John Bolton considère que la politique menée par Obama met le pays en danger

Républicain de droite, nationaliste, ultra-radical, John Bolton est un "dur", dans la lignée de ceux qui luttent pour la souveraineté totale des États-Unis. Nommé en 2001 par G. W. Bush au Département d’Etat, il sera chargé des questions de désarmement : il s’occupera de traiter les programmes nucléaires de la Corée du Nord et de l’Iran contre lesquels il demandera des sanctions devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.

En 2002, il est le signataire de la lettre indiquant à Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, que les États-Unis n’adhèrent pas à la Cour pénale internationale. Selon lui, le droit international n’a aucun sens car il n’y pas de sanctions contre les fauteurs de troubles. Il prône et encourage la guerre en Irak, mise sur la guerre préventive. Sachant que J. Bolton méprise l’ONU (il est contre les interventions humanitaires), le Président Bush le choisit pourtant, en 2005, comme Ambassadeur américain aux Nations Unies. Cette nomination fera grincer bien des dents au Sénat, mais G.W. Bush saura imposer son poulain.

L’enfant terrible du gouvernement inspire des critiques de la part de ses collègues : "c’est le genre de type qui fait de la lèche aux supérieurs et qui envoie des coups de pieds aux subordonnés."  Il est perçu comme quelqu’un de colérique, arrogant, brutal. Il finira par démissionner de son poste en 2006. Bien que le gouvernement Obama s’installe sans lui, un John Bolton ne saurait se faire oublier. Il lutte bec et ongles pour jeter son discrédit au gré de ses convictions avec en ligne de mire, Barack Obama. 

L’ancien ambassadeur des Nations Unies, John Bolton croit que la sécurité des Etats-Unis encourt un risque majeur sous l’administration Obama. Avant la réunion des conservateurs à Washington jeudi matin, il a suggéré, sur le ton de la plaisanterie, que le Président Barack Obama pourrait tirer une leçon indispensable si Chicago était détruite par une bombe nucléaire.

Paraissant à la Conférence de l’Action Politique des Conservateurs (CPAC), la conférence annuelle (1) la plus importante des conservateurs activistes, Bolton, un jusqu’au-boutiste des plus durs au sein de l’administration Bush, a longuement parlé de la naïveté d’Obama et de la façon dont diverses Nations -la Russie, la Corée du Nord, l’Iran – exploiteront le nouveau Président. L’effet le plus spectaculaire de son discours fut le moment où il lança une plaisanterie à propos d’une bombe atomique lâchée sur la ville d’Obama.

"Je ne crois pas qu’Obama pense que la politique étrangère soit une priorité." dit Bolton. "Durant sa campagne, il pensait que l’Iran ne représentait qu’une menace infime. Infime, tout dépend du nombre d’armes nucléaires qu’ils sont capables d’envoyer sur les cibles. C’est, heu, c’est infime comparé à l’Union soviétique, mais ça équivaut à la perte d’une ville américaine." – ici, Bolton change subtilement de ton pour amener sa plaisanterie : "Au hasard, sur Chicago. Est-ce là une infime menace ?"

Bolton ne fut pas le seul à trouver cela drôle. La salle éclata de rire et applaudit. Etait-ce la catharsis des conservateurs, l’aile droite imaginant avec délectation la destruction d’une ville représentant Obama ? Peut-être se vengeaient-ils par leurs rires. (Bolton est familier des remarques incendiaires. Une fois, il lança d’un ton sarcastique : " Le bâtiment des Nations unies à New York a 38 étages. Si on en perdait 10, ça ne ferait aucune différence.") ‘

A la CPAC, les croyances les plus fiévreuses de la Droite perdurent à propos d’Obama, des orateurs le décrivant comme un libéral radical qui veut compromettre les valeurs américaines, détourner l’argent durement gagné par les gens imposables vers des pauvres douteux, et comme l’a répété Bolton, affaiblir la Défense américaine.

Bolton a été présenté par Thomas Kilagannon, à la tête de "Freedom Alliance", une organisation fondée par Oliver North (2). Kilgannon a décrit les Nations unies, une organisation que Bolton méprise, comme étant un lieu où "l’anti- américanisme ne se fait doubler que par l’antisémitisme, où se perdent les impôts américains et où les dictateurs sont valorisés."

