Marchés boursiers de New-York et Chicago pré-11 septembre: La SEC a détruit les pièces à conviction qui pointaient vers des délits d’initiés

A la publication de cette nouvelle, nous avions repris en brève cet article du Washington’s blog qui nous apprend que la SEC a détruit son dossier d’enquête sur les délits d’initiés pré-11septembre. Voici la traduction complète de l’article qui recense de nombreuses sources officielles qui posèrent les bonnes questions, toujours sans réponses à ce jour.

Rappelons que la "TOC" (théorie officielle du complot) a fourni aux journalistes en tout et pour tout : une note au bas de la page 499 du rapport de la Commission (note 130 Chapitre V, voir infra), et un rapport de la SEC auquel se réfère la commission. Ce rapport n’a été divulgué in extenso que très récemment, juste après la révélation des destructions des pièces du dossier ayant permis de le rédiger.

Face à cette maigre documentation, les doutes des milieux financiers sont devenus un lieu commun dénoncé par exemple par Jérôme Kerviel, ou implicitement par Amir Weitmann à propos de Bernie Madoff. Des économistes comme M. Marc Chesney se sont livrés à des calculs de probabilités qui établissent une corrélation parfaite entre des délits d’initiés connus et avérés et les mouvements financiers suspects du 11-Septembre. Nous demandons aux journalistes professionnels d’expertiser ces informations et de remonter les filières entrevues par de nombreux journalistes depuis 8 ans, mais toujours sans suites.

Traduction Fyoul, Kikujitoh et Pascal pour ReOpenNews

 

NdlR. Chicago, IL, est la troisième ville des Etats-Unis avec 10M d’habitants.
Elle est le plus important centre financier américain avec New-York et abrite
la bourse de Chicago (photo), le bureau du marché des options
le plus grand des USA, et une bourse du commerce.
 
 

Contrôle des Marchés Financiers – Le gouvernement a détruit des preuves concernant les options de ventes pre-11 Septembre

 

article paru sur le Washington’s blog, 14 juin 2010

 

Le 19 septembre 2001, CBS News rapportait :

Des sources ont informé CBS News que dans la soirée précédant les attaques, des échanges inhabituels sur les marchés boursiers américains avaient déclenché certaines alertes.

Un nombre extraordinaire d’échanges pariait sur la chute du cours d’American Airlines.

Ces échanges, qu’on appelle des "options", concernent pas moins de 450 000 actions d’American [Airlines]. Mais ce qui a déclenché l’alerte est que plus de 80% de ces ordres de bourse étaient des options de vente, surpassant de loin le nombre d’options d’achat, c’est-à-dire pariant sur une hausse du cours.

Selon la correspondante de CBS News, Sharyl Attkinsson (voir photo ci-contre), certaines sources affirment n’avoir jamais vu un tel déséquilibre auparavant. En général, les quantités sont assez faibles.

Conséquence des attaques terrorristes, le cours d’American Airlines a chuté de 39%, et d’après certaines sources, cela s’est traduit par un profit largement supérieur à 5 millions de dollars pour la ou les personnes qui a (ont) parié sur la chute des actions.

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Après les attaques, au moins un cabinet de Wall Street a fait part à la SEC [NdT : Securities and Exchange Commission, autorité de réglementation des activités boursières aux États-Unis] de ses soupçons concernant ces activités boursières.

Un évènement équivalent s’est produit à la Bourse de commerce de Chicago sur United Airlines, quatre jours avant les attaques. Un déséquilibre extrême d’échanges [boursiers] pariait sur la chute du cours de United [Airlines] – se transformant aussi en profits extraordinaires avec la baisse succédant aux attaques.

"Nous pouvons directement remonter la piste d’un échange de la Bourse de commerce de Chicago. Le trader est lié à un cabinet de courtage. Ce cabinet a reçu l’ordre d’acheter cette "option de vente", soit par un courtier spéculateur, soit par l’un de ses clients," a déclaré Randall Dodd de l’Institut de stratégie économique.

Les enquêteurs américains veulent savoir si Oussama Ben Laden était au final le "trader au courant" – profitant de la tragédie dont il est suspecté d’être l’instigateur afin de financer son opération. Les autorités enquêtent de plus sur de possibles échanges suspects en Allemagne, Suisse, Italie, et au Japon.

