« L’Assassinat d’Oussama ben Laden » par Seymour Hersh (3/4)

Le célèbre journaliste américain Seymour Hersh vient de publier dans la London Review of Books un long article sur l’assassinat d’Oussama ben Laden, qui n’a pas manqué de faire réagir. Démenti par l’administration Obamavertement critiqué par quelques journalistes, voire qualifié de théorie du complot par d’autres, l’article de Hersh sème une nouvelle fois le trouble dans la version déjà controversée de la mort d’Oussama ben Laden. Pourtant, le journaliste Matthew Cole de NBC News a confirmé certaines de ses affirmations, tandis que The Intercept (fondé par Glenn Greenwald, Laura Poitras et Jeremy Scahill) rappelle que les même allégations avaient été tenues en 2011 par d’autres sources. En France, la méfiance est de mise, bien que Thomas Cantaloube souligne dans Mediapart que "le récit de l’assassinat de Ben Laden par Hersh est, jusqu’à preuve du contraire, aussi cohérent, crédible et informé que celui présenté par l’exécutif américain." Hersh a par ailleurs répondu à certaines critiques auprès du site Business Insider, et dans l’émission Democracy Now d’Amy Goodman.
 


Seymour Hersh


 

L’Assassinat d’Oussama ben Laden 


Par Seymour Hersh pour la London Review of Books, le 10 mai 2015


Suite de la deuxième partie de l’article.


Le débat interne dans les coulisses de la Maison Blanche commença dès qu’il fut établi que la mission avait réussi. Le corps de Ben Laden était supposé être en route pour l’Afghanistan. Obama devait-il respecter ses engagements auprès de Kayani et Pasha et prétendre environ une semaine plus tard que Ben Laden avait été tué dans une attaque de drone dans les montagnes, ou devait-il rendre cela public immédiatement ? Le crash d’hélicoptère permit aux conseillers politiques d’Obama de préconiser plus facilement le second plan. L’explosion et la boule de feu seraient impossibles à dissimuler et le bruit de ce qui s’était passé était voué à fuiter. Obama allait devoir "prendre le pas sur l’histoire" avant que quelqu’un le fasse au Pentagone : attendre ne ferait qu’atténuer l’impact politique.

Tout le monde n’était pas d’accord. Robert Gates, le ministre de la Défense, était le plus volubile de ceux qui insistaient pour honorer les accords avec les Pakistanais. Dans ses mémoires, Duty, Gates ne cache pas sa colère :

Avant de nous disperser et que le président ne se dirige à l’étage pour dire au peuple américain ce qui venait de se passer, j’ai rappelé à tout le monde que les méthodes, les tactiques, et les procédures utilisées par les Seals durant l’opération étaient employées chaque nuit en Afghanistan […] il était donc essentiel que nous soyons d’accord pour ne dévoiler aucun détail opérationnel du raid. Tout ce que nous avons à dire, ai-je signalé, c’est que nous l’avons tué. Tout le monde dans la pièce s’accorda pour rester muet sur les détails. Cet engagement ne dura que cinq heures. Les premières fuites sont venues de la Maison Blanche et de la CIA. Ils ne pouvaient simplement pas attendre pour fanfaronner et s’attribuer le crédit. Les faits étaient souvent erronés […] Malgré tout, les informations continuaient de se répandre. J’étais indigné et à un moment, j’ai dit [au conseiller à la sécurité nationale Tom] Donilon, "Pourquoi tout le monde ne ferme pas simplement sa gueule ?" En vain.

