« Apprentis » terroristes, ou attentats « maison » ?

Voici deux articles évoquant des attentats terroristes manqués sur le territoire américain et sur lesquels pèsent des doutes quant à l’implication des services fédéraux du gouvernement US. Nos apprentis-terroristes ont-ils été instrumentalisés ? Quelle signification donner à la peine qui les attend ? Le premier article reprend les arguments des avocats de la défense en faveur des quatre hommes accusés d’avoir fomenté des attentats contre des synagogues en mai 2009. Le second article – par la correspondante de LIBERATION à Washington qui semble très active, mais sur son blog seulement – s’intéresse au récent attentat de Times Square. On pense aussi à l’attentat manqué de Noël dernier sur le vol 253 Amsterdam-Detroit qui aurait été préparé par le jeune Nigérian Abdulmutallab. Chacun de ces apprentis terroristes risque une peine de prison à vie. Dans un article AFP repris par le Devoir.com, on peut lire que "A New York, les responsables ont la conviction que la ville est une cible privilégiée par les terroristes. «New York symbolise l’Amérique, et ils veulent nous tuer», a déclaré le chef de la police Raymond Kelly." Pourtant…"la Maison-Blanche a toutefois estimé hier que le réseau al-Qaïda avait été affaibli par les États-Unis, et que cette «dégradation» de son fonctionnement a «réduit sa capacité à planifier et perpétrer des attentats spectaculaires comme ceux du 11-Septembre". Là aussi, une clarification de la part de l’administration américaine serait souhaitable… une de plus.

 

 
Faisal Shahzad et son SUV qu’il a abandonné avec ses feux de détresse
après y avoir allumé des feux d’artifice reliés à un dispositif peu efficace
 

La Défense affirme que le complot terroriste des synagogues de New York était une idée des fédéraux

Par JIM FITZGERALD – Vendredi 19 mars 2010
The Associated Press – relayé par le Washington Post. L’article n’est plus en ligne.

WHITE PLAINS, N.Y. – Dans leur demande de non-lieu, les avocats de la défense ont affirmé que les quatre hommes accusés d’avoir tenté le printemps dernier de commettre des attentats à la bombe sur des synagogues et d’abattre des avions à New York n’avaient guère fait plus que de suivre un faux complot proposé, ourdi et financé par le gouvernement fédéral.

Un informateur fédéral a choisi les cibles, offert le financement, fourni des cartes, et acheté la seule arme véritable impliquée, un pistolet, ont déclaré les avocats dans une motion de non-lieu remise cette semaine à la cour fédérale.

Ils prétendent que les accusés n’avaient aucun penchant criminel avant leur recrutement par l’informateur.

"Le gouvernement savait pertinemment que cette affaire était depuis sa conception une création inspirée par lui-même et que les accusés n’avaient pas recherché par eux mêmes les armes et les cibles," déclarait la motion.

Herb Hadad, porte parole de la cour fédérale a annoncé que le gouvernement transmettrait sa réponse le mois prochain.

Depuis le début la défense a suggéré qu’elle pourrait bien soumettre une réclamation pour incitation au crime.

Les accusés James Cromitie (bas droite), Onta Williams (haut droite), David Williams (haut gauche), et Laguerre Payen (bas gauche), [respectivement agés de] 55, 32, 28 et 27 ans, tous de Newburgh, sont accusés d’avoir déposé en mai dernier ce qu’ils croyaient être des bombes, devant deux synagogues du Bronx. Ils sont aussi accusés d’avoir planifié l’utilisation de ce qu’ils croyaient être un missile Stinger contre des avions d’une base de la garde nationale à 50 miles [80 km] au nord de New York City.

Ils ont plaidé non coupables et encourent la prison à vie si ils sont condamnés.

Le FBI était partie prenante du complot, les bombes et les missiles étaient factices, ont déclaré les procureurs.

Les avocats ont dit avoir basé leur compte rendu du cas sur des preuves partagées par le gouvernement, y compris des enregistrements et des affidavits [NdT : déclaration sous serment] d’agents. Ces documents n’ont pas été rendus publiques.

Dans une motion séparée, ils demandent plus d’information sur les motivations que l’informateur aurait pu offrir aux accusés.

La motion de non-lieu identifie l’agent du gouvernement comme étant Shaheed Hussain, un "informateur professionnel" pour le FBI. La défense affirme qu’il lui a été demandé de visiter des mosquées de la banlieue, trouver des membres avec des penchants anti-américains et les recruter pour un faux complot terroriste prétendument financé par un groupe basé au Pakistan.

Il suggéra qu’il disposait de [fonds atteignant] 250’000$ et que le gouvernement lui avait fourni une BMW, une Hummer et d’autres voitures pour qu’il paraisse bien financé, selon les dépositions de la défense.

