Les Smart bombs de Wall Street, ou l’art de la guerre

Les bulles spéculatives organisées par Wall Street pour pomper l’argent public des Etats seraient, selon le journaliste italien Manlio Dinucci, des "Smart Bombs", l’équivalent financier des bombes réelles dirigées contre les pays se dressant sur la route de l’impérialisme américain. L’Irak de Saddam Hussein avec sa volonté de vendre son pétrole en Euro, la Libye de Kadhafi avec son projet de dinar d’or, ont constitué des cibles stratégiques aussi bien du point militaire qu’économique. Et les derniers développements en Italie, en Grèce et au sommet de la BCE, avec la nomination aux plus hautes responsabilités d’hommes directement issus des milieux bancaires anglo-saxons ressemble fort à une accélération de cette politique.

 

 


Les smart bombs de Wall Street, ou l’art de la guerre

par Manlio Dinucci, sur mondialisation.ca, le 13 décembre 2011

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio pour mondialisation.ca

Il existe divers types de smart bombs, « bombes intelligentes », utilisées par celui que Les Leopold définit efficacement comme le « gouvernement secret de Wall Street », la puissante oligarchie financière qui contrôle l’Etat.

Les premières sont celles de propagande qui frappent le cerveau, embrumant les yeux et faisant voir des choses qui n’existent pas. Elles sont aujourd’hui massivement employées pour mystifier la réalité de la crise, pour nous convaincre que celle-ci est provoquée par la dette publique et que, pour nous sauver, nous devons faire de durs sacrifices en faisant des coupes dans les dépenses sociales. La dette publique est pourtant une conséquence, non pas une cause de la crise. Celle-ci est due au fonctionnement même du marché financier, dominé par de puissantes banques et groupes multinationaux. Il suffit de penser que la valeur des actions cotées à Wall Street, et dans les Bourses européennes et japonaises, dépasse celle de tous les biens et services produits annuellement dans le monde. Les opérations spéculatives, effectuées avec d’énormes capitaux,  créent une augmentation artificielle des prix des actions et d’autres titres, qui ne correspond pas à une croissance effective de l’économie réelle : « bulle spéculative » qui tôt ou tard explose, en provoquant une crise financière. En ce point, interviennent les Etats avec des opérations de « sauvetage », reversant de l’argent public (et donc augmentant la dette) dans les caisses des grandes banques et des groupes financiers privés qui ont provoqué la crise.

Aux Etats-Unis seulement, le dernier « sauvetage » se monte à plus de 7000 milliards de dollars, dix fois plus que ce qui est officiellement déclaré. Comment cela peut advenir s’explique par le fait que les candidats aux présidentielles sont financés, à travers des « donations » et en d’autres manières, par les grandes banques, parmi lesquelles Goldman Sachs, et que l’administration Obama, à peine entrée en fonction, a nommé à des postes clé leurs personnes de confiance, qui font partie de la Commission Trilatérale. Celle-là même où Mario Monti, consultant international de Goldman Sachs et à présent chef du gouvernement italien, se trouve en place de président du groupe européen. On ne doit donc pas s’étonner si le gouvernement secret de Wall Street utilise aussi, en fonction de ses intérêts, des « bombes intelligentes » réelles. Ce n’est pas un hasard si les dernières guerres, effectuées par les Etats-Unis et par l’OTAN, ont « intelligemment » frappé des états situés dans les aires riches en pétrole (Irak et Libye) ou avec une position régionale importante (Yougoslavie et Afghanistan). Des états comme l’Irak de Saddam Hussein, qui menaçait de se décrocher du dollar en vendant du pétrole en euros et autres valeurs ; ou bien comme la Libye de Kadhafi, qui programmait de créer le dinar d’or comme concurrent du dollar et promouvait des organismes financiers autonomes dans l’Union africaine, dont le développement aurait réduit l’influence de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Pour des raisons analogues, on prend aujourd’hui pour cible la Syrie et l’Iran. Crise et guerre sont deux faces de la même médaille. Car, aussi, la guerre fait croître la dépense militaire qui, en alourdissant la dette publique, impose des sacrifices ultérieurs. L’Italie, estime le Sipri, est arrivée à une dépense militaire annuelle de 28 milliards d’euros : environ le coût de la manœuvre financière qui sera payé par la grande majorité de la population. Mais on n’en parle pas. Les bombes de Wall Street sont vraiment intelligentes.

Manlio Dinucci

Edition de mardi 13 décembre 2011 de il manifesto

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio pour mondialisation.ca


En lien avec cet article :

 


 

 

4 Responses to “Les Smart bombs de Wall Street, ou l’art de la guerre”

  • Genius

    Moi, je suggère qu’on profite déjà des tests en primaire de cette année pour dépister tous les futurs terroristes.

    Et on passerait ensuite aux tests en amniosynthèse, pour voir si les futures grossesses pourraient être certifiées « conforme aux lois de l’hexagone ». Plus besoin de répression, ni même de dissuation. Toutes ces vermines seraient tuées dans l’œuf !

    (PS : Réaction teintée d’une très légère pincée d’ironie…)

  • H.

     » L’armée américaine a quitté l’Irak  » et s’appèterait si l’on en croit les médias de masse, à envahir les USA !

    Si j’avais un conseil à donner au peuple US, barricadez-vous vite car maintenant, en pleine crise financière internationale, ça va être votre fête !

    1 million 500 000 civils Irakiens ont été exterminés par l’armée américaine. 700 milliards de dollars ont été engouffrés dans cette guerre qui n’a contribué qu’à enrichir les sociétés sécuritaires internationales et le complexe militaro-industriel du Pentagone.

    Que le peuple US s’organise en conséquence et se prépare à défendre durement sa peau ! Ces gens là ne rigolent pas. Hélas, c’est bien réel comme histoire ! Hollywood c’est bien fini ! Retour vers le réel.

  • Jojo

    Il y a des gens qui sont les responsables directs de cette fausse crise provoquée dans le seul but de s’enrichir en mettant sur la paille des pays entiers en réduisant à la misère des millions de personnes. Ce sont les traders de Wall Street et de la City à Londres, certains fonds spéculatifs des CDS en tout quelques centaines de personnes sinon un ou 2 milliers. Il faudrait d’abord les cibler, ensuite s’attaquer à leur fric, et si ça ne suffit pas à les calmer les avertir qu’on peut s’en prendre directement à leur personne…Vous allez voir que comme ça la crise va vite être réglée…Non?

  • mehmeti

    « La dette publique est pourtant une conséquence, non pas une cause de la crise. » C’EST FAUX… ARCHI-FAUX.
    C’est une cause et certainement pas la conséquence…
    La dette publique existe bien avant la crise et son envolée pour des raisons EN PARTIE seulement, liées à la crise de 2008, a créé de vrais problémes de financement pour les Etats.
    « 1 million 500 000 civils Irakiens ont été exterminés par l’armée américaine » >>>C’est du n’importe quoi….
    Ce ne sont pas les bons chiffres et une grosse partie de ces morts sont dus à la guerre civile inter-milices religieuses..
    Les imputer à l’armée américaine est totalement malhonnête et manipulateur…

    « Les premières sont celles de propagande qui frappent le cerveau, embrumant les yeux et faisant voir des choses qui n’existent pas. »
    C’est tout à fait fait vos symptomes.. c’est vous qui voyez des choses qui n’existent pas..

Trackbacks

  •  





*
To prove you're a person (not a spam script), type the security word shown in the picture. Click on the picture to hear an audio file of the word.
Click to hear an audio file of the anti-spam word

``