Vol 253: négligence ou conspiration ?

25 décembre 2009: attentat manqué sur le vol 253 de Northwest Airlines.
3 janvier 2010: Washington et Londres ferment leurs ambassades au Yemen… et la France suit….  
 
…décidémment, Al Qaïda est partout.

Se référant à l’article publié par
WSWS.org que nous vous proposons traduit ci-après, le site belge d’informations stratégiques dedefensa.org s’interroge lui aussi dans son Bloc-Notes sur l’attentat manqué : Pour lui, la thèse du complot est "sérieuse, et on peut accepter de raisonner comme si elle était fondée", même si elle s’appuie pour le moment sur une compilation "d’erreurs" et de faits contradictoires, parole de citoyens contre parole d’officiels. "Quelle conclusion tirer dans ce cas – et que WSWS.org ne tire pas? Que ce système est encore plus fou, plus aveugle, plus en crise et plus auto-destructeur qu’on ne pouvait le croire." dedefensa.org ajoute malicieusement: "bonne nouvelle."

Voici donc ce que rapporte l’article de WSW.org – "toujours très mesuré autour de ces thèses du complot" selon le site dedefensa.org – sur les événements du récent attentat manqué du vol 253 de Northwest Airlines.



L’échec du Renseignement concernant le vol 253 de Northwest Airlines : négligence ou conspiration ?

31 décembre 2009

Après la tentative avortée de l’étudiant nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, de faire exploser une bombe à bord du vol  253 de la Northwest,  les informations qui ont fait surface dans les cinq jours suivants indiquent manifestement une rupture extraordinaire dans le renseignement U.S. et la sécurité tant par son caractère que son amplitude.

Parmi les faits désormais connus figurent ceux-ci :

• Le père d’Abdulmutallab, un éminent banquier à la retraite et ancien ministre du gouvernement, s’est rendu à l’ambassade américaine à Abuja plus d’un mois avant l’attentat pour avertir les responsables de la CIA que son fils fréquentait des éléments d’Al-Qaïda au Yémen. Il leur a fourni des informations qui auraient permis de localiser le jeune homme et il a poursuivi par au moins deux appels téléphoniques.

• Depuis quatre mois au moins, le renseignement américain détenait des informations provenant du Yémen disant qu’Al-Qaïda y préparait "un Nigérian" en vue d’un attentat terroriste.

• Les communications interceptées par la National Security Agency évoquant les préparatifs d’une attaque imminente et l’utilisation du  "Nigérian" corroborent les informations provenant du Yémen.

Par ailleurs, le billet de 2,800 $ d’Abdulmutallab a été payé en espèces apparemment à la dernière minute; il n’a enregistré aucuns bagages, faisant le voyage transatlantique juste avec un sac à dos.

Puis il y a l’histoire qu’a racontée un passager de l’avion, Kurt Haskell, un avocat du Michigan : il affirme avoir vu Abdulmutallab s’approcher du comptoir d’embarquement à Amsterdam en compagnie d’un sud-asiatique bien habillé, qui a dit à l’agent de la Northwest que le jeune Nigérien devait prendre l’avion sans passeport.

Haskell raconte que le vieil  homme a dit à l’agent : « il est Soudanais, on fait toujours comme ça » et qu’ensuite, l’agent les a dirigés vers le bureau du directeur de la compagnie.

Normalement, chacun de ces faits aurait dû déclencher un examen minutieux avant d’autoriser Abdulmutallab à embarquer.

Une fois encore, dans le sillage du 11 Septembre 2001, le gouvernement et les médias colportent l’explication que l’ensemble de ces dérives extraordinaires a résulté d’une simple négligence ou d’une "incapacité à relier les points." (NdT : les faits entre eux)

Huit ans après le 11/9, avec toutes les questions toujours sans réponse entourant les attentats qui furent utilisés pour justifier une explosion du militarisme américain, la tentative de minimiser un événement qui a failli coûter la vie à 300 personnes par cette banale métaphore ne tient pas.

