The Guardian : Le rapport de Dick Marty condamne le culte du secret et soutient les lanceurs d’alerte

Ils ne sont pas si nombreux, mais ils existent, les lanceurs d’alertes situés au coeur même des institutions internationales, et soucieux de dénoncer les puissants et de défendre les droits des citoyens. Dick Marty fait partie de ces gens-là, sans concession, sans barrières. Membre de la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme du Conseil de l’Europe, lui et quelques autres ont dénoncé successivement depuis 2006 les "restitutions extraordinaires" de la CIA en Europe et les prisons secrètes, l’érosion des libertés fondamentales que constituent les "listes noires" de terroristes, et plus récemment le trafic d’organes au Kosovo. M. Marty (qui serait sur le départ) monte de nouveau  au créneau pour prendre cette fois a défense des WhistleBlowers (lanceurs d’alerte). Il s’appuie sur l’exemple du soldat Bradley Manning soupçonné par l’administration US d’avoir transmis à Wikileaks des documents secrets sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan, et qui est toujours emprisonné aux USA sans avoir encore été jugé. Les WhistleBlowers sont, selon Dick Marty, des éléments fondamentaux dans une société démocratique et ouverte, et il fustige le "culte du secret" et le "droit de tuer"  que se sont arrogés les Services secrets occidentaux depuis 2001 – et dont nous avons d’ailleurs eu tout récemment un exemple frappant avec l’assassinat au Yémen du citoyen américain Anwar al-Awlaki.

Amnesty vient de donner suite aux inquiétudes de M. Marty et du Conseil de l’Europe, en demandant officiellement à la Lituanie d’ouvrir une enquête sur les prisons secrètes de la CIA dans ce pays.

 

Dick Marty, Commission des questions juridiques et des droits de l’homme du Conseil de l’Europe,
préside la Commission pour le respect des obligations et engagements des Etats membres
(Voir sa fiche sur le site du Conseil de l’Europe)

 


Un rapport de l’observatoire européen des droits de l’homme appelle à un meilleur contrôle des services secrets et à un soutien aux lanceurs d’alerte

paru le 7 septembre 2011 dans The Guardian

Traduction Elie pour ReOpenNews

Le Conseil de l’Europe (CoE) a enquêté sur la manière dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Roumanie et la Lituanie ont aidé les Etats-Unis dans la rendition [NdT : en français, restitution ou prélèvement] de personnes suspectées de terrorisme.

Il estime que le « culte du secret » a aidé les gouvernements occidentaux à dissimuler des abus.

Défendant les « lanceurs d’alerte », il a choisi le cas du soldat US Bradley Manning (ci-contre) accusé d’avoir transmis des secrets à Wikileaks.

« Il a agi comme un lanceur d’alerte et doit être traité comme tel », écrit le rapporteur Dick Marty dans le rapport qui doit être soumis à l’assemblée parlementaire du CoE.

Le soldat est actuellement dans une prison militaire US dans l’attente de son procès pour avoir transmis au site controversé des informations à diffusion restreinte. 

Mais le rapport félicite M. Manning, ainsi que Wikileaks, pour avoir révélé les preuves de rendition.

Le Conseil de l’Europe représente 47 États membres, incluant les pays de l’Union Européenne ainsi que la Russie et les autres États ex-soviétiques.

Le rapport de M. Marty s’est concentré sur des enregistrements (de preuve NDT) des pays occidentaux, expliquant qu’il était basé sur des investigations sur les liens européens de la politique de « rendition » US pour des personnes suspectées de terrorisme. 

Dans les années suivant le 11-Septembre, sans aucune preuve, la CIA a transporté dans le monde entier, pour interrogatoire, des personnes suspectées de terrorisme, les retenant dans des prisons secrètes en Europe et ailleurs.

Pas de permis de tuer

Dans son rapport de 48 pages, intitulé « Abus du secret d’Etat et de la Sécurité Nationale », M. Marty examine le niveau de contrôle exercé par les États européens sur leurs services de sécurité.

Il recommande instamment à tous les États de mettre en place des commissions parlementaires indépendantes pour surveiller le travail de leurs services secrets, disant que c’est d’une importance vitale pour l’État de droit et la démocratie. 

M. Marty soutient fermement que les États occidentaux utilisent la notion de secret d’État pour protéger leurs services de renseignement de leur responsabilité dans de graves violations commises lors d’opérations anti-terroristes.

