Critique du livre de John Farmer « The Ground Truth », par D.R. Griffin

Il y a quelque temps, nous vous présentions un article sur John Farmer, le directeur de la Commission d’enquête sur le 11-Septembre et Procureur général de l’Etat du New Jersey. Mr Farmer a publié en 2009 le livre "The Ground Truth" dans lequel il affirme que la thèse officielle sur le 11 septembre 2001 est fausse et qu’il s’agit d’une  propagande médiatique fabriquée par les spin-doctors pour exploiter l’événement.

David Ray Griffin revient sur cet ouvrage par le biais d’une profonde critique, mettant en lumière tous les manquements et travers qu’il a pu y observer. Cet article est paru sur amazon.com.


http://www.historycommons.org/events-images/b255_john_farmer_2050081722-23331.jpghttp://coto2.files.wordpress.com/2009/09/ground_truth_.jpg  

John Farmer                                                              David Ray Griffin

 


 

Un livre profondément défectueux

Le 27 novembre 2009 par David R.Griffin

Bien qu’il ait reçu une attention très favorable, « The Ground Truth » de John Farmer est un livre profondément défectueux, contenant des affirmations trompeuses et fournissant un récit extrêmement orienté du 11-Septembre.

Pour une grande part, l’attention portée à l’ouvrage a été suscitée par des déclarations trompeuses de la part de Farmer et de son éditeur. La jaquette présente le livre comme étant le « récit définitif » du 11-Septembre, mais en réalité il ne traite essentiellement que d’une seule question à propos de cette journée : pourquoi les avions n’ont-ils pas été interceptés ?

De même, le sous-titre du livre est « Ce qui n’a pas été raconté » sur le 11-Septembre; la jaquette affirme qu’il « modifie radicalement » notre compréhension de cette journée. En réalité, il ne fait qu’apporter un soutien supplémentaire à l’histoire sur les avions racontée dans le « Rapport de la Commission sur le 11/9 » de 2004, et dans deux publications de 2006 : « Without Precedent », le livre de Thomas Kean et Lee Hamilton, et l’essai de Michael Bronner dans « Vanity Fair ».

De manière provocante, Farmer présente son livre comme étant un rejet de la version officielle donnée par « le gouvernement », par lequel il désigne principalement la FAA et le Pentagone. Mais sa rhétorique est trompeuse pour trois raisons.

D’abord, l’ouvrage de Farmer défend le rapport de la Commission sur le 11-Septembre, qu’il qualifie d’« exact et fidèle », alors que la Commission est elle-même constituée de membres du gouvernement : son président, Thomas Kean a été désigné par Bush et les autres membres ont été désignés par le Congrès ; enfin, le directeur exécutif, Philip Zelikow, est avant tout un membre de la Maison Blanche de Bush.

En second lieu, le « récit officiel du 11-Septembre » tel que communément compris, est la théorie du complot de l’Administration Bush-Cheney, selon laquelle les attaques du 11-Septembre sont le résultat d’une conspiration entre Ben Laden et quelques membres d’al-Qaïda, et Farmer soutient cette théorie.

Troisièmement, en rejetant la « version officielle », Farmer fait uniquement référence à la première version du récit officiel. Cette dernière a été remplacée par la version de la Commission, qui, depuis, est la version officielle du récit officiel. En dépit de sa rhétorique, Farmer défend le récit officiel du 11-Septembre produit par le gouvernement en 2004, le livre est donc bien moins radical qu’il ne le prétend.

Plus encore que sa rhétorique trompeuse, le problème du livre est son unilatéralité. Plutôt que d’examiner de manière impartiale plusieurs types de preuves pertinentes, ce livre de Farmer – ancien procureur – se lit comme un dossier juridique : tout en citant un nombre important de faits qui semblent soutenir la théorie du complot de Bush-Cheney et essayant de saper certaines preuves la contredisant (qui vont dans le sens des théories alternatives selon lesquelles le 11/9 était un « inside job »), il cherche à faire disparaitre, en les ignorant, l’énorme masse des preuves à charge.

Cette approche orientée est acceptable au sein d’une cour de justice accusatoire, sous réserve de la présence d’un avocat de la partie adverse, mais elle ne peut pas donner naissance à un ouvrage de niveau académique.

