Un espion à la Société générale ? Oui, mais pas dans la finance !

Un article de Morice pour Agoravox sur le scandale qui frappe la société Générale. Quel rapport avec le 11 septembre, me direz-vous? Découvrez-le en lisant l’article…


Mais c’est qu’il y a du beau monde à la tête de la Société générale… on se doutait bien que le positionnement de la banque française n’était pas très clair vis-à-vis du courtier évincé. Les dernières déclarations de ce dernier indiquent bien semble-t-il qu’il est l’arbre qui cache la forêt. L’homme aurait certes dérivé de ses attributions de départ, mais sans que la banque ne le laisse complètement isolé. L’enquête dira exactement quelle est la part de l’un et quelle est la part de l’autre. Le président du conseil d’administration, Daniel Bouton est bien sur la sellette.

 

Ce soir, on apprend que c’est pire encore, car la débandade bancaire à laquelle il a participé, en se fourvoyant à un point faramineux dans l’aventure des subprimes américaines, lui a peut-être été soufflée par des membres de son propre conseil d’administration, qui l’auraient poussé à faire monter les prix, à faire fructifier au maximum ses dividendes, pour mieux se retirer avant que ça ne retombe. En le faisant au bon moment, à savoir juste après avoir été prévenu de la chute imminente, ce qu’on appelle en clair un délit d’initié. Tout le monde avait déjà remarqué l’intérêt que M. Bouton portait aux usagers de sa banque. La lettre d’excuse qu’il a rédigée ses derniers jours, en effet, n’était pas adressée à ses clients, mais… aux seuls actionnaires. A la Société générale, ce n’est pas le client qui est roi : c’est l’actionnaire.

Or, certains de ceux-ci ont décidé de se révolter, trouvant aujourd’hui la dévaluation de leur action un peu raide. Ce soir, ils ont une autre raison de vouloir le faire : l’un des membres d’administration de la banque a retiré vite fait bien fait la bagatelle de 85 744 953 d’euros le 9 janvier dernier, soit une vingtaine de jours avant que l’action ne chute réellement, et dix jours après que la banque ait découvert officiellement la malversation. Un timing parfait, car le cours est déjà en train de s’effondrer. Mieux ou pire encore : l’homme n’est pas un inconnu. Il n’est pas Français non plus… il est… Américain, s’appelle Robert A. Day et présente un pedigree intéressant. A faire pâlir n’importe quel petit actionnaire. Car l’homme, sans avoir de double vie, jouait au milieu même de la Société générale, un autre rôle. Un rôle étonnant…

Né en 1943, Robert A. Day, de son vrai nom Robert Addison Day, est le petit-fils d’un foreur de pétrole, William Myron Keck, fondateur de Superior Oil, revendu 5,7 milliards de dollars à Mobil (devenu Exxon en 1984). Il est pour sa part le dirigeant milliardaire de Trust Company of the West, qu’il dirige avec Robert D. Beyer, supporter sans honte de Mitt Romney et de Catherine Harris, qui pour nous n’est pas une totale inconnue, puisqu’elle fut en 2000 la calamiteuse secrétaire de l’Etat de Floride, restée célèbre pour ses malversations électorales et le fiasco du décompte des voix à la main qui l’avait suivi. Pendant ses 22 premiers mois de travail, elle a passé son temps à voyager de par le monde entier, dépensant 106 millions de dollars en tickets d’avion. Nommée seconde de liste sur la liste Geb Bush de Floride, c’est elle qui supervise l’élection de 2000 : le conflit d’intérêt est évident ! Pour ne rien gâcher, c’est une fervente membre de la Coral Ridge Presbyterian Church, et combat bien sûr l’avortement… Elle a bien entendu soutenu la guerre en Irak, en sachant pertinemment que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, une chose avouée par elle à la télévision.

A. Day, lui, n’est pas en reste : en 2000, il était entré dans le club huppé des meilleurs donateurs de la campagne de W. Bush avec plus de 100 000 dollars, culminant à 176,275 dollars de contribution. A la table d’administration de sa compagnie, Trust Company of the West, il est vrai siégeait Henri Kissinger. L’homme étant malin, ça ne l’empêchait pas d’inviter à la même époque le secrétaire d’Etat de Clinton, Warren Christopher, sur son yacht personnel. Républicain bien droitier, il est également membre d’un club hyper select, le Alfalfa Club, dont a fait partie Prescott Bush, le grand-père pro-nazi de W. Bush. L’activité essentielle du club consiste à célébrer la mémoire du général Lee, le général confédéré (sudiste) qui avait bien fini par se rendre en avril 1865.

Pour Forbes, Addison Day est un client sérieux : il "vaut" 1,3 milliard de dollars et culmine au 297e rang sur les 400 plus riches Américains. Au même rang que Donald J Schneider, l’homme aux 48 000 camions qui sillonnent chaque jour les Etats-Unis. Une fortune qui vient… de France : TCW a laissé en 2001 à la Société générale 70 % de ses parts, vendues pour 2,5 milliards de dollars : la revente récente de ses actions Société générale indique davantage encore la panique engendrée par la situation de la banque française majoritaire dans son entreprise ou les parts qui lui appartiennent encore ! Ses investissements en participation sont variés, dans les secteurs de pointe, mais aussi chez Diebold, où il possède 4,32 % de parts. Bref, notre homme, qui n’en est pas à sa première action, loin s’en faut, s’est débarrassé d’un bon lot, au bon moment. A un tarif défiant toute concurrence : 38 % de plus que le court actuel, soient 900 000 actions à 95,27 euros.

