Quelle sera demain la politique internationale des USA ?

Voici un article paru le 1er septembre 2008, écrit par Michel Collon, auteur de nombreux essais dont le fameux "10 guerres, 10 médias-mensonges" déjà paru sur notre site ReOpenNews. À la veille des élections américaines, Michel Collon nous donne ici sa vision de l’avenir géopolitique de la planète. Nous avons choisi de l’illustrer au travers de l’interview du député européen et auteur du film "Zéro – Enquête sur le 11 Septembre" Giulietto Chiesa, donnée voilà presque un an lors de l’émission OndaNomala de RaiNews24. Son analyse rejoint sur bien des points celle de M.Collon : sur la guerre contre l’Iran évitée de justesse en décembre dernier, sur la résistance que doit exercer l’Europe face à l’hégémonie militaire des USA, sur l’expansion de l’OTAN, ou encore sur le déclin annoncé de la puissance financière des USA et du dollar.

 


 

par Michel Collon le 1er septembre 2008

Après Bush, chacun espère un changement ou craint le pire. McCain ou Obama ? Qu’est-ce que cela changera pour l’Irak, l’Afghanistan, la Palestine, l’Afrique, le Caucase, Cuba ou le Venezuela ? Et dans les relations avec les grandes puissances : Europe, Japon, Russie, Chine ?

Nous ne pensons pas que la politique internationale des États-Unis se décide à la Maison-Blanche. En fait, l’élite US est actuellement hésitante sur la stratégie à suivre dans les prochaines années. Ce texte analyse les deux options qui s’offrent à elle. La crise économique rend la question encore plus brûlante: comment les États-Unis s’y prendront-ils pour rester la superpuissance qui domine le monde ?
Ce texte est extrait de notre livre Les 7 péchés d’Hugo Chavez (chapitre 11 : Les États-Unis, l’or noir et les guerres de demain) à paraître prochainement. Dans les pages qui précèdent, ont été expliquées les raisons de l’ascension, puis du déclin des États-Unis. Investig’Action a jugé urgent de publier déjà cet extrait pour éclairer les débats en cours sur les élections aux USA…

 

L’échec de Bush

Quel bilan peut-on tirer de cette guerre globale menée par l’administration Bush à partir du 11 septembre ? Négatif. Pratiquement partout…

En Afghanistan et en Irak, les États-Unis ont déclenché deux guerres qu’ils ont été incapables de gagner et qu’ils ne gagneront jamais. Bush aurait bien voulu en déclencher une troisième contre l’Iran, mais trop affaibli, il a dû y renoncer. Le but de cette guerre était d’assurer à Washington le contrôle du pétrole. En cinq ans, il a grimpé de 25 dollars à plus de 100 dollars, avec des conséquences très négatives pour l’économie US et mondiale.
En Amérique du Sud, les États-Unis ont perdu, entièrement ou partiellement, le contrôle de presque toutes leurs colonies : Venezuela, Bolivie, Équateur, Uruguay, Paraguay, Argentine et Brésil. Ne leur restent, à l’heure où nous écrivons ces lignes, que le Pérou, le Chili et la Colombie.
En Afrique aussi, la résistance a marqué des points. Le Congo de Kabila a refusé de se mettre à genoux. Et quand Washington a cherché un endroit pour installer le centre de son nouveau commandement militaire Africom, tous les pays ont poliment refusé. Il a finalement fallu se rabattre sur le Maroc, au prix de certaines concessions financières.