Le discours d’Obama a été mis sur pied dans l’urgence, raconte l’ancien responsable, et fut considéré par ses conseillers comme un document politique, non un message ayant besoin d’être soumis à l’autorisation de la bureaucratie de la sécurité nationale. Cette série de déclarations intéressées et inexactes vont créer le chaos dans les semaines suivantes. Obama déclara que son administration avait découvert que Ben Laden était au Pakistan via "une possible piste" remontant au mois d’août ; pour beaucoup à la CIA, la déclaration suggérait un événement spécifique, comme un transfuge. La remarque conduisit à une nouvelle couverture médiatique prétendant que les brillants analystes de la CIA avaient débusqué un réseau de communication gérant le flot continu des ordres opérationnels de Ben Laden à Al-Qaïda. Obama loua aussi le soin d’ "une petite équipe d’Américains" à éviter les pertes civiles et déclara : "Après un échange de tirs, ils ont tué Oussama ben Laden et ont disposé de son cadavre." Deux détails supplémentaires avaient maintenant besoin d’être apportés à la couverture médiatique : une description de la fusillade qui n’avait jamais eu lieu, et un récit de ce qui était advenu de la dépouille. Obama a continué à saluer les Pakistanais : "Il est important de noter que notre coopération avec le Pakistan dans le contreterrorisme a contribué à nous mener à Ben Laden et à la maison où il se cachait." Cette déclaration risquait d’exposer Kayani et Pasha. La Maison Blanche eut pour solution d’ignorer ce qu’Obama avait dit et donna l’ordre à tous ceux qui s’exprimaient dans la presse d’insister sur le fait que les Pakistanais n’avaient joué aucun rôle dans le meurtre de Ben Laden. Obama laissa la nette impression que lui et ses conseillers n’avaient pas eu la certitude que Ben Laden était à Abbottabad, mais avaient seulement eu des informations "sur la possibilité" [qu'il y soit]. Cela a conduit dans un premier temps à l’histoire selon laquelle les Seals avaient déterminé qu’ils avaient tué la bonne personne en faisant s’allonger un Seal mesurant 1,83 mètres à côté du corps pour comparaison (il était connu que Ben Laden mesurait 1,93 mètres) ; et ensuite à l’affirmation qu’un test ADN avait été pratiqué sur le corps et démontré de manière concluante que les Seals avait tué Ben Laden. Mais d’après l’officiel à la retraite, les premiers rapports des Seals ne disaient pas clairement si tout ou partie du corps de Ben Laden avait été renvoyé en Afghanistan.

Gates n’était pas le seul officiel tourmenté par la décision d’Obama de parler sans expurger ses remarques à l’avance, a déclaré l’officiel retraité, "mais il était le seul à protester. Obama n’a pas seulement doublé Gates, il a doublé tout le monde. Ce n’était pas le brouillard de la guerre. Le fait qu’il existait un accord avec les Pakistanais et aucun plan d’urgence de ce qui devait être révélé au cas où quelque chose tournait mal – ça n’a même pas fait l’objet d’une discussion. Et une fois que les choses ont mal tourné, ils ont dû inventer une nouvelle histoire dans la foulée." Certaines tromperies avaient une raison légitime : le rôle du transfuge pakistanais devait être protégé.

Dans un point presse juste après la déclaration d’Obama, le service de presse de la Maison Blanche a été informé que la mort de Ben Laden était "le point d’orgue de plusieurs années d’un soigneux travail de renseignement hautement perfectionné" qui s’était concentré sur la piste d’un groupe de messagers, dont un réputé être proche de Ben Laden. Les journalistes ont été informés qu’une équipe spécialement composée d’analystes de la CIA et de la National Security Agency [NSA], avait suivi le messager jusqu’à une riche demeure hautement sécurisée à Abbottabad. Après des mois d’observation, la communauté du renseignement américain avait "un haut niveau de confiance" dans le fait qu’une cible de grande importance vivait dans la maison, et il a été "estimé qu’il y avait une forte probabilité qu’il s’agissait d’Oussama ben Laden." L’équipe d’assaut américaine tomba dans une fusillade en entrant dans la demeure et trois hommes – deux d’entre eux supposés être les messagers – ont été tués en même temps que Ben Laden. Interrogé sur le fait de savoir si Ben Laden s’était défendu, un des porte-paroles a répondu que oui : "Il a résisté aux forces d’assaut. Et il a été tué lors d’un échange de tirs."

