Quand Jérôme Kerviel parle du 11/9 et des attentats de Londres

Le trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, a décroché le jackpot le 7 juillet. (ndt : jour des attentats à Londres, le 7 juillet 2005)


Jérôme Kerviel et son avocat à Paris suite à l’interrogatoire des magistrats

Assombrissant l’histoire de Londres, ce fut un jour de carnage qui fit 56 morts. Mais pour l’escroc Jérôme Kerviel, trader français, le 7 juillet fut un franc succès.

M. Kerviel, dont les spéculations boursières les plus folles ont provoqué des pertes record, faisait la fête alors que la pire attaque terroriste contre la Grande-Bretagne lui a permis d’enregistrer un profit de 500 000 € et de poursuivre jusqu’à "l’orgasme" un parcours triomphant.

Le trader a avoué, comme il l’a confié au journal Le Parisien, qu’il avait perdu le sens des réalités en voulant réaliser des profits pour le compte de la Société Générale, la banque pour laquelle il travaillait. Ses transactions frauduleuses ont entraîné une perte record avérée de presque 5 milliards d’euros, faisant plonger l’institution financière française en place depuis 144 ans dans la crise.

M. Kerviel, questionné hier par les magistrats, soupçonné d’abus de confiance, de falsification de documents et de piratage informatique, fait l’objet d’une enquête. S’il est reconnu coupable, il encourt une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Le trader de 32 ans a affirmé que ses collègues et supérieurs savaient ce qu’il faisait, ce qui lui avait valu le surnom de « le cash machine ». Il a dépeint de façon accablante la salle des marchés, empochant des gains exponentiels les années précédant la crise financière. « Les meilleures affaires de l’histoire de la Société Générale ont été réalisées le 11 septembre 2001 » dit-il. C’est ce que m’a dit l’un de mes managers. Il semble que ce jour-là les profits réalisés aient été colossaux.

« J’ai constaté le même phénomène lors des attentats de Londres en juillet 2005 »

Les jours précédents, il avait parié sur la chute du cours d’Allianz, le géant de l’assurance germanique, confie-t-il au Parisien. Tout le monde a perdu de l’argent lorsque les attentats du 7 juillet ont précipité le secteur des assurances dans une spirale descendante, « sauf moi », dit-il. « J’avais gagné 500 000 € en quelques minutes. J’avais touché le jackpot et je jubilais »

L’enthousiasme passé, M. Kerviel a pris un moment pour réfléchir. « J’ai compris que je m’amusais pendant que des gens étaient la cible des attentats. Cela m’a rendu malade, j’ai couru aux toilettes. Mais ce moment de faiblesse n’a pas duré. Je suis retourné dans la salle des marchés et j’ai repris mon travail. »

M. Kerviel a également évoqué ses triomphes financiers durant les mois précédents et jusqu’à la révélation de ses négociations illégales en janvier de l’année passée. « D’août à décembre 2007, je gagnais tous les jours. » dit il. «  C’était comme une addiction. Un bon jour, pour tout trader, c’est de gagner 30 000 à 40 000 €. Pour moi, 1 million d’euros, c’est rien. J’ai pris des risques insensés. J’ai réalisé des profits astronomiques, ce qui me procurait parfois un orgasme. »

Il a traité d’hypocrites ses anciens collègues qui ont prétendu n’avoir aucune idée de ses transactions alors qu’il venait de réaliser 1,4 milliards € de profit en 2007. « J’ai couvert les pertes de plusieurs de mes collègues. » dit-il.

M. Kerviel, prenant de la distance avec ses commentaires parus dans Le Parisien, dit qu’ils ont été tirés d’une conversation privée et ôtés de leur contexte. Selon le journal, à la demande de ses avocats, il aurait rencontré les journalistes à six reprises en vue de l’enregistrement de l’entretien.

Pari perdu.

Par Adma Sage, le 23 janvier 2009, pour The Times
Traduction par apetimedia pour ReOpenNews

9 Responses to “Quand Jérôme Kerviel parle du 11/9 et des attentats de Londres”

  • Outsider

    Des révélations intéressantes de la part d’un acteur du monde financier actuellement sous le feu des projecteurs.
    Peut-être que ces délits d’initier permettront de faire la lumière sur les attentats eux-mêmes, qui sait ?

