[Brève] La censure pointée du doigt à l’audience des accusés du 11-Septembre

La censure exercée par la justice militaire de Guantanamo, visant à garder "top secret"
tous les faits et gestes des accusés du 11-Septembre, a été sévèrement critiquée
par la défense, au deuxième jour d’une audience boycottée par le cerveau (Ndlr : présumé) des attaques.
 

 

 

AFP – La censure exercée par la justice militaire de Guantanamo, visant à garder "top secret" tous les faits et gestes des accusés du 11-Septembre, a été sévèrement critiquée par la défense, au deuxième jour d’une audience boycottée par le cerveau (Ndlr : présumé) des attaques.

La défense a littéralement "supplié" le juge militaire de l’aider à comprendre "quelle information est en réalité classée secret défense" dans le passé des cinq hommes accusés des attentats les plus meurtriers de l’histoire américaine.

Comme "toutes les déclarations des accusés sont présumées contenir des informations top secret", parle-t-on aussi de "ce qu’ils vont avoir à manger à midi"?, a demandé l’avocat James Connell.

Quatorze médias et une organisation de défense des libertés (Aclu) ont plaidé en faveur de la transparence des débats, dénonçant "l’antichambre de la censure" qui prive le grand public d’informations précieuses sur "le procès pour terrorisme le plus important de notre temps".

Ces échanges ont eu lieu en l’absence de trois des cinq accusés, qui ont choisi de ne pas assister à l’audience, après y avoir été autorisés la veille par le juge militaire.

Le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed, qui a revendiqué les attentats "de A à Z", avait boycotté l’audience, après avoir dénoncé la veille un tribunal "sans justice", ainsi que son neveu Ammar al-Baluchi et le Saoudien Moustapha al-Houssaoui. Seuls les Yéménites Walid Ben Attach et Ramzi ben al-Chaïba, vêtus de tuniques blanches traditionnelles et coiffés de turbans, ont fait acte de présence.

Cette audience, la première depuis la mise en accusation des cinq hommes en mai, est destinée à préparer leur procès, qui ne s’ouvrira pas avant un an sur la base navale américaine, située à Cuba à des milliers de kilomètres de Manhattan où le président Barack Obama voulait initialement les juger.

"Une antichambre de la censure"

Mardi, comme tous les jours d’audience, les familles des victimes du 11-Septembre et les journalistes assistaient aux échanges derrière une paroi vitrée, où les mots leur parviennent avec 40 secondes de différé. Ce délai permet à un censeur d’appuyer sur un interrupteur et de brouiller toutes les déclarations jugées sensibles pour la sécurité nationale.

"Les tribunaux américains n’ont pas d’antichambre de la censure qui sépare le public de la salle du tribunal", a protesté Hina Shamsi, l’avocate de l’Aclu.

"Le public a le droit de savoir ce qui est fait ici en son nom", a lancé pour sa part l’avocat des médias, David Schulz. Le priver "même temporairement" des informations dites classifiées "viole la Constitution", a-t-il dit.

Le juge James Pohl a rétorqué que "ce délai de 40 secondes était simplement un instrument pour des déclarations inattendues", "je ne vois qu’une abondance de précaution si quelque chose sort sans prévenir".

Au coeur du débat, les mauvais traitements assimilés à de la torture que les accusés ont endurés lors de leur détention dans des prisons secrètes avant leur transfert à Guantanamo en 2006.

"Comme les accusés ont été détenus et interrogés selon le programme de la CIA, ils ont été exposés à des sources, des méthodes et des activités classifiées (…) et sont en position de révéler ces informations publiquement", argue le gouvernement américain, dans son recours, qui réclame de maintenir le caractère secret de l’audience au nom de la sécurité nationale.

L’avocat Kevin Bogucki a évoqué un "immense parapluie" qui vise à dissimuler "tous les souvenirs et le passé" des accusés. Il a cité en exemple une note rédigée par un détenu de Guantanamo sur le basketeur américain LeBron James qui a mis deux mois complets pour revenir estampillée par la censure.

"Je ne peux même pas dire aux enfants de mon client : votre père veut que vous obéissiez à votre mère", a-t-il protesté.

Le juge a par ailleurs autorisé désormais les accusés à être absents à condition d’en notifier l’autorité militaire. Le colonel Pohl leur a aussi accordé le droit de porter les vêtements de leur choix à l’audience, à l’exception de tenues "incompatibles avec leur statut de prisonniers".

Une polémique avait surgi en juin à Guantanamo quand le commandant de la prison leur avait interdit de porter un treillis paramilitaire, la célèbre combinaison orange ou une veste afghane traditionnelle, craignant que ces vêtements ne deviennent un outil de propagande.

source : France 24 


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2 Responses to “[Brève] La censure pointée du doigt à l’audience des accusés du 11-Septembre”

  • H.

     » Mardi, comme tous les jours d’audience, les familles des victimes du 11-Septembre et les journalistes assistaient aux échanges derrière une paroi vitrée, où les mots leur parviennent avec 40 secondes de différé. Ce délai permet à un censeur d’appuyer sur un interrupteur et de brouiller toutes les déclarations jugées sensibles pour la sécurité nationale.  »

    Un remake des procès de Moscou ou des faux incendiaires du Reichstag ?

    De quoi donc a peur l’administration US ?

    Que les principaux intéressés commentent les salles de torture US ou qu’ils finissent par dire qu’ils ont rendu dans le passé de menus services à l’Oncle Sam ?

    Qu’est -ce que c’est que ce dispositif grotesque de paroi vitrée où les mots ne parviennent qu’avec 40 secondes de différé permettant à un  » Censeur  » de stopper l’écoute du pseudo-procès de peur qu’on y parle trop ?

    Que cache l’administration US à sa population largement infantilisée depuis plus d’ un demi-siècle ?

    Il se passe décidément de bien étranges choses au pays de
    l’ Oncle Sam.

    Pour lecture :

     » Difficile de connaître la taille et la puissance de ce groupe – appelé Fear, pour Forever Enduring Always Ready [Tenaces et toujours prêts] – , mais son objectif serait de “rendre le gouvernement au peuple”. C’est ce qu’a affirmé le soldat Burnett, qui a conclu un accord avec l’accusation en échange de son témoignage contre ses camarades. L’enquête a révélé l’existence de plusieurs complots : Fear avait l’intention de faire exploser les véhicules de responsables politiques et de magistrats, de poser une bombe dans la fontaine d’un parc de Savannah (en Géorgie) et d’empoisonner les récoltes de pommes dans l’Etat de Washington. Dans un second temps, la milice prévoyait d’assassiner le président.  »

    Article : http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/15/ces-militaires-qui-veulent-la-peau-d-obama

  • kidkodak

    Excellent reportage(en anglais) sur le site de The Real News à propos du procès du 11 septembre.

    Court Rules Khalid Sheik Mohammed Can’t Testify About Torture
    http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=9001

    The Michael Ratner Report: Trial has a 40 second delay on feed to journalists so military can censor testimony
    Watch full multipart The Ratner Report

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