Les contradictions du 11-Septembre : quand Cheney est-il entré dans le bunker souterrain ?

En ce qui concerne la matinée du 11-Septembre, tout le monde est d’accord sur le fait qu’à un moment, après 9:03 (lorsque la tour sud du WTC a été frappée) et avant 10:00, le Vice-président Dick Cheney est descendu dans le PEOC (Presidential Emergency Operations Center), le centre opérationnel d’urgence de la présidence, que l’on appelle parfois le « bunker », sous l’aile est de la Maison-Blanche. Chacun s’accorde sur le fait qu’une fois là, Cheney était aux commandes _ qu’il prît des décisions ou relayât celles du président Bush. Mais il y a d’énormes divergences quant à l’heure exacte à laquelle Cheney est entré dans le PEOC.

Selon le Rapport de la Commission du 11/9, Cheney est arrivé "juste avant 10:00, peut-être à 9:58" (Rapport de la Commission /henceforth 9/11CR/, 40). Cependant, cette heure officielle contredit presque tous les rapports antérieurs, dont certains le disaient présent avant 9:20. Cette différence est importante, car si l’heure de la Commission est correcte, Cheney n’était pas aux commandes dans le bunker lorsque le Pentagone fut frappé, ou durant presque tout le temps où le vol 93 approchait Washington. Mais si les rapports qui le disaient présent avant 9:20 sont corrects, il était aux commandes dans le PEOC durant tout ce temps.

Compte-rendu de Mineta à propos de l’arrivée précoce de Cheney

La déclaration la plus fameuse contredisant la Commission du 11/9 a été faite par le secrétaire aux Transports, Norman Mineta, lors de son témoignage public devant la Commission, le 23 mai 2003. Ayant dit qu’il "était arrivé au PEOC vers 9:20", Mineta rapporta avoir alors surpris une conversation, qui avait manifestement débuté avant son arrivée, entre un homme jeune et le vice-président Cheney. Cette conversation, qui avait trait à un avion s’approchant de Washington, s’acheva lorsque Cheney confirma que "les ordres (tenaient) toujours". Quand le membre de la Commission Timothy Roemer demanda plus tard à Mineta combien de temps après son arrivée il avait surpris cette conversation à propos des "ordres qui tenaient toujours", Mineta répondit : "Probablement 5 ou 6 minutes". "Cela voudrait dire, souligna Roemer, vers 9:25 ou 9:26".

C’est une contradiction remarquable. Etant donné que Cheney, aux dires de Mineta, était en pleine conversation, il devait être au PEOC plusieurs minutes avant l’arrivée de Mineta à 9:20. Si Cheney avait été là depuis 9:15, il y aurait une différence de 43 minutes entre le témoignage de Mineta et le Rapport de la Commission du 11/9. Pourquoi une telle contradiction ? L’une des explications possibles serait que Mineta s’est trompé. Cependant, son histoire concorde avec celle de nombreux témoins.

D’autres rapports qui soutiennent l’arrivée précoce de Cheney.

Richard Clarke rapporta que lui-même, Cheney et Condoleezza Rice eurent une brève réunion après 9:03, à la suite de laquelle le Secret Service demanda à Cheney et à Rice de descendre au PEOC. Cependant, Rice partit avec Clarke au centre de vidéoconférence de la Maison-Blanche où Clarke devait préparer une vidéoconférence qui débuta à 9:10 environ. Après quelques minutes là-bas, Rice déclara, selon Clarke : "Vous allez avoir rapidement besoin de décisions. Je vais au PEOC pour être avec le vice-président. Dites-nous de quoi vous avez besoin". A 9:15 environ, Norman Mineta arriva et Clarke lui suggéra de rejoindre le vice-président. (Contre tous les ennemis, 2-5) Ainsi, Clarke laisse entendre que Cheney était au PEOC plusieurs minutes avant 9:15.