  • Kerviel, petit trader anonyme et isolé d’une banque française arrive à jouer avec des milliards d’euros comme dans un jeu vidéo alors des requins de la finances de grosses banques d’affaires américaines, je n’imagine même pas les dégâts.

    Tiens justement les Américains sont dans une panade financière monstrueuse suite à des faillites bancaires à répétition.

    Michael Moore veut monter son prochain film sur ce sujet et lance un appel aux témoignages :

    http://www.michaelmoore.com/words/message/index.php?id=245

    « I am humbly asking you for a moment of courage, to be a hero and help me expose the biggest swindle in American history. »

    « Aidez-moi à dévoiler la plus grande escroquerie de l’histoire américaine » écrit-il.

  • Tortuga

    @ Outsider

    En attendant, il a servi de fusible pour protéger les patrons de la Société Générale. S’il avait gagné 5 milliards € au lieu de les perdre, on n’en aurait certainement pas entendu parler !!! ;)

  • Si c’était lui qui avait fait perdre des milliards à une autre banque et mis une autre banque étrangère dans la crise, le gouvernement comme ses patrons et ses collègues l’auraient félicités !

    J’avais déjà entendu parler de gains records lors du 11 Septembre, si quelqu’un pourrait expliquer pourquoi, ce serait bien !

    Au moins, il a le mérite d’en parle franchement, la seule différence entre lui et les autres, c’est qu’il s’est fait prendre, c’est tout !

  • BBL

    Euh… là on melange des sujets qui n’ont rien à voir!
    Non, J.KERVIEL n’était pas au courant des attentats de Londres!

    Par conséquent, les banques françaises ne l’étaient pas plus… c’est une pure coincidence sur cette opération et pas un « délit d’initié » comme tu dis Outsider… Ce que ça montre c’est, qu’effectivement, il y a un lien clair et direct entre des évènements réels et la vie des marchés. Si, par un quelconque moyen tu peux controler les évènements réels, tu pourras bien te placer sur les marchés… d’où la notion de délit d’initié.

    Pour ce qui est du commentaire de Tortuga, le grand public n’est informé que lorsque c’est trop enorme pour être caché… (l’affaire MADOFF aurait-elle explosé si, du fait de la crise, les investisseurs n’avaient pas demandé le retour immédiat de leurs investissements?… je ne crois pas…et cet homme aurait continué jusqu’a la fin de sa vie)… ce qui n’empeche pas la sanction en interne! Ainsi, si le patronnat de la SG avait effectivement été au courant de ce qui se passait réellement, il aurait été sanctionné (et même trés certainement licencié discrètement, car mettant en péril la survie même de la société, ayant tout de même placé l’intégralité des FP de la banque…aucun patron n’aurait pu accepter cela…même si ça devait rappoter tout l’or du monde… bien trop risqué). Les patrons devaient surement se douter que ce trader n’était pas blanc blanc (d’ailleurs aucun ne l’est et aucun ne respecte ses limites…) mais sans savoir jusqu’où allait son « zèle ».

  • Echen

    Cet article sous-entend-t-il que la SoGe avait une connaissance préalable des attentats ?

    C’est stupide d’associer tout ceux qui ont parié à la baisse à des membres d’un complot, et tout ceux qui ont parié à la hausse à des anges.

  • Liberty

    Comme tout va bien dans le monde ultra-libéral des »affaires » c’est encore un mini Madoff qui vient de se faire épingler aux US . Décidément la finance a comme un goût nauséabond et parait-il c’est la crise……mais pour qui ????

    PS : le préjudice se monte tout simplement à quelques dix milliards de dolards….. une bagatelle quoi !!!!

  • Valdagon

    suite au message de Tortuga:

    Sans compter que les pertes de Kerviel ne sont dues -au moins en partie- qu’au débouclage bien trop rapide des positions prises par le trader. Avec plus de sang froid, l’étendue des dégâts eut été plus limitée !





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