De même, en Asie du Sud, un groupe de stratèges US s’inquiétait récemment de la montée des résistances dans toute la région et proposait de renforcer la ‘capacité de projection’ des États-Unis en Asie du Sud. Dans leur jargon, ça veut dire les moyens d’organiser des débarquements militaires, des bombardements ou des coups d’État soutenus. Mais il s’empressait de signaler qu’en raison de l’impopularité des États-Unis dans cette région, il serait impossible de trouver un pays pouvant accueillir le siège de cette force US. (1)

Même chez les alliés européens, la politique de Bush a provoqué des résistances. Ainsi, au sommet de l’OTAN à Bucarest, en avril, George Bush a réclamé une nouvelle expansion pour intégrer cette fois l’Ukraine et la Géorgie, deux pistolets braqués sur la Russie. Mais il a essuyé un refus, ferme et public, de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Belgique, de la Hollande et du Luxembourg, peu désireux de se fâcher avec Moscou qui fournit leur gaz. Steve Erlanger et Steven Lee Myers, deux analystes proches du Pentagone, y ont vu « un échec notable de la politique des États-Unis dans une alliance normalement dominée par Washington » (2).

En Russie justement, le ton monte. Moscou refuse l’installation sur le continent européen des armes que les États-Unis appellent un bouclier antimissile : « Si une partie du potentiel nucléaire des États-Unis est en Europe (…), nous devrons avoir des cibles en Europe » (3). D’ailleurs, en mai 2008, la Russie a testé un nouveau missile intercontinental à têtes multiples, « en réponse aux actes unilatéraux et infondés de nos partenaires », a déclaré Poutine. Washington certifie pourtant que le bouclier antimissile n’est pas dirigé contre la Russie, mais seulement contre des États comme l’Iran. Mais Poutine rétorque : « Aucun missile iranien n’a de portée suffisante. Il devient alors évident que cette nouveauté nous concerne aussi nous, Russes. » (4).

Tout comme la Russie, la Chine n’a pas reculé non plus devant les multiples campagnes et pressions organisées par Washington.

L’élite US se divise

Il y a dix ans, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du Président Carter et stratège le plus important des États-Unis, publiait Le Grand Échiquier, sorte de mode d’emploi du « Comment rester la seule superpuissance dominant le monde » (5) . Il y expliquait, avec la brutalité de quelqu’un qui n’est plus aux affaires, que Washington devait absolument affaiblir ses rivaux : Russie, Chine, mais aussi Europe et Japon, et les empêcher de s’allier entre eux. Diviser pour régner.

Aujourd’hui, quel est le bulletin de George Bush, sur base des critères définis par Brzezinski ? A-t-il réussi à affaiblir les grandes puissances rivales ? Disons : mention assez bien en ce qui concerne le Japon, assez bien (pour l’instant) en ce qui concerne l’U.E., mais mauvais en ce qui concerne la Russie, et très mauvais en ce qui concerne la Chine.

Globalement, Bush a provoqué tant de résistances que la domination des États-Unis s’est affaiblie. Les secteurs qui l’avaient porté au pouvoir – armement, pétrole, automobile, défense, compagnies pharmaceutiques – constatent que les guerres de Bush n’ont apporté ni de grands profits, ni de nouvelles zones d’exploitation. En fait, elles ont coûté davantage qu’elles n’ont rapporté. Et l’administration Bush s’est révélée être un petit cercle restreint, pensant beaucoup à s’en mettre personnellement plein les poches, mais incapables de finesse tactique et de réelle vision à long terme.

Une fois l’échec devenu évident, les divisions se sont exacerbées au sein de l’élite US, et même de l’administration Bush. À partir de 2006, les néocons ont dû céder du terrain. Ils ont dû accepter le remplacement du ministre de la Guerre, Donald Rumsfeld, par Robert Gates, un homme de la Trilatérale et de la tendance Brzezinski. Le nouveau ministre a en quelque sorte admis la faiblesse du militarisme US dans un discours prononcé devant les élèves de l’Académie militaire de West Point : « Ne combattez pas à moins d’y être obligés. Ne combattez jamais seuls. Et ne combattez jamais longtemps. » (6). Puis, la commission bipartisane Baker – Hamilton a condamné la tentative de Bush de remodeler le ‘Grand Moyen-Orient’ comme étant irréaliste et elle a prôné au contraire une approche plus tactique envers la Syrie et l’Iran.