Le 29 septembre 2001, le San Francisco Chronicle signalait :

"Normalement, quand quelqu’un a une telle aubaine, il prend l’argent et file," déclare la source requérant l’anonymat. "Celui qui a fait ça ne pensait pas que la bourse serait fermée pendant quatre jours."

"Ça sent vraiment mauvais."

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Il y a eu un "saut" inhabituel des achats d’options de vente sur les cours d’UAL Corp. et AMR Corp. sur les grands marchés boursiers américains pendant les trois jours ouvrés qui ont précédé les attaques. En un jour, ces achats d’options de vente ont été 25 fois supérieurs à la moyenne de l’année. Les mois qui ont précédé les attaques, les ventes à découvert ont grimpé de 40% pour UAL, et de 20% pour American [Airlines].

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Les porte-parole de l’autorité de régulation financière britannique et du groupe AXA ont confirmé hier que les enquêtes continuaient.

Une source proche des marchés américains a identifié la Deutsche Bank Alex Brown, la branche américaine d’investissement bancaire du géant allemand Deutsche Bank, comme étant la banque à partir de laquelle ont été achetées une partie des options.

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Le week-end dernier, Ernst Welteke, président de la Banque centrale allemande, a déclaré qu’une étude indiquait des "[échanges financiers] terroristes d’initié" sur ces cours.

The Chronicle illustrait cette histoire par le graphique suivant :

Le 19 octobre 2001, The Chronicle écrivait :

Le 2 octobre, des responsables de l’autorité [de régulation] canadienne ont confirmé que la SEC avait demandé de manière confidentielle à des cabinets d’investissement nord-américains de vérifier dans leurs archives s’il n’y avait pas des preuves de pré-connaissance des attaques par certains acheteurs et vendeurs dans les activités boursières de 38 compagnies ciblées.

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Anne Crowley, porte-parole de FMR Corp., a déclaré que sa firme – qui détient le géant Fidelity, gestionnaire d’actifs pour le compte de tiers à Boston – avait déjà fourni des informations sur "des comptes, et transactions" aux enquêteurs, et n’avait pas d’objections aux nouvelles procédures annoncées hier. Crowley n’a pas souhaité décrire la nature des informations auparavant échangées avec le gouvernement.

Il semble donc que les moyens mis en place pour pister la source de ces options [de vente] étaient assez importants.

Quels ont été les résultats et les détails de l’enquête ?

Il semble que nous ne le saurons jamais.

En particulier, David Callahan (photo ci-contre) – du comité exécutif de SmartCEO – a émis un requête FOIA – [Freedom of Information Act - Loi relative à la liberté d'information aux Etats-Unis] à la SEC, concernant les options de vente pre-11-Septembre.

La SEC a répondu :

Cette lettre est la réponse à votre requête demandant l’accès ainsi que des exemplaires des documents de preuves auxquels renvoie la note 130 du Chapitre 5 du Rapport de la Commission d’enquête sur le 11 Septembre.

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Nous avons été informés que les archives qui pourraient répondre à votre requête ont été détruites.

Si la SEC avait répondu en fournissant des documents démontrant que les options de ventes pre-11-Septembre avaient une explication anodine (par exemple, un fond de couverture par une petite compagnie aérienne), cela aurait été compréhensible.

Si la SEC avait répondu en déclarant que les documents était classés secret parce que protégeant certaines informations financières privées, cela aurait été une explication peu recevable, mais j’aurais au moins pu admettre l’argument.

Mais détruites ? Pourquoi ? (Voir ci-après pour en savoir plus).

Les précédents historiques:

(NdlR. les tortures qui rendent trés peu fiable le rapport de la commission, le cas Zubayda …)

Ce n’est pas la première occurrence d’une destruction de pièces à conviction concernant le 11-Septembre.

J’écrivais, en mars :

Comme je l’ai indiqué en 2007 :

Le rapport de la Commission d’enquête s’appuyait largement sur des témoignages de troisième main, dont les deux intermédiaires étaient des fonctionnaires du gouvernement.

