Le principal conseiller d’Obama est un faucon anti-Iran

Un faucon anti-Iran pourrait bien hériter du poste de secrétaire d’État dans la future administration Obama si le démocrate est élu le 4 novembre [aujourd'hui - Nldr]. Le récit de « Bakchich ».

Dennis Ross, le principal conseiller de Barack Obama sur l’Iran mais aussi possible successeur de Condoleeza Rice au poste de Secrétaire d’État, a signé un manifeste sur l’Iran qui prône une ligne dure. Tellement dure que, si elle est appliquée, elle provoquera l’entrée en guerre de l’Amérique contre le pays des mollahs.

Barack Obama & Dennis Ross

A l’origine, Ross, 59 ans, est un expert de feu l’URSS, rompu et formé à la Guerre Froide. Il a servi au Conseil de sécurité nationale de Ronald Reagan et notamment dans le staff du néo-conservateur Paul Wolfowitz, pour ensuite devenir le Directeur du planning du Département d’État sous James Baker, secrétaire d’État dans l’administration de Bush père. Il a également été l’émissaire spécial pour le Moyen-Orient de Bill Clinton.

Mais lorsqu’il menait les négociations israélo-palestiniennes, selon les dires de Dan Kurtzner, un juif orthodoxe – cité par Time magazine – qui participait à ces pourparlers aux cotés de Ross et qui est de surcroît un ancien ambassadeur en Israël soutenant Obama, les préjugés pro-israéliens de Ross étaient tellement visibles qu’il n’était pas perçu comme «  un médiateur honnête ». Le conseiller du candidat démocrate est en outre le co-fondateur du Washington Institute for Near East Policy, un think-tank établi par l’AIPAC, qui prône une ligne pro-israélienne dure et où Ross officie aujourd’hui comme un « Fellow distingué ».

Mais il y a plus scabreux à son sujet. Lorsque Obama a dévoilé qu’il l’accompagnait comme conseiller principal lors de son voyage en Israël en juillet dernier, Time a intitulé son article sur cet énergumène de la sorte : « Le choix conservateur d’Obama pour le Moyen-Orient » et a relevé que, compte tenu de son passé, il était «  surprenant de le voir devenir un membre officiel de l’équipe d’Obama ». Et pour cause ! Ross a été le principal auteur du discours très musclé et guerrier d’Obama à la convention de l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee, le très conservateur lobby pro-israélien) en juin dernier et dont Bakchich s’était fait l’écho.

Un sommaire passé inaperçu dans le Washington Post

Intitulé « Meeting the Challenge : U.S. Policy Toward Iranian Nuclear Development », le manifeste anti-Iran a été préparé par un groupe de travail de onze personnes dont Ross. Ses 87 pages ont soulevé tant d’inquiétude et d’indignation chez les intellectuels démocrates progressistes et experts en politique étrangère redoutant une frappe contre l’Iran qu’ils préparent pour après l’élection une lettre ouverte de protestation à l’attention d’Obama.

Deux hommes, précisément deux ex-sénateurs de droite ont présidé à la rédaction de ce texte : Dan Coats de l’État d’Indiana (un républicain conservateur pur et dur) et Chuck Robb de Virginie. Ce dernier est un démocrate conservateur, ancien gendre du Président Lyndon Johnson, ancien officier du Marine Corps qui a servi au Vietnam et co-fondateur du Democratic Leadership Council, l’association de démocrates de droite, très faucons en politique étrangère. Robb a également été nommé membre du President’s Foreign Intelligence Board par George W. Bush en 2005. Coats et Robb ont publié un sommaire vaguement maquillé du manifeste dans un article qu’ils ont co-signé dans le Washington Post du 23 octobre. Un article passé inaperçu…

Le groupe de travail qui a préparé le manifeste compte parmi ses autres membres une belle brochette de néo-conservateurs et d’anciens militaires de haut rang. Les principaux auteurs en sont Michael Makovsky qui a travaillé au Pentagone de Donald Rumsfeld, sous Doug Feith, sous-secrétaire à la Défense, où Makovsky faisait partie de l’équipe qui a fabriqué de toutes pièces les faux renseignements sur les armes de destruction massive ayant servi à justifier l’invasion de l’Irak. Autre co-auteur : Michael Rubin, aujourd’hui membre du staff de l’American Enterprise Institute, un think tank bastion des néo-conservateurs qui a, lui aussi, travaillé dans le cabinet de Rumsfeld.

Et que dit exactement ce manifeste ? Qu’aucun accord permettant à la République islamique d’Iran d’enrichir de l’uranium sur son propre territoire de quelque manière que ce soit (y compris sous le contrôle strict d’inspecteurs internationaux) n’est possible. Mais aussi que l’abandon total par Téhéran de l’enrichissement d’uranium est un préalable à toute négociation.

