Emails confidentiels Stratfor : Démêler les liens étranges entre la CIA et la mosquée de Ground Zero

Le lundi 27 février 2012, Wikileaks a commencé la publication des "Global Intelligence Files" (Fichiers de Renseignement Généraux). Plus de cinq millions d’emails provenant du siège de la compagnie Stratfor de renseignement global au Texas. La date des emails se situe entre juillet 2004 et fin décembre 2011. Ils révèlent les rouages internes d’une société qui sous couvert d’une activité de publication de renseignements, fournit des services de renseignement confidentiels à de grandes sociétés, telles que Bhopal Co. Dow Chemical, Lockheed Martin, Northrop Grumman, Raytheon et à des organismes gouvernementaux, y compris le département américain de la Sécurité Intérieure, les Marines des États-Unis et l’Agence Américaine de Renseignement de la Défense. Les emails montrent le réseau d’informateurs de Stratfor, la structure de rémunération, les techniques de dessous de table, et les méthodes psychologiques.

L’email qui nous intéresse aujourd’hui nous détaille les liens entre les services secrets US et un certain "Leslie Deak", un des principaux bailleurs de fonds du très controversé projet de mosquée à Ground Zero qui avait défrayé la chronique en septembre 2010, à l’occasion du 9e anniversaire des attentats. Voici donc la traduction de cet email très instructif (si tant est que l’information qu’il contient soit vérifiée…) sur ces étranges connexions.

 

 


[Re] Démêler les liens étranges entre la CIA et la mosquée de Ground Zero

Source : Global intelligence Files, Wikileaks, le 27 février 2012

Traduction Daniel pour ReOpenNews

Re: [CT] Démêler les liens bizarres de la CIA avec la mosquée de "Ground Zero"
ID Email     373982
Date     2010-09-13 14:38:35
À partir de     burton@stratfor.com
À     ct@stratfor.com
L’Imam est un agent opérationnel du FBI.
Envoyé via BlackBerry par AT & T

———————————————————————-
De: Sean Noonan
Expéditeur: ct-bounces@stratfor.com
Date: Mon, 13 Sep 2010 07:22:26 -0500
Pour: CT AOR
ReplyTo: CT AOR
Sujet: [CT] Démêler les liens bizarres de la CIA avec la mosquée
de Ground Zero
[Très conspirationniste, mais intéressant]
Démêler les liens bizarres de la CIA avec la mosquée de Ground Zero

New York Observer
Par Mark Ames
10 septembre 2010 | 14:36

http://www.observer.com/2010/politics/untangling-new-intrigue-behind-ground-zero-mosque [lien cassé - NdT]

Jusqu’à présent, le débat sur le projet de centre islamique près de Ground Zero s’est développé selon des lignes prévisibles, avec l’homme au centre du projet, l’imam Feisal Abdul Rauf, attirant les attaques provenant de la droite qui le dépeint comme un sympathisant des terroristes ayant des liens avec le Hamas et les Frères Musulmans. Mais en attendant, les liens entre le groupe derrière la mosquée controversée, la CIA et l’establishment militaire américain sont restés dans l’ombre. Par exemple, l’un des principaux bailleurs de fonds du groupe à but non lucratif, "Cordoba Initiative", fer de lance du projet de mosquée à Ground Zero, s’appelle R. Leslie Deak, un New-Yorkais de 52-ans natif de Scarsdale. En plus d’appartenir au Conseil d’Administration du groupe depuis sa fondation en 2004 par l’Imam Feisal Abdul Rauf, Deak a été son principal bailleur de fonds, faisant don de 98 000 $ à l’association à but non lucratif entre 2006 et 2008. Ce chiffre semble représenter l’ensemble des ressources budgétaires de l’organisation – bien qu’assez curieusement le groupe ait fait état de recettes pour seulement un tiers de ce total au cours cette période.