Le Rapport officiel indique :

Les chapitres 5 et 7 s’appuient largement sur des informations transmises par des membres d’Al-Quaïda capturés. Certains de ces "détenus" possédaient des informations de première main sur les attaques du 11-Septembre. Il est difficile d’évaluer la crédibilité des déclarations de ces témoins, ennemis jurés des USA. Les contacts [avec ces détenus] se sont limités à l’examen de rapports de renseignements, basés sur des communications reçues depuis les lieux d’interrogatoires. Nous avons soumis des questions à poser lors des interrogatoires, mais nous ne contrôlions ni quand, ni comment ces questions primordiales seraient posées. Nous n’étions pas non plus autorisés à entrer en contact avec les interrogateurs afin de juger de la crédibilité des détenus et de clarifier les ambiguïtés dans les rapports.

En d’autres termes, les Commissionnaires n’étaient autorisés à discuter ni avec les détenus, ni avec leurs interrogateurs. En fait, leur information était de troisième main.

La Commission n’avait pas réellement confiance dans les témoignages issus des interrogatoires. Par exemple, l’un des architectes du Rapport de la Commission, Ernest May, (photo ci-contre) a déclaré :

Nous n’avons jamais eu pleinement confiance dans les rapports d’interrogatoires, en tant que source solide.

Comme je l’indiquais en mai dernier :

Philip Shenon – journaliste d’investigation pour le New York Times – a écrit un essai pour Newsweek, où il déclare que [le Rapport de la Commission était peu fiable parce que la plupart des informations se basaient sur des témoignages de détenus obtenus sous la torture] :

La Commission a semble-t-il ignoré certains indices en 2003 et 2004 qui montraient que son rapport sur le complot du 11-Septembre et  l’historique d’Al-Quaïda reposait sur des informations obtenues de détenus ayant été torturés, ou quelque chose qui n’en n’est pas loin.

Les méthodes d’interrogatoire de la CIA n’ont cependant amené aucune protestation publique, même si à l’époque les journaux avaient suggéré combien ces méthodes étaient brutales. En fait, la Commission a demandé à la CIA de mener de nouveaux interrogatoires en 2004 pour obtenir des réponses à ses questions.

Tout ceci a de troublantes implications sur la crédibilité du rapport final de la Commission. Dans le milieu du renseignement, les témoignages obtenus sous la torture sont typiquement discrédités ; les recherches montrent que des personnes diront n’importe quoi sous la menace d’une douleur physique intense.

Étant les sources exclusives d’information des longs passages du rapport de la Commission, il est pourtant tout à fait possible que les suspects d’Al-Quaïda aient été sujets à des techniques "avancées" d’interrogatoires, ou au moins menacés d’utilisation de ces techniques, du fait [des demandes] de la Commission d’enquête…

Les informations provenant des interrogatoires de la CIA de deux des trois [suspects] – KSM et Abu Zubaydah (photo ci-dessus) – sont citées tout au long de deux chapitres clés du rapport, se focalisant sur la planification et l’exécution des attaques, et sur l’historique d’Al-Quaïda.

Les notes de bas de page du rapport indiquent lorsque les informations ont été obtenues lors d’interrogatoires de détenus par la CIA. Une analyse de NBC News montre que plus d’un quart des notes du rapport – 441 sur 1 700 – se réfèrent à des détenus sujets aux techniques "avancées" du programme d’interrogatoire de la CIA, ce qui inclut le trio qui a été soumis à des simulations de noyades ["waterboarding"].

Les membres de la Commission indiquent qu’ils ont demandé à plusieurs reprises à l’administration Bush et à la CIA un accès direct aux détenus. L’administration a cependant refusé. La Commission a donc fait parvenir ses questions à la CIA, que les interrogateurs ont posé au nom des commissionnaires.

En statuant que les commissionnaires n’avaient "aucun contrôle" sur la façon dont la CIA travaillait, il n’y avait dans le Rapport de la Commission aucun indice que des méthodes sévères d’interrogatoires étaient utilisées dans la collecte d’informations ; les auteurs déclarant de plus qu’ils avaient tenté de recouper ces informations "avec des documents et d’autres témoignages."

Mais comment la Commission a-t-elle pu recouper des informations connues simplement de quelques personnes d’un réseau terroriste opaque, la plupart étant soit mortes, soit toujours en liberté ?

Bob Kerrey (photo ci-contre), ex-sénateur du Nebraska, l’un des démocrates siégeant à la Commission, m’a dit l’année dernière qu’il avait longtemps craint que l’enquête ne repose que trop sur les témoignages des détenus d’Al-Qaïda, alors qu’ils avaient été physiquement contraints à parler…

Kerrey a déclaré que cela pourrait demander "une commission permanente sur le 11-Septembre" afin d’éclaircir les mystères qui demeurent en l’état.