Dans une émission d’information d’ABC pour le premier anniversaire du 11/9, David Bohrer, photographe de Cheney à la Maison-Blanche, signala que, peu de temps après 9:00, des agents du Secret Service allèrent dans le bureau de Cheney et dirent : Monsieur, vous devez venir avec nous ». Au cours de cette même émission, Rice déclara : "Alors que j’étais en train de chercher tous les responsables, le Secret Service est entré et a dit : "Maintenant vous devez aller au bunker. Le vice-président y est déjà. Il est possible qu’un avion se dirige vers la Maison-Blanche". Ensuite, Charles Gibson d’ABC déclara : "Dans le bunker, le Vice-président est rejoint par Rice et le secrétaire aux Transports Norman Mineta". (11/9 : interviews par Peter Jennings, ABC News, 11 septembre 2002).

L’affirmation de la Commission du 11/9 quant à l’arrivée tardive (de Cheney).

La Commission du 11/9 est d’accord sur le fait que le vice-président fut poussé dans le bunker après réception d’une information selon laquelle un avion se dirigeait vers la Maison-Blanche. Cependant, elle déclara que cette information ne fut pas reçue avant 9:33. Mais à ce moment-là, d’après la Commission, les agents du Secret Service reçurent un autre message leur indiquant que l’avion s’était détourné; aussi, aucun geste ne fut esquissé pour évacuer le Vice-président à cet instant. Le Secret Service n’ordonna au vice-président de descendre que juste avant 9:36 (Rapport de la Commission du 11/9, 40, 39). Mais même après qu’il fut entré dans le souterrain, Cheney n’alla pas immédiatement au PEOC. En effet :

Une fois à l’intérieur, le Vice-président Cheney et les agents (du Secret Service) s’arrêtèrent dans une zone du tunnel pourvue d’un téléphone sécurisé, d’un banc et d’une télévision. Le Vice-président demanda à parler au Président, mais l’établissement de la communication prit du temps. Dans le tunnel, il apprit que le Pentagone avait été touché et vit un reportage télévisé montrant de la fumée sortant du bâtiment (Rapport de la Commission du 11/9, 40). Ensuite, "après que Lynne Cheney eut rejoint son mari dans le tunnel", déclare la Commission, Madame Cheney et le vice-président quittèrent le tunnel pour la salle de conférence de l’abri dès la fin de l’appel, ce qui n’eut lieu qu’après 9:55. Quant à Rice, ajouta la Commission, elle entra dans la salle de conférence peu de temps après le Vice-président. (Rapport de la Commission, 40).

La contradiction ne pourrait être plus claire. Selon la Commission, Cheney, loin d’entrer dans le PEOC avant 9:20, comme l’affirmaient Mineta et d’autres, n’y arriva pas avant 9:58 environ, 20 minutes après l’attaque du Pentagone qu’il avait apprise dans le couloir.

Le récit de Cheney à l’émission Meet the Press.

Le compte-rendu de la Commission du 11/9 contredit même celui qui fut livré par Cheney lors d’une fameuse interview. S’adressant à Tim Russert dans l’émission Meet the Press cinq jours seulement après le 11-Septembre, Cheney déclara : "Après avoir parlé au Président, je suis descendu au… Centre opérationnel d’urgence présidentiel… Peu de temps après y être arrivé, on nous a informés que le Pentagone avait été frappé". Par conséquent, Cheney lui-même indiqua qu’il était entré au PEOC avant l’attaque du Pentagone, et non 20 minutes après, comme le déclarerait plus tard la Commission.

A propos des contradictions.

Comment la Commission du 11/9 a-t-elle traité le fait que sa déclaration sur l’heure d’arrivée de Cheney dans le bunker a été contredite par Bohrer, Clarke, Mineta, Rice, d’autres rapports, et par Cheney lui-même ? Elle a simplement omis de mentionner ces rapports contradictoires.