La partialité du livre de Farmer est manifeste dans ses notes de fin d’ouvrage, qui n’incluent aucune référence à des écrits cherchant à exposer les problèmes de la Commission du 11-Septembre. En dehors du fait qu’il ne se réfère à aucun de mes propres livres, dont l’un est intitulé "Omissions et manipulations de la Commission d’enquête sur le 11-Septembre", Farmer ne mentionne même pas "The Commission" de l’ancien rédacteur du New York Times Philip Shenon – qui a fait remarquer, entre autres, que Zelikow avait secrètement défini les grandes lignes du rapport de la Commission avant même que l’équipe de recherche ne commence ses travaux.

Cette unilatéralité dans le choix bibliographique est importante, car elle reflète une partialité plus large, dont une des formes est d’ignorer un grand nombre de faits pertinents. Je vais en citer 15.

1.   En affirmant que les militaires n’ont reçu aucune information sur le vol 77 pour l’empêcher de percuter le Pentagone, Farmer met à mal l’affirmation (dans la première version du récit officiel) selon laquelle le FAA avait averti les militaires de ce vol à 9h24. Ce faisant, il ignore une note – bien que discutée et lue durant les audiences de la Commission en mai 2003 – qui a été envoyée par Laura Brown de la FAA, expliquant que 9h24 était seulement l’heure de la « notification formelle », que la FAA avait mis en place des liaisons téléphoniques avec le Pentagone et que « des informations en temps réel… concernant… l’avion 77… avaient été fournies de manière continue pendant ces liaisons téléphoniques avant la notification formelle » (Griffin, "The New Pearl Harbor Revisited" [NPHR] Ch. 1 & 2).

2.   En supposant qu’Oussama ben Laden ait commandité les attentats du 11-Septembre, Farmer omet de mentionner que le FBI a admis qu’aucune « preuve matérielle » ne permettait de confirmer cette hypothèse (Griffin, "9/11 Contradictions" [911 Contra] Ch. 18).

3.   En mentionnant que quelques-uns des présumés pirates de l’air ont passé du temps à Las Vegas (p 62), Farmer oublie de dire, que là et à d’autres endroits, ils ont bu, fréquenté des clubs de striptease, et fait d’autres choses qui contredisent le portrait de musulmans dévoués et prêts à mourir pour leur foi, que la Commission a faits d’eux (911 Contra Ch. 15).

4.   Farmer qualifie Hani Hanjour, qui a prétendument percuté le Pentagone à bord du vol 77 après avoir réalisé une manoeuvre extrêmement difficile, de « pilote entrainé » (p 45), oubliant de mentionner le fait très documenté qu’il ne pouvait même pas piloter en sécurité un simple monomoteur (9/11 Contra Ch. 19).

5.   Alors qu’il affirme que le vol 77 s’est écrasé sur le Pentagone à la vitesse de 850 km/h (p 186), Farmer ne fait pas remarquer que, selon le rapport sismique officiel, aucune des stations, dont l’une à 63km de là, n’a enregistré l’impact. Il omet également de mentionner que de nombreux témoins de la scène, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment, ont rapporté n’avoir vu aucun avion écrasé (NPHR Ch. 2).

6.   En affirmant que les présumés pirates de l’air ont acheté des tickets et embarqué à bord des avions (p 62, 106), Farmer oublie de dire qu’aucun de leur nom – en fait, aucun nom typé arabe – ne figure sur les listes de passagers publiées par les compagnies aériennes ou le rapport d’autopsie du Pentagone (NPHR Ch. 6).

7.   En répétant l’affirmation de la Commission selon laquelle Mohamed Atta et Abdul Aziz al Omari ont pris un vol matinal depuis Portland (Maine) jusqu’à Boston pour attraper le vol 11 (p 103-05) , Farmer ne dit pas que cette histoire est une invention tardive créée après que les autorités eurent appris que Adnan et Ameer Bukhari, dont il a été dit qu’ils ont pris ce vol, ne sont pas morts le 11-Septembre (9/11Contra Ch. 16).

8.   En faisant comme si les présumes appels téléphoniques ont réellement eu lieu, Farmer ne souligne pas qu’après avoir d’abord soutenu que beaucoup de ces appels rapportés ont été passés à partir de téléphones portables, le FBI en 2004 – après que le Mouvement pour la Vérité sur le 11-Septembre ait démontré que des appels depuis des cellulaires à haute altitude de vol étaient impossibles – a discrètement abandonné ce soutien. Le FBI contredit donc, le témoignage – parmi d’autres – de Deena Burnett qui assure avoir été appelée par son mari, Tom Burnett (que Farmer mentionne), parce qu’elle a reconnu son numéro de portable (9/11Contra Ch. 17).