Le lendemain, John Brennan, à l’époque le conseiller principal d’Obama pour le contreterrorisme, avait en charge de mettre en avant le courage d’Obama tout en essayant d’arrondir les déclarations inexactes dans son discours. Il fournit un compte-rendu plus détaillé mais tout aussi trompeur du raid et de sa préparation. S’exprimant de manière officielle, ce qu’il fait rarement, Brennan a dit que la mission avait été menée par un groupe de Navy Seals qui avaient reçu l’ordre, si possible, de prendre Ben Laden vivant. Il déclara que les États-Unis n’avaient pas d’information suggérant que quelqu’un dans le gouvernement ou l’armée pakistanaise savait où se trouvait Ben Laden : "Nous n’avons contacté les Pakistanais seulement après que tous nos hommes et tous nos appareils soient sortis de l’espace aérien pakistanais." Il insista sur la décision courageuse d’Obama d’ordonner la frappe, et déclara que la Maison Blanche n’avait pas d’information "qui confirmait que Ben Laden était dans la maison" avant le début du raid. Obama, a-t-il dit, "a pris ce que je considère comme étant la plus audacieuse décision d’un président de mémoire récente." Brennan augmenta à cinq le nombre de tués par les Seals à l’intérieur de la maison : Ben Laden, un messager, son frère, un fils de Ben Laden, et une des femmes censée avoir servi de bouclier à Ben Laden.

Interrogé sur le fait de savoir si Ben Laden avait ouvert le feu sur les Seals, comme l’avaient entendu certains journalistes, Brennan a répété ce qui allait devenir un mantra de la Maison Blanche : "Il s’est engagé dans une fusillade avec ceux qui sont entrés dans la zone de la maison où il se trouvait. Quant à savoir s’il a tiré ou non, franchement je ne sais pas […] Voici Ben Laden, celui qui a commandité ces attentats […] vivant dans une zone très éloignée du front, se cachant derrière des femmes placées devant lui comme bouclier […] Je pense que cela reflète le genre d’individu qu’il était."

Gates désapprouva aussi l’idée mise en avant par Brennan et Leon Panetta, selon laquelle les renseignements américains avaient appris où se trouvait Ben Laden à partir des informations obtenues grâce au waterboarding [simulation de noyade, Ndt.] ou d’autres formes de torture. "Tout ceci se déroule pendant que les Seals sont dans le vol qui les ramènent au pays. Les gens de l’agence connaissent toute l’histoire," raconte l’officiel retraité. "C’est un groupe d’officiers de réserve qui s’en est chargé." (Les officiers de réserve [annuitants en anglais, Ndt.] sont des retraités de la CIA qui restent actifs sous contrat.) "Ils avaient été appelés par certains des planificateurs de la mission de l’agence, afin d’aider au récit de couverture. Alors les vétérans arrivent et disent : pourquoi pas reconnaître que nous avons obtenu une partie des informations sur Ben Laden grâce aux interrogatoires renforcés ?" A l’époque, il y avait toujours des discussions à Washington sur la possible poursuite d’agents de la CIA ayant eu recours à la torture.

"Gates leur a dit que ça n’allait pas marcher," a dit l’officiel à la retraite. "Il n’a jamais fait partie de l’équipe. Il savait à la fin de sa carrière qu’il n’avait pas à prendre part à ces absurdités. Mais le département d’État, la CIA, et le Pentagone s’étaient ralliés à cette version. Aucun des Seals ne pensait qu’Obama allait passer à la télévision et annoncer le raid. Le commandement des forces spéciales était fou de rage. Ils se vantaient de préserver la sécurité des opérations." La crainte aux opérations spéciales, a confié l’officiel retraité, était que "si la véritable histoire de la mission fuitait à l’extérieur, la bureaucratie de la Maison Blanche allait mettre ça sur le dos des Seals."

La solution de la Maison Blanche était de faire taire les Seals. Le 5 mai, tous les membres de l’équipe d’élite des Seals – ils étaient revenus à leur base en Virginie du Sud – et quelques membres de la direction du Joint Special Operations Command ont reçu un formulaire de non-divulgation rédigé par le bureau juridique de la Maison Blanche ; il prévoyait des sanctions civiles et un procès pour quiconque parlerait de la mission, en public ou en privé. "Les Seals n’étaient pas contents," a dit l’officiel retraité. Mais la plupart d’entre eux ont gardé le silence, à l’instar de l’amiral William McRaven, qui était à l’époque le responsable du JSOC. "McRaven était furieux. Il savait qu’il s’était fait baiser par la Maison Blanche, mais il est un Seal pur jus, et non un acteur politique, et il savait qu’il n’y a aucun mérite à dénoncer le président. Quand Obama a rendu public la mort de Ben Laden, tout le monde a dû se démener pour trouver une histoire cohérente, et les planificateurs allaient devoir porter toute la responsabilité."