Le FBI savait très bien qu’ Abu Zubaida était littérallement fou. Selon le Washington Post : "des responsables du FBI, incluant des agents qui ont interrogé [Abu Zubaida, suspecté d'appartenir à Al-Qaïda] après sa capture, ou ayant examiné des documents saisis dans son lieu de résidence," concluaient qu’il était :

Un hôtelier mentalement déficient et grande gueule, qui a perdu toute crédibilité lorsque la CIA l’a soumis aux simulations de noyade [waterboarding] ainsi qu’à d’autres mesures d’ "interrogatoire avancé."

Par exemple :

Daniel Coleman (à droite sur la photo ci-contre, en compagnie de John O’Neill qui donnait son pot de départ du FBI le 22 Août 2001), ex-agent du FBI, qui a travaillé sur le dossier Abu Zubaida et a dirigé l’examen des documents après sa capture début 2002, a déclaré que les techniques sévères de la CIA avaient jeté le doute sur la crédibilité des informations provenant d’Abu Zubaida.

"Je n’ai aucune confiance en ce qu’il dit, parce que dès que l’on rentre dans ce jeu, tout ce que l’on dit est sujet à caution," a déclaré Coleman, se référant aux mesures d’interrogatoire musclées. "Il leur parlait avant qu’ils ne le fasse [passer au supplice]", mais ils ne le croyaient pas. Le problème est qu’ils n’ont pas réalisé qu’il ne savait pas la moitié de ce qu’il disait."

***

"Ils disaient, ‘Tu te fous de nous,’ " a déclaré Coleman, se remémorant les rapports des employés du FBI qui étaient présents. " ‘Ce gars est musulman.  Ça n’aidera pas à gagner sa confiance. Essayez-vous de lui soutirer des informations, ou alors simplement de le rabaisser ?’ " Coleman a aidé le Bureau dans ses efforts contre Oussama Ben Laden pendant dix ans, jusqu’en 2004.

Coleman continuait :

Abu Zubaida… était un "refuge" mentalement déficient, qui affirmait en savoir plus sur Al-Qaïda et son fonctionnement qu’il n’en savait réellement.

***

En examinant d’autres preuves, y compris une sérieuse blessure à la tête dont Abu Zubaida a souffert des années auparavant, Coleman et d’autres au FBI pensaient qu’il était sujet à de sérieuses déficiences mentales, remettant par là en cause sa crédibilité. "Ils savaient tous qu’il était fou, et qu’il était à côté de la plaque," a déclaré Coleman, en parlant des agents d’Al-Qaïda.

L’ACLU, Marcy Wheeler du FireDogLake et RawStory ont médiatisé l’affaire suivante (citation de RawStory) :

D’après un récent document obtenu par l’ACLU [NdT : Union pour la défense des libertés civiles], de hauts responsables de l’administration Bush ont clairement averti la Commission d’enquête de ne pas enquêter trop profondément sur le 11-Septembre.

L’avis fut explicité dans une lettre datée du 6 janvier 2004, adressée par le Ministre de la Justice John Ashcroft, le Secrétaire à la Défense Donald H. Rumsfeld et George J. Tenet, Directeur de la CIA. L’ACLU la présente comme étant un fax envoyé par David Addington (photo ci-contre), alors conseiller du vice-Président Dick Cheney.

Dans ce message, les responsables s’opposent à la requête de la Commission bipartite d’interroger les détenus terroristes, informant les deux présidents qu’enquêter trop loin consisterait à"franchir" la "ligne" et obstruerait la capacité de l’administration à protéger la nation.

"En réponse à l’importante demande d’accès aux [documents] secrets, la branche exécutive avait pleinement coopéré et fourni un tel accès à la Commission," peut-on lire dans la lettre. "Il y a, cependant, une ligne que la Commission ne doit pas franchir – la ligne prévenant les interférences entre l’enquête propre de la Commission sur les attaques du 11/9 et la capacité du gouvernement à assurer la sécurité nationale, incluant la protection des Américains contre de futures attaques terroristes."

