Tragédie du 11-Septembre : un aperçu de la face cachée (1ère partie)

Voici le premier volet d’un article retraçant en détail le contexte des attentats du 11/9 et en particulier l’histoire des différents protagonistes du 11-Septembre, non pas les pirates de l’air, mais plutôt les dirigeants de certaines grandes sociétés comme Marsh & McLennan ou Kroll Associates présentes dans les Tours Jumelles ou liées à sa  sécurité. Après le remarquable article de Kevin Ryan "Qui aurait démoli les Tours du World Trade Center" publié dans nos pages, cette nouvelle synthèse de Mark H. Gaffney relève certaines invraisemblances et de bien curieuses coïncidences survenues de jour là.

 

Les Tours Jumelles du WTC

 


Tragédie du 11-Septembre : un aperçu de la face cachée
(Premiere partie)

par Mark H. Gaffney, pour le ForeignPolicyJournal, le 11 février 2011

Traduction Vincent pour ReOpenNews

Dans son important ouvrage paru en 2006, Némésis, les Derniers Jours de la République Américaine, troisième et dernière partie d’une trilogie, le regretté Chalmers Johnson, ancien expert du Japon et de la politique étrangère des États-Unis, écrit que jusqu’à 40% du budget du Pentagone est "clandestin", c’est-à-dire dissimulé aux yeux du public1. Même si ce pourcentage est plus ou moins correct, et je pense qu’il l’est, le chiffre est inquiétant parce qu’il indique que le contrôle démocratique sur le développement et la recherche militaire aux États unis ne fonctionne plus. Auquel cas nos valeurs démocratiques et notre mode de vie sont aujourd’hui en danger ; non pas de l’extérieur, puisqu’aucun ennemi étranger ne peut détruire la Constitution américaine, mais de l’intérieur.

J’argumenterais que l’estimation de Chalmers Johnson a été corroborée le 10 septembre 2001, à la veille de la plus terrible attaque terroriste de l’histoire des États-Unis, lorsque le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a reconnu durant une conférence de presse que le Departement of Defense (DoD) ne pouvait justifier l’emploi de 2300 milliards de dollars (2.3 trillions of dollars) dans le budget astronomique du Pentagone, un montant si énorme qu’il en devient inconcevable2. Tout espoir que l’Armée américaine puisse encore apporter de la clarté dans sa manne budgétaire fut anéanti le lendemain matin à 9h38, lorsque l’aile ouest du Pentagone fut dévastée par les flammes, cible d’une attaque terroriste. Curieusement, le point exact de l’impact correspond aux bureaux comptables du DoD situés au premier étage. La destruction chirurgicale de ses archives et de son personnel, dont la quasi-totalité est morte dans l’attaque, soulève d’importantes questions quant aux bénéficiaires du 11-Septembre. Compte tenu de l’immensité du Pentagone, les chances statistiques pour que ce soit une coïncidence ont incité les sceptiques de la version officielle à voir derrière cette attaque un objectif caché. Comme disait Gorge Profonde : "Suivez la trace de l’argent."

Le bureau de la comptabilité du Pentagone a-t-il été détruit parce que de diaboliques individus l’avaient prévu ainsi ? Difficile à croire, car l’aile ouest représentait une cible bien plus difficile à atteindre que l’aile est. Viser l’aile ouest nécessitait une approche laborieuse au-dessus des gratte-ciels d’Arlington. L’approche finale était particulièrement risquée et s’apparentait à un parcours d’obstacles en descente, contourner des appartements et un important complexe immobilier, l’Annexe de la Navy, situé à peine à 400 mètres du Pentagone, au sommet d’une colline qui s’élève depuis les rives de la rivière Potomac. En avril 2008, j’ai interviewé Clyde Vaughn, Général de Brigade, un témoin crédible sur les événements de cette matinée. Vaughn expliqua par téléphone que le 11-Septembre, il se rendait à son travail au Pentagone via l’autoroute Shirley (I-395) lorsque l’attaque se produisit. Le général me raconta que l’appareil détourné (probablement le vol AA 77) avait évité de justesse l’Annexe de la Navy et aurait tamponné le mémorial de l’US Air Force qui occupe actuellement le site, si ce monument haut de 80 mètres avait existé à l’époque du 11-Septembre3. Le nouveau mémorial fut construit en 2006 et consacré la même année.