Dans les premiers jours, certaines des premières exagérations étaient devenues manifestes et le Pentagone publia une série de clarifications. Non, Ben Laden n’était pas armé lorsqu’il a été abattu et tué. Et non, Ben Laden n’a pas utilisé une de ses femmes comme bouclier. Dans l’ensemble, la presse a accepté l’explication selon laquelle les erreurs étaient l’inévitable conséquence de la volonté de la Maison Blanche de satisfaire le besoin frénétique des journalistes pour les détails de la mission.

Un des mensonges qui a perduré est que les Seals avaient dû se battre pour atteindre leur cible. Seuls deux Seals ont fait des déclarations publiques : No Easy Day, un témoignage direct du raid par Matt Bissonnette, a été publié en septembre 2012 ; et deux ans plus tard Rob O’Neill a été interrogé par Fox News. Les deux hommes ont quitté la navy ; les deux ont tiré sur Ben Laden. Leurs témoignages se contredisent l’un l’autre sur plusieurs détails, mais leurs récits ont généralement confirmé la version de la Maison Blanche, en particulier sur la nécessité de tuer ou être tué pendant que les Seals bataillaient pour arriver jusqu’à Ben Laden. O’Neill a même raconté à Fox News que lui et ses camarades Seals pensaient "Nous allions mourir." "Plus nous nous entraînions, plus nous réalisions […] que ça allait être une mission sans retour."

Mais l’ancien responsable à la retraite m’a dit que dans leurs premiers debriefings, les Seals n’avaient fait aucune mention d’une fusillade, ou même d’une quelconque opposition. Le côté tragi-funeste décrit par Bissonnette et O’Neill rejoint un besoin profond, a souligné l’officiel retraité : "Les Seals ne peuvent pas vivre avec le fait qu’ils ont tué Ben Laden sans la moindre opposition, et il était essentiel d’avoir un récit de leur courage face au danger. Les gars vont s’asseoir au bar et dire que c’était un jour comme les autres ? Aucune chance que ça arrive."

Il y avait une autre raison de prétendre qu’il y avait eu une fusillade à l’intérieur de la maison, a dit l’officiel retraité : éviter l’inévitable question qui surgirait d’un assaut sans opposition. Où étaient les gardes de Ben Laden ? Le terroriste le plus recherché du monde devait certainement avoir une protection permanente. "Et une des personnes tuées devait être le messager, parce qu’il n’existait pas et nous ne pouvions pas le fabriquer. Les Pakistanais n’avaient d’autre choix que de s’y conformer." (Deux jours après le raid, Reuters a publié les photos de trois hommes morts qu’ils auraient soi-disant achetées à un officiel de l’ISI. Deux des hommes ont été identifiés plus tard par un porte-parole de l’ISI comme étant le messager présumé et son frère.)

 

*

Cinq jours après le raid, le service de presse du Pentagone a fourni une série de cassettes vidéo que les officiels américains ont présentées comme faisant partie d’une grande collection confisquée par les Seals dans la maison, avec 15 ordinateurs. Des extraits d’une des vidéos ont montré un Ben Laden solitaire, blême et enveloppé dans une couverture, regardant ce qui apparaît comme une vidéo de lui-même à la télévision. Un officiel anonyme a déclaré à des journalistes que le raid avait rapporté "un véritable trésor […] la plus grande collection de matériel d’un responsable terroriste à ce jour," ce qui devait fournir un aperçu inestimable dans les plans d’Al-Qaïda. L’officiel déclara que le matériel montrait que Ben Laden "restait un dirigeant actif d’Al-Qaïda, donnant au groupe des instructions stratégiques, opérationnelles et tactiques […] Il était loin d’être une simple figure de proue et continuait de diriger jusqu’aux détails tactiques de la gestion du groupe et d’encourager les complots" depuis ce qui a été décrit comme un centre de commandement et de contrôle à Abbottabad. "Il était un membre actif, rendant la récente opération encore plus essentielle pour la sécurité de notre nation," souligna l’officiel. Les informations étaient si capitales, a-t-il ajouté, que l’administration avait mis en place un groupe de travail regroupant plusieurs agences afin de les traiter : "Il n’était pas simplement quelqu’un qui rédigeait la stratégie d’Al-Qaïda. Il envoyait des idées d’opération et il dirigeait également de manière spécifique d’autres membres d’Al-Qaïda."