Deak se décrit comme un musulman pratiquant, ayant des origines dans le christianisme et le judaïsme, possédant une expérience personnelle et de travail avec le Moyen-Orient, vivant et travaillant six mois par an en Egypte. "Né dans une famille chrétienne, Deak est devenu juif orthodoxe et a épousé une femme juive avant de se convertir à l’islam quand il a épousé sa femme actuelle, Moshira Soliman, avec qui il vit maintenant à Rye. Leslie Deak note également son rôle de « consultant en affaires » pour le Patriot Defense Group, LLC, une entreprise de sécurité privée ayant des bureaux dans Winter Park, Floride, et à Tucson. Les seuls noms figurant sur le site de la compagnie sont ceux de ses trois « conseillers stratégiques. » Il s’agit notamment du général quatre étoiles à la retraite Bryan "Doug" Brown, commandant de la Special Operation Command des États-Unis jusqu’en 2007, où il a dirigé toutes les opérations spéciales à la fois d’active et de réserve, dirigeant la guerre globale contre le terrorisme, et James Pavitt, ancien directeur adjoint des opérations à la Central Intelligence Agency, où il gérait « à la fois le déploiement du personnel de la CIA dans le monde, et près de la moitié de son budget de plusieurs milliards de dollars »; il a aussi « servi en tant que chef du Service Clandestin de la CIA, le groupe de réponse opérationnelle de la CIA aux attentats du 11 Septembre 2001. »

En dehors de Pavitt, Brown et d’un troisième conseiller, le banquier Alexander Cappello, le Patriot Defense Group est tellement secret qu’il ne fournit même pas les noms de son équipe de management. Tout ce que l’on sait c’est qu’il décrit son PDG anonyme comme un ancien des Forces spéciales et un vétéran du département d’Etat, le directeur du management du groupe comme un ancien officier de la CIA ayant de l’expérience dans la lutte contre le terrorisme dans des environnements hostiles, et le directeur du groupe de renseignement comme un vétéran « ayant passé 23 ans au service du renseignement des États-Unis et ayant travaillé sur les détails de la sécurité personnelle des anciens présidents Bush et Clinton. »

Leslie Deak et Moshira Soliman / PanachePrive

L’activité principale du Defense Patriot Group implique de tirer parti de ses liens avec le gouvernement et de son savoir-faire. L’entreprise est constituée de deux divisions : l’une qui « se concentre exclusivement sur les besoins de l’armée américaine et le maintien de l’ordre (Law Enforcement) loi ainsi que sur les exigences de gouvernements étrangers amis, » et une division d’entreprise, qui « fournit des services de renseignements d’affaires et de sécurité spécialisés aux sociétés clientes et à des entreprises familiales à haut patrimoine ».

Donc, pour récapituler: De 2006 à 2008, R. Leslie Deak a travaillé comme "consultant d’affaire" pour cette entreprise de sécurité ultra-secrètes ayant des liens avec la CIA et les forces de lutte contre le terrorisme, et au cours de ces trois mêmes années, il a également fait don de près de 100 000 $ en capitaux pour lancer la fondation qui préconise la construction de la mosquée dite de Ground Zero.

Fait intéressant, durant cette même période de trois ans au cours de laquelle la Fondation de famille de Deak a financé l’Initiative de Cordoue, Deak a également fait don d’un total de 101 247 $ à quelque chose qui s’appelle la National Defense University Fondation (NDUF). Cette fondation est constituée d’un réseau collèges et de centres de recherche sur la stratégie et la guerre (y compris le National War College), financée par le Pentagone, conçu pour former des spécialistes dans le domaine de la stratégie militaire. L’organisation a récemment annoncé un dîner de gala le 5 novembre pour honorer de secrétaire à la Défense et ancien chef de la CIA, Robert Gates. Les sponsors incluent les sociétés Northrup Grumman, Boeing, Lockheed Martin et le Patriot Group of Defense. Leslie Deak siège également au conseil d’administration de la NDUF, dont le président est Mark Treanor, l’ancien conseiller général de la banque Wachovia entre 1998 et son effondrement en 2008, et un collecteur majeur des dons de campagne pour le tandem McCain-Palin en 2008. Wachovia, qui appartient maintenant à la Wells Fargo, a été récemment condamnée à une amende 160 millions de dollars pour le blanchiment « d’au moins 110 millions de dollars » provenant de l’argent de la drogue mexicaine entre 2003 et 2008, tandis que Treanor était le conseiller général de Wachovia, bien que le chiffre soit probablement plus élevé puisque Wachovia a admis qu’il n’avait pas effectué de contrôles sur au moins 420 milliards de dollars, en l’occurrence des milliards en espèces – transférés à travers son réseau d’échanges de devises du Mexique.