Pourquoi les terroristes n’ont-ils pas choisi l’approche dégagée par la rivière Potomac? L’approche par la rivière leur aurait donné de fortes chances de s’écraser contre les bureaux du Secrétaire à la Défense Rumsfeld et du Chef d’Etat Major, situés sur le côté opposé du bâtiment, en plein milieu de l’anneau extérieur. L’emplacement de leurs bureaux n’était pas un secret. Les terroristes auraient certainement été plus intéressés à décapiter la structure militaire de la machine guerrière américaine plutôt qu’une poignée d’employés comptables.

Ce matin-là, il y eut d’autres anomalies concernant ces frappes. Le crash du Vol AA11 contre la Tour Nord à 8h36 aurait également dû attirer l’attention, parce que le point d’impact aux 95ème et 96ème étages était trop remarquable pour être le fruit du hasard. Les deux étages étaient occupés par Marsh & McLennan, l’une des plus importantes compagnies d’assurances au monde, ayant des liens familiaux avec la firme privée du renseignement Kroll Associates qui détenait le contrat pour la sécurité du World Trade Center. En effet, le réseau de connexions étroites est si enchevêtré que si je devais en tracer tous les liens, ils feraient facilement l’objet d’un livre. Je me contenterais ici d’ébaucher les connexions les plus évidentes.

Le 11-Septembre, le PDG de Marsh & McLennan était Jeffrey Greenberg, fils de Maurice “Hank” Greenberg, le propriétaire d’AIG, le plus important conglomérat d’assurances au monde (ou deuxième plus important, selon la source). L’autre fils de Greenberg, Evan, était PDG de Ace Limited, une autre importante compagnie d’assurances. Maurice Greenberg avait été un administrateur de la Banque de la Réserve fédérale à New York pendant de nombreuses années, et fut son président en 1994-95. Greenberg fut aussi vice-président du Conseil des relations extérieures (Counsil of Foreign Relations, ou CFR), qui publia en 1996 son rapport « Making Intelligence Smarter: The future of U.S. Intelligence » ("Rendre le Renseignement intelligent : l’Avenir du Renseignement américain"), à la suite duquel le Sénateur Arlen Specter proposa le nom de Greenberg comme candidat pour diriger la CIA4. C’est finalement George Tenet qui obtint le poste, mais le simple fait que Greenberg ait été dans la course montre bien l’étendue de son influence. En 1993, le vaste conglomérat d’assurances AIG a apparemment financé la société d’espionnage de Wall Street, Kroll Associates, la sauvant de la faillite. Par la suite, Kroll est devenue une filiale d’AIG. Après l’attentat à la bombe de 1993 au World Trade Center, Kroll a obtenu des Autorités portuaires de New York le contrat d’amélioration de la sécurité au World Trade Center, devançant dans la démarche deux autres sociétés5. Kroll était toujours détentrice du contrat pour la sécurité du WTC lors des attaques du 11-Septembre. L’un des directeurs de Kroll, Jerome Hauer, dirigeait également le Bureau de Gestion des Mesures d’Urgence du maire de New York Rudolph Giuliani, situé au 23ème étage du WTC7 6

