Les autorités suisses doivent enquêter sur W. Bush (qui annule sa visite à Genève).

Nous vous transmettons les deux communiqués de presse d’Amnesty International sur la venue de George W. Bush en Suisse, annulée suite à d’éventuelles poursuites judiciaires concernant des actes de torture qu’il aurait autorisés.
 
On se souviendra que W. Bush fut déjà inquiété par la justice espagnole mais aussi, dans une certaine mesure, aux Etats-Unis:
 
 

 
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dimanche 6 février 2011

Amnesty International a engagé les autorités suisses dimanche 6 février à ouvrir une information judiciaire contre l’ancien président américain George W. Bush alors qu’il prévoit de se rendre dans le pays le 12 février.

Le président George Bush a reconnu dans ses Mémoires publiés en novembre 2010 et dans une interview télévisée qu’il avait donné son aval à l’Agence centrale du renseignement (CIA) pour l’utilisation d’un certain nombre de « techniques d’interrogatoire poussé », y compris du « waterboarding » (simulacre de noyade), sur les personnes détenues dans le cadre du programme secret de la CIA.

« Les autorités suisses seraient tenues d’arrêter l’ancien président et d’ouvrir une enquête, même si elles se fondaient uniquement sur ses propres déclarations selon lesquelles il a autorisé le « waterboarding », technique d’interrogatoire qui constitue sans conteste un acte de torture, a indiqué Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Il est rare qu’une personne jouissant d’une aussi grande notoriété que le président George Bush reconnaisse, à la télévision ou par écrit, son implication personnelle présumée dans des crimes relevant du droit international – mais c’est bien ce dont il s’agit.

« Les autorités américaines s’étant jusqu’ici abstenues de traduire George Bush en justice, la communauté internationale se doit d’intervenir. »

Le mémoire adressé par Amnesty International aux procureurs et aux représentants du gouvernement suisse s’interroge sur la responsabilité légale de l’ancien président dans deux affaires pour lesquelles il a autorisé la CIA à recourir au « waterboarding ».

En effet, l’inspecteur général de la CIA a conclu que les deux détenus concernés, Zayn al Abidin Muhammed Husayn (plus connu sous le nom d’Abu Zubaydah) et Khalid Sheikh Mohammed, ont été soumis, à eux deux, au « waterboarding » à au moins 266 reprises en 2002 et 2003. Cette technique consiste à attacher les détenus, à les incliner vers l’arrière, et à leur verser de l’eau dans les narines et la bouche. Abu Zubaydah et Khalid Sheikh Mohammed ont ressenti la douleur et la souffrance de l’asphyxie par noyade.

Dans le cadre du programme de détentions secrètes de la CIA, mis sur pied avec l’autorisation de George Bush, alors président, au moins 20 autres détenus ont été soumis à un éventail de « techniques d’interrogatoire poussé », notamment au maintien dans des positions debout douloureuses pendant des heures, à la privation de sommeil et aux coups et blessures.

Le mémoire d’Amnesty International met en évidence de nouveaux éléments de preuve d’actes de torture et d’autres crimes relevant du droit international commis contre les personnes détenues sous la responsabilité de l’armée américaine à Guantánamo, en Afghanistan et en Irak.

Depuis plus de six ans, Amnesty International exhorte les autorités américaines à enquêter dûment et à déférer à la justice toute personne présumée responsable des crimes relevant du droit international perpétrés durant la « guerre contre le terrorisme ». Les États-Unis ne se sont pas acquittés de leurs obligations.

« La Suisse s’enorgueillit de soutenir la justice internationale. L’occasion lui est offerte de traduire cet engagement en actes », a conclu Salil Shetty.

 
 

 

Le président George W. Bush annule sa venue en Suisse

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dimanche 6 février 2011

L’ancien président américain George W. Bush ne se rendra pas à Genève le 12 février, selon des informations parues dans la Tribune de Genève. Cette annulation intervient alors qu’étaient lancés des appels à protester et évoquées d’éventuelles poursuites judiciaires contre l’ancien président.

Vendredi 4 février, Amnesty International a adressé aux procureurs genevois et fédéraux une analyse factuelle et juridique détaillée concernant la responsabilité pénale de George Bush dans des actes de torture qu’il aurait autorisés. L’organisation concluait que la Suisse disposait d’informations suffisantes pour ouvrir une information judiciaire contre l’ancien président américain.

Au titre de ses obligations internationales, la Suisse serait tenue de prendre une telle mesure si George Bush entrait sur son territoire.