La plus notable de ces omissions est l’absence de mention, de la part de la Commission, du témoignage de Norman Mineta, bien qu’il ait été livré à la Commission au cours d’une séance publique, comme on peut le voir à la lecture de la retranscription de cette séance (23 mai 2003). Cette partie du témoignage de Mineta a également été effacée de la version officielle de l’enregistrement vidéo des séances de la Commission dans les archives de la Commission du 11/9. Elle peut toutefois être visionnée sur internet.

Lors d’une interview pour Radio Canada en 2006, on demanda à Hamilton ce que Mineta avait dit à la Commission à propos de l’endroit où se trouvait Dick Cheney avant 10:00. Hamilton répondit : "Je ne m’en souviens pas". (11/9 : Vérité, Mensonges et complot, Interview, Lee Hamilton, CBS News, 21 août 2006.) Il est surprenant que Hamilton ne s’en soit pas souvenu, car c’était lui qui posait les questions lorsque Mineta raconta l’histoire d’une conversation entre un jeune homme et Cheney. En outre, Hamilton avait commencé son interrogatoire en disant à Mineta : "Vous avez été (dans le PEOC) une bonne partie de la journée. Je crois que vous y étiez avec le Vice-président". L’échange entre Mineta et Timothy Roemer, durant lequel il fut établi que Mineta était arrivé vers 9:20, suivit immédiatement l’interrogatoire d’Hamilton. Et pourtant, Hamilton, incapable de se rappeler quoi que ce soit, dit simplement : "Nous pensons que le Vice-président Cheney est entré dans le bunker un peu avant 10:00".

On efface le témoignage problématique de Mineta.

Pour connaître les possibles raisons qui ont poussé la Commission du 11/9 à vouloir effacer l’histoire de Mineta de l’enregistrement public, il convient d’examiner la conversation qu’il a rapportée devant la Commission. Il a déclaré : "Pendant que l’avion s’approchait du Pentagone, il y avait un jeune homme qui venait informer le Vice-président : "l’avion est à 50 miles (80 kilomètres)", "l’avion est à 30 miles (50 kilomètres)", et lorsqu’il eut indiqué : "l’avion est à 10 miles (15 kilomètres)", le jeune homme demanda également au vice-président : "Les ordres tiennent-ils toujours ?" Et le vice-président de tourner la tête dans tous les sens et de répondre : "Bien sûr que les ordres tiennent toujours. Avez-vous entendu dire le contraire ?"

L’histoire de Mineta a de dangereuses implications en ce qui concerne l’attaque du Pentagone, laquelle est survenue à 9:38. D’après la Commission du 11/9, "l’armée n’a pas su qu’un avion non identifié s’approchait du Pentagone avant 9:36, si bien qu’elle n’avait qu’une ou deux minute pour réagir" (Rapport de la Commission du 11/9, 34). Cette déclaration était essentielle pour expliquer pourquoi le Pentagone n’avait pas été évacué avant la frappe _ événement qui causa la mort de 125 personnes. Un porte-parole du secrétaire à la Défense Rumsfeld, lorsqu’on lui demanda pourquoi l’évacuation n’avait pas eu lieu, répondit ceci  : "Le Pentagone n’était absolument pas au courant que cet appareil venait vers nous". (Newsday, 23 septembre 2001). En comparaison, le témoignage de Mineta suggérait que Cheney, parmi d’autres, savait 12 minutes avant la frappe qu’un avion s’approchait de Washington.

Encore plus problématique était la question de la nature des "ordres". Mineta déclara qu’il supposait que les ordres étaient d’abattre l’avion. Mais l’avion ne fut pas abattu. En outre, les ordres attendus, surtout un jour où deux avions détournés s’étaient déjà écrasés sur deux bâtiments à New York, eussent été d’abattre tout avion civil violant l’espace aérien au-dessus de Washington, dans lequel les vols civils sont de tout temps interdits. ("Les pilotes sont avisés des espaces aériens interdits. Les contrevenants s’exposent à une action militaire". Communiqué de presse de la FAA (Federal Aviation Agency), l’Agence Fédérale de l’Aviation, 28 septembre 2001). Si ces ordres avaient été donnés, il n’y aurait eu aucune raison de demander s’ils tenaient toujours. La question aurait eu du sens si les ordres étaient d’accomplir quelque chose d’inhabituel _ ne pas abattre l’avion. Par conséquent, il semble que Mineta ait rapporté par inadvertance la confirmation, de la part de Cheney, de l’ordre de rester au sol.