Ceci signifie que Kroll avait un accès inconditionnel aux trois bâtiments qui furent détruits le 11-Septembre. Cette coïncidence surprenante aurait dû constituer une raison suffisante pour que la Commission sur le 11-Septembre enquête sur le passé trouble de Kroll, ainsi que sur ses relations avec AIG, Ace, et Marsh & McLennan. La Commission était pourvue de l’autorité d’assignation à comparaitre, et aurait pu creuser suffisamment pour connaitre la vérité. Malheureusement, les enquêteurs officiels n’ont pas cherché à connecter les éléments entre eux. Bien que Kroll soit basé à New York, elle servait (et elle sert toujours) une clientèle internationale à travers 60 bureaux dans 27 pays. Pendant des années, la société à été accusée à plusieurs reprises, et/ou officiellement inculpée, de conspiration. En 1995 le gouvernement français a expulsé plusieurs ressortissants américains du territoire, dont un employé de Kroll répondant au nom de William Lee, pour espionnage présumé de l’industrie française. Le fait que Lee ait opéré sous couvert de Kroll avait rendu les autorités françaises suspicieuses du fait que l’opération de Paris puisse battre sous pavillon de la CIA7. Les Français étaient surement au courant de la pratique utilisée de longue date par Kroll d’embaucher d’anciens agents de la CIA, du FBI, et du Renseignement Britannique. Kroll/AIG n’ont fait aucun effort pour dissimuler le fait qu’entre 1997 et 2003, le conseil d’administration d’AIG incluait Frank G. Wisner, Junior, le fils de l’un des fondateurs de la CIA8. Wisner Junior est également membre du Conseil des relations extérieures (CFR). Wisner Junior a également servi en tant qu’ambassadeur des États-Unis dans plusieurs pays, dont l’Égypte, et est un membre du Conseil des Relations étrangères9.

A l’heure où j’écris, le nom de Franck G. Wisner est apparu aux infos. La semaine dernière, le Président Obama a envoyé Wisner en tant qu’émissaire personnel pour une concertation avec le dictateur assailli égyptien Hosni Moubarak10. Alors que la pression populaire augmentait pour obtenir la démission de Moubarak, Wisner avait mis Obama dans l’embarras en encourageant publiquement Moubarak à mettre fin à la crise et à rester au pouvoir. Sans l’ombre d’un doute, son action reflète l’opinion de Langley, qui préférerait à tout prix voir Moubarak rester au pouvoir. La CIA a longtemps soutenu le régime de Moubarak et fut autorisée en retour à utiliser l’Égypte comme un port pour les restitutions de prisonniers et la torture. Le pied de nez de Wisner à son propre président donne sans aucun doute la mesure de la piètre opinion que la Sécurité nationale US a d’Obama. Cela montre assurément la faiblesse d’Obama en tant que président11.

Le gouvernement français a-t-il réagi de manière trop expéditive lorsqu’il a expulsé un employé de Kroll pour suspicion d’espionnage industriel ? Peut-être, mais les Français avaient de bonnes raisons de veiller à ce que la CIA ne s’ingère pas dans leurs affaires. Il est fort probable que les Français aient eu en mémoire l’Operation Gladio, le réseau peu scrupuleux du Renseignement, secrètement mis en place en Europe par la CIA, l’OTAN et les services de renseignements extérieurs britanniques après la Deuxième Guerre mondiale12. "Gladio" signifie "glaive" en italien, et est la racine du mot "gladiateur". Appelées les "Armées secrètes", elles opéraient dans tous les pays de l’OTAN, et étaient constituées de milliers de soldats paramilitaires. On dénombrait dans leurs rangs des criminels de la pègre et des trafiquants de drogue ; et surtout, la CIA a gardé toute l’opération secrète pendant presque 40 ans.

Bien que les armées secrètes fussent supposées former le noyau d’un mouvement de résistance armée dans l’éventualité d’une invasion soviétique de l’Europe de l’Ouest, l’invasion ne s’est jamais produite, et les forces entraînées par la CIA étaient parfois utilisées à des fins moins charitables. Il s’agissait de campagnes de diffamation et de désinformation, de bombardements massifs, d’enlèvements, d’assassinats et de tentatives de coup d’État ; le tout était attribué aux communistes. Avant son terme, des centaines d’incidents se sont ajoutés à la campagne de terreur mise en scène par la CIA en Italie, en France, en Grèce, en Belgique, et dans d’autres nations européennes.

L’existence de Gladio fut d’abord dévoilée par la presse italienne en août 1990, à l’époque de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein; et cela a aussitôt déclenché un séisme politique sur le continent. Comme dit l’adage, les mauvaises nouvelles circulent vite. Le traumatisme s’est transformé en indignation lorsque les Européens ont appris que pendant des décennies, la CIA et l’OTAN avaient commandité des attaques terroristes dans les nations démocratiques de l’Europe. Tous ces attentats, comme dit plus haut, avaient été attribués aux communistes. L’objectif de Gladio était de semer la peur au sein de la population européenne, et par conséquent, d’affaiblir les partis de gauche. 

