Les secrets des mercenaires de Blackwater

Nouveau chapitre dans la privatisation des guerres menées par les Etats-Unis : selon son directeur désormais bien connu Erik Prince, la société américaine de mercenaires Blackwater[1] serait plus active que jamais sur les terrains de conflits comme au Moyen-Orient ou en Amérique latine. Cette société aussi connue sous le nom de Xe Service a obtenu pour plusieurs milliards de dollars de contrat avec les administrations américaines depuis le 11 septembre 2001 et serait actuellement en train d’installer quatre bases militaires "privées" en Afghanistan, de mener des opérations au Pakistan – chose que nie l’administration Obama – ainsi qu’en Iran. Malgré les remises en cause par le Congrès américain de ces pratiques en juin dernier, rien ne semble devoir arrêter cette escalade, pas même notre dernier Prix Nobel de la Paix.

 

 


 

par Eva Golinger, publié sur mondialisation.ca le 29 juillet 2010

Blackwater est une société militaire privée US fondée en 1997. Ses activités ont débuté dans la sous-traitance de l’entraînement militaire. Après les attaques terroristes contre le destroyer USS Cole en 2000, Blackwater signe un contrat avec la Marine pour l’entraînement d’une force de protection, mais les grands contrats viendront après les attentats du 11 Septembre. Depuis, ils ont travaillé notamment en Irak et en Afghanistan. Leur terrain d’action s’élargit de plus en plus.

Dans des enregistrements secrets obtenus par l’enquêteur étasunien Jeremy Scahill, le président de l’entreprise de mercenaires bien connue Blackwater, a révélé les plans pour réaliser des guerres clandestines dans plusieurs pays du monde.

Dans ces enregistrements, Erik Prince, fondateur et président de Blackwater (actuellement connu sous le nom de « Xe »), expliquait que Blackwater enverrait des mercenaires armés, embauchés par le gouvernement des USA, pour lutter contre des « terroristes » au Nigeria, en Somalie et en Arabie Saoudite.

Plus spécifiquement, l’objectif de ces missions serait de combattre l’influence de l’Iran dans la région, a confirmé Prince dans ses déclarations.

Selon Scahill, Prince a aussi révélé des informations sur les opérations clandestines que Blackwater conduit actuellement au travers de quatre bases d’ « opérations d’avant-garde » contrôlées par la société en Afghanistan. « Nous construisons quatre bases militaires, nous les équipons et les conduisons », a déclaré Prince, expliquant qu’elles sont localisées dans les régions nord, sud, est et ouest de l’Afghanistan. Une des bases réalisées par Blackwater, FOB Lonestar, est justement à moins de 10 kilomètres de la frontière avec le Pakistan. « Qui d’autre a construit une base d’opérations d’avant-garde si près de la route d’infiltration des Talibans ? », a demandé Prince, très fier de ses opérations.

Permettre à une entreprise privée de réaliser des « bases militaires » dans un pays étranger dans le contexte d’une guerre est en pleine violation de la Convention de Genève et des lois internationales qui régulent les conflits armés. Nonobstant, Washington n’a pas suspendu les opérations. A ce jour, les agences de Washington ont réalisé des contrats pour plus de deux mille millions de dollars avec Blackwater, depuis 2002.

Le président de Blackwater a aussi fait mention de son travail au Pakistan, ce qui dément la version officielle de Washington sur sa supposée absence dans ce pays asiatique. Prince a reconnu que Blackwater réalise actuellement des opérations secrètes à l’intérieur du Pakistan, financées par le Pentagone et la CIA, opérations faisant partie de la « guerre contre le terrorisme ».

Iran

Prince a révélé que Blackwater réalise activement un plan « maître » pour organiser une rébellion Shia dans la région. « Ils ne vont pas parvenir à résoudre le problème (de l’Iran) avec des soldats en uniforme. C’est beaucoup trop sensible. Le secteur privé peut opérer là-bas sans laisser quasi aucune trace », a affirmé Prince, ajoutant que l’utilisation de contractuels privés pour mener ces opérations serait beaucoup plus économique qu’une guerre traditionnelle.

Amérique latine

Depuis 2004, Washington a aussi maintenu un contrat avec Blackwater et d’autres entreprises sous contrat pour l’emploi de 500 mercenaires « latinos » (ou qui parlent espagnol) qui sont en permanence prêts à exécuter des actions clandestines en Amérique Latine. Sur ces 500 mercenaires, une équipe est spécifiquement affectée à Cuba et fait partie des efforts de Washington pour promouvoir un « changement de régime » et une « transition » dans l’île des Caraïbes.

par Eva Golinger, publié sur mondialisation.ca le 29 juillet 2010

 

Traduit par Jean-Louis Sellier pour Investig’Action


 

Références ReOpenNews

  1. Lire par exemple "Le Pentagone des démocrates : la guerre est là mais elle ne se voit pas"

 

En lien avec cet article

  • 8 mai 2010 | NouvelObs | Sara Daniel : "Profession chiens de guerre"
  • 22 sept 2009 | Megachip | Giulietto Chiesa : "Nouvelles révélations sur les « corps séparés » des Services secrets : Les « bras de levier » de la stratégie de tension internationale"
  • 26 nov 2008 | Blog de Guillaume Gobbi | "Les escadrons du néo-libéralisme"

 

One Response to “Les secrets des mercenaires de Blackwater”

  • Red Cloud

    Dans cet article sur l’attaque d’un temple à Lahore début juillet, l’auteur évoque des liens entre ces firmes de mercenaires et les organisateurs des attaques (copié plus bas).

    C’est cohérent avec les faits connus qui concernent l’encadrement par MPRI des brigades terroristes en Macédoine l’été 2001.

    C’est aussi sans doute ce qui se passe dans la Corne de l’Afrique. A Seymour Hersh, un officiel du Pentgone avait admis que des opérations sous fausse bannière y étaient conduites.

    La « lutte contre le terrorisme » est une belle expression.

    « Foreign footprints

    Asia Times Online has learned from high-level security contacts that private US defense contractors want to operate in Punjab to trace militant networks and then make recommendations for penetrating them.

    Despite intense opposition from the military establishment, a few days before the shrine attack over 50 foreign nationals, including officials of a private American defense contracting firm, arrived in Pakistan – even though they did not have security clearance from Pakistani intelligence agencies.

    According to the contacts, these nationals had earlier been denied visas by the Pakistani embassies they first approached, including in the US, Britain and India. However, they were apparently subsequently given visas by the embassy in Abu Dhabi and the consulate in Dubai in the United Arab Emirates. This was done without the prerequisite clearance from the Pakistani Ministry of Interior, the Defense Ministry and the security agencies.

    « These included over a dozen US nationals who had already been denied visas by our embassy in Washington on suspicion of them having links to Blackwater [Xe Services], » a source told Asia Times Online, adding that the visas had been issued for periods of six months to two years, although usually visas are only give for 90 days.

    Foreign Office spokesman Abdul Basit could not be reached for comment despite repeated attempts.  »

    http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/LG03Df04.html

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