***

La lettre continue ainsi : "La proposition des membres de la Commission de participer aux interrogatoires des détenus franchirait la ligne." Tout comme les responsables américains du gouvernement à la tête des autorités, de la Défense et du Renseignement, nous exhortons la Commission à ne pas poursuivre plus en avant la requête proposée et à ne pas participer aux interrogatoires des détenus."

Destruction de preuves:

Les interrogateurs ont enregistré des vidéos des interrogatoires. La Commission d’enquête a demandé à obtenir l’ensemble des enregistrements mais la CIA a menti et déclaré qu’ils n’existaient pas.

La CIA a plus tard détruit ces enregistrements.

Précisément, le New York Times confirme que les responsables du gouvernement ont juré qu’ils avaient remis tous les documents relatifs aux déclarations des personnes interrogées :

« La Commission a demandé formellement à l’ensemble des agences impliquées qu’elles lui fassent parvenir les documents de cette nature, et la Commission avait reçu l’assurance que nous avions reçu tous les documents répondant à notre demande, » a déclaré Philip D. Zelikow (photo ci-contre), directeur exécutif de la Commission d’enquête…

« On ne nous a transmis aucun enregistrement, ni même parlé d’eux ; de même, la Commission n’a reçu aucune transcription des enregistrements, » a-t-il déclaré.

Mais cette destruction des enregistrements, et le fait que l’on ait caché à la Commission que ceux-ci avaient existé, est-il d’une grande importance ? Oui, bien évidemment. Comme l’explique le Times :

Daniel Marcus, professeur de Droit de l’American University, qui occupait le poste de conseiller général pour la Commission d’enquête et participait au débat concernant les interrogatoires des leaders d’Al-Qaïda, a déclaré qu’il n’avait jamais été mis au courant que des enregistrements aient pu être détruits.

Si des enregistrements ont été détruits « c’est grave, très grave », explique-t-il, parce que cela peut représenter une obstruction à la justice dans le but de dissimuler des preuves dans le cadre d’une enquête criminelle ou d’une investigation.

En effet, les deux co-présidents de la Commission, Thomas Kean et Lee Hamilton (photo ci-contre magazine Life) ont déclaré :

Les personnes qui étaient au courant pour ces enregistrements et qui n’ont rien dit ont fait obstruction à notre enquête.

La CIA a également refusé de transmettre toute transcription des interrogatoires. Comme je l’expliquais il y a près d’un an :

Comment comprendre le fait que la CIA a détruit de nombreux enregistrements vidéo des interrogatoires à Guantanamo tout en gardant 3000 pages de transcription de ceux-ci ?

Au fond, cela signifie que la CIA, lorsqu’elle déclare qu’elle a détruit les enregistrements vidéo pour protéger l’identité des interrogateurs, ne fait que mentir. Pourquoi donc ? Les transcriptions présentent le nom de l’interrogateur. Et la CIA refuse alors de fournir les transcriptions.

Bien évidemment, la CIA pourrait très bien flouter le visage de l’interrogateur et modifier sa voix (comme le font tous les reportages d’enquête à la télévision) afin de protéger l’identité des interrogateurs. Et comme la CIA refuse de fournir les transcriptions, elle aurait pu refuser de présenter les vidéos.

Le fait que la CIA ait en réalité détruit les vidéos démontre que l’agence cherche à dissimuler quelque chose.

Tentative de créer des liens inexistants:

J’ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises que des experts en interrogatoires ont déclaré que la torture ne fonctionne pas.

En mai, j’expliquais :

On évoque de plus en plus le fait que des personnes ont été torturées dans le but de justifier la guerre en Irak en présentant des liens inexistants entre l’Irak et le 11-Septembre.

Beaucoup de gens commencent désormais à comprendre que de hauts responsables de l’administration Bush n’ont pas seulement menti sciemment en ce qui concerne l’absence de lien entre Al Qaïda et l’Irak, mais qu’ils ont également demandé et insisté pour que les interrogateurs fassent usage de méthodes spéciales d’interrogatoire sous la torture dans le but d’obtenir de fausses confessions afin d’apporter ces liens inexistants.

En effet, le Comité des Forces Armées du Sénat des Etats-Unis a découvert que les Etats-Unis ont fait usage de techniques de torture précisément dans le but d’obtenir de fausses confessions (Voir également ici).