Si tout cela relève du fantasme pour le lecteur, la cause en est simple : à ce jour, les médias américains n’ont jamais informé le peuple américain sur la longue et abominable histoire de la CIA  dans l’organisation du terrorisme international. Aux États-Unis, on la désigne par le doux euphémisme de "contre-terrorisme". Bien que l’Américain moyen soit ignorant de ce fait, la plupart des Français savent probablement que sous couvert du Gladio, la CIA a appuyé une tentative de coup d’État en 1958 fomentée par des réactionnaires de l’armée française à l’encontre du Président français Charles de Gaulle. Les forces rebelles françaises étaient opposées à la décision controversée de De Gaulle de mettre fin à l’occupation militaire en Algérie. La plupart des Français connaissent probablement l’implication de la CIA dans un complot pour faire assassiner De Gaulle vers le milieu des années 60 ; tentative qui heureusement, a échoué13. De Gaulle a survécu à une trentaine de tentatives d’assassinat.  A l’époque, l’implication de la CIA a provoqué une quasi-rupture des relations franco-américaines. De Gaulle a violemment réagi en retirant la France de l’OTAN, et ordonna aux Forces armées américaines de quitter la France. Les États-Unis furent forcés de déménager le siège de l’OTAN de Paris à Mons, en Belgique. Le peuple américain n’a jamais su la vérité sur ce qui s’était réellement passé. En fait, ils ne la connaissent toujours pas, tout simplement parce que la presse américaine ne les en a jamais informés. 

Compte tenu de ce résumé sommaire, la question se pose : les Français essayaient-ils d’envoyer un signal d’alarme aux Américains lorsqu’ils divulguèrent cette info-sensation au sujet du 11-Septembre à la presse mondiale ? En octobre 2001 le prestigieux quotidien français Le Figaro rapporta qu’en juillet 2001, tout juste deux mois avant le 11-Septembre, Oussama ben Laden avait reçu des traitements de dialyse ainsi que d’autres soins hospitaliers pour soigner une grave maladie rénale au Centre Hospitalier Américain de Dubaï, l’un des pays des Émirats Arabes Unis du Golfe Persique14. À l’époque, ben Laden était un homme recherché, et avait été inculpé par le Ministère de la Justice américain pour les attentats à la bombe en 1998 sur les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam. Pourtant, selon le rapport détaillé paru dans Le Figaro, les Américains traitèrent ben Laden comme un invité VIP. Le leader d’Al-Qaïda est arrivé avec une suite comprenant son médecin personnel, une infirmière, quatre gardes du corps, et au moins un de ses lieutenants. Ben Laden a apparemment tenu audience dans sa suite à l’hôpital, accueillant des membres de sa nombreuse famille, des officiels saoudiens, et même le responsable local de la CIA qui, à l’évidence, était un personnage bien connu dans ce minuscule pays.

L’officiel de la CIA a manifestement été aperçu alors qu’il entrait dans la chambre de ben Laden. Immédiatement après en être ressorti, il s’envola pour les États-Unis. L’article du Figaro a été suivi de près par un éditorial dans le Guardian (Royaume-Uni), qui fournissait plus de détails. Il constatait que les invités de ben Laden comprenaient le Prince Tourki al-Fayçal, alors chef du renseignement saoudien. L’éditorial citait également le renseignement français comme la source de l’article paru dans Le Figaro, et ajoutait que l’information avait été divulguée parce que les Français étaient "désireux de révéler le rôle ambigu de la CIA, et d’empêcher Washington d’étendre la guerre en Irak et ailleurs."15 si l’histoire est exacte, cela signifie qu’Oussama ben Laden était un agent actif du renseignement américain, et ce, jusqu’au matin du 11-Septembre. Il n’y a pas d’autre interprétation possible. Auquel cas, le peuple américain a été gravement induit en erreur, et a assurément été nourri d’un vaste tissu de mensonges sur les événements de cette journée tragique. J’ajouterais qu’il n’y pas eu de rétractations. Le Figaro a défendu son histoire.  Pendant ce temps, les médias américains, rivalisant de bêtise, n’en ont jamais parlé. 

