Le mea-culpa des intellectuels français pro-Bush

Publié par Télérama.fr, le mercredi 7 mai 2008 à 18h30

Mieux vaut tard que jamais. La revue Le Meilleur des mondes, notamment alimentée par le fleuron intellectuel des transfuges de la gauche soutenant la guerre en irak, fait volte-face. “Bush n’est pas Roosevelt”, explique-t-elle dans l’édito du numéro de mai. Eh non…

lMdMEn gymnastique artistique, on appelle cela un flip-flop. L’auteur de la figure, également connue sous le nom de « renversement arrière », peut s’y casser les reins. Dans le domaine des idées, l’exercice est tout aussi acrobatique. Il consiste en une rotation entière… pour exprimer le contraire de ce que l’on pensait quelques années auparavant. Le flip-flop magistral offert dans le numéro de mai de la revue Le Meilleur des mondes risque fort de la qualifier aux prochains jeux Olympiques : voila que les plus inconditionnels soutiens intellectuels français de l’intervention américaine en Irak baissent la garde. Et consacrent un édito entier à leur mea-culpa : « Nous nous sommes en effet retrouvés piégés par le caractère très idéologique du débat franco-français (…). Nous n’avons pas assez prêté l’oreille à ceux d’entre nous qui, au milieu du vacarme antiaméricain, s’inquiétaient de l’absence de vrais projets politiques pour l’après-guerre. Hantés par le passé, nous avons vu l’Amérique de 2003 avec les lunettes de 1944. Or, George Bush n’est pas Franklin D. Roosevelt. Aveuglé par le 11 Septembre, ignorant des réalités du monde, le président américain a conduit son pays et le peuple irakien au désastre, regrette la revue dirigée par Michel Taubmann (également journaliste à Arte-info), proche de l’essayiste André Glucksmann. Nous jugeons très sévèrement aujourd’hui le bilan de l’administration républicaine »… Ouf ! Il n’est jamais trop tard. Même si on l’a échappé belle : Bernard Kouchner, actuel ministre des Affaires étrangères, grand défenseur de l’intervention américaine en Irak, était l’un des compagnons de route du Meilleur des mondes…

L’affaire est d’autant plus intéressante que cette revue créée en 2006, en partenariat avec les éditions Denoël, est une butte témoin dans le paysage intellectuel français. Bien qu’elle se défende de rassembler les « néoconservateurs » français, elle regroupe un certain nombre de transfuges de la gauche, mais pas seulement (Pascal Bruckner, Romain Goupil, Pierre-André Taguieff, Stéphane Courtois, Olivier Rolin, Elisabeth Schemla, Marc Weitzmann…), qui ont pour point commun de s’être alignés, après le 11 Septembre, sur les positions de George W Bush : l’Amérique en guerre contre l’« axe du mal ».

Ceux qui souhaiteraient le « replay », afin de mieux revoir au ralenti ce flip-flop artistique, liront la tribune de Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil du 14 avril 2003. Les trois signataires, membres, aujourd’hui, du comité éditorial du Meilleur des mondes, louaient alors l’intervention américaine en Irak et n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer « l’anti-américanisme » des Français et « l’ambiance quasi soviétique » qui avait, selon eux, « soudé 90% de la population française dans le triomphe d’une pensée monolithique »…

Thierry Leclère


 

8 Responses to “Le mea-culpa des intellectuels français pro-Bush”

  • Tortuga

    Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !!!! (mdr)

  • Outsider

    Ouais, mais je crois qu’il devrait faire profil bas maintenant.

  • La guerre contre le terrorisme est un mensonge, elle est « une guerre de conquête ». Cela, ces personnalités en conviendront-elles jamais? De ce mensonge, il faut tirer des conséquences qui vont bien au-delà du mea-culpa:

    « [Les] chefs d’Etat et de gouvernement occidentaux, par leur acceptation de la guerre américaine, ont carrément violé le droit international et se sont rendus coupables – tout autant que l’administration Bush – de crimes contre l’humanité. »
    CHOSSUDOVSKY Michel, Guerre et mondialisation. A qui profite le 11 septembre?, Le Serpent à plumes, 2002, pp. 195-6

    Ces intellectuels cités dans l’article de Télérama.fr peuvent battre leur coulpe. Ils neutralisent encore un espace médiatique où l’on renonce à « criminaliser la guerre. » A cet égard, détacher la guerre en Iraq de la guerre de conquête américaine dans son ensemble est symptomatique des médias conventionnels et de « l’infotainment ».