Ce qui nous amène à une autre drôle de coïncidence : le blanchiment d’argent pour les barons de la drogue est ce qui a fait tomber Deak & Co., l’entreprise dirigée par le père de Leslie Deak, Nicholas Deak, plusieurs années auparavant. Deak père, un ex-membre important des services secrets durant la Seconde Guerre mondiale pour l’OSS (l’ancêtre de la CIA), a été le fondateur de Deak-Perera, qui est devenu pour un temps l’un des plus grands courtiers de devises et d’or dans le monde. Mais en 1984, une commission présidentielle sur le crime organisé a accusé l’entreprise d’agir comme blanchisseuse d’argent pour les cartels colombiens de la drogue; elle aurait transporté des sacs entiers d’argent liquide contenant des dizaines de millions de dollars dans les bureaux de Manhattan de Deak. À la fin 1984, Deak & Co. avait fait faillite, et un an plus tard, Nicholas Deak était assassiné au siège de l’entreprise, au 29 Broadway par une femme sans-abri déséquilibrée. Après la faillite de la société, Leslie Deak en a été réduit à vivre sur ses ressources propres, la société a été démantelée et vendue par morceaux.

Une société qui trouve ses débuts dans l’empire défunt de Deak est la Goldline International, société d’affaires bien connue des amateurs de Glenn Beck [animateur TV - NdT] ainsi que des enquêteurs de Californie. La société Goldline est à Glenn Beck ce que General Electric était à Ronald Reagan: La société finance la télévision de Beck et ses émissions de radio ainsi que ses tournées dans le pays, et Beck est son image publique. Le bureau du procureur du comté de Los Angeles, avec celui de la Ville de Santa Monica, mène actuellement une enquête pour fraude concernant des clients crédules de Goldline qui ont acheté certains de leurs produits les plus dévalorisés.

Puisqu’on parle de Glenn Beck, il a été rapporté que le prince saoudien Al-Walid bin Talal, le deuxième actionnaire en importance de News Corp, la société mère de Fox News, qui diffuse le programme de Beck, est aussi un important bailleur de fonds des projets de l’imam Rauf, comme les téléspectateurs l’ont entendu de Jon Stewart [animateur du "Daily Show", émission satirique américaine - NdT] la semaine dernière.

Les coïncidences se produisent, bien sûr. (Par exemple, Pamela Geller, la blogueuse qui est devenue la principale voix dénonçant le projet de mosquée était dans le temps, bizarrement, éditrice adjointe du New York Observer).

Mais ajoutons à ce faisceau de connexions inattendues le travail de l’imam Rauf au service du gouvernement des États-Unis qui inclut le rôle de "consultant" du FBI, et le fait d’avoir été recruté comme porte-parole de la confidente de longue date de George W. Bush, Karen Hughes, qui a dirigé les efforts de propagande de l’administration dans le monde musulman et un tableau impressionnant commence à émerger. L’imam préféré de Bush, avec le soutien d’un bailleur de fonds ayant des connexions à la CIA, le Pentagone et la société de négoce de devises qui sponsorise désormais l’activiste de droite Glenn Beck, propose de construire une mosquée très exactement sur le site de l’attaque terroriste la plus dévastatrice jamais effectuée en Amérique.

Au nom du « développement de la compréhension entre toutes les religions et les cultures, » il promeut un projet qui choque la majorité des Américains et crée une régression importante en ce qui concerne l’intégration des Américains musulmans. C’est un peu comme un Billy "White Shoes" Johnson [joueur de football américain célèbre pour ses démonstrations sur le terrain - NdT] prétendant que la seule raison pour qu’il effectue un "moonwalk" après avoir marqué un point est d’abaisser les tensions sur le terrain de football et de remonter le moral de l’équipe adverse.

Si l’Initiative de Cordoue parvient à son but avec la Mosquée de Ground Zero, il se pourrait que ses conséquences durables aillent à l’encontre de ses buts déclarés, en affaiblissant les modérés et les progressistes qui voient New York, et la nation dans son ensemble, comme un creuset de tolérance, et en renforçant les démagogues des deux cotés, elle conduira très certainement à un recul des relations interconfessionnelles.

Elle contribuera également à gêner le fonctionnement du Parti démocrate. Ce qui pourrait bien avoir été le but depuis le début.

Soit il s’agit de cela, soit c’est simplement une coïncidence que cette controverse ait éclaté maintenant, à une période cruciale sur le plan électoral. Dans ce cas, nous pouvons tous revenir à ce que nous faisions avant – c’est-à-dire, dénoncer la mosquée Park51 comme un affront fait aux Américains, ou bien en faire un symbole de nos droits fondamentaux – en jouant un de nos rôles habituels dans un drame qui semble d’une certaine façon trop beau pour être vrai.

Sean Noonan
Analyste tactique
Bureau: +1 512-279-9479
Mobile: +1 512-758-5967
Strategic Forecasting, Inc
www.stratfor.com
 

Traduction Daniel pour ReOpenNews


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