Khalid ben Mahfouz, le banquier saoudien, disparait à 60 ans

Khalid bin Mahfouz, un milliardaire saoudien qui s’était acquitté de 225 millions de dollars pour éviter une accusation de fraude bancaire en 1993, et qui plus tard gagna une série de procès en Angleterre contre des auteurs qui l’avaient accusé de financer le terrorisme [NDT. Dont Guillaume Dasquié et Jean Charles Brizard, ce dernier ayant été à nouveau l’«expert » invité cette fois par Guillaume Durand le 30 septembre dernier dans son émission « Objet du Scandale »], est décédé samedi [NDT le 15 Août] à son Domicile de Jeddah. Il avait 60 ans.

D’après les reportages dans la presse arabe, il serait mort d’une attaque cardiaque.

Par beaucoup d’aspects, Sheikh Mahfouz symbolisait l’opulence de l’Arabie Saoudite, entretenant de nombreuses résidences dans le monde entier, et voyageant à bord de son propre BOEING 767 équipé d’une salle de bain aux accessoires plaqués-or. L’année dernière, le magazine Arabian Business l’avait classé 24e sur sa liste des 50 Arabes les plus riches du monde, grâce à sa fortune estimée à 3.35 milliards de dollars.

Cependant, il atteignit la renommée grâce à ses 30% de parts dans la BCCI (Banque de Crédit et de Commerce International), qui fut fermée en 1991, après avoir été accusée de malversations financières et de blanchiment d’argent. Deux ans plus tard, Sheikh Mahfouz s’acquitta de 225 millions de dollars pour s’épargner d’être accusé de fraude par le bureau du juge de district de Manhattan et la Réserve fédérale.

Le juge de District Robert M. Morgenthau déclara que dans l’accord figuraient 37 millions de dollars d’amende. Mais Sheikh Mahfouz réfuta qu’une partie de la somme négociée correspondît à une amende, en faisant remarquer qu’il n’avait reconnu aucune malversation. Il déclara qu’il avait accepté de négocier purement dans le cadre d’une décision d’affaires.

Après les attaques terroristes de septembre 2001 sur New York et Washington, dans lesquelles 15 des 19 terroristes étaient saoudiens, une suspicion considérable pesa sur les milieux financiers et caritatifs saoudiens comme source de financement du terrorisme (NDT avant que l’Administration Obama ne mette récemment fin au procès des familles de victimes). En partie parce que tant d’argent transitait par sa banque et une organisation caritative qu’il avait contribué à installer, Sheikh Mahfouz fit face à un mur d’accusations dans des ouvrages, des journaux et des magazines, selon lesquels lui et sa femme avaient fait parvenir de l’argent à Al-Qaïda.

Il nia avec force ces allégations, et insista, souvent avec succès, auprès des éditeurs pour qu’ils corrigent. Il tira aussi parti des lois favorables au plaignant en Grande-Bretagne pour poursuivre les éditeurs, dont la plupart négocièrent avant le procès [NDT. Affaire Brizard-Dasquié].

L’un des écrivains qui contre-attaquèrent s’appelait Rachel Ehrenfeld, auteur de « Financer le diable : Comment le terrorisme est financé – et comment l’arrêter » (2003). Sheikh Mahfouz gagna un jugement par renoncement de la partie adverse en 2005, lui ordonnant de s’excuser, de détruire tous les exemplaires du livre, et de lui payer environ 230 000 dollars de dommages et intérêts. Madame Ehrenfeld traita ses actions en justice de « Jihad financier ».

Mais les arguments de Sheikh Mahfouz étaient parfois irréfutables. On a souvent dit de lui qu’il était le beau frère de Oussama ben Laden, ce qui n’était pas le cas. De nombreux journaux publièrent des corrections.

Sheikh Mahfouz reconnut avoir contribué au financement d’Al-Qaïda une seule fois. Il donna 270 000 dollars au moment où l’organisation combattait les Soviétiques en Afghanistan. À cette époque, les États-Unis aussi aidaient les insurgés là-bas.

Le père de Sheikh Mahfouz était Salem ben Mahfouz, qui avait 6 ans lorsque lui et son frère arrivèrent à La Mecque en 1912. Salem ben Mahfouz fut pendant de longues années employé à La Mecque aux opérations de change pour les pèlerins, et devint en 1949 associé dans une lucrative affaire de change.

Il décida presque tout de suite que l’entreprise serait bien plus profitable si elle se constituait en Banque, mais les banques étaient illégales parce que le Coran condamne la pratique de l’usure. L’ainé Sheikh Mahfouz, qui était illettré, prit contact avec la famille royale saoudienne, et expliqua que l’Arabie Saoudite devait être autonome dans ses opérations bancaires ; à cette époque, les deux seules banques du royaume étaient étrangères. La Banque Nationale du Commerce fut créée en 1953.

Non seulement la banque devint la banque de la famille royale, au moment où les revenus pétroliers s’envolaient, mais elle établit les bases financières de l’Arabie Saoudite lui permettant de rejoindre la communauté financière internationale. Khalid ben Mahfouz prit la succession de son père à sa mort, tandis que ses quatre frères, ses trois sœurs et sa mère consolidaient son héritage en développant une immense entreprise-holding.

Sheikh Mahfouz est né en 1949, et a suivi une éducation dans le primaire et le secondaire à Jeddah. Pendant les vacances, il accompagnait son père à la banque. Lorsqu’il rejoignit la Banque Nationale du Commerce, il commença par être caissier, puis occupa d’autres postes de base. Devenu cadre, il développa le commerce des titres, les fonds d’investissement, et le commerce bancaire institutionnel.

En 1977, il rejoignit John Connally, le conseiller influent de Washington, et d’autres pour acheter la Main Bank of Houston, une petite banque communautaire. M. Connally le présenta l’année suivante à William Herbert Hunt et à Nelson Bunker Hunt, des milliardaires texans qui l’embauchèrent pour rejoindre un groupe chargé de s’accaparer le marché du métal argenté. Différents reportages parlent de lui et d’autres saoudiens qui perdirent de l’argent dans cette tentative infructueuse.

Pendant ces années-là, Sheikh Mahfouz vécut à Houston. Le Washington Post rapporta en 1981, que ses voisins le voyaient rarement, et ne le connaissaient que par son surnom « le Saoudien ». Depuis leur piscine, ils pouvaient voir son hélicoptère aller et venir dans le voisinage.

Sheikh Mahfouz laisse derrière lui sa femme, Na’elah Kaaki ; ses fils Abdulrahman et Sultan, et sa fille, Eman. (NDT. Site officiel de la famille ben Mahfouz : http://www.binmahfouz.info/fr_latest.html)

Par Douglas Martin pour The New York Times, publié le 26 août 2009

 


 

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