTM), at-the-money (ATM) et in-the-money (ITM), et sur les Call Options de l’index ITM SPX nous amènent à rejeter l’hypothèse qu’il n’y a pas eu de volumes anormaux de transactions sur ces contrats avant le 11-Septembre. »

Au lieu de cela, ils ont trouvé des traces « de volumes anormaux de transactions de Put Options dans les index SPX "OTM" , "ATM" et "ITM", ainsi que dans les Call Options de l’index ITM-SPX ce mois-là. « De plus, nous avons découvert des preuves de volumes anormaux de transactions sur les Put Options des index OTM, ATM et ITM-SPX de septembre 2001 immédiatement après les attentats du 11/9 et avant leur date d’expiration. Cela indique que le fait de posséder une Put Option représentait alors un bon investissement, et que les détenteurs qui ont pu les vendre avant la date d’expiration ont réalisé des profits considérables. »

En conclusion, les auteurs en déduisent que même s’ils ne peuvent pas prouver que des "initiés" s’activaient sur le marché, « nos résultats fournissent des éléments circonstanciés confirmant les affirmations de délits d’initiés. »22

Précisions sur les termes utilisés : « In The Money » signifie que les circonstances font que le détenteur d’une option de vente parie que le prix de vente du titre sous-jacent (par exemple une action, ou en tout cas un index d’actions) est plus bas à un instant T qu’au moment où la transaction a été effectuée. « At The Money » correspond au cas où le cours de l’action sous-jacente demeurerait inchangé ou varie très peu. Et Out-of-The-Money signifie que la valeur de l’action sous-jacente a augmenté, ce qui est l’exact opposé de ce qu’espérait le détenteur de l’action. En gros, In The Money : il gagne. Out-of-The-Money : il perd.

Il existe plusieurs possibilités d’ITM, ATM et OTM pour les deux stratégies de Put Options et de Call Options, en fonction du type de risque que l’on est prêt à prendre. Par exemple, d’après Wong, Thompson et Teh, la « Stratégie d’achat de Put » dans le cas d’une baisse de l’action sous-jacente « est une alternative moins couteuse que la vente à découvert (Short-selling (*)) de l’action en question, et est le moyen le plus sûr de faire des profits lorsque le cours de l’action est attendu à la baisse. »

Cependant, l’usage de l’option de vente OTM plutôt qu’ITM offre « plus de profits en retour et des risques aussi plus importants (…) si la valeur de l’action sous-jacente chute de manière significative. Cela dit, lorsque l’action ne baisse que modérément, le choix de l’option ITM reste le meilleur (…) du fait de la différence de prix relative. »

C’est pour cela que les spéculateurs feront de meilleures affaires, s’ils choisissent l’ITM sur des Put Options, « à moins qu’ils ne s’attendent à une baisse drastique du cours de l’action sous-jacente. »23

Après avoir évalué ces stratégies dans le cadre des données disponibles sur les transactions au CBOE en lien avec le 11/9, les trois économistes concluent en refusant le contre-argument selon lequel leurs résultats pourraient être attribués au fait que les marchés d’actions étaient globalement à la baisse, et qu’il y avait des prévisions négatives des marchés. Ils achèvent leur article en écrivant : « Des preuves définitives doivent encore être rassemblées pour conclure à l’activité de délits d’initiés sur ces marchés. Bien que nous ayons montré que les volumes anormaux n’étaient pas dus à la tendance baissière des marchés, une telle enquête resterait un exercice relativement lourd au vu de la multitude de facteurs imbriqués, » comme celles des stratégies déroutantes « employées intentionnellement par les initiés » pour ne pas trop attirer l’attention.24

Cela relève essentiellement – si l’on voulait invalider une fois pour toutes les résultats de ces études – du rôle de la SEC, du FVI, et des autorités gouvernementales américaines. Mais, il est clair que nous pouvons attendre encore longtemps !

Un autre article que je pense utile de mentionner est celui paru dans le magazine financier français Les Échos en septembre 2007, à propos d’une étude conduite par deux professeurs indépendants d’économie à l’Université de Zurich, Marc Chesney et Loriano Mancini. La journaliste Marina Alcaraz a résumé ainsi ces résultats pour Les Échos en joignant les explications du Professeur Chesney (…) :

« Des volumes atypiques, très rares, sur certains titres peuvent laisser penser à des délits d’initiés. » Six ans après les attentats du World Trade Center, c’est la conclusion troublante d’une récente étude de Marc Chesney et Loriano Mancini, professeurs à l’université de Zurich. Les auteurs, l’un spécialiste des produits dérivés, l’autre économètre, ont travaillé sur les options de vente, utilisées pour spéculer à la baisse, de 20 grands groupes américains, notamment dans l’aéronautique et la finance. »

Leur analyse porte sur les transactions réalisées entre le 6 et le 10 septembre 2001 comparativement aux volumes moyens enregistrés sur longue période (une dizaine d’années pour la plupart des sociétés). Les deux spécialistes ont par ailleurs calculé la probabilité que plusieurs options d’un même secteur connaissent des volumes significatifs en quelques jours.