Selon la défense, Hussain a essayé d’inciter les accusés en rendant les Juifs responsables des maux dont souffre le monde, et en leur disant que les attentats contre les non-musulmans étaient approuvés par l’Islam.

Pourtant, disent-ils, il n’a réussi à susciter aucune action autonome de la part des accusés. Des mois s’écoulaient entre les réunions, et les dépositions citent Cromitie déclarant : "Je ne ferais de mal à personne" et "Le truc de l’avion…c’est hors de question."

Hussain a désigné les cibles, payé les provisions des accusés, acheté un pistolet, fourni les bombes factices et le missile, assemblé les engins explosifs et servi de chauffeur, déclara la défense.

"Les crimes supposés sont presque entièrement le fruit du travail de Hussain et l’entreprise se serait immédiatement effondrée si sa tutelle avait été retirée", déclara la motion de défense.

Traduction Perry pour ReOpenNews


 Note ReOpenNews : le procès aura lieu le 14 Juin 


 L’apprenti terroriste de Times Square, agent double ?

WashingtonBlog 07/05/2010 / L’Amérique découverte par la correspondante de Libération à Washington, Lorraine Millot

Aucun des grands médias américains (les fameux MSM, ou Mainstream Media) n’a soulevé cette question. Mais le parcours et la traque de Faiçal Shahzad, accusé d’avoir voulu faire exploser une voiture piégée à Times Square samedi dernier sont si étranges que l’hypothèse commence à faire débat sur internet. Le blog Homeland Security Watch, qui réunit plusieurs experts reconnus sur les questions de sécurité, a été l’un des premiers à poser la question, le 5 mai. A l’appui de cette thèse, il cite la planification particulièrement « peu rigoureuse » de l’attentat. Faiçal Shahzad semble avoir tout fait pour semer les indices sur son chemin, comme pour aider les enquêteurs à retrouver sa piste : il avait laissé ses coordonnées au vendeur à qui il a acheté le véhicule de l’attentat, oublié d’effacer son numéro de série, laissé ses clés d’appartement dans la voiture piégée, puis il était aussi rentré chez lui au Connecticut (photo ci-contre de Jessica Hill : maison de Faiçal à Bridgeport) samedi soir, attendant lundi pour tenter de prendre un avion à destination de Dubaï. Son interpellation lundi a aussitôt permis l’arrestation au Pakistan de plusieurs personnes avec lesquelles il avait été en contact les mois précédents. La voiture n’a pas explosé, elle avait été abandonnée sur Times Square, moteur et feux de détresse allumés, avec de la fumée s’échappant de l’arrière.
Homeland Security Watch s’étonne aussi de « l’empressement (et même de l’ardeur) » de cet apprenti terroriste à se confier aux enquêteurs américains sitôt son arrestation « ce qui semble suggérer un désir de montrer sa valeur et gagner la confiance des autres ». Le site Debka pose la même question : « Faiçal Shahzad était-il un agent double américain devenu traître ? ». Moins informé peut-être, plus partisan, mais aussi plus largement repris, le journaliste conservateur Michael Savage fait les mêmes déductions. Il revient lui sur un détail, publié mardi par le New York Times et encore peu exploré : en 2004, Faiçal Shahzad était déjà dans le radar des services anti-terroristes américains, des enquêteurs étaient venus presser de questions un consultant à qui il avait vendu un appartement.
 

A partir de là, on peut très bien imaginer que Faiçal aurait été l’un de ces agents dont les services américains ont besoin pour pénétrer les groupes terroristes internationaux. Lorsqu’ils voient un jeune Américain proposer ses services, comme Faiçal le fit à l’été 2009, les groupes islamistes pakistanais ont généralement le soupçon qu’il ne peut s’agir que d’un espion et lui demandent de faire d’abord ses preuves. Ce qui pourrait avoir été le but de cette tentative d’attentat à New York. Mais rien ne prouve bien sûr cette théorie, ni ne la prouvera jamais sans doute. Même si c’était le cas, on voit mal les services américains révéler qu’un de leurs agents faisait du zèle avec une voiture piégée au centre de New York. 


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5 Responses to “« Apprentis » terroristes, ou attentats « maison » ?”

  • NIKO

    Attentat maison comme d’hab les ricains savent bien le faire depuis le 9/11

  • Phrygane

    En effet, un peu comme si on laissait des agents de la Brigade des stup proposer de la drogue, pour ensuite coffrer les acheteurs…
    Et prétendre, sut la foi de ces arrestations, que le traffic s’intensifie !

  • Blue Rider

    ce que les services secrets ont bien compris, c’est qu’en ce bas monde, seule règne la loi de l’offre et de la demande.

    après, qui du terroriste ou du FBI ou d’AlQaeda ou de la CIA ou de la NSA ou de l’ISI ou pire encore, a le premier pondu l’oeuf….





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