Même au sein des services secrets et de l’Armée, plusieurs frondes se sont déclenchées. En décembre 2007, lorsque Bush a voulu préparer une attaque contre l’Iran sous le classique prétexte des armes de destruction massive, seize services de renseignement US ont surpris tout le monde en publiant un rapport qui constatait que l’Iran avait suspendu son programme nucléaire militaire depuis au moins 2003.

« Le déclin des États-Unis est inévitable »
(Zbigniew Brzezinski)

Dans son livre, Brzezinski proposait une stratégie agressive et machiavélique pour sauver l’Empire US. Mais lui-même, croit-il que ça marchera ? Aussi surprenant que ça paraisse, la réponse est : Non.

« À long terme, la politique globale est vouée à devenir de moins en moins propice à la concentration d’un pouvoir hégémonique dans les mains d’un seul État. L’Amérique n’est donc pas seulement la première superpuissance globale, ce sera très probablement la dernière. » (p. 267)
La raison tient dans l’évolution de l’économie : « Le pouvoir économique risque aussi de se disperser. Dans les prochaines années, aucun pays ne sera susceptible d’atteindre 30% environ du PIB mondial, chiffre que les États-Unis ont maintenu pendant la plus grande partie du 20ème siècle, sans parler de la barre des 50% qu’ils ont atteinte en 1945. Selon certaines estimations, l’Amérique pourrait encore détenir 20% du PIB mondial à la fin de cette décennie pour retomber à 10-15% d’ici l’an 2020, tandis que les chiffres d’autres puissances – l’Europe, la Chine, le Japon – augmenteraient pour égaler approximativement le niveau des États-Unis. (…) Une fois que le déclin du leadership américain sera amorcé, la suprématie dont jouit aujourd’hui l’Amérique ne pourra être assurée par aucun État isolé. » (p. 267-8)

« Une fois que le déclin du leadership américain sera amorcé ». Brzezinski ne parle donc pas d’une possibilité, mais d’une certitude. Il écrit cela en 1997. Aujourd’hui, il est devenu clair que le déclin est bel et bien amorcé. Le monde devient multipolaire.

Mais peut-être Brzezinski est-il un pessimiste isolé ? Peut-être que les néocons qui ont inspiré Bush sont plus ‘optimistes’, si l’on ose employer ce mot ? Eh bien, en fait, pas beaucoup plus. Dans le texte fondateur de toute la politique de l’administration, le Project for a New American Century (PNAC), rédigé en 1992 par Paul Wolfowitz et ses amis, on trouve évidemment toute l’idéologie de la nouvelle croisade militariste, mais aussi une remarque qui attire l’attention : « Actuellement, les États-Unis ne rencontrent aucun rival mondial. La grande stratégie de l’Amérique doit viser à préserver et étendre cette position avantageuse aussi longtemps que possible (…) Préserver cette situation stratégique désirable dans laquelle les États-Unis se trouvent maintenant exige des capacités militaires prédominantes au niveau mondial. » (7).

« Aussi longtemps que possible ». Ici aussi, donc, on ne croit pas qu’il sera possible pour les États-Unis de rester éternellement les maîtres du monde. Voilà bien un grand paradoxe. Le monde entier craint les États-Unis. Mais les dirigeants US, eux, savent qu’ils sont aux commandes du Titanic. Et pour sauver l’Empire autant que possible, ils sont partagés entre deux options…

Deux options pour sauver l’Empire

Quelle sera la politique internationale des États-Unis dans les années qui viennent ? Le choix de tel ou tel président est certes une indication. Mais pas décisive.
Rappelons que, durant la campagne présidentielle de 2000, George Bush avait promis une politique internationale beaucoup plus humble et moins interventionniste que son prédécesseur ! Tandis que l’autre candidat, Al Gore, avait proposé un budget militaire plus élevé que celui de Bush. Nous pensons que les grandes orientations de politique internationale ne sont pas décidées par les présidents, mais par les multinationales. En fonction de leurs besoins du moment et de leur évaluation du rapport de forces mondial.

