Une étude des messages échangés le 11/9 montre que les attaques n’ont pas suscité la terreur, mais plutôt la colère.

Des chercheurs se sont penchés sur le contenu du demi-million de messages échangés aux USA le jour même du 11 septembre 2001. Rappelez-vous, c’est Wikileaks qui les avait rendus publics fin 2009, suscitant de nombreuses questions et une certaine polémique sur l’existence d’une telle base de données. Le but de l’étude qui nous intéresse ici est bien précis : sur la base du contenu des messages, déterminer l’état émotionnel des Américains et son évolution tout au long des attaques ce jour-là. Le résultat est sans appel : c’est la rage et la colère qui dominent, loin devant la peur, la tristesse ou l’anxiété. Si ces conclusions ne nous surprennent pas vraiment, la fin de l’article reste néanmoins savoureuse.

Graphe des résultats de l’étude

 


 

paru sur psychologytoday  le 31 août 2010

Les attaques du 11-septembre n’ont pas suscité la terreur, mais plutôt la colère. Le « terrorisme » est-il vraiment générateur de terreur ? Une nouvelle enquête suggère que ce n’est pas le cas.

Quel était l’état émotionnel des gens lors des attaques du 11 septembre 2001 ? Une fascinante étude de cette question est parue hier dans « Psychological Science »,  rédigée par Mitja Back, Albrecht Kupfer, et Boris Egloff de l’université Johannes Gutenberg. Les auteurs ont analysé 6,4 millions de mots appartenant aux messages envoyés depuis 85.000 « pagers » le 11/9. Les messages sont anonymes et apparemment disponibles sur le Net[1]. Ils ont trié les messages par tranches de 5 minutes en fonction de l’heure à laquelle ils ont été envoyés et analysé 216 tranches de temps.

Ils ont commencé avec les messages envoyés à 6:45 (deux heures avant les attaques) et analysé tous ceux jusqu’à 18 heures après les attaques. À l’aide d’un logiciel développé par Jamie Penneback et ses collègues, les auteurs ont pu compter pour chaque bloc le pourcentage de mots liés à (a) la tristesse (pleurs, plaintes), (b) l’anxiété (inquiétude, peur) et (c) la colère (haine, agacement),

Les résultats sont particulièrement intéressants. On pourrait s’attendre à ce qu’un acte de « terreur » suscite principalement des sentiments de peur ou d’anxiété, pourtant au fur et à mesure que la journée avançait et que les nouvelles arrivaient, la réaction était avant tout de la colère, et bien que l’anxiété des gens n’ait pas augmenté, leur colère a pris de l’ampleur.

Nous n’en concluons pas que la terreur ne fait pas partie des réactions aux actes de terrorisme. Les auteurs citent d’autres recherches suggérant que les attaques du 11/9 ont certainement généré un énorme stress. Mais la réaction de colère nous dévoile un autre aspect de cet événement, peut-être plus important encore. Cette découverte est cohérente avec les résultats de dizaines d’années de recherche dans ce laboratoire, sur le conflit et l’agression : quand vous attaquez quelqu’un, cela déclenche immanquablement une contre-attaque.

Ces résultats montrent aussi la folie du terrorisme : la réaction la plus probable est le désir de vengeance. Dans le cas des attaques du 11/9, elles ont sans aucun doute sur le long terme coûté la vie à bien plus d’Arabes que d’Américains.

Et cela vaut évidemment pour nos propres contre-attaques; chaque fois qu’une bombe tue des civils, cela génère plus d’indignation et de colère, et cela relance le cycle de la violence.

Il n’est pas besoin de ces nouvelles données pour arriver à cette conclusion, mais ce qui est intéressant de noter c’est la rapidité des réactions; le soutien bilatéral  qu’a  reçu la décision de Bush de déclencher deux guerres en réponse présumée à ces attaques démontre qu’une telle colère n’est pas rapidement remplacée par une analyse rationnelle et réfléchie.

Traduction GV pour ReOpenNews

 

Références de l’auteur

Back, M. D., Kufner, A. C. P., & Egloff, B. (2010).  The emotional timeline of September 11, 2001.  Psychological Science.

Pennebaker J.W., Francis M.E., Booth R.J. (2001). Linguistic Inquiry and Word Count (LIWC): LIWC 2001. Mahwah, NJ: Erlbaum

 


Notes ReopenNews

  1. L’utilisation du terme "apparemment disponible" semble indiquer que l’auteur de l’article ne connaît pas Wikileaks ou du moins sa publication du 1/2 million de messages (voir articles en lien ci-dessous)

En lien avec cet article

  • 25/11/2009 | LaTélélibre.fr par Hicham Hamza | "Les messages pager du 11 Septembre publiés par Wikileaks"
  • 26/11/2009 | Numerama | "Wikileaks publie 573.000 textos envoyés le 11 septembre. Comment ?"

 

One Response to “Une étude des messages échangés le 11/9 montre que les attaques n’ont pas suscité la terreur, mais plutôt la colère.”

  • Rik

    C’est un grand principe d’arts martiaux.
    L’agressivité que l’on extériorise éveille une agressivité réflexe chez le partenaire.
    Après à un certain niveau, on peut jouer avec ceci.

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