Pourquoi détruire les bandes vidéo du 9-11 ?

 

Par Paul Craig Roberts, le 3 février 2008

Contrairement aux deux présidents de la Commission du 9-11, Thomas Kean et Lee Hamilton, beaucoup d’Étasuniens se contentent de son rapport. Max Cleland, un sénateur membre de la Commission du 9-11 qui a démissionné, n’était lui non plus pas satisfait. Il a raconté au Boston Globe (13 novembre 2003) : « Cette enquête est maintenant compromise. » Même Louis Freeh, ancien directeur du FBI, a écrit dans le Wall Street Journal (17 novembre 2005) qu’il y a des inexactitudes dans le rapport de la commission et des « questions qui ont besoin de réponses. »

Kean et Hamilton ont tout deux déclaré publiquement à deux reprises, une fois en 2006 dans leur livre, Sans précédent : L’histoire interne de la Commission du 9-11, et de nouveau le 2 janvier 2008 dans le New York Times, qu’il y a des inexactitudes dans le rapport, et des questions sans réponse ou avec des réponses insatisfaisantes.

Le deuxième jour de cette nouvelle année, Kean et Hamilton ont accusé la CIA d’obstruction à leur enquête : « Ce que nous savons, c’est que les fonctionnaires ont décidé de ne pas informer un organisme légalement constitué, créé par le Congrès et le Président, pour enquêter sur l’une des plus grandes tragédies que ce pays ait affrontée. Nous appelons ça de l’obstruction. »

Dans leur livre, Kean et Hamilton ont écrit qu’ils ont été dans l’impossibilité d’avoir « accès aux détenus témoins vedettes, qui étaient les seules sources possibles d’informations internes sur le complot du 9-11. »

Les seules informations permises à la commission, sur ce que les interrogatoires ont appris des meneurs présumés du complot, tels que Khalid Cheikh Mohammed, sont venues de sources de « troisième main. » La commission n’a pas été autorisée à questionner les prétendus comploteurs en détention, ni même à rencontrer ceux qui les avaient interrogés. En conséquence, écrivent Kean et Hamilton, « Nous n’avions aucun moyen d’évaluer la crédibilité des informations des détenus, » celle fournies des mains d’un parti tiers. « Comment pouvions-nous dire si quelqu’un comme Khalid Cheikh Mohammed nous disait la vérité ? »

Le fait que les bandes vidéo des interrogatoires existaient a été caché à la Commission du 9-11.

Les bandes vidéo ont été détruites depuis. La destruction de ces vidéos est devenu un problème à cause de l’implication de la Maison Blanche dans la décision de les détruire, et on pense qu’elles ont été détruites parce qu’elles révèlent les méthodes de torture que l’administration Bush nie utiliser.

Selon le Président Bush, les États-Unis ne pratique pas la torture, même si lui et son Ministère de la Justice (sic) font valoir le droit à torturer.

La torture est une diversion ? La Commission du 9-11 n’a été chargée d’enquêter ni sur les méthodes d’interrogatoire, ni sur le traitement des détenus. Cette commission a été chargée d’enquêter sur la participation d’Al-Qaïda, aux attentats du 9-11, et d’identifier les auteurs de cet acte terroriste. Il n’y a aucune raison de refuser à la commission les preuves vidéo des aveux impliquant Al-Qaida et Oussama ben Laden.

La preuve vidéo a-t-elle été refusée à la Commission du 9-11 parce que les auteurs présumés du complot n’ont ni avoué, ni impliqué Al-Qaïda, ni mis en cause Ben Laden ? Quelqu’un pense-t-il sérieusement que la preuve de la confession n’aurait pas été révélée ? Des preuves qui auraient évité ce qui est devenu une énorme industrie de chercheurs de vérité sur le 9-11, qui implique un grand nombre de gens hautement crédible.

