Lorsque les spécialistes de la guerre ont « développé l’expertise », Obama a retourné sa veste

Si les escadrons de la mort formés par la SOA (voir  le récent article de ReOpenNews) étaient destinés à l’action sur le continent sud américain, les mêmes commanditaires, c’est à dire le gouvernement américain, lancent leur Force Spéciale ailleurs dans le monde, là où la soumission des population se fait urgente. Visé cette fois, l’Afghanistan. Le Président B. Obama, vient de cautionner la création d’une nouvelle équipe aux pouvoirs exceptionnels afin de remplacer les incapables qui n’ont su imposer l’hégémonie U.S. dans la région.

"Les Afghans sont au centre de notre mission, ils sont même l’essence de notre mission en réalité, nous devons les protéger de toute violence, quelle qu’en soit la nature." Et : "2009 sera une année cruciale pour la coalition (internationale) et, même si nous agirons avec précaution, nous le ferons sans peur." (Citations  du Général Mcchrystal lors de la cérémonie de passation de pouvoir au QG de la Force Internationale d’assitance à la sécurité (ISAF) de l’OTAN à Kaboul, reprises par levif.be).

Quant à M. Gates, le secrétaire à la Défense du gouvernement Obama,  il n’annonce rien de moins qu’ un bain de sang. Si l’on est loin d’en avoir terminé avec la politique de la terreur instiguée par Bush et Cheney, l’image pacifiste du Président Obama est définitivement balayée.
 


L’empreinte américaine en Afghanistan

Source : LE DEVOIR.com

Marie-Christine Bonzom, Édition du samedi 16 et du dimanche 17 mai 2009 

Le nouveau commandement militaire mis en place par Barack Obama devra appliquer la même tactique que celle utilisée en Irak depuis un an

Barack Obama marque la guerre en Afghanistan de son empreinte. Après avoir annoncé des renforts, il vient de remplacer le général qui commande les troupes américaines et celles des autres pays de l’OTAN. Mais le général qui va désormais diriger la guerre est controversé et la stratégie qu’il va employer inquiète les sympathisants de M. Obama aux États-Unis.

Washington — Le limogeage d’un général qui commande les troupes américaines en temps de guerre est une mesure exceptionnelle. Le départ d’Afghanistan du général David McKiernan (1) est ainsi la première démission forcée d’un commandant depuis celle de Douglas McArthur (2), qui fut «démissionné» par le président Harry Truman en 1951, en pleine guerre de Corée.

«L’exécution de notre nouvelle stratégie en Afghanistan exige un nouveau commandement militaire», explique le porte-parole de la Maison-Blanche. Cette nouvelle stratégie avait pourtant été réclamée dès l’an dernier par M. McKiernan, un général qui s’est illustré en dirigeant l’armée de terre durant l’invasion de l’Irak. Elle se traduira, notamment, par l’arrivée en Afghanistan d’ici l’été de 21 000 soldats qui porteront le contingent américain à 68 000 hommes.

Le nouveau commandant, qui, comme M. McKiernan, supervisera aussi bien les troupes américaines que les 33 000 hommes des autres pays de l’OTAN, y compris les Canadiens, est le général Stanley McChrystal (3), un Béret vert qui a emmené les forces spéciales (4) contre al-Qaïda en Irak entre 2003 et 2008.

À Washington, M. McChrystal est jugé moins «traditionnel» que son prédécesseur. Proche de David Petraeus, ancien commandant en chef en Irak et désormais commandant de toutes les forces américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale, il est considéré comme l’un des membres d’une nouvelle vague militaire, celle d’un Pentagone focalisé, non plus sur les conflits entre États, mais sur les conflits «asymétriques» (5) dans lesquels un État est confronté à un mouvement rebelle ou une insurrection populaire.

«Les guerriers non traditionnels comme McChrystal sont ceux qui s’élèvent désormais aux postes de responsabilité, mais il y a un risque énorme à s’appuyer sur eux parce qu’ils incarnent l’acceptation de cette idée selon laquelle la guerre asymétrique est la voie de l’avenir ainsi que le refus d’examiner les implications de cette approche», indique au Devoir le colonel Andrew Bacevich, professeur de relations internationales à l’Université de Boston, auteur d’ouvrages sur le militarisme et l’impérialisme américains et l’un des principaux détracteurs des guerres d’Irak et d’Afghanistan aux États-Unis.