Mais je m’éloigne du sujet. Revenons à AIG/Kroll. En 2005, le gouvernement du Brésil a officiellement inculpé le responsable exécutif de Kroll au Brésil, Eduardo Sampaio, ainsi que cinq autres employés de Kroll, d’infractions pénales, incluant la corruption et diverses violations de la loi brésilienne sur la confidentialité des données personnelles. Sampaio a apparemment échappé à l’arrestation en fuyant le pays16.

En 2006 une autre filiale de Kroll a défrayé la chronique pour "ses méthodes de facturation répréhensibles" alors qu’elle représentait Enron, l’ex-géant (ruiné) de l’énergie, devant la Cour17. La Société Enron s’est effondrée fin 2001, à la suite d’accusations de comptabilité frauduleuse ; en janvier 2002, elle avait embauché Zolfo Cooper, qui travaillait auparavant chez Kroll, pour traiter les poursuites du chapitre 11. Le syndic de faillite américain (US Trustee Program), qui gère les dossiers de faillite, a découvert des irrégularités après que Kroll eut réclamé une rémunération supplémentaire de 25 millions de dollars pour ses services. La société avait déjà reçu la coquette somme de 100 millions de dollars pour sauver Enron, mais voulait davantage, alors même que les actionnaires ne recevaient rien. Manifestement, les gens de chez Kroll pensaient que personne ne remarquerait une modique somme de 25 millions de dollars, de la menue monnaie comparée aux 30 milliards de dollars de coûts énergétiques gonflés qu’Enron avait escroqués à l’État de la Californie en 2000-2001. Tout était bon à prendre puisque Enron s’en était toujours tiré. Selon l’économiste Paul Krugman, les courriels ont confirmé qu’Enron avait truqué les marchés18. Le fameux "Golden State" [de Californie, NdT] fortement démocrate doit encore se remettre de ce qui doit être considéré comme une attaque partisane.

Toujours en 2006, un "lanceur d’alertes" (Whistleblower) du nom de Richard A. Grove a témoigné publiquement et de façon étonnante de son implication dans l’empire Greenberg, parlant d’ « une expérience très personnelle qui avait failli lui coûter la vie19 ». Durant la période précédant le 11-Septembre, Grove travaillait comme vendeur pour Silverstream Software, une entreprise qui vendait des solutions de design à certaines sociétés de Wall Street, dont Merrill Lynch, Deutsche Bank, Banker’s Trust, Alex Brown, et Morgan Stanley. Selon Grove, Silverstream "mettait au point des plates-formes de transactions et de commerce", visant à "mettre sur le Net les principales activités commerciales des sociétés du Groupe 500, principalement par l’intégration et la mise à disposition sur le web des applications patrimoniales hétérogènes et des ordinateurs centraux, tout en simplifiant à la fois les processus d’exécution des tâches et les méthodes « papier » traditionnelles". "Le résultat [était] un moindre coût de fonctionnement et des transactions plus efficaces, du fait que les sources potentielles de problèmes organisationnels, comme les personnes, étaient écartées." 20

Grove a si bien réussi comme vendeur qu’il est devenu millionnaire (c’est ce qu’il prétend) avant d’avoir 30 ans. Il s’est seulement rendu compte après coup que le logiciel qu’il vendait avait permis d’opérer des transactions frauduleuses dans les heures qui ont précédé – voire même pendant – les attentats du 11-Septembre. Le logiciel le plus sophistiqué était destiné à Marsh & McLennan, qui, dit-il, a passé commande en 2000 d’une solution technologique dépassant de loin tout ce que nous avions réalisé pour les sociétés citées ci-dessus ;  dans la mesure du possible, elle était utilisée pour relier électroniquement Marsh à ses principaux partenaires commerciaux via des portails Internet, avec l’objectif de créer "des transactions totalement informatisées" et "d’accélérer les mouvements de recettes et les cycles de renouvellement." Grove a signé l’accord avec Marsh & McLennan en octobre 2000. Après quoi, son employeur Silverstream a mis sur pied une équipe de 30-40 techniciens dans les bureaux clients du WTC 1, dirigée par plusieurs concepteurs de logiciels affectés à la conceptualisation et au développement du progiciel "de A à Z". Durant cette période, Grove a servi de liaison entre Silverstream et Marsh pour s’assurer que le logiciel fonctionnerait comme indiqué. L’équipe a travaillé jour et nuit, sept jours sur sept, pour terminer dans le délai octroyé par Marsh, à savoir le 11-Septembre 2001. Le résultat final fut "un système spécifique de connexion utilisé pour relier AIG et Marsh & McLennan, les deux plus grandes firmes commerciales de la planète à employer ce type de transactions." 21