« Nous avons essayé de voir si les mouvements enregistrés sur certains titres peu avant les attaques étaient courants. Or nous montrons que, pour certaines sociétés comme American Airlines, United Airlines, Merrill Lynch, Bank of America, Citigroup, Marsh & McLehnan, ils sont d’une grande rareté d’un point de vue statistique, a fortiori en les comparant aux volumes observés pour d’autres valeurs comme Coca-Cola ou Hewlett-Packard, explique Marc Chesney, ex-professeur à HEC, auteur de "Blanchiment et financement du terrorisme" (éditions Ellipses). Par exemple, 1.535 contrats d’options de vente à échéance octobre 2001, à 30 dollars, ont été échangés sur American Airlines le 10 septembre, contre une moyenne quotidienne d’environ 24 contrats sur les trois semaines précédentes. » Le fait que le marché soit baissier à l’époque « n’explique pas assez ces volumes surprenants ». Des gains" énormes".

Les auteurs ont aussi étudié le rendement des options de vente et d’achat pour un investisseur ayant acheté un produit entre le 6 et le 10.

« Pour certains titres, les gains ont été énormes. Par exemple, des investisseurs ayant acquis des options de vente de Citigroup avec une maturité à octobre 2001 auraient potentiellement pu gagner plus de 15 millions de dollars, » indiquent-t-il.

Du recoupement des données entre les volumes et les rendements, les deux auteurs concluent que « la probabilité qu’il y ait eu délits d’initiés est forte pour American Airlines, United Airlines, Merrill Lynch, Bank of America, Citigroup et JP Morgan. Ce n’est pas une preuve juridique, mais le résultat de méthodes statistiques montrant des signes d’irrégularités. »

Comme l’indique Alcaraz dans son article dans Les Echos, l’étude de Chesney / Mancini sur les possibles délits d’initiés liés aux attentats du 11/9 n’est pas la première du genre ; mais elle est en opposition quasi frontale avec les résultats de la SEC et ceux de la Commission sur le 11/9, qui avaient qualifié les délits d’initiés de pratiquement "négligeables" – les transactions concernées n’avaient aucun lien avec le 11-Septembre et s’étaient « révélées parfaitement inoffensives. »

Tout aussi différent dans ces conclusions, le travail de Marc Chesney (ci-contre), Mancini et Remo Crameri de l’Université de Zürich publié en avril 2010 « Detecting Informed Trading Activities in the option markets ». Dans le chapitre consacré aux attaques terroristes du 11/9, les trois auteurs arrivent à la conclusion que d’importants délits d’initiés ont eu lieu peu avant le 11-Septembre, basés sur la préconnaissance des attentats.

Sans entrer dans le détail des calculs mathématiques et des méthodes statistiques que le trio a utilisés dans son étude des transactions sur les Put Options au CBOE entre 1996 et 2006, voici certaines de leurs conclusions les plus significatives :

« Des sociétés comme American Airlines, United Airlines, Boeing, » – cette dernière était un sous-traitant pour la construction des avions des deux compagnies aériennes – « et dans une moindre mesure Delta Airlines et KLM semblent avoir fait l’objet d’activités de délits d’initiés pendant la période précédant les attaques. Le nombre de nouveaux contrats d’options de vente créés durant cette période est statistiquement élevé et le gain total (…) réalisé par l’exercice de ces options se monte à plus de 16 millions de $. Ces faits viennent corroborer les résultats de Poteshman (2006) qui rapporta aussi des activités anormales sur le marché des options préalablement aux attaques terroristes.

Dans le secteur bancaire, quatorze opérations suspectes sont détectées, six étant liées à des annonces de résultats et de gains trimestriels, cinq aux attaques terroristes du 11/9 ; trois ne sont pas identifiées. Par exemple, le nombre de contrats d’options de vente portant sur les actions de Bank of America, Citigroup, J.P.Morgan et Merrill Lynch créés dans les jours précédant les attaques terroristes était à un niveau inhabituellement élevé. Les profits réalisés au travers de ces stratégies boursières se montent à environ 11 millions de dollars.