Et justement, après le bilan d’échec des années Bush que nous venons de décrire, l’élite US apparaît assez divisée sur la marche à suivre. Comment se sortir de cette situation délicate ?

La première option possible, c’est l’option militariste. Les néocons de Bush l’ont incarné ces dernières années avec la stratégie Wolfowitz. L’agression et l’intimidation comme stratégie générale. Multiplier les guerres, gonfler au maximum les commandes au complexe militaro-industriel pour tirer la croissance et la domination des multinationales US, pour intimider aussi les alliés et les rivaux.

L’autre option, c’est celle défendue par Brzezinski et qu’il aime à appeler ‘soft power’ (le pouvoir en douceur). D’autres parlent d’un ‘impérialisme intelligent’. En fait, il s’agit de réaliser les mêmes objectifs des États-Unis, mais par des formes de violence moins directes, moins visibles. En comptant moins sur les interventions militaires US, très coûteuses, et davantage sur les services secrets, les manoeuvres de déstabilisation, les guerres par pays interposés, et sur la corruption aussi…

Cinq généraux de l’OTAN préparent un gouvernement mondial…

La première option consiste à militariser encore davantage la vie politique et à multiplier les guerres. Bush au carré.

En janvier 2008, cinq ex-généraux de l’OTAN ont présenté un document préparatoire à une rencontre au sommet de l’OTAN à Bucarest (8). Leurs propositions révèlent une tendance absolument effrayante. Et ce qui donne beaucoup de poids à leur document, c’est que tous exerçaient, jusqu’il y a peu, des fonctions au plus haut niveau. Le général John Shalikashvili était chef de l’état-major US et commandant en chef de l’OTAN en Europe, le général Klaus Naumann dirigeait l’armée allemande et présidait le comité militaire de l’OTAN en Europe, le général Henk van den Breemen était chef de l’état-major hollandais, les mêmes fonctions étant occupées en France par l’amiral Jacques Lanxade tandis que Lord Inge dirigeait l’état-major et le service de la Défense en Grande-Bretagne. Rien que des grosses pointures. Et très agressives, comme nous allons le voir…

Page 6 : « [Les auteurs] proposent des pistes sur la façon de surmonter une rivalité possible avec l’UE et de permettre à l’OTAN d’accéder à des instruments non militaires. » Deux remarques. 1. En fait, cette rivalité n’est pas seulement possible, elle est tout à fait réelle. Dans quel sens voudront-ils la surmonter ? 2. Que signifie pour l’OTAN « accéder à des instruments non militaires » ? S’agit-il d’obtenir une emprise plus forte sur la vie civile des sociétés occidentales ?

Page 7 : « Afin d’initier le processus, ils proposent d’établir un directorat réunissant les États Unis, l’UE et l’OTAN. Il aurait pour mission de coordonner toutes les opérations dans la sphère atlantique. » Un super – gouvernement mondial, donc. Pour réaliser quels objectifs ?

Les Cinq nous l’expliquent page 42 : « Ce qui attend les alliés occidentaux, c’est la défense proactive, soutenue sur le long terme de leurs sociétés et de leur mode de vie. » ‘Défendre notre mode de vie’ fut déjà un argument employé par le père Bush pour déclencher la première guerre contre l’Irak. En fait, ‘mode de vie’ est une façon hypocrite de désigner la domination des multinationales sur la vie économique. Domination qui a pour effet de maintenir la moitié de l’humanité dans la pauvreté. Le but des Cinq, est bien d’employer les moyens militaires pour maintenir le fossé riches – pauvres. Pour qui en douterait, on précise page 92 : « Les objectifs de notre stratégie sont de préserver la paix, nos valeurs, le libéralisme économique et la stabilité. »

Préserver la stabilité des multinationales, donc. Et contre quel ennemi ? Les auteurs fournissent quelques exemples de ce qu’il ne faut pas tolérer dans le tiers monde. Page 52 : « Nous avons des exemples moins importants d’aide non souhaitable : du Venezuela au régime cubain ». Le gendarme mondial s’arroge le droit d’intervenir partout contre tout pays posant des actes qui déplaisent aux multinationales.