L’administration Bush n’avait aucune raison de redouter la question de la torture. Les notes de service du Ministère de la Justice en ont légalisé l’usage, et le Congrès a adopté une loi, signée par le Président Bush, qui protège rétroactivement les interrogateurs étasuniens qui ont torturé des détenus. La Loi sur les Commissions Militaires, adoptée en septembre 2006 et signée par Bush en octobre 2006, dépouille les détenus des protections des Conventions de Genève : « Aucun combattant ennemi étranger hors-la-loi, soumis à procès par une commission militaire en vertu du présent acte, ne peut invoquer les Conventions de Genève comme source de droits. » D’autres dispositions de la loi privent les détenus des procès rapides, des protections contre la torture, et de l’auto-incrimination. La loi comporte une disposition qui protège les tortionnaires rétroactivement contre des poursuites pour crimes de guerre.

L’administration Bush a habilement tiré parti des affirmations de torture pour transformer la destruction des bandes vidéo par la CIA en « une histoire de torture. » Il est beaucoup plus probable que les bandes aient été détruites parce qu’elles révèlent l’absence d’aveux sur le complot. Comme le demandent Kean et Hamilton, sans preuve, comment connaissons-nous la vérité ? Tout ce que nous avons, c’est la parole de l’administration, qui nous a raconté que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive et qui nous dit, tout en s’asseyant sur le rapport du NIE, qui concluait que l’Iran avait mis fin à son programme d’armement en 2003, que l’Iran a un programme d’armes nucléaires en cours et est près d’avoir une arme nucléaire.

Et la cassette vidéo où Ben Laden accepte la responsabilité des attentats du 9-11 ? Tout indique que cette bande est un faux. Le Ben Laden de « la confession vidéo » du 9 novembre 2001 ne ressemble en rien au Ben Laden de la dernière vidéo confirmée de décembre 2001.

Récemment, le journal italien, Corriere Della Sera, a annoncé que l’ancien président d’Italie, Francesco Cossiga, a dit que le renseignement italien avait conclu que la confession vidéo de Ben Laden était un faux.

Dans le Washington Post en ligne du 1er février 1999, William Arkin décrivait une technologie de morphing de la voix [interpolation des changements avec le vieillissement, NDT], mise au point par le laboratoire de Los Alamos du gouvernement. Arkin a rapporté que le morphing numérique, incluant l’apparence, « venue avec l’âge, est disponible pour servir dans les opérations psychologiques. »

La journaliste d’investigation Kristina Borjesson nous rappelle que, « six jours après le 9-11, CNN a signalé que Ben Laden avait envoyé à Al-Jazira une déclaration qui démentait son implication. » Elle nous rappelle aussi que le FBI a dit qu’il n’avait aucune preuve solide de la responsabilité de Ben Laden dans le 9-11. Le FBI recherche Osama pour les attentats contre les ambassades étasuniennes de Tanzanie et du Kenya en 1998, pas pour le 9-11. Borjesson signale aussi que, dans la « confession vidéo, » Ben Laden se révèle écrivant de la main droite, mais il est connu être gaucher.

Si le Ben Laden de la « confession vidéo » est en fait un faux, comme il paraît l’être, pourquoi courir le risque de créer ce genre de vidéo si la CIA a celles des aveux des présumés participants d’Al-Qaïda au complot du 9-11 ?

Pourquoi détruire ces pièces à conviction, surtout après que la torture ait reçu l’aval du Ministère de la Justice et du Congrès des États-Unis ?

 

Paul Craig Roberts fut Secrétaire Adjoint au Trésor dans l’administration Reagan. Il est l’auteur de Supply-Side Revolution : An Insider’s Account of Policymaking in Washington, Alienation and the Soviet Economy et Meltdown: Inside the Soviet Economy, et est coauteur avec Lawrence M. Stratton de The Tyranny of Good Intentions : How Prosecutors and Bureaucrats Are Trampling the Constitution in the Name of Justice. Clic ici pour l’entrevue [en anglais] de Peter Brimelow de Forbes Magazine avec Roberts au sujet de la récente épidémie d’inconduite des procureurs.

 

Original : http://www.vdare.com/roberts/080203_tapes.htm
Traduit au mieux par Pétrus Lombard pour Alter Info

 

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