Paul Krugman (photo ci-contre), du New York Times, a écrit :

Comprenons bien les choses : L’administration Bush désirait brandir le 11 Septembre comme prétexte pour envahir l’Irak, même si l’Irak n’avait rien à voir avec cet événement. Alors ils ont torturé des gens jusqu’à ce que ceux-ci confessent l’existence de liens inexistants.

D’après NBC News :

  • La majeure partie du rapport de la Commission d’enquête est construite autour de témoignages de personnes torturées
  • Au moins quatre des personnes dont les témoignages figurent dans le rapport de la Commission ont affirmé avoir déclaré à leurs interrogateurs ce qu’ils voulaient entendre afin que l’on arrête de les « torturer »
  • L’une des personnes les plus citées par la Commission en tant que source d’information a été torturée jusqu’à ce que cette personne accepte de signer une confession écrite SANS ÊTRE AUTORISE A LA LIRE
  • La Commission d’enquête elle-même doute de l’authenticité des confessions obtenues par la torture sans toutefois évoquer la nature de ces doutes

En fait, l’autoproclamé-par-la-torture « cerveau » du 11-Septembre a également confessé des crimes qu’il n’a pas pu commettre. Il a plus tard affirmé qu’il avait déclaré aux interrogateurs un grand nombre de fausses informations, leur expliquant qu’il leur avait dit ce qu’il pensait qu’ils voulaient entendre de lui, et ceci afin qu’on arrête de le torturer. On sait également qu’il a été gravement torturé spécialement dans le but d’obtenir de lui de fausses informations concernant le 11-Septembre, en particulier que l’Irak avait quelque chose à voir avec les attentats.

***

Souvenons-nous, comme expliqué plus haut, que les techniques de tortures mises en œuvre par l’administration Bush afin de tenter de relier l’Irak au 11-Septembre ont été spécifiquement pensées pour obtenir de fausses confessions (ce sont des techniques inventées par les Soviétiques pour être utilisées lors de procès-spectacle, (NdT : procès fait pour la forme dans un pays au système totalitaire et qui ne se déroule pas selon la loi et les règles, et où le verdict est fixé d’avance).

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Le lien ci-dessus vers l’article de NBC News cite deux experts juridiques à ce propos :

Michael Ratner (photo ci-contre), président du Centre de Défense des Droits Constitutionnels, explique qu’il se dit « choqué » que la Commission n’ait jamais posé de questions concernant les mesures extrêmes employées lors des interrogatoires.

« Si vous assistez à une audience de la Commission, avec tous ces grands avocats au sein de la Commission et de son équipe de travail, vous ne comprenez pas, vous vous demandez plutôt ce qui a bien pu se passer, » explique Ratner, dont l’organisation représente les détenus enfermés à Guantanamo. « La plupart des gens voient le rapport de la Commission comme un document historique digne de foi. Si leurs conclusions s’appuient sur des informations obtenues au moyen de la torture, alors ces conclusions doivent être considérées comme suspectes. »

Karen Greenberg, directeur de Centre pour la Loi et la Sécurité à l’université de Droit de New-York, explique : « Il aurait fallu s’appuyer sur des sources « propres. » Cela soulève la question de savoir de quelle manière on désirait utiliser ces interrogatoires pour élaborer le récit. »

Les interrogatoires ont été « utilisés » dans le but d’ « élaborer le récit » que la Commission d’enquête a décidé d’utiliser.

Souvenons-nous (comme l’a démontré le journaliste Philip Shenon -notre photo- dans son livre The Commission), que le directeur exécutif de la Commission d’enquête était un proche de l’administration, expert dans la manière dont sont créés et entretenus les « mythes publics » pour les rendre réels, même s’ils ne le sont pas. Dès le début de l’enquête, il a rédigé un premier jet de la ligne directrice du rapport tel qu’il le voyait. Au sein de la Commission, il contrôlait ce sur quoi la Commission devait ou ne devait pas enquêter. Il a de plus limité la portée de l’enquête, ce qui fait que la grande majorité des questions concernant le 11-Septembre n’a tout simplement pas été examinée (voir cet article, ainsi que celui-ci).

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Comme l’explique l’expert en Droit Jonathan Turley :

[La Commission d’enquête] est une Commission tout à fait typique de Washington, une commission composée de politiques désignés au sein des deux partis et qui défendent les leurs, une commission qui a depuis le début insisté sur le fait qu’elle n’était pas là pour blâmer qui que ce soit.