Mais parmi tous les indésirables, quel est l’ennemi principal ? La réponse vient page 44 : « La Chine est en mesure de faire grand tort aux économies US et mondiale en s’appuyant sur ses énormes réserves en dollars. » Et page 52 : « La Chine est en mesure d’utiliser l’arme de la finance pour s’imposer en Afrique et acquiert la capacité de l’utiliser à beaucoup plus grande échelle – si tel est son choix. »

Voici donc les bons et les méchants bien définis. Le libéralisme a besoin de l’OTAN pour s’imposer au monde entier. Et pour mener cette guerre économique, de quels moyens l’OTAN devrait-elle disposer ?

Le droit international et l’ONU jetés par-dessus bord

En fait, les cinq généraux se sentent frustrés. Page 76 : « L’un des principaux problèmes dans la conception stratégique actuelle de l’alliance atlantique est que ses actions restent essentiellement réactives plutôt que préventives, et sont limitées à des moyens militaires. » Page 91 : « Or une stratégie ambitieuse doit comprendre l’utilisation bien intégrée de tous les leviers disponibles, qu’ils soient politiques, économiques, militaires, culturels, sociaux, moraux, spirituels ou psychologiques. »

Nous y voilà ! La Bande des Cinq entend déborder de ses tâches militaires et exercer une emprise sur le fonctionnement de la société civile. Au moins, le droit sera-t-il respecté par ce nouveau gouvernement mondial ? On en doute fortement… Pages 94-95 : « Un autre principe à respecter est la légalité. Toute action doit être légitime, autorisée et respecter le droit international. Voilà qui peut représenter un handicap considérable lorsque l’adversaire n’a aucun respect pour quelque loi que ce soit, mais agir différemment signifierait en fin de compte appliquer la loi de la jungle et miner notre propre crédibilité. Pourtant ce principe n’empêche pas qu’il faille adapter le droit international existant à un contexte international en constante évolution… »

Dans cette citation, les premières phrases servent de pommade, le véritable contenu vient à la fin : ‘adapter’ le droit signifie en réalité le violer, nier les principes proclamés jusqu’à présent. Après Abou Ghraib, Guantanamo, la torture, les assassinats de chefs d’État, les vols clandestins et les prisons secrètes de la CIA, nous propose-t-on de combattre ces violations du droit ? Non, on propose de les légaliser en ‘adaptant’ le droit.

Il faut rappeler que déjà les deux guerres contre l’Irak et celle contre la Yougoslavie ont violé le droit international, la charte de l’ONU et même la propre Charte de l’OTAN. Mais, précisément, c’est de la légalité internationale que les Cinq veulent se débarrasser. Page 104-105 : « L’approbation des Nations – Unies peut ne pas être nécessaire selon l’article 51 de la Charte des Nations – Unies (légitime défense) et il est peut-être possible d’y renoncer au terme de la Convention sur le génocide. »

« Vive la guerre préventive » ! Même nucléaire.

On sera d’autant plus inquiet en lisant page 96 : « Ce qu’il nous faut, c’est une forme de dissuasion par refus proactif, où la préemption est une forme de réaction en cas de menace imminente et la prévention une tentative pour reprendre l’initiative et mettre fin au conflit. »

‘Défense proactive’, dans le jargon des militaires, désigne la guerre préventive bien que celle-ci soit interdite par le droit international. Ce terme revient sans cesse dans le document des Cinq. George W. Bush avait déjà invoqué une ‘guerre préventive’ contre le terrorisme. Comme Hitler en son temps. Car les agresseurs se réfugient souvent derrière le prétexte de prévenir un danger. En réalité, le droit international a toujours interdit explicitement les guerres prétendument préventives. Mais les craintes ne s’arrêtent pas là…