Pouvoir attaquer l’Iran depuis « plusieurs endroits »

Toujours selon ce texte, pour montrer à l’Iran qu’il ne laissera rien passer, le nouveau président doit en outre fortement accroître la présence militaire américaine dans la région dès «  le premier jour où il accède à la Maison-Blanche ». Plus précisément, il devra « mettre en place dans la région des forces militaires américaines et alliées plus importantes, déployer des groupes de porte-avions et des navires-démineurs, implanter dans la région des stocks de matériel de guerre (y compris des missiles), augmenter localement le nombre de bases militaires, conclure des partenariats stratégiques avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie pour pouvoir être opérationnel contre l’Iran de plusieurs endroits ».

Le manifeste va même encore plus loin dans l’hostilité à l’encontre de Téhéran et ajoute que « la présence des forces U.S. en Irak et en Afghanistan offre de nombreux avantages en cas de confrontation avec l’Iran, car l’Amérique peut y implanter plus de forces armées et de matériel sous couvert des conflits en Irak et Afghanistan ; et ainsi maintenir un effet de surprise [sic !] stratégique et tactique ».

En clair, si Téhéran n’est pas prêt à abandonner tout enrichissement d’uranium sur son propre territoire (ce que l’Iran n’acceptera jamais comme préalable à une négociation), la guerre devient inévitable. Et toutes les étapes intermédiaires, y compris des négociations directes si le nouveau président américain choisit d’en mener, ne seront en réalité que du bla-bla et prétexte à relations publiques pour se faire soutenir par la communauté internationale en vue d’une attaque contre le pays des mollahs.

Le fait que ce conseiller très écouté par Barack Obama ait signé et aidé à rédiger ce manifeste de faucons anti-Iran n’a pas encore été relevé par la presse américaine. Mais qu’un tel type ait l’oreille du candidat démocrate et semble destiné à un poste important aux Affaires étrangères au sein de la future administration de Barack Obama fait tout simplement froid dans le dos.

par Doug Ireland pour Backchich.info, le 4 novembre 2008

16 Responses to “Le principal conseiller d’Obama est un faucon anti-Iran”

  • Michel

    Cela vient nous confirmer que nous ne devons pas croire à la pièce qu’on nous joue, celle de la « grande démocratie américaine » et de ses prétendues alternances…

  • Guy

    Merci pour l’info…Si elle se vériie et que Ross est nommé à ce poste, nous saurons que nous risquons de vivre une période des plus troublées….L’Europe qui espère qu’Obama devienne un nouveau Kennedy, risque de déchanter rapidement…Laissons-lui, cependant, le bénéfice du doute et jugeons-le sur ses actes….Ceci dit à l’heure où j’écris il n’est pas encore élu

  • Pole

    ReOpen911 se transforme en « Je suis partout ». Horreur !

  • Fab

    ‘ReOpen911 se transforme en “Je suis partout”’ ?

    parce que Bakchich info a fait un article pour dire qu’il y a un conseiller bien placé d’Obama qui a bossé pour Bush et avec Wolfowitz avant de participer à l’organisation du plan d’un conflit avec l’Iran ?

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Je_suis_partout

  • c'estpasgagné

    « conclure des partenariats stratégiques avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie »
    Mmmmm… La Russie va adorer…

  • c'estpasgagné

    @ Pole:
    tu sais ce qu’était « je suis partout » ?
    j’ai l’impression et j’espère que non…

  • rec

    j’aimes bien le symbole obama et ce qu’il peut représenter au yeux du monde mais au-delà du symbole, c’est dans les actes qu’on pourra juger et voyant l’entourage qu’il a sa me rassure guère dans cette période de crise.
    j’espère sincérement me tromper.

  • Olive

    Impossible de gagner aux USA sans endormir la machine à broyer les destins qu’est aujourd’hui l’AIPAC. B.Obama a été assez intelligent pour les amadouer, il a bien joué, espérons qu’il sera assez clairvoyant pour ne rien céder aux bellicistes, même s’il leur offre quelques strapontins… J’ose avouer que je suis confiant… Un dernier détail : les USA sont quasiment ruinés… il a du boulot « at home ».

  • Alberto

    A lire aussi pour arrêter de dire des niaiseries sur Obama, ce futur président pacifiste et non interventionniste d’après les plus poètes et philosophes de ses admirateurs :

    « Le complexe militaro-industriel américain veille : l’Aipac, un lobby pro-israélien très puissant :

    L’Aipac est considéré par les congressistes américains comme le deuxième lobby le plus puissant des Etats-Unis après le lobby des personnes âgées. Et le troisième est le lobby des armes. »

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=46379

    Obama et l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) – America’s Pro-Israel Lobby ( http://www.aipac.org/ ) :

    http://jta.org/news/article/2008/10/27/1000576/obama-labors-to-gain-jewish-trust-of-his-friends-and-his-policies

    Obama a été très clair dans sa campagne : « la sécurité d’Israel est un « sacro-saint » et il utilisera tout ce qui est en son pouvoir pour bloquer l’acquision d’armes nucléaires par l’Iran ». Un bouquet de fleur et une boite de chocolat suffisent rarement à ce niveau géopolitique. Il ne faut pas être niais. ça commence par des sanctions économiques (Cuba est sous embargo depuis le 7 février 1962 et l’Irak l’a été aussi) puis il y aura une intervention militaire massive comme en Afganistan et en Irak si ça ne suffit pas et que la sécurité d’ Israel est directement menacée.