Ces déclarations étaient des fabrications : il n’y avait pas tant d’activité sur laquelle Ben Laden pouvait exercer son contrôle et ses ordres. L’officiel retraité du renseignement a dit que les rapports internes de la CIA montrent que depuis que Ben Laden est arrivé à Abbottabad en 2006, seule une poignée d’attaques terroristes pouvait être reliées aux vestiges de l’Al-Qaïda de Ben Laden. "On nous a d’abord dit," a dit l’officiel retraité, "que les Seals ont rapporté des choses dans des sacs poubelle et que la communauté [du renseignement] fait des rapports journaliers à partir de ces choses. Puis on nous a dit que la communauté [du renseignement] rassemble le tout et a besoin de les traduire. Mais rien n’en est ressorti. Tout ce qu’ils ont reproduit s’est révélé être faux. C’est un grand canular – comme l’homme de Piltdown." [voir référence, Ndt.] L’officiel à la retraite a dit que la plupart du matériel d’Abbottabad avait été fourni aux Américains par les Pakistanais, qui rasèrent ensuite le bâtiment. L’ISI prit la responsabilité des femmes et des enfants de Ben Laden, dont aucun n’a été mis à la disposition des États-Unis pour interrogation.

"Pourquoi avoir fabriqué l’histoire de la malle au trésor ?" a dit l’officiel retraité. "La Maison Blanche avait besoin de donner l’impression que Ben Laden était toujours d’une importance opérationnelle. Sinon, pourquoi le tuer ? Une histoire de couverture a été créée – selon laquelle il y avait un réseau de messagers allant et venant avec des clés USB et des instructions. Tout cela pour montrer que Ben Laden restait important."

En juillet 2011, le Washington Post a publié un prétendu résumé de certaines parties de ce matériel. Les contradictions de cet article étaient flagrantes. Il disait que les documents ont abouti à la rédaction de plus de quatre cents rapports du renseignement en l’espace de six semaines ; il mettait en garde contre des complots indéterminés d’Al-Qaïda ; et il mentionnait l’arrestation de suspects "qui sont nommés et décrits dans des emails que Ben Laden a reçus." Le Post n’a pas identifié les suspects ou concilié ce détail avec les précédentes allégations de l’administration selon lesquelles la maison d’Abbottabad n’avait pas de connexion internet. Malgré leurs affirmations disant que les documents avaient abouti à des centaines de rapports, le Post citait un officiel qui disait que leur valeur principale n’était pas les informations exploitables qu’ils contenaient, mais qu’ils avaient permis "aux analystes de construire un portrait plus complet d’Al-Qaïda."

En mai 2012, le Centre de lutte contre le terrorisme de West Point, un groupe de recherche privé, a publié les traductions de 175 pages de documents appartenant à Ben Laden qu’il avait réalisées sous contrat du gouvernement fédéral. Les journalistes n’ont rien trouvé de l’histoire qui avait été vendu dans les jours qui ont suivi le raid. Patrick Cockburn a écrit au sujet du contraste entre les premières déclarations de l’administration selon lesquelles Ben Laden était "l’araignée au centre d’une toile de conspirations" et ce que les traductions ont vraiment montré : que Ben Laden était "délirant" et avait "un contact limité avec le monde extérieur en dehors de sa demeure."

L’officiel retraité a mis en doute l’authenticité du matériel de West Point : "Il n’y a pas de liens entre ces documents et le Centre de contreterrorisme de l’agence. Aucune analyse de la communauté du renseignement. Quelle est la dernière fois que la CIA a : 1) annoncé qu’elle avait trouvé des renseignements significatifs ; 2) révélé la source ; 3) décrit la méthode de traitement du matériel ; 4) révélé le calendrier de production ; 5) décrit par qui et où l’analyse a eu lieu, et 6) publié les précieux résultats avant d’avoir pu donner suite à ces informations ? Aucun professionnel de l’agence ne cautionnerait ce conte de fée."

 

… à suivre dans la quatrième et dernière partie de l’article.
 

Traduction réalisée en partenariat avec le site Le Grand Soir



Voir également l’article de Glenn Greenwald sur le récit de la mort de Ben Laden.

Ainsi que notre enquête : Ben Laden, Storytelling et démocratie.
 


 





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