Bolton a été ovationné et a démarré en déclarant que le Président Obama est "le Président le plus radical jamais élu dans ce pays." Pour Bolton, le radicalisme d’Obama n’a d’équivalent que son manque de détermination. Le nouveau Président, a -t-il prévenu, n’a pas ce qu’il faut pour faire face aux plus méchants des acteurs mondiaux. Et l’attitude pusillanime d’Obama, a prédit Bolton, sera la cause de "l’affaiblissement et de l’insécurité de la Nation".

Un homme que Bolton considère courageux est le premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui selon Bolton, peut sentir la faiblesse d’Obama et qui cherche déjà à la tester. Du point de vue de Bolton, le problème n’est pas simplement qu’Obama ne soit pas assez fort pour avoir l’avantage sur Poutine, c’est qu’Obama désire que les Etats-Unis deviennent une nation de second rang. "L‘administration veut revenir à une relation de contrôle des armements avec la Russie, ce qui nous affaiblira grandement, " a maintenu Bolton.

La Russie n’est pas la seule menace qu’Obama ne pourra affronter, dit Bolton. La Corée du Nord, a-til déclaré, est entrain de tester un missile qui peut frapper l’Alaska, et probablement Hawaï. Avec un "développement prolongé" a t-il ajouté, ce missile pourrait un jour être utilisé pour attaquer l’Amérique continentale. Et la Corée du Nord ne représente pas grand-chose comparée à l’Iran. "Nous avons perdu la course au nucléaire avec l’Iran", dit Bolton. "Maintenant, ils contrôlent complètement le cycle de l’énergie nucléaire. A plus ou moins long terme, il vaudrait mieux changer le régime de Téhéran et se débarrasser de la révolution de 1979, on n’a pas le temps de le faire avant qu’ils aient des armes nucléaires." Bolton a exprimé sa déception quant au fait que l’administration Bush n’ait pas utilisé la force contre l’Iran. À en juger par la réaction enthousiaste de la foule, de nombreux conservateurs pensent que l’échec de la politique étrangère de Bush tient à ce qu’il n’a pas suffisamment attaqué préventivement les pays du Moyen-Orient.

Bolton conclut en disant : "Je pense qu’il est clair que notre sécurité nationale court un risque sous ce gouvernement." Il reçut une standing ovation. Durant une brève cession de questions réponses, on lui demanda si les Américains se révolteraient à cause de la politique d’Obama. Cette question sur une révolution était curieuse, sachant que la cote de popularité d’Obama dépasse les 60 %. ‘

L’orateur qui prit la suite de Bolton, le républicain, membre du Congrès Paul Ryan, mit en lumière le conflit au sein de la CPAC. Les propositions de Ryan sur la politique intérieure furent exactement ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Stimuler le marché, bien ! Les dépenses du gouvernement, mal ! Réductions d’impôts, bien ! Modèle économique et social européen, mauvais ! Il termina en disant: "Avec le CPAC en tête, nous pouvons revitaliser ce mouvement." C’est bien le problème : cette année, le CPAC se consacre au retour du conservatisme. Mais la renaissance peut-elle se faire si les idées de Bolton, Ryan et les autres sont les mêmes que celles mises en avant ces huit dernières années ? Au moins, on pourra dire de Bolton : même s’il disparait de la scène, il n’y va pas de main morte.

Source : Motherjones.com

Traduit par apetimedia pour ReopenNews
 


Note :

(1) Les intervenants en 2008 étaient : le Président George W. Bush, le Vice Président Dick Cheney, le Senateur John McCain, le représentant Ron Paul, le Gouverneur Mitt Romney, David Horowitz, John Bolton… En 2009, la CPAC s’est tenue les 26-28 février à Washington D.C.

(2) Source wikipedia : "L’administration Reagan connut un scandale important et fit l’objet d’enquêtes portant sur son soutien secret aux conflits iranien et nicaraguayen : l’affaire Iran-Contra. Deux membres de l’administration, le conseiller à la Sécurité nationale John Poindexter et le colonel Olivier North, avaient élaboré un plan pour vendre des armes au gouvernement iranien et distribuer le bénéfice aux guérillas Contras anticommunistes au Nicaragua, pays qui souffrait d’une guerre civile sanglante."


Articles connexes :

A voir :

Interview de Bolton sur Fox News Gaza / Israel / en anglais

 

8 Responses to “John Bolton considère que la politique menée par Obama met le pays en danger”

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