9.   Farmer répète l’affirmation, soutenue en 2004 par le Rapport de la Comission sur le 11-Septembre, que la commentatrice de CNN Barbara Olson a appelé à deux reprises depuis le vol AA77 pour parler à son mari, l’adjoint du ministre de la Justice Ted Olson (p 163, 166). Mais Farmer omet de dire que, après que des membres du mouvement pour la Vérité sur le 11-Septembre aient reporté que les 757 d’American Airlines n’avaient pas de téléphones à bord, le FBI – dans son rapport pour le procès de Zacarias Moussaoui (le soi-disant 20e pirate de l’air) – a affirmé que la seule tentative d’appel de Barbara Olson n’a pas abouti et donc a duré « 0 seconde » (9/11Contra Ch. 8).

10.   Farmer souscrit à l’affirmation selon laquelle les pirates de l’air étaient munis de cutters (p 161, 163), sans mentionner le fait que cette affirmation provient des seuls appels rapportés de Barbara Olson, dont le FBI dit maintenant qu’ils n’ont jamais eu lieu (9/11Contra Ch 8).

11.   En répétant l’affirmation de la Commission selon laquelle les pirates de l’air d’Al-Qaïda ont réussi à forcer l’entrée du cockpit du vol UA93 au bout de 30 secondes de leur tentative(p 189), Farmer oublie de demander pourquoi, pendant tout ce temps, les pilotes n’ont pas utilisé le transpondeur pour envoyer le code de détournement, une procédure qui prend environ 2 secondes (NPHR Ch. 6).

12.   Lorsqu’il affirme, comme la Commission que “le vice-président Cheney a appris que le Pentagone avait été frappé alors qu’il était dans le tunnel sous la Maison Blanche, menant à l’abri, Farmer ne dit pas que le ministre des Transports Norman Mineta a déclaré à la Commission que Cheney avait été dans l’abri (le Centre Présidentiel d’Opérations d’Urgences) au moins depuis 9 h 20, soit environ 20 minutes avant l’heure rapportée de l’attentat sur le Pentagone, une observation qui a été confirmée par d’autres témoins, parmi lesquels le chef du contre-terrorisme Richard Clarke (9/11Contra Ch. 2).

13.   Alors qu’il reconnait que le récit de Richard Clarke concernant sa vidéoconférence à la Maison Blanche contredit les affirmations de la Commission sur l’endroit où se trouvaient non seulement Cheney, mais aussi Donald Rumsfeld et Richard Myers, Farmer soutient simplement que le récit de Clarke « ne cadre d’aucune manière avec ce qui s’est passé ce matin » (p 184), oubliant de faire remarquer que la question de savoir qui a dit la vérité peut être résolue tout simplement en regardant l’enregistrement vidéo.

14.   En suggérant que les Tours Jumelles se sont effondrées parce qu’elles étaient « fragiles au niveau de leur noyau » (p 28), Farmer nie implicitement le fait que chaque tour était supportée par un noyau de 47 colonnes massives et ne se demande pas pourquoi plusieurs études scientifiques, dont une du Geological Survey, ont montré que la poussière à Ground Zero contenait divers éléments qui n’avaient rien à faire là – à moins que les bâtiments n’aient été démolis par des explosifs. (Griffin, "The Mysterious Collapse of World Trade Center 7," Ch. 4).

15.   Bien que tout le soutien de Farmer à la version du récit officiel développée par la Commission sur le 11-Septembre, qui implique pour lui d’accuser un nombre important de personnes de mentir, repose entièrement sur des fichiers et des bandes audio qui n’avaient pas été examinées par la Commission jusqu’à plusieurs années après le 11-Septembre, il omet de considérer les raisons qui portent à croire que ces bandes et fichiers ont été trafiqués (NPHR Ch 1-3, 10).

Il y aurait bien d’autres choses à dire dans une critique complète, mais les points ci-dessus suffisent à suggérer que le livre de Farmer est profondément défectueux, fournissant un récit bien loin de la vérité basique ["Ground Truth"] sur le 11-Septembre.

Traduit par Spotless Mind pour ReOpenNews

 

3 Responses to “Critique du livre de John Farmer « The Ground Truth », par D.R. Griffin”

  • Moussorsky

    A ce niveau là de défection, ce ne sont plus des erreurs mais une volonté maligne de nuire.
    Je deviens peut être parano mais il semble bien que ce soit le genre de bouquin qui soit là pour récupérer des indécis et les ramener à la version plus ou moins officielle.
    Me trompé-je ?

  • Fab

    Je retiens que qui a un livre à vendre sur le 11 septembre, même pour soutenir la V.O. a pour stratégie publicitaire de le faire passer pour une contradiction de la V.O. Quel aveu !





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