Pour les deux secteurs, aérien et bancaire, les auteurs écrivent que « dans pratiquement tous les cas, l’hypothèse selon laquelle les Put Options n’étaient pas "couvertes" ne peut être rejetée. »28

En ce qui concerne les options achetées ou vendues sur l’EUREX, l’une des plus grandes places financières pour les produits dérivés, qui est le résultat de la fusion en 1998 entre les centres financiers suisses et allemands, DTB et SOFFEX, les trois auteurs, Chesney, Mancini et Crameri se concentrent sur deux sociétés de réassurance impactées à hauteur de plusieurs milliards de dollars par la catastrophe du World Trade Center : Munich Re et Swiss Re.

Sur la base des transactions enregistrées sur l’EUREX et fournies par la Deutsche Bank, les trois spécialistes ont détecté une transaction délictueuse liée à Munich Re, survenue le 30 août 2001. Les auteurs écrivent :

« L’opération qui a été détectée concerne des options de vente portant sur l’action Munich Re arrivant à maturité fin septembre 2001 et ayant un prix d’exercice de 320 € (l’action sous-jacente valait 300,86 € le 30 août). Cette option connaît une importante augmentation de l’Open Interest de 996 contrats (soit un quantile de 0,922 sur la base de la distribution observée pendant les deux années menant à cette date) le 30 août.

Sa valeur ce jour-là était de 10,22 €. Le jour des attaques terroristes, l’action correspondante a perdu plus de 15% (la valeur à la clôture le 10 septembre était de 261,88 €, et le 11-Septembre de 220,53 €), et le prix de l’option a grimpé à 89,56 €, ce qui correspond à un rendement de 776% en huit jours ouvrés. (…) Les gains générés par l’exercice de ces 996 nouvelles options de vente achetées le 30 août furent de plus de 3,4 millions d’€. »

La même chose s’applique, selon les auteurs, à une option de vente sur Swiss Re datant du 20 août 2001, avec « un retour de 4050% sur trois semaines de marchés, » soit « plus de 8 millions d’euros. »29

Dans une nouvelle version de leur étude rendue publique le 7 septembre 2011, les auteurs s’en tiennent à leurs conclusions d’avril 2010. Ils insistent sur le fait qu’il est impossible que les gains obtenus grâce aux Put Options soient le fruit du hasard, et que tout indique au contraire qu’ils sont basés sur l’exploitation de la connaissance préalable [des attentats].30

M’appuyant sur les résultats en termes de ce qui s’est produit sur l’EUREX selon Chesney, Crameri et Mancini, j’ai à nouveau écrit à la BaFin, qui m’avait répondu qu’en ce qui concernait les centres financiers allemands, les délits d’initiés autour du 11/9 pouvaient être exclus, et je leur ai demandé :

Comment cela s’accorde-t-il avec vos informations selon lesquelles l’autorité fédérale de régulation des marchés (BAWe) ait pu, dans son analyse exhaustive, ne pas trouver trace de délits d’initiés ? Les trois auteurs de cet article voient-ils, façon de parler, des cadavres dans le placard là où il n’y en a pas ?

J’ai ajouté :

Si ce qu’écrivent Chesney, Crameri et Mancini est vrai, ou si vous à la BaFin, n’êtes pas en mesure de les contredire, cela pourrait-il déclencher une nouvelle enquête sur cette affaire de la part de la BaFin ? En effet, si les conclusions de Chesney, Crameri et Mancini se révèlent exactes, cela montrerait l’existence de transactions illégales en lien avec un crime majeur, ce qui n’est pas soumis à prescription, n’est-ce pas ?

Au cas où des clarifications seraient nécessaires pour la BaFin, j’ai mis le Professeur Marc Chesney en copie de mes échanges d’emails, du fait qu’ils concernaient les résultats de son travail scientifique.

La réponse que m’a adressée la BaFin en la personne de Dominika Kula est la suivante :

Comme je vous l’ai déjà expliqué par email, l’ex-autorité fédérale de régulation des marchés (BAWe) a mené une étude exhaustive sur les opérations de 2001. La conclusion est qu’aucune preuve de délit d’initié n’a pu être trouvée. À fins de clarifications, je tiens à souligner que les cas de violation des règles statutaires de régulation des marchés ou des lois criminelles ne peuvent jamais être exclus à 100%. Si l’on veut poursuivre et juger de telles affaires, des preuves concrètes d’actes illégaux sont requises… et ce n’est pas le cas ici.