Autres obstructions à la justice:

[Autres exemples d'obstruction à la justice :]

  • Les présidents, que ce soit ceux de la Commission sur le 11-Septembre, ou de l’enquête conjointe des commissions Renseignements du Sénat et de la Chambre des représentants, ont unanimement déclaré que des responsables du gouvernement avaient entravé l’enquête sur 11/9 en intimidant des témoins
  • Les membres de la Commission d’enquête sont arrivés à la conclusion que des responsables du Pentagone avaient menti devant la Commission et ont recommandé des poursuites à l’encontre de ces fausses déclarations
  • L’enregistrement des entretiens avec les contrôleurs aériens en service le 11-Septembre a volontairement été détruit, en écrasant la cassette, en découpant le ruban magnétique en petits morceaux et en les disséminant dans différentes poubelles autour du bâtiment comme l’indique cet article du New-York Times (version partielle gratuite, version complète payante) et cet article du Chicago Sun-Times
  • L’enquête conjointe du Congrès a découvert qu’un informateur du FBI avait accueilli deux des pirates de l’air et leur avait même loué une chambre en 2000, et que lorsque les enquêteurs ont cherché à interroger l’informateur, le FBI a purement et simplement refusé, et puis l’a amené à se cacher dans un lieu inconnu. Un haut fonctionnaire du FBI a déclaré que ces manœuvres de blocage avaient été menées sous les ordres de la Maison-Blanche. Comme l’indique le New York Times (08/09/2004) :

Le sénateur démocrate de Floride Bob Graham (photo ci-contre), qui siégeait au poste de président de la Commission Renseignement du Sénat, a accusé la Maison-Blanche ce mardi de dissimuler des preuves…

L’accusation porte sur le refus du FBI de permettre aux enquêteurs du Congrès et de la Commission indépendante sur le 11-Septembre d’interroger un informateur, Abdussattar Shaikh, qui avait hébergé deux des pirates de l’air à San Diego.

Dans son livre "Intelligence Matters" (Le Renseignement en Question), M. Graham, qui partageait la présidence de l’enquête du Congrès avec le représentant républicain de Floride J. Porter Goss, a déclaré qu’un responsable du FBI leur avait écrit en novembre 2002, en leur expliquant que : "l’administration n’autoriserait pas d’entretien de l’équipe avec la source. » Ce mardi, M. Graham a présenté la lettre comme "une preuve irréfutable" et a déclaré : "Les raisons de cette dissimulation conduisent directement à la Maison-Blanche."

Il n’est nul besoin d’évoquer des théories du complot sur le 11-Septembre pour s’inquiéter fortement de ce qui s’est passé après : les obstructions du gouvernement à la justice.

En effet, les commissionnaires eux-mêmes sont inquiets :

  • les co-présidents de la Commission ont déclaré que la CIA (et probablement la Maison-Blanche) a "entravé notre enquête"
  • le commissionnaire Bob Kerrey a dit "Il y a de nombreuses raisons de soupçonner qu’il peut y avoir une alternative à ce que nous avons exposé dans notre version… Mais nous n’y avons pas eu accès…."
  • le commissionnaire Timothy Roemer : "Nous avons été très frustrés par les fausses déclarations que nous recevions"
  • le commissionnaire Max Cleland a démissionné de la Commission, en précisant: "C’est un scandale national", "Cette enquête est maintenant compromise", et "Un de ces jours, nous aurons à connaître toute l’histoire parce que la question du 11/9 est très importante pour l’Amérique. Mais cette administration veut le dissimuler"
  • le Conseiller principal auprès de la Commission sur le 11-Septembre (John Farmer) , qui a dirigé l’enquête sur le Personnel du 11-Septembre, a déclaré: "À un certain niveau du gouvernement, à un moment donné… il y avait un accord pour ne pas dire la vérité sur ce qui s’est passé." Il a également déclaré: "J’ai été choqué par la façon dont la vérité était différente de la façon dont elle a été décrite… Les enregistrements racontaient une histoire radicalement différente de celle qui nous avait été donnée, ainsi qu’au public, pendant deux ans…. Ce ne sont pas des allégations. Ce n’est pas la vérité."