Grove déclare que les premières irrégularités fiscales qu’il a remarquées datent d’octobre 2000, lorsqu’un collègue et lui-même ont aidé "à identifier des commandes suspectes d’un montant de 10 millions de dollars.’ Gary Lasko, le responsable du service informatique de Marsh a ensuite confirmé que "certains vendeurs abusaient de Marsh…en vendant…d’importantes quantités de matériel informatique inutile" pour le projet. Mais Grove ne s’en souciait pas vraiment à l’époque ; il ne  connut pas de problèmes particuliers jusqu’au printemps 2001, lorsqu’il découvrit pendant ses négociations en vue de renouveler un contrat de licence avec Lasko, que son propre employeur, Silverstream, surfacturait Marsh "à hauteur de 7 millions de dollars, voire plus." Grove porta l’affaire à l’attention des dirigeants de Silverstream, mais on lui demanda de se tenir tranquille et de s’occuper de ses oignons. Un dirigeant de Marsh lui donna exactement le même conseil. Au travers de cet épisode, certains employés de Marsh avaient acquis la confiance de Grove et lorsque ce dernier leur fit part de ses inquiétudes, ils s’accordèrent pour dire que "quelque chose d’irrégulier était en train de se produire.’ Grove dresse la liste ces employés honnêtes dans son témoignage : Kathryn Lee, Ken Rice, Richard Breuhardt, John Ueltzhoeffer, ainsi que Gary Lasko ; tous ont péri le 11-Septembre22. De fait, une simple vérification confirme que ces noms apparaissent bien sur la liste des victimes au World Trade Center23.

Les choses  commencèrent à prendre une mauvaise tournure le 5 juin 2001, au lendemain de l’envoi par Grove d’un courriel à son équipe de ventes, les informant que "Silverstream surfacturait à Marsh des millions de dollars sur lesquels nous ne touchions pas de commissions…’ Restaient deux possibilités  : soit les membres de son équipe étaient floués sur les commissions qui leur étaient dues, soit Silverstream escroquait Marsh & McLennan. Plus tard ce jour-là, Grove reçut la confirmation de Gary Lasko comme quoi Marsh avait décidé de conserver Silverstream pour la phase suivante du projet. La prolongation était une excellente nouvelle et il en informa immédiatement son patron. Grove était particulièrement ravi, car la commission qui lui revenait "se montait à plus d’un million de dollars." Mais il n’en vit jamais la couleur, car dès le lendemain matin, Grove fut convoqué dans le bureau de son patron et leur collaboration s’arrêta net.