    Un article un peu ancien sur le même sujet : « Aux Etats-Unis, M. Ariel Sharon n’a que des amis »

    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/HALIMI/10249

    « …Quant à l’électorat juif (environ 4 % du total), il n’est pas toujours à l’unisson du lobby pro-likoud qui prétend parler en son nom et il pèse surtout dans des Etats (Floride mise à part) jugés acquis aux démocrates (New York, Californie, Massachusetts). »

    Ce n’est pas du « je suis partout » : c’est de la « real politics » tout à fait transparente et assumée par les démocrates américains dont Obama.

    La définition du Likoud qui reviendra au pouvoir après les élections de février 2009 : « Le Likoud (soit littéralement consolidation) est un parti sioniste de la droite libérale, nationaliste et conservatrice israélienne. »
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Likoud

  • freelancer

    il est clair que obama où pas obama de toute maniére pas grand chose ne changerait, beaucoup de personne l’idolatre sans savoir vraiment pourquoi, regardez en france pendant la campagne éléctoral de notre sarkozy, c’était la méme chose, beaucoup de publicité et de sentimentalisme et l’affaire est dans le sac, sa fait de lui un bon président? évidemment que non, obama sa sera probablement la méme chose, mc cain était foutu d’avance on l’avait bien senti^, bref voyons voir ce que sa va donner avec lui mais je ne me fais pas d’illusion…

  • looping

    on se calme ! Disons que la même chose se passe en France, il me semble, non ? On choisit le plus radical et donc le moins crédible, et on le manipule à sa guise, prêt à l’éjecter quand on veut ou lui coller sur le dos les affaires éclaboussantes imminantes (voir relation Sarko-Borlooienne par exemple)

  • Il y a quelque chose qui ne va pas, les articles de ce ROSS sont publiés par « Voltairenet » !

    http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-24480821.html

  • Cedric

    Bonsoir,

    Pour l’apparition de Dennis Ross sur le site de Voltaire il n’y a rien de plus clair.

    Si l’on effectue une recherche de son nom on tombe sur les analyses régulières d’articles consacrés au conflit du moyen orient.

    En 1ere partie l’analyse de Voltaire, et après, les articles évoqués dans cette analyse avec leurs auteurs. C’est ce qu’ils appellent « Tribunes et décryptages ».

    A bon entendeur ;)

    Cédric

  • freelancer

    je ne sais pas si looping regarde l’actualité mais sarkozy à une politique pour le moins douteux, un exemple, oui j’en ai un, les troupes françaises en afghanistan qui coute bien évidemment de l’argent pour le peuple français, sarkozy a dit lui méme qu’il retirerait ses troupes dans une émission, quelque temps plus tard il dit que c’est impératif que la france reste la bas, pour quel raison, il sort qu’il doit gagner la guerre contre térrorisme, j’apprend rien à personne sur le fait que la guerre au terrorisme ne rime à rien car il est impossible humainement parlant de traquer l’homme invisible, supercherie donc comme la présence française, un autre exemple c’est khadafi avec cette affaire assez douteuse sur la syrie, enfin je vais arréter là sur srakozy car on a pas fini sinon, juste que le fait d’idolatrer le obama parcequ’il est noir, c’est tout simplement ridicule, surtout qu’on s’est plus focaliser sur le personnage que sur son programme politique, du n’importe quoi, de plus cet article est pour le moins inquiétant… enfin bon looping sa se trouve je suis trop con et je vois le mal partout mais tout ça mérite réfléxion, à bon entendeur…

  • willy

    Obama élu ! et alors? est ce Bush qui était le grand chef d’orchestre de la politique étrangére ou les néo cons Cheney and co? La politique au moyen orient est décidée à jérusalem pas à washington! L’Aipac pése davantage que les discours électoraux d’Obama! Qui a -t-il choisi comme chef de son équipe? emmanuel ram ,un faucon israélien! affilié à l’Aipac!
    Vous serez trés trés déçu par Obama…

  • agent orange

    Plus que Dennis Ross, Rahm(bo) Emanuel jouera un rôle important dans l’application de l’agenda des Ziocons de l’AIPAC.
    Cependant il n’est pas sur que les US ont les moyens d’ouvrir un nouveau front (Iran). Une partie de l’Etat Major mené par le Secretaire à la Défense Robert Gates y est opposé (Réalistes). L’an dernier ce groupe avait fait publier un National Intelligence Estimate qui aurait stoppé les velléités du tandem Bush/Cheney d’attaquer l’Iran.
    Quand au prochain VP Biden, il a menacé le Pakistan l’an dernier.
    Exsangue, ayant du mal a financer ses guerres actuelles en Irak & en Afghanistan, je vois mal les Etats-Unis se lancer dans de nouvelles aventures militaires.

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