Page 94 : « A première vue, l’arme nucléaire peut sembler disproportionnée; mais si l’on tient compte des dommages qu’elle prévient, il est possible qu’elle soit raisonnable. » Ici, éclate toute l’immoralité des cinq bandits. La guerre nucléaire est une atrocité et l’humanité n’a cessé de réclamer le démantèlement de ces armes de destruction massive. Voici qu’on prétend les justifier. Avec une hypocrisie qui ne peut tromper personne : ‘prévenir des dommages’. Totalement flou et sans doute raciste : la vie des peuples adversaires ne vaut rien.

La vérité est que ces généraux criminels, constatant que les bombardements classiques ne suffisent pas à briser les résistances, et que les guerres terrestres sont coûteuses et périlleuses pour les envahisseurs, ces généraux criminels avancent l’arme nucléaire comme solution au problème d’hégémonie mondiale des multinationales.

« Préparer les esprits »

On le voit, la marchandise que la Bande des Cinq prétend nous vendre est totalement pourrie et avariée. C’est pourquoi, prévoyants, ils comptent travailler l’opinion par des campagnes de propagande à long terme. Page 104 : « Ces mesures doivent s’accompagner d’efforts proactifs et coordonnés de communication dans les médias (…) Par ailleurs, cette campagne médiatique pourrait préparer les esprits à une intervention armée. »

‘Préparer les esprits’ ! Bien sûr, ce n’est pas nouveau… Tirant le bilan de la guerre contre la Yougoslavie (en 1999), qui fut le festival le plus réussi de la désinformation organisée, un général de l’OTAN avouait, après la guerre, que de fausses informations avaient été systématiquement balancées, tandis que les informations gênantes étaient écartées ou marginalisées pour « anesthésier les opinions ». Il résumait ainsi la philosophie de l’OTAN : « L’opinion, ça se travaille, comme le reste. » (9). A chaque guerre, d’ailleurs, les généraux occidentaux engagent des spin doctors, c’est-à-dire des agents publicitaires pour vendre leur guerre et manipuler l’opinion. Mais cette fois, on va beaucoup plus loin, il s’agit de toute une campagne à long terme pour conditionner l’opinion…

Page 129 : « Il faut par conséquent que l’OTAN développe une stratégie d’information qui doit servir trois objectifs simultanément. Elle doit persuader le monde que l’OTAN est une force du bien. Elle doit se déployer avant que les adversaires commencent à répandre leurs informations, c’est-à-dire que l’OTAN doit imposer sa domination en matière de relations publiques. Elle doit gagner le coeur et l’esprit des habitants des pays de l’OTAN (à la justesse de l’attitude de l’alliance atlantique) mais aussi des populations dans les pays où se passe l’intervention armée. »

« Imposer sa domination en matière de relations publiques ». L’information est conçue comme une guerre qui se gagne en éliminant les forces de l’adversaire. Il ne s’agit pas ici d’accusations gratuites : l’armée US a bombardé et emprisonné des journalistes d’Al-Jazeera, l’OTAN a bombardé la télévision de Belgrade (17 tués), le Pentagone a préparé des plans pour éliminer les informations gênantes sur Internet dont le caractère démocratique dérange considérablement.

Un plan de dictature mondiale

Au début de leur document, les cinq généraux annonçaient « des pistes pour surmonter une rivalité avec l’U.E. » Comment vont-ils s’y prendre ? En fait, ils utilisent le cadre de l’OTAN pour organiser la soumission de l’U.E. aux volontés de Washington…

Page 137 : « Nous considérons que les forces multinationales sont la clé d’une modernisation rapide et peu onéreuse des forces de l’OTAN, mais nous soulignons que cette option n’est possible que si les États membres acceptent sans restriction que ces forces soient à la disposition de l’OTAN pour toute opération autorisée par le Conseil de l’OTAN. » Traduction : on obligera les armées européennes à obéir aux décisions de l’OTAN (actuellement, l’unanimité est requise).