Les organisateurs de l’événement auquel George Bush devait assister ont déclaré à la Tribune de Genève qu’ils avaient décidé d’annuler sa venue en raison de la « controverse » qu’elle a suscitée. Ils ont démenti que l’éventuelle ouverture d’une enquête sur l’ancien président américain ait pesé sur leur décision.

Amnesty International a engagé à plusieurs reprises les autorités américaines à enquêter sur la responsabilité des plus hauts responsables américains dans des actes de torture, et plus particulièrement de George Bush, et a renouvelé sa requête après la publication de ses Mémoires en novembre 2010.

Les États-Unis se sont abstenus de mener des investigations susceptibles de passer en revue de manière satisfaisante la responsabilité pénale présumée de l’ancien président pour ces agissements et tout laisse à penser qu’ils ne le feront pas.

« À ce jour, nous n’avons recensé qu’un petit nombre d’enquêtes militaires sur les détentions et les interrogatoires en Irak, en Afghanistan et à Guantánamo. Mais aucune n’a eu l’envergure ni l’indépendance nécessaires pour enquêter sur de hauts responsables tels que l’ancien président George Bush, a indiqué Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Parallèlement, il n’y a eu quasiment aucune obligation de rendre des comptes pour les crimes commis dans le cadre du programme de détentions secrètes géré par la CIA, auquel George Bush, alors président, avait donné son aval. » Dans tous les pays du globe où il se rend, notamment dans les 147 États parties à la Convention des Nations unies contre la torture, il peut faire l’objet d’investigations et de poursuites pour sa responsabilité présumée dans des actes de torture et des crimes relevant du droit international.

« Les autorités américaines s’étant jusqu’ici abstenues de traduire George Bush en justice, la communauté internationale se doit d’intervenir », a conclu Salil Shetty.

 

2 Responses to “Les autorités suisses doivent enquêter sur W. Bush (qui annule sa visite à Genève).”

  • luisa

    Bof! Encore un article au titre accrocheur et malheureusement sans issue.

    Par deux fois, un tribunal allemand était prêt à poursuivre Donald Rumsfeld pour torture. Un petit appel de Washington à Angela Merkel et voilà, le tour est joué.

    Le plus prometteur était le cas du juge espagnol, Baltazar Gazcon qui au début 2010, avait déjà débuté ses interrogatoires des témoins. Voilà qu’on lui retire son permis, l’accusant de tout et de rien et pourtant…. Encore là victoire de Washington.

    Mais bon sang, veut-on oui ou non arrêter ces criminels de guerre. Si oui, pourquoi l’annoncer à l’avance?

    L’ancien ministre de la défense israélien, Barak, et Tipi Livni devaient se rendre en Angleterre l’année dernière. A la une des journeaux, on annonce que s’ils mettent le pied en Angleterre, ils seront arrêtés pour crimes de guerre dans Gaza. Mais bon sang, pourquoi les avertir à l’avance??? Il est évident qu’ils ont annulé leur voyage.
    La semaine dernière, Tipi Livni doit se rendre par affaire en Afrique du Sud. Exactement le même scénario: on prend soin de lui dire que si elle met le pied en Afrique du Sud, elle court le risque d’être arrêtée.

    En ce qui concerne la Suisse, je ne m’attend à rien du tout. Encore du blah-blah-blah médiatique. Washington, en excellent berger, veillera à ce que son troupeau ne tombe pas dans la gueule du loup.

  • ExtraBall

    luisa,

    certes le titre accroche.
    Certes ce point peut sembler anecdotique.

    Mais ne penses-tu pas que le fait qu’un ancien président des Etats-Unis ne puisse même plus se déplacer à sa convenance est un signe fort ?

    Imagine : il y a quelques années, pratiquement tous les états de cette planète auraient déboursé des sommes astronomiques pour accueillir ce ‘grand homme’, à grand renfort de tapis rouge ou de courbettes. Où donc en est ce pauvre bougre aujourd’hui ? Il paie ou commence à payer je devrais dire.

    Peux-tu aller en Suisse quand tu veux ? Je pense que oui.
    Perso, j’y étais il y a 2 mois 1/2.
    Et lui ?

    Il a déjà sa place en enfer

Trackbacks

  •  





*
To prove you're a person (not a spam script), type the security word shown in the picture. Click on the picture to hear an audio file of the word.
Click to hear an audio file of the anti-spam word

``