Que le compte-rendu de Mineta fut considéré comme dangereux est suggéré par le fait que la Commission du 11/9, en plus d’effacer son témoignage et de retarder de 45 minutes l’entrée de Cheney dans le bunker, a remplacé l’histoire de Mineta par une nouvelle histoire d’un avion en approche. D’après le rapport de la Commission du 11/9, voici ce qui s’est vraiment passé :

A 10:02, le personnel en charge des communications présent dans l’abri a commencé à recevoir des rapports du Secret Service au sujet d’un avion en approche… A un moment donné, entre 10:10 et 10:15, un aide de camp est venu dire au Vice-président et à d’autres personnes que l’avion était à 80 miles (129 kilomètres)… On demanda au Vice-président Cheney l’autorisation d’abattre l’avion. Le Vice-président donna son feu vert pour qu’un chasseur abatte l’avion en approche… L’aide de camp revint quelques minutes plus tard, sans doute entre 10:12 et 10:18, et déclara que l’avion était à 60 miles (97 kilomètres). Il demanda de nouveau l’autorisation de l’abattre. Le vice-président répondit une nouvelle fois par l’affirmative.

Ainsi, la Commission du 11/9 a présenté l’histoire de l’avion en approche comme s’étant achevée par un ordre, non point de rester au sol, mais de descendre l’avion. Et en faisant survenir cet ordre après 10:10, la Commission, non seulement le dissocie de la frappe contre le Pentagone, mais encore exclut la possibilité que l’autorisation de Cheney d’abattre l’avion ait pu conduire à la destruction du vol 93 (lequel s’est écrasé à 10:03, d’après la Commission).

Concernant la descente de Cheney dans le bunker, étant donné que le compte-rendu de la Commission contredit non seulement le témoignage de Mineta, mais aussi celui d’autres témoins, y compris celui de Cheney lui-même, le Congrès et la Presse doivent ouvrir des enquêtes pour déterminer ce qui s’est vraiment passé.
 

Par David Ray Griffin, le 24 avril 2008 pour Global Research
Traduction par Stéphane Barthe pour ReOpenNews
 


Note : Cet essai est une version abrégée des chapitres 2 et 3 de Les contradictions du 11-Septembre : Lettre ouverte au Congrès et à la Presse (Northampton, Olive Branch, mars 2008), de D.R. Griffin.

2 Responses to “Les contradictions du 11-Septembre : quand Cheney est-il entré dans le bunker souterrain ?”

  • Danyray

    Dans une interview télévisée, peu après le 11-Septembre, Dick Cheney explique le fonctionnement du Secret Service, qui assure la sécurité de la présidece. Il raconte que « après l’impact », les gardes du corps l’ont emmené sans ménagement à l’abri – ce qui est la procédure habituelle.
    Il se trouve à la Maison Blanche à ce moment-là. Si c’est après l’impact de la tour nord, 8h46, il faut probablement moins de dix minutes pour l’emmener dans le PEOC, bunker souterrain résistant y compris à une attaque nucléaire paraît-il. Il y est donc avant 9h. S’il parle du deuxième impact, sur la tour sud, à 9h03, la même logique fait qu’il y est avant 9h15.
    Norman Mineta, lui, arrive vers 9h20 au PEOC, et assure que Cheney est déjà là… Echec et mat !
    Et puis entre nous, j’ai plus tendance à croire Mineta, ministre de Bush, qui n’a rien à gagner dans l’histoire sinon des emmerdes, que Dick the Rotten », j’ai nommé Cheney…





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