« Nous considérons que c’est absolument inacceptable… » écrit-il, un « permis de tuer » (ou d’enlever et torturer) existe uniquement dans certains films, et dans les dictatures. Dans les régimes démocratiques, les Parlements, en tant que représentants du peuple, ont le droit et le devoir de savoir ce que le gouvernement fait au nom du peuple.

M. Marty félicite les journalistes d’investigation et les organisations non gouvernementales pour leurs travaux de révélation des abus des autorités.

Soulignant le « rôle fondamental » que les lanceurs d’alerte ont à jouer dans une société ouverte, il met en garde contre un « réel culte du secret » en tant qu’instrument de pouvoir.

À l’heure où les tribunaux doivent décider si Bradley Manning a commis un quelconque délit, écrit-il, le CoE a une dette envers lui pour la publication d’un enregistrement de l’attaque d’un hélicoptère en Irak dans laquelle l’équipage semble avoir intentionnellement visé et tué des civils.

Merci à M. Manning, dit-il, un grand nombre de rapports d’ambassades « nous ont permis d’apprendre des détails significatifs sur d’importants événements récents… qui sont évidemment d’intérêt général. »

« Nous nous joignons donc à Amnesty International en exprimant notre inquiétude pour le traitement qu’il reçoit » écrit M. Marty dans le projet de rapport.

 

Traduction Elie pour ReOpenNews


En lien avec cet article :

 


 

3 Responses to “The Guardian : Le rapport de Dick Marty condamne le culte du secret et soutient les lanceurs d’alerte”

  • Ce qu’il demande est tellement évident, tombe tellement sous le sens, qu’on reste sans voix.
    Les USA se comportent exactement comme le ferait la pire des dictatures.
    En fait, c’est une dictature mondiale.
    La plus sanguinaire et le plus arrogante qu’on ait jamais vue sur terre, à coté de laquelle celles d’Hitler, de Staline et de Mao sont des patronages. Au moins ces dernières ne prétendaient pas agir au nom du « bien », ni la main sur la bible.
    Cette hypocrisie est ce qu’il y a de plus difficile à supporter. C’est le mensonge permanent érigé en institution.
    J’ai du mal à vivre dans ce monde-là.
    Mercredi soir, 20h30 sur france 3, « Histoire immédiate » nous révélera peut-être quelques faits dérangeants sur les premiers méfaits de cette dictature mondiale, le projet Manhattan. A voir.
    Bien que nous soyons à peu près au courant des dessous de cette ignominie, qui n’était que le premier d’une longue série de crimes…

  • René

    Si Dick Marty est écouté par les états Européens et a réellement un pouvoir d’action ou de pression, c’est OK.

    Si Dick Marty n’est qu’une façade européenne pour se donner une bonne conscience morale, alors c’est une catastrophe (ça s’est déjà vu) d’avoir une partie de ses institutions agissant impunément, tandis qu’une autre prend une couleur plus morale, permettant en réalité à la première d’agir sous couvert de transparence. Bref si Dick Marty prêche dans le désert, son intervention ne me rassure pas (encore).

    Note personnelle :
    Le dossier du soldat Bradley Manning, est particulièrement révélateur du pouvoir totalitaire d’un état, mais il se déroule aux Etats-Unis. Alors quel est l’impact de Dick Marty outre-atlantique ?
    Car même le Président Chirac, le 1er ministre Villepin, et la majorité obtenue à l’ONU n’ont pas réussi à empêcher la guerre en Irak… (avec le mensonge public d’état de Dick Cheney sur les armes de destruction massives que l’on connait, mensonge impuni et accepté unilatéralement par la majorité des consciences politiques et populaires)… Un échec cuisant de notre modèle démocratique qui nous rapproche très sérieusement de la décadence, ceci avec la complicité de la presse qui ne fait pas son travail pédagogique ou éthique d’information impartiale.
    Je prédis malheureusement que Braley Manning croupira toute sa vie en prison (il est de plus torturé), avant que la majorité des consciences ne se réveille, tout ceci sous la houlette du « Prix nobel de la Paix » : Barak Obama.

  • Supedro

Trackbacks

  •  





*
To prove you're a person (not a spam script), type the security word shown in the picture. Click on the picture to hear an audio file of the word.
Click to hear an audio file of the anti-spam word

``