Concernant les sources que vous mentionnez, je pense que vous comprendrez qu’en aucun cas je ne peux commenter des analyses scientifiques, ni les commentaires faits par des tierces parties.

Au sujet des limitations [dans le temps] des violations de règles de régulation des marchés, je peux vous donner l’information suivante : la violation de la loi interdisant le délit d’initiés est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. La prescription dans le cas de crimes relevant de ce genre de faute (section 78 paragraphe 3 No 4. Du Code pénal) est de 5 ans. Ce délai est décrit dans les statuts de la prescription (§§ 78 et suiv.) (Code de procédure pénale)

En retour, je me suis à nouveau adressé à l’EUREX avec trois questions :

  1. Quels commentaires faites-vous, à l’EUREX, à propos des résultats de l’étude menée par MM Chesney, Mancini et Crameri ?
  2. Avez-vous perçu, à l’EUREX, les transactions sur Munich Re et Swiss Re, comme étant "suspectes" ?
  3. Les autorités fédérales (BAWe ou BaFIN) ou étrangères (SEC) ont-elles enquêté pour savoir s’il existait des signes de délits d’initiés via l’EUREX en lien avec les attentats du 11/9 ?

J’ai reçu la réponse suivante de Heiner Seidel, l’adjoint au directeur du service de presse de la Bourse allemande de Francfort :

Nous ne vous adresserons pas par écrit de réponse publique au nom de la Bourse allemande ou d’EUREX au sujet de votre demande. Et ce, pour la raison suivante : l’agence chargée de la surveillance des marchés (Hüst) fait partie intégrante de la Bourse, mais elle est indépendante et autonome. Leurs enquêtes revêtent donc un caractère confidentiel et sont menées en collaboration avec la BaFin. Elles ne sont jamais rendues publiques, et donc une telle question au sujet de Hüst n’a pas de sens.

Je laisse le soin au lecteur de dresser ses propres conclusions à partir de ces deux réponses, du service de presse de la BaFin et de la Bourse allemande.

 

* * *    L I R E    L A    2 e    P A R T I E     * * *

 

 

Notes de l’auteur :

[i] PROMIS a été développé initialement par Inslaw dans les années 1970 dans le cadre de contrats et d’accords du Law Enforcement Assistance Administration (LEAA). Ces garanties ont permis au gouvernement d’obtenir des licences l’autorisant à utiliser les premières versions de PROMIS sans toutefois pouvoir modifier le logiciel, élaborer d’autres fonctions dérivées ou redistribuer à des entités non-gouvernementales. En 1982, suite à un profond désaccord sur les coûts de licence, (La modification 12 de l’accord sur le contrat original), le département américain de la Justice et la société Inslaw Inc. s’affrontèrent au cours d’un procès qui reçut une large publicité. L’objectif initial de PROMIS était de fourni un système de gestion des affaires pour les procureurs. (Source Wikipedia.)


