9/11: des Suisses doutent encore


Image: Getty Images
 


Par Fabien Feissli pour LeMatin.ch, le 11 septembre 2015 

 

ATTENTATS — Quatorze ans après, des associations ici et dans le monde remettent toujours en question la version officielle. Elles jurent pourtant qu’elles ne sont pas adeptes des théories du complot.

Il y a quatorze ans, les attentats du 11 septembre traumatisaient le monde. Si personne n’a pu oublier l’événement, il tient toujours une place particulière dans l’esprit de certains. En Suisse comme ailleurs dans le monde, des associations continuent à se battre pour qu’une enquête indépendante soit menée. Documentaires, livres, conférences, ils remettent en cause de nombreux points de la version officielle (voir ci-contre). En Suisse romande, c’est notamment le cas du collectif Le 11 Septembre en question. «On n’a aucune réponse. On n’élabore pas des théories fumeuses. On se pose juste des questions», précise d’emblée François, un quinquagénaire lausannois membre de l’association.

Et, depuis le début, les questions se sont multipliées par dix, selon lui. «L’humain déteste ne pas avoir de réponse. Mais nous, on est capables de vivre qu’avec des questions», explique François. Il affirme que c’est seulement de la curiosité. «Je ne veux pas mourir idiot, j’aimerais savoir pourquoi est-ce qu’on nous a menés en bateau si longtemps.» Pour autant, le Lausannois se montre lucide. «De mon vivant, je pense que je n’aurai jamais de réponse», pronostique-t-il.
 

Questions «légitimes»

Pourtant, il garde espoir. S’il dit ne pas être obsédé par la question, François lit tout de même assidûment les articles concernant le 11 septembre. «Tous les jours, on découvre de nouvelles informations», assure-t-il. Il se réunit également de temps en temps avec les autres membres de l’association pour échanger sur le sujet. Ce sera le cas ce soir à Lausanne, en mémoire de l’événement. Mais il le jure, personne du 11 Septembre en question n’est adepte des théories du complot. «Ça, c’est la nouvelle insulte pour nous faire taire. Dès qu’on est un peu sceptiques, on nous traite de complotistes», regrette-t-il.

Un point de vue partagé par Stefan Schaer, journaliste indépendant et fondateur de l’association 911 Untersuchen. «C’est fatigant. Dès qu’on ouvre la bouche, on nous accuse d’élaborer des théories du complot», appuie-t-il. Lui aussi ne prétend pas savoir ce qu’il s’est passé. «Je dis juste qu’il y a des incohérences dans le dossier officiel et qu’il est légitime de se poser des questions.»

Pour lui, les Suisses sont nombreux à avoir des doutes sur la version officielle. «Mais ils ont peur de le dire publiquement et des répercussions que cela pourrait avoir sur leur travail ou avec leurs proches. C’est une manière de nous faire taire», détaille le Bernois. Son association a donc pour but d’obtenir le soutien de personnes respectées afin de donner de la crédibilité au sujet. «Je me suis rendu compte qu’il était impossible de parler des faits, surtout en Suisse allemande», raconte-t-il.
 

Une nouvelle investigation

Parmi ses soutiens, Stefan Schaer peut compter sur celui de la conseillère nationale Francine John-Calame (Les Verts/NE). «L’administration Bush ne nous a pas vraiment habitués à la clarté. On est en droit de se poser quelques questions sur cet événement également», explique-t-elle. Elle promet toutefois ne pas en faire «toute une histoire». «Je suis juste curieuse de voir à quel point on peut faire confiance à un gouvernement et d’avoir des réponses», précise-t-elle.

Des réponses, Stefan Schaer en attend toujours. Pour lui, c’est sûr, une nouvelle investigation sera ouverte un jour. «J’espère juste qu’elle sera indépendante et que ce sera assez tôt pour que les responsables soient encore là.» Quatorze ans après avoir frappé les imaginations, les attentats du 11 septembre ne sont pas près d’arrêter de les faire fonctionner.

 

Leurs principales questions

1. Pourquoi une troisième tour du WTC s’est-elle écroulée?

2. Pourquoi le trou dans le Pentagone est-il plus petit que le diamètre d’un Boeing?

3. Pourquoi les tours s’écroulent à la vitesse de la chute libre, comme lors d’une démolition contrôlée?

 

L’expert

«La paranoïa ambiante est documentée»

- Comment expliquer que des Suisses s’interrogent encore, quatorze ans après?
C’est une posture de doute qui s’est mise en place très rapidement après les attentats et qui a été alimentée par les informations contradictoires données par le gouvernement américain. Avec les années, il y a moins d’énergie pour défendre cette posture, mais elle ne va pas changer de sitôt. En plus, avec les révélations faites par les donneurs d’alertes ces dernières années, la paranoïa ambiante est désormais documentée.

- C’est de la curiosité acharnée ?
Je crois que c’est plus que de la curiosité. C’est une attitude générale de remise en cause de ce qui vient d’en haut, en l’occurrence du gouvernement américain. Il faut faire attention parce que la différence est subtile entre les paranoïaques qui disent que tout est mensonge et ceux qui sont dans une démarche citoyenne de recherche de la vérité.

- Ceux-là, justement, sont souvent traités de «complotistes»…
Oui, c’est une manière de les décrédibiliser et de les mettre à l’écart du débat. C’est comme si on les traitait d’hérétiques. En Suisse, nous sommes encore tolérants mais en France, si vous remettez en cause la version officielle, vous êtes directement brûlé sur le bûcher des hérétiques complotistes.

DIDIER BONVIN, Auteur de «Les théories du complot envahissent le Web»

 


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