L’histoire ne s’arrête pas là. Quelques semaines plus tard, Grove eut un grave problème de santé qui nécessita une opération chirurgicale et plusieurs semaines d’hospitalisation. En août 2001, toujours alité à l’hôpital, il reçut la visite d’un cadre de la société Silverstream qui lui offrit 9.999 dollars en liquide, en plus d’une prolongation de sa couverture médicale en échange de son engagement à ne jamais parler de son travail chez Silverstream. Grove avait besoin de cette couverture médicale et accepta le deal. Toutefois, après sa convalescence, il eut quelques soupçons sur cet accord secret et décida, à tout le moins, de rester en contact avec certains employés honnêtes de Marsh, dont plusieurs étaient maintenant de proches amis. Peu de temps après, l’un d’eux prit ses dispositions pour permettre à Grove d’assister à une réunion dans les bureaux de Marsh & McLennan, au cours de laquelle les employés honnêtes devaient "interroger ouvertement le dirigeant suspecté d’être au coeur de ces affaires controversées de camouflages." Ce dirigeant avait donné son accord pour participer à la réunion par vidéo-conférence depuis son appartement situé dans les beaux quartiers de Manhattan. C’est cette même personne qui, plusieurs mois auparavant, avait demandé à Grove de fermer les yeux sur toute cette affaire. Grove était en possession de documents prouvant une activité illégale, et envisageait de les présenter lors de la réunion. Mais le jour J, il arriva en retard, à cause des bouchons dans Manhattan. Grove déclare qu’il se trouvait à moins de 2 ou 3 blocs du  World Trade Center lorsque le Vol UAL 175 frappa la Tour Sud. A ce moment-là, pratiquement tous ses amis qui se trouvaient dans la Tour Nord étaient déjà décédés, ou pris au piège dans les étages supérieurs. Au total, ce sont plus de 300 employés de Marsh qui périrent ce matin-là. Aucun d’entre eux ne savait vraiment ce qui les attendait.

[À suivre…]

Mark H. Gaffney

ForeignPolicyJournal, le 11 février 2011

 

Traduction Vincent pour ReOpenNews


Notes de l’auteur :

  1. Chalmers Johnson, Nemesis: The Final Days of the American Republic, Henry Holt & Co., New York, 2006, pp. 9 and 115.
  2. http://www.cbsnews.com/stories/2002/01/29/eveningnews/main325985.shtml
  3. Vaughn’s testimony is intriguing because it does not conform in all respects to the official narrative. Vaughn told CNN: “There wasn’t anything in the air, except for one airplane, and it looked like it was loitering over Georgetown, in a high, left-hand bank,” he said. “That may have been the plane. I have never seen one on that (flight) pattern.” The aircraft described by Vaughn has never been identified. Ian Christopher McCaleb, “Three-star general may be among Pentagon dead,” CNN, September 13, 2001
  4. http://www.fas.org/irp/cfr.html
  5. Douglas Frantz, “A Midlife Crisis at Kroll Associates”, New York Times, September 1, 1994
  6. http://en.wikipedia.org/wiki/Jerome_Hauer
  7. David Ignatius, “The French, the CIA and the Man Who Sued Too Much”, Washington Post, January 8, 1996.
  8. http://www.thefreelibrary.com/AIG+Vice+Chairman+Frank+G.+Wisner+Announces+Retirement.-a0193518331
  9. http://www.cfr.org/bios/879/frank_g_wisner.html
  10. Vijay Prashad, “The Empire’s Bagman”, Counterpunch, February 2, 2011. Posted at http://www.counterpunch.org/prashad02022011.html
  11. Robert Fisk, “US Envoy’s business link to Egypt”, The Independent (UK), February 7, 2011.
  12. Daniele Ganser, "Les Armées secrètes de l’OTAN. Réseaux Stay-Behind, Opération Gladio et Terrorisme en Europe de l’Ouest", Editions Demi-Lune, 2005
  13. William Blum, "Killing Hope: US Military and CIA Interventions Since World War II", Common Courage Press, Monroe, ME, 1995, pp, 148-152.
  14. Alexandra Richard, “The CIA met bin Laden while undergoing treatment at an American Hospital last July in Dubai," Le Figaro, October 11, 2001. (translated by Tiphaine Dickson)
  15. Anthony Sampson, “CIA agent alleged to haveb met Bin Laden in July,” Guardian (UK), November 1, 2001
  16. "The Brazilian connection", June 25, 2005
  17. Mark Sherman, “Justice Department finds billing irregularities by former interim Enron CEO,” Associated Press, March 27, 2006
  18. Paul Krugman, The Great Unraveling, Norton & Co, 2005, pp. 318-320.
  19. http://www.freewebs.com/abigsecret/Grove.html
  20. Ibid.
  21. Ibid.
  22. Ibid.
  23. http://www.foxnews.com/story/0,2933,62151,00.html#wtc

 


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