    AFP du 28 avril 2008: “L’ancien premier ministre Malais, Mahathir Mohamad, a appelé à la création d’un tribunal international pour inculper les dirigeants occidentaux [américains, britanniques et australiens] de crimes de guerre dans la guerre en
    Iraq.”
    Malaysia’s ex-PM Mahathir wants Iraq war leaders on war crimes charges
    http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticle&code=20080428&articleId=8826

    On doit appréhender la responsabilité des dirigeants des pays engagés dans « la guerre contre le terrorisme » dans les mêmes termes, puisque cette guerre est un mensonge. Nous, citoyens, devons alors agir en réseau, localement et globalement, pour faire respecter le droit de façon non-violente en imaginant comment les criminels de guerre concernés en haut lieu peuvent rendre des comptes.

    C. Doure

  • erpilu

    Je suis tout a fait d’accord avec C:Doure.

    Pardon pour l’accentuation: clavier hongrois.

    Ces pseudo-intellectuels n’ont fait qu’un tout petit pas en arriere (d’aucun me dira que c’est toujours mieux que rien) mais ils ne remettent pas en question ni le 11 septembre (clef de voute de cet impérialisme), ni les autres conflits états-uniens, ni les tentatives d’étendre encore d’avantage leur fleau (Iran), ni les tentatives quasi permanentes de déstabilisation des régimes qui ne sont pas a leur botte (Tibet, colombie, etc…), ni les multiples crimes contre les droits de l’homme.

    Bref, ils leur reste beaucoup de chemin a parcourir pour parvenir a rattraper le niveau de conscience de leur propre population. Et ces gens la se prétendent « intellectuels ».

    Heureusement, le peuple reste le peuple et il peut parvenir un jour a faire changer les choses par une forte mobilisation. Le cas du Népal en est encore un exemple concret.

    Il faut peut-etre voir ce flip-flop comme une maniere de retourner sa veste du bon coté avant que les choses ne tournent mal. Cela signifie que ces intellectuels ont en fait compris que la politique Bushienne allait bientot frapper un mur et qu’il faut sauver les meubles tant qu’il en est encore temps. En effet, malgres les tentatives de le déstabiliser, le Hezbollah n’a jamais été aussi fort, le conflit irakien est plus que jamais dans la panade et ruine l’économie américaine au bord du gouffre, le conflit Afghan ne vaut pas mieux, l’Iran se rapproche de plus en plus de la chine et de la russie, les pays latino-américains organisent la résistance et meme l’Afrique essaye ca et la de montrer le bout de ses crocs. Pour finir, les perspectives électorales américaines n’annoncent pas de changement profond de la foreign policy américaine. Les USA sont entrain de se saborder….j’espere simplement qu’ils n’entraineront pas toute la planete dans leur chute…

  • Amandinejad

    Ouai je pense qu’il devrait faire profil bas.

    Malheureusement c »est bientot le tour de l’Iran et je crois que personne ne pourra les en empecher

  • plo

    C\’est une posture qui a pour but de reprendre la main. Ils savent, en tant que représentants médiatiques des forces occultes qui travaillent le monde, que leur attitude est intenable encore longtemps. C\’est un repli tactique, rien de plus. La manipulation médiatique leur impose de faire profils bas afin de reprendre des forces, car la bataille à venir sera encore plus terrible (Iran). Il va falloir la vendre cette guerre, et c\’est pas gagné … (après tout, c\’est leur rôle,n\’est ce pas ?) Il est évident que tout à foiré lamentablement depuis le 11/09. Comme ils sont objectivement carbonisé (il n\’y a cas voir la façons dont les brukner, gluck et compagnie se font défoncer dans les émissions de variété comme celle de ruquier, pour comprendre que leur position est devenu intenable ; c\’est symptomatique … alors qu\’avant cela ne leur serait jamais arrivé) Alors quoi faire ? Se repositionner comme un gentils gars qui n\’a rien fait de mal et reprendre sa vie tranquille d\’auxiliaire du système, ou espérer que la prochaine sera la bonne ; être du bon coté du manche puis réécrire l\’histoire, comme on le fait depuis que le monde est monde et que les clercs trahissent (comme toujours). On verra ?!

  • Bas-Bush

    Il serait illusoire de croire que des Glucksmann et autres consorts du <> sont revenus à de meilleurs sentiments et ont laissé leur pro-américanisme dans le fonds de leurs poches. Ils le ressortiront à la première occase. Dans le même sac on peut y loger notre Nanard national ainsi que le non-moins renommé BHL. Tous ces sbires de la busherie ne sont prêt à se remettre en cause et croire en cette bande de pantins serait le meilleur moyen de se foutre le doitg dans l’oeil jusqu’au coude.
    A C.Doure, Erpilue et Plo, merci pour vos analyses que je partage entièrement.

  • kialmi

    Bientôt le tour de l’Iran ? Heu…
    C’est pas pour libérer des otages que les caincains se sont pris une gamelle de grand luxe (il est vrai que les iraniens n’y ont pas été pour grand chose : l’opération était si bien menée que c’est un miracle s’ils s’en sont si bien sortis !)

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