A-t-il été prévenu ? Le conseil d’administration de la Société générale, où il siège, était-il au courant ? Les petits actionnaires ou les clients savent-ils que la banque est dirigée par quelqu’un qui soutient financièrement l’épopée de toute la famille Bush depuis le début ? Et plus encore ? Car, et c’est nettement plus grave, l’homme est aussi membre depuis 2001 du President’s Foreign Intelligence Advisory Board (ou Piffiab), créé en 1956 par Eisenhower, un groupe de patrons de divers horizons offrant leurs services dans le domaine de… l’espionnage et les services secrets, pas moins. Comme le disent ces statuts : "The President’s Foreign Intelligence Advisory Board (PFIAB) provides advice to the President concerning the quality and adequacy of intelligence collection, of analysis and estimates, of counterintelligence, and of other intelligence activities. The PFIAB, through its Intelligence Oversight Board, also advises the President on the legality of foreign intelligence activities".

Son président jusqu’en 2004, Brent Scowcroft, par exemple, était membre de Qualcomm et de Global and Power Pipelines, une division d’Enron… or il est intervenu à plusieurs reprises dans le conseil sur la stratégie à tenir au Moyen-Orient ! Accédant aux secrets d’Etat avec les 15 autres membres, il pouvait donc aussi dans l’autre sens en faire bénéficier ses propres sociétés ! Notre homme du jour, Arisson Day, y croisait par exemple tous les deux mois pendant 2 jours Philip Zelikow, l’âme damnée, celui qui a affirmé ceci : ”Why would Iraq attack America or use nuclear weapons against us ? I’ll tell you what I think the real threat (is) and actually has been since 1990 — it’s the threat against Israel”, à savoir qu’il reliait l’attaque de l’Irak à la défense d’Israël. Comme le dit l’article "Known in intelligence circles as ”Piffy-ab”, the board is supposed to evaluate the nation’s intelligence agencies and probe any mistakes they make."...

C’est le bureau du Piffiab, influencé par Zelikow, qui a complaisamment insisté sur les armes de destruction massives (inexistantes) de Saddam, excuse retenue très tôt par W. Bush car le groupe a l’oreille directe du président : "The PFIAB reports directly to the President, and provides recommendations for actions to improve and enhance the performance of intelligence efforts". Comme par hasard aussi, c’est Zelikow qui a conduit l’enquête sur les attentats du World Trade Center ! Et en a conclu ce qu’on sait. C’est lui qui avait rappelé un jour qu’un événement comme le WTC pourrait jouer le même rôle qu’un nouveau Pearl Harbour dans l’opinion publique…

La Société générale a donc hébergé au sein de son conseil d’administration quelqu’un qui a exercé une influence directe sur la conduite du monde et de la guerre en Irak sans qu’on ne s’en aperçoive le moins du monde. Un homme obligé de faire des rapports tous les deux mois, et qui rencontrait régulièrement le président des Etats-Unis, et certainement pas pour lui parler design de guichet ou nouveau logo de la Société générale qu’il fréquentait et fréquente encore. On est fort tenté ce soir de savoir ce que la DGSE pense du cas de figure, de cet industriel jouant les contre-espions aux Etats-Unis, à la tête d’une des plus grandes banques françaises, via son conseil d’administration…

Un espion siégeait bien à la Société générale, finalement, mais ce n’est pas le trader visé, et il n’a que fort peu à voir avec le secteur bancaire…

Crédit photo : Forbes


 

 

Sur P. Zelikow

P. Zelikow a été un des responsables de la commission d’enquête sur le 11/9, qui a pris soin d’enterrer un certain nombre de faits troublants, par exemple sur la destruction du building 7, ou se trouvaient tout un tas d’archives financières de l’IRS (service fiscaux US), des sièges sociaux de banques, et des services secrets US spécialisés dans le cyber crime est les fraudes financières…

P. Zelikow est un proche de Condoleezza Rice, et a été membre du conseil national de sécurité lors de la première administration Bush. Il est proche des milieux juifs américains, dont P. Wolfowitz, et possède la double nationalité US et israélienne.

Sur Robert A Day

Il a aussi croisé Alan Greenspan, de la Federal Reserve au Foreign intelligence Adv. Board. La société qu’il dirige, TCW, est une filiale de la société générale (asset managment)… Il ne peut donc pas être considéré comme externe à cette entreprise ! Un autre membre de TCW, le DG, avait rejoint le conseil exécutif de la société générale en 2001. Il s’agit de Marc Stern, lui même ancien directeur de Qualcomm. C’est aussi un fervent supporteur de GW Bush.

One Response to “Un espion à la Société générale ? Oui, mais pas dans la finance !”

  • Mezzo

    Ils sont décidément dans tous les sales coups les copains de Bush. Des vrais bandits. Qu’un homme d’affaire proche de Bush fasse partie du conseil d’administration d’une grande banque, fut-elle française, n’est pas forcément étonnant ou choquant. Ce qui est troublant est le soupçon de délit d’initié (ça rappelle un certain 11 septembre justement). Gageons que Robert A. Day ne sera pas inquiété par la justice… Un ami de Bush est un ami de Sarkozy.

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