La méthode irakienne

La mission du général McChrystal sera d’appliquer les tactiques américaines utilisées depuis un an en Irak pour contrer la résurgence des talibans et d’al-Qaïda en Afghanistan. En particulier, l’intégration d’anciens rebelles dans des milices financées par les États-Unis et les opérations-commandos visant à assassiner des responsables des talibans ou du réseau d’Oussama ben Laden.

M. McChrystal a commandé une unité secrète en Irak à laquelle a été attribué l’assassinat d’Abou Moussab Al-Zarqaoui (6), chef du réseau Ben Laden en Irak. Mais les techniques employées par ses hommes sont controversées. Son unité d’élite, composée de 1000 hommes des forces spéciales, s’est distinguée par sa brutalité lors d’interrogatoires de prisonniers,(7) si bien que cinq officiers du général furent inculpés de sévices et que le Sénat prit la mesure inhabituelle de retarder la nomination de M. McChrystal auprès de l’état-major interarmes en mai 2008.

Entre le nouveau commandant et la nouvelle stratégie, les sympathisants de Barack Obama sont mal à l’aise. Le magazine de gauche The Nation voit ainsi dans la nouvelle stratégie une «escalade» et dans la guerre en Afghanistan «un bourbier de plus en plus profond». Le site Internet Slate écrit que «le limogeage de McKiernan signale un changement radical dans la stratégie des États-Unis et signifie que la guerre en Afghanistan devient, sans équivoque, la guerre d’Obama».

Pour sa part, George McGovern, opposant de la guerre du Vietnam et candidat démocrate malheureux à la présidence en 1972, met en garde Barack Obama contre les «pièges de la guerre» et l’exhorte à ne pas oublier les réformes urgentes qui s’imposent aux États-Unis mêmes. Quant au député démocrate du Massachusetts, Jim McGovern (pas de parenté avec le précédent), il se dit «fatigué de ces guerres sans fin, sans stratégie claire et sans plan de sortie».

La déclaration la plus importante de Barack Obama (8) pendant la campagne présidentielle fut sans doute celle dans laquelle il promit de «mettre fin, non seulement à la guerre en Irak, mais aussi à la mentalité qui nous a donné la guerre en Irak». Mais Andrew Bacevich (9), qui a voté pour lui en novembre, déplore le fait qu’«Obama n’a rien fait jusqu’à présent pour mettre un terme à cette mentalité».

«Obama ne fait pas partie du complexe militaro-industriel stigmatisé par Eisenhower (10), mais il ne le défie en rien», poursuit cet ancien du Vietnam qui prône le retrait des États-Unis et de l’OTAN d’Afghanistan, l’abandon de toute velléité de doter ce pays d’un gouvernement centralisé et la «sous-traitance» de la lutte contre les talibans et al-Qaïda à des «seigneurs de guerre afghans que les pays occidentaux paieraient pour cela».
 


 Renvois (par ReOpenNews)

(1) Le Général David Mckiernan
(2) Le Général Douglas McArthur
(3) Le Général Stanley McChrystal
(4) Special Forces ou les Forces Spéciales et Bérets Verts
(5)
Guerre asymétrique et droit international
(6) Moussab Al Zarkaoui
(7) McChrystal et la torture
(8) Obama réafirme son intention de mettre fin à la guerre
(9) Andrew Bacevich : professeur de relations internationales à l’Université de Boston
(10) Video du discour de D. Eisenhower contre le complexe militaro industriel
 


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2 Responses to “Lorsque les spécialistes de la guerre ont « développé l’expertise », Obama a retourné sa veste”

  • C’est un peu comme pour l’actuelle question sur les élections iraniennes. B. Obama tenait à rester neutre en se s’interposant pas dans les affaires internes de l’Etat iranien pour maintenir une latitude neutre vis-à-vis de la politique étrangère de cet Etat. Mais le vote du Parlement (notamment les conclusions de la commission des affaires étrangères) fait que le Président a dû modifier sa stratégie personnelle et aujourd’hui annoncer une position inverse à celle de la veille.

    Comme quoi les décisions n’incombent pas uniquement au Président mais à l’ensemble des représentants élus démocratiquement. Une volonté seule ne fait souvent pas le poids face à la somme des forces adverses. C’est du moins ce qui ressort de cet événement.





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