Dans les grandes lignes, la tentative d’attentat de la Northwest et les attentats du 11/9 sont étonnamment similaires. On pourrait même dire que ce qui est en cause est un modus operandi. Dans les deux cas, les personnes soupçonnées d’avoir mené les actions avaient fait l’objet d’enquêtes et de surveillance du renseignement américain et avaient été autorisées à entrer dans le pays à bord d’avions dans des conditions qui normalement auraient dû déclencher de multiples alertes de sécurité.

Tant hier qu’aujourd’hui, le gouvernement et les médias attendent du public qu’il accepte que tout ce qui était en cause ne fût qu’erreurs. Mais pourquoi devrait-on partir du principe que le fait de ne pouvoir donner suite aux nombreux renseignements conduisant à Abdulmutallab soit simplement  dû à "d’innocentes" erreurs, et non à quelque chose de bien plus sinistre ?

Si cet épisode doit être sérieusement examiné, il faut poser la question : que se serait-il passé si le Vol 253 de la Northwest avait été détruit ?

Il est hors de doute qu’une telle catastrophe aurait eu des répercussions immenses tant au niveau international qu’aux États-Unis. Elle aurait gravement déstabilisé l’administration Obama, politiquement renforcé l’extrême droite de la classe dirigeante, et ouvert la voie à une expansion plus massive encore d’opérations de renseignement militaires à l’étranger et un recul drastique des droits démocratiques dans le pays.

Même la tentative avortée a déclenché une tempête de critiques de la part de la droite républicaine dans l’administration Obama, prétendument laxiste face au terrorisme.

Un communiqué publié mercredi par l’ancien Vice Président Dick Cheney en distille l’expression :

« Nous sommes en guerre, et lorsque le Président Obama prétend que nous ne le sommes pas, on est moins en sécurité, a déclaré Cheney. L’ancien vice-président et leader de facto de la “guerre contre le terrorisme” dans l’administration Bush a condamné Obama pour avoir proposé de fermer le camp de détention de Guantanamo et libéré certains de ceux qui étaient détenus par les Cours fédérales ordinaires. Il a également accusé le Président américain d’avoir rejeté les mots “guerre contre le terrorisme” en décrivant les guerres incessantes de Washington à l’étranger et les attaques contre les droits démocratiques dans le pays. »

Les déclarations de Cheney (au centre d’un gouvernement secret durant huit ans, qui entretient des liens les plus étroits avec l’appareil militaire et du renseignement,  qui est un impitoyable défenseur de la torture, des assassinats et d’une limitation radicale des droits démocratiques) jettent la lumière sur les calculs politiques qui ont pu encourager des éléments au sein de la CIA et d’organismes connexes à garder les «points» séparés, facilitant ainsi une action terroriste.

De plus, l’incapacité à identifier Abdulmutallab et alerter les autres agences gouvernementales de la menace révélée au Nigeria et au Yémen a été attribuée à la CIA. Combien de personnes clés dans cette agence avaient des relations étroites avec Cheney ?

La clé de cet événement pourrait bien résider dans d’âpres luttes concernant la politique se mettant en place au sein de l’élite dirigeante et dans l’État. Malgré tout ce qu’ Obama a fait pour poursuivre la politique de l’administration Bush, tant en termes de guerre d’agression à l’étranger que d’intensification du pouvoir de la police d’État dans le pays, il se trouve des éléments pour vouloir aller beaucoup plus loin.

Mardi, pour la deuxième journée consécutive, Obama a publié une déclaration publique sur l’attentat avorté contre l’avion.

"Lorsque notre gouvernement a des informations sur un extrémiste connu et que l’information n’est pas partagée et n’est pas prise en compte comme cela aurait dû l’être, qu’un extrémiste embarque dans un avion avec de dangereux explosifs qui pourraient coûter la vie à près de 300 personnes, c’est qu’une défaillance systématique s’est produite" a déclaré Obama à Hawaï.

Cette seconde déclaration, diffusée un jour après l’annonce d’Obama ordonnant un «examen approfondi» des procédures de renseignement, reflète les divisions et les récriminations au sein de l’establishment politique de Washington et des agences de renseignement US. Elle est révélatrice de l’immense pression exercée sur son administration et de sa propre reconnaissance du fait  qu’une attaque terroriste réussie aurait eu un effet profondément déstabilisateur sur sa présidence.