Postface: la note de bas de page N°130 du chapitre V du rapport officiel de la Commission établit que :

Les insinuations largement diffusées de délits d’initiés pré-11-Septembre reposent la plupart du temps sur l’activité commerciale de sociétés dont les actions plongèrent après les attaques. Des transactions inhabituelles eurent bien lieu, mais chacune d’entre elles a trouvé une explication anodine. Par exemple, les volumes des options de vente -des investissements qui rapportent seulement si une action baisse- sont montés en flèche pour les sociétés-mẽres de United Airlines le 6 septembre, et d’American Airlines le 10 septembre -en apparence des mouvements hautement suspects. Pourtant, une enquête ultérieure a révélé que ces transactions n’étaient pas liées au 11-Septembre. Un investisseur unique basé aux USA et sans aucun lien possible avec al-Qaïda a acheté 95% des options de vente du 6 septembre dans le cadre d’une stratégie boursière qui comprenait aussi l’achat de 115 000 actions d’American le 10 septembre. De façon similaire, la plupart des transactions en apparence suspectes sur American le 10 septembre ont été imputées à une newsletter spécifique de recommandation d’achat basée aux USA, faxée à ses souscripteurs le dimanche 9 septembre, et qui recommandait ces transactions. Ces exemples sont caractéristiques des pièces à conviction examinées au cours de l’enquête. La SEC et le FBI, aidés par d’autres agences et par les gérants de titres, ont alloué d’énormes moyens pour enquêter sur cette question, y compris en s’assurant de la coopération de nombreux gouvernements étrangers. Ces enquêteurs ont pu déterminer que ce qui était apparemment suspect s’avérait toujours anodin. Interview de Joseph Cella (16 septembre 2003, 7 mai 2004, 10-11 mai 2004); réunion du FBI (15 août 2003); mémorandum de la SEC, Division de la réglementation des présidents et commissionnaires de la SEC, "Enquête sur les opérations boursières pré-11-Septembre", 15 mai 2002; interview de Ken Breen (23 avril 2004); interview de Ed G. (3 février 2004).

La commission a-t-elle eu accès à la totalité des informations concernant les options de vente ? La commission a-t-elle été induite en erreur, comme elle le fut sur d’autres questions ? Les pièces à conviction ont-elles été détruites ou falsifiées ? Nous ne le saurons jamais, puisque les documents concernés ont été -selon la SEC- détruits.


Notes ReOpenNews:

    • 2 janvier 2010, TELE LIBRE, teaser et présentation du reportage à venir d’Hicham Hamza sur les délits d’initiés (article ReOpenNews)
    • 7 mai 2009 magazine Challenge L’affaire Madoff, parution de l’enquête de Amir Weitmann (article ReOpenNews)
    • 20 février 2008 Jonesreport Kucinich va enquêter sur les délits d’initiés (traduction ReOpenNews)
    • 11 septembre 2007, RMC, interview de Marc Chesney (retranscription ReOpenNews)
    • 22 juillet 2004, gouvernement américain, Rapport officiel de la commission du 11 septembre (anglais)
    • 15 mai 2002, Security Exchange Commission Enquête sur les opérations boursières pré-11 septembre (anglais)

     


One Response to “Marchés boursiers de New-York et Chicago pré-11 septembre: La SEC a détruit les pièces à conviction qui pointaient vers des délits d’initiés”

  • seb

    L’explication du mail qui préconise d’acheter des options de vente me semble peut crédible.
    Dans un flux d’achat ventes normal, un conseil d’achat doit engendrer une LEGERE augmentation.
    Depuis quand on met tout le paquet à 70 fois les transactions normales sur un simple conseil par email?
    Sacré coup de poker…
    Sacré email aussi.

    Mais ma phrase préférée est celle du rapport de la commission d’enquête sur le 11 septembre:

    « Un investisseur unique basé aux USA et sans aucun lien possible avec al-Qaïda a acheté 95% des option »

    C’est magnifique de voir ici comment ils partent de la conclusion (Al Qaïda est responsable) et qu’ils réfusent les faits allant vers une voie différentes, sous prétexte que ça ne colle pas avec la conclusion pré choisies.

    C’est une tournure logique assez magnifique.

    Pas étonnant qu’à la fin de leur enquête, Al Qaïda et la chance sont les seules coupables.

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