Le plan des Cinq procure trois avantages aux États-Unis : 1. Intégrer des forces européennes dans leurs guerres. 2. Reporter les coûts sur les alliés. 3. Partager aussi l’impopularité.

Le caractère antidémocratique des Cinq se manifeste clairement page 139 : « Nous choisissons de ne pas formuler nos propositions pour la réforme de l’UE de façon aussi détaillée que pour l’OTAN, et ceci, pour deux raisons : tout d’abord, un nouveau traité qui vient remplacer la ‘constitution’ désormais condamnée est actuellement adopté en douce, de façon à éviter de consulter les populations. »

Leur plan vise bien à rendre impossible toute opposition. Page 144 : « Afin d’éliminer toute source d’irritation, il pourrait être décidé que c’est toujours d’abord au sein de l’OTAN qu’un point sera traité et que les membres de l’OTAN qui sont aussi membres de l’UE s’engagent à ne pas s’écarter du vote posé à l’OTAN quand le point est abordé dans des instances européennes. » Donc, une fois que l’OTAN aura décidé, un pays européen n’aura plus le droit de s’opposer.

En conclusion, ce plan de la Bande des Cinq, préparé par des gens qui ont été au sommet du pouvoir militaire mondial, indique une tendance significative dans cette élite. Leur plan de super – gouvernement mondial à trois (dominé en réalité par les États-Unis) jetterait à la poubelle tout vestige du droit international, légitimerait la guerre préventive et les armes nucléaires, organiserait la manipulation systématique des opinions. C’est un plan de nature fasciste.
Voilà une des deux options auxquelles l’élite des États-Unis pense actuellement pour résoudre ses problèmes. L’autre est incarnée notamment par Zbigniew Brzezinski dont nous avons parlé plus haut…

« L’impérialisme intelligent » ?

Les stratèges militaires US distinguent trois types de guerres qu’ils peuvent déclencher : 1. Les guerres de haute intensité. Il s’agit des affrontements entre grandes puissances du type des deux guerres mondiales. 2. Les guerres de moyenne intensité. Elles comportent aussi un engagement militaire US direct mais contre des puissances beaucoup plus faibles. Comme l’Irak ou la Yougoslavie. 3. Les guerres de basse intensité. Elles ne comportent pas d’engagement militaire direct des États-Unis. Ceux-ci s’arrangent pour faire se battre les autres. Ils provoquent des conflits entre pays voisins, ou à travers des mouvements paramilitaires ou terroristes.

Trompeur, le terme ‘basse intensité’ peut donner l’impression que les dégâts sont moindres. En réalité, ils ne sont moindres que pour les États-Unis. Ainsi, la guerre dite de ‘basse intensité’ que Washington a déclenchée contre le Congo (à travers les armées du Rwanda et de l’Ouganda voisins, et diverses milices) a fait cinq millions de morts et elle a paralysé le développement du Congo.

La stratégie Brzezinski, à la différence de Bush, privilégie ces guerres de basse intensité. Elle n’est donc nullement plus morale, mais se veut juste plus intelligente.

Mais Brzezinski propose aussi de recourir à d’autres formes d’intervention. Souvent, on ne pense qu’à la forme la le plus visible de l’agression : l’intervention militaire des États-Unis. En réalité, ils disposent de toute une panoplie. Si on veut établir une typologie complète, dans l’ordre d’intensité, on doit compter les formes suivantes : 1. Corruptions des dirigeants locaux. 2. Chantages sur ces dirigeants locaux. 3. Campagnes médiatiques de diabolisation. 4. Déstabilisations diverses. 5. Embargos et blocus commerciaux. 6. Coups d’État. 7. Provocations de séparatismes. 8. Guerres par intermédiaires. 9. Bombardements. 10. Occupations terrestres. Toute une gamme de méthodes, on le voit, et qui peuvent