Il ne peut y avoir d’enquête sérieuse sur la façon dont l’attentat de la Nothwest Airlines a pu aller si loin sans se demander si des éléments au sein de l’État américain  avaient un intérêt à le voir se produire, en supprimant pour cela les renseignements et en outrepassant les procédures qui l’auraient stoppé.

Aller au fond de ces questions est impossible sans l’identification des individus spécifiques qui ont vu les informations sur Abdulmutallab et pris les décisions critiques bloquant une surveillance attentive tout autant qu’une action.

Dans son éditorial de mercredi intitulé “Le système a échoué", le New York Times cite les renseignements volumineux sur Abdulmutallab et écrit : "Les fonctionnaires déclarent que l’avertissement était insuffisant." Il déclare en outre : "Les responsables ont décidé que l’avertissement n’était pas suffisant pour le mettre sur la liste des 14 000 personnes soumises à des fouilles plus minutieuses."

Le Times attribue ces décisions à des "appels au mauvais jugement". Comme toujours, on peut compter sur cette voix de l’establishment libéral américain d’autrefois pour fournir l’explication la plus triviale et peu sérieuse concernant cette affaire terriblement grave.

Qui sont ces "fonctionnaires ?" Ils devraient être nommés. En outre, ils devraient être cités à comparaître, interrogés publiquement sous serment, et contraints d’expliquer leurs décisions.

Poser la question : "qui tirerait politiquement profit d’une attaque terroriste majeure sur le sol américain ?" est le moyen le plus prometteur pour faire la lumière sur ce que l’on présente incroyablement comme étant une  "rupture" sidérante et inexplicable du renseignement et des systèmes de sécurité de Washington.

Bill Van Auken

Traduction pour ReOpen911 : apetimedia

Autre article de Bill Van Auken : Seven days in May, 2009

 


Note ReOpenNews :

Concernant les faits, Delta Airlines évoque un incident : "Dans un communiqué publié le 25 Décembre 2009, Delta Airlines annonce un incident qui s’est produit sur le vol 253 de la compagnie aérienne Northwest Airlines. Northwest Airlines en codeshare avec Delta Airlines effectuait ce vol 253 au départ d’Amsterdam à destination de Detroit. L’incident du vol 253 de Northwest Airlines impliquait un passager qui a perturbé ce vol. Northwest Airlines effectuait le vol 253 à bord d’un Airbus A330-300 avec 278 passagers. Le vol 253 qui a fait face à cet incident a atterri en toute sécurité." (source : www.air-valid.com/securite.html)

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13 Responses to “Vol 253: négligence ou conspiration ?”

  • Il y a de quoi laisser exploser sa colère !!De qui se moque -t-on ??? La morgue et le cynisme des « va-t-en -guerre » n’ont décidément plus de limites.A visionner le numéro de « CE SOIR OU JAMAIS » de ce soir qui traite du problème terroriste.Celà dit le 11 septembre aura eu sans nul doute un effet positif sur nous tous:voir à quel point nous sommes manipulés ;mais la seule chose qu’ils n’avaient pas prévu c’est l’explosion d’internet….

  • nabiko

    Je crois pour comprendre tout ce mic-mac, il faut comprendre pourquoi les Russes (URSS) ont envahie l’ Afganistan? y’a forcément un intérêt et c’est le même aujourd’hui pour les USA.
    Si quelqu’un peut m’éclairer sur cette question.