1. Voir : Michael C Ruppert, Crossing the Rubicon: The Decline of the American Empire at the End of the Age Of Oil, New Society Publishers, Gabriola Island, 2004, page 152. Paru en français chez Nouvelle Terre
2. Ibid, page 153.
3. Ibid, page 154-155.
4. Ibid, page 170.
5. Ibid, page 238-253: "9/11 Insider Trading, or ‘You Didn’t Really See That, Even Though We Saw It’."
6. Ibid, page 239.
7. Voir : Chris Blackhurst, "Mystery of terror ‘insider dealers’ ", par dans The Independent le 4 octobre 2001, voir
ici.
8. Voir : "Profits of Death", paru sur From the Wilderness le 6 décembre 2001, voir
ici.
9. Pour le fait que ce fut George Tenet qui recruta Krongard, voir : George Tenet, At the Center of the Storm, Harper Collins, New York, 2007, page 19.
10. Voir : Marc Chesney, Remo Crameri and Loriano Mancini, "Detecting Informed Trading Activities in the Option Markets", Université de Zurich, april 2010, en ligne 
ici pour la version anglaise ou en R-News ici pour une traduction de la partie sur le 11-Septembre
11. Nafeez M Ahmed: Geheimsache 09/11. Hintergründe uber den 11. September und die Logik amerikanischer Machtpolitik, Goldmann Verlag, Munich, 2004, page 182. (traduit de l’allemand en anglais.)
12. Voir : Michael C Ruppert, Crossing the Rubicon, page 244-247.
13. Wing-Keung Wong, Howard E. Thompson und Kweehong Teh: "Was there Abnormal Trading in the S&P 500 Index Options Prior to the September 11 Attacks?", publię par Social Sciences Research Network, avril 2010, voir
ici.
14. Voir : "Bank of America among 38 stocks in SEC’s attack probe", publié par Bloomberg News le 3 octobre 2001, archivé
ici.
15. Michael C Ruppert: Crossing the Rubicon, page 243.
16. Ibid.
17. "Suppressed Details of Criminal Insider Trading Lead Directly into the CIA’s Highest Ranks", publié sur From the Wilderness le 9 octobre 2001, voir
ici.
18. Voir "Early September 2001: Almost Irrefutable Proof of Insider Trading in Germany", paru sur History Commons, voir
ici.
19. Allen M Poteshman: "Unusual Option Market Activity and the Terrorist Attacks of September 11, 2001", publié dans The Journal of Business, presse de l’Université de Chicago, 2006, Vol 79, Edition 4, page 1703-1726.
20. Wing-Keung Wong, Howard E Thompson und Kweehong Teh: "Was there Abnormal Trading in the S&P 500 Index Options Prior to the September 11 Attacks?", Voir note 13.
21. Ibid. Les auteurs se réfèrent à Erin E Arvedlund: "Follow the money: terrorist conspirators could have profited more from fall of entire market than single stocks", publié dans Barron’s le 8 octobre 2001.
22. Wong, Thompson, Teh: "Was there Abnormal Trading in the S&P 500 Index Options Prior to the September 11 Attacks?"
23. Ibid.
24. Ibid.
25. Marina Alcaraz: "11 septembre 2001: des volumes inhabituels sur les options peu avant l’attentat", publié dans Les Echos, page 34, 10 septembre 2001, en ligne
ici.
26. Marc Chesney, Remo Crameri and Loriano Mancini: "Detecting Informed Trading Activities in the Option Markets", voir note 10.
27. Ibid.
28. ibid.
29. Ibid.
30. Voir : Marc Chesney, Remo Crameri et Loriano Mancini: "Detecting Informed Trading Activities in the Option Markets", publié par l’
Université de Zurich le 7 septembre 2011, Voir ici

 

Traduction GV pour ReOpenNews


Notes de la rédaction : (*) Quelques définitions

  • Définition de Short selling  : Parfois les Market makers vendent à découvert (ou à crédit). C’est à dire qu’ils vendent des actions qu’ils n’ont pas, à un investisseur ou à un autre Market maker. Cette stratégie permet à des Market makers qualifiés d’anticiper sur un retournement du marché qui leur permettra alors d’acheter les actions au client qui voudra les revendre.
  • La règle de la vente à découvert : Cette règle a été mise en place par le NASD afin de protéger les investisseurs et interdire aux membres du NASD de vendre une action cotée sur le Nasdaq NM au prix "BID" quand celui-ci est inférieur au précédent BID (rappelons que le BID est le prix qu’un investisseur ou un Market Maker est prêt à payer pour acquérir une action et non pas pour la vendre !). Mise en place pour interdire la vente à découvert dans le cas d’un marché en baisse, cette régle autorise la vente à découvert uniquement à bon escient pour garantir une liquidité des titres. Source : bourse.fornewbs.net
  • Définition d’une "Option de vente" (Put Option) : L’option de vente s’analyse comme une promesse d’achat (un engagement d’acheter), accordée par le vendeur de l’option de vente à l’acheteur de l’option. Ce dernier peut ne pas exercer son option, mais s’il le décide, le vendeur est tenu de lui acheter le sous-jacent. Equivalent anglais : Put option (Pour plus de détails, voir la page 570 du Vernimmen 2010)

 


En lien avec cet article :

Aussi :

 


 

2 Responses to “ASIA TIMES (1/2) : Délits d’initiés du 11-Septembre… les faits mis à nu”

  • kidkodak

     »Pourtant, les informations collectées par Mike Ruppert sont basées sur des sources fiables aussi bien que sur des investigations personnelles qui n’attendent qu’une chose : qu’un jury s’y intéresse. »

    …qui n’attendent qu’une chose : qu’un jury s’y intéresse.

    Ce bout de phrase me jette à terre.

  • En lien direct avec cet article, voir « Terror Trading 9/11″, une vidéo très intéressante réalisée par l’auteur Lars Schall, avec des interventions de Kevin Ryan et Mike Ruppert (en anglais) :
    http://www.youtube.com/watch?v=_J3qyDQU7ic

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