  • nemorin

    je ne suis pas d’accord avec le post de Bill Van Auken sur deux points :
    l. discuter de l’existence de renseignements préalables ne suffit pas. Il faut aussi, et même d’abord, examiner les paramètres de l’attentat lui-même. On ne sait pas grand-chose, sinon que ce monsieur aurait eu des explosifs « autour de ses jambes ». Quelle sorte d’explosifs ? De quoi faire sauter un avion de ligne ? Quelle probabilité de réussite ?
    II. Ensuite, la comparaison avec le 9-11 ne peut être faite en ces termes. En effet, dans le cas de cet attentat du Nigérian, certes, on l’a laissé monter dans un avion alors qu’il aurait dû être intercepté. Mais dans le cas du 9-11, ne l’oublions pas, il n’y avait, selon toute probabilité, pas de pirates de l’air. On n’a pu trouver aucune preuve de leur embarquement, et bien des éléments militent contre ce fait. Des avions de ligne ont été déroutés et on a perdu officiellement leur trace, c’est tout ce qu’on peut dire de sûr. Rien ne prouve que ces avions soient les mêmes que celui qui a été abattu en vol au-dessus d’un lac en Pennsylvanie et que les deux qui ont pénétré dans le WTC 1 et 2. La comparaison est donc erronée. Par contre, ça c’est vrai, il y a des similitudes considérables, mais sur le plan politique, entre l’attentat du Nigérian et le 9 11. Préparation de l’opinion au lancement d’une nouvelle guerre, coup manifestement monté et selon toute vraisemblance encore une opération sous faux drapeau. Et un nouveau pensionnaire pour Guantanamo…
    Le choix de la date a pour but de scandaliser les chrétiens pour qu’ils voient bien que « ces musulmans ne respectent rien ». Noël va faire la guerre à l’Aïd-el-Kébir, pour le plus grand profit des marchands de peur et d’armes…

    nemorin

  • Simon

    L’oligarchie mondialiste accélère l’éxécution de son projet, ça crève les yeux. Tout va plus vite ces derniers mois (surtout depuis la rentrée/septembre 2009), je me demande ce qui se passe pour qu’ils soient obligés d’augmenter à ce point leur cadence. La crise financière et le mécontentement populaire?

  • Luisa

    Ca sent le « rechauffe » cette histoire. Memes excuses que pour le 11 sept.

    Allez, citoyens du monde, rappelez-vous qu’aux prochaines elections, il faudra faire le grand nettoyage. On doit absolument se debarasser de ces chefs d’etats scandaleux et criminels.

  • apophis2036

    Simon:  » je me demande ce qui se passe pour qu’ils soient obligés d’augmenter à ce point leur cadence… »
    Je me pose également cette question:
    A priori, en plein rebond boursier (+22% en 2009) et malgré des prévis optimistes pour 2010, certains patron du CAC40 seraient en train de se débarrasser de leurs « stock options »…
    Le ciel va t-il bientôt nous tomber sur la tête ???

  • pascal

    @nabiko

    Intérêt de l’Afghanistan : simple . C’est une partie du monde où se joue une partie d’échec gigantesque à l’échelle de la planète.
    Les immnenses réserves de pétrole et de gaz du Caucase, sont censées remplacer pour les américains les réserves de l’Arabie Saoudite dont ils ont bien profité pendant 50ans, et qui devraient les faire sortir de la crise. Pour y accèder , il faut traverser l’Afghanistan et le Pakistan avec des pipelines allant jusqu’à l’Océan Indien (dans des ports qui ne gèlent pas). Lorsque ce sera fait, le monde occidental (« sauce US ») sera sauvé , et la crise mise de côté pour 50 nouvelles années.
    Les Chinois lorgnent aussi sur ces réserves, et également sur celles de l’Iran avec qui ils sont en relations étroites, et voudraient aussi faire traverser l’Afghanistan par des pipelines , d’ouest en est ceux là.
    Les russes avaient vu ça avant tout le monde, mais n’ont pas réussi à se maintenir dans le pays. Ils n’apprécient pas la situation plus que ça, mais laissent faire, (ils ont suffisamment de matières premières chez eux) en essayant de pourrir les projets américains quand ils le peuvent (Ossétie, Tchetchenie, soutien Iran, , etc)
    La partie se joue donc entre le Club Russie/Chine/Iran et Vénézuela, et le Club Reste du monde occidental .

    Dommage pour ceux qui habitent au milieu de l’échiquier et qui voudraient vivre tranquillement !

    Une illustration des projets de pipeline sous http://video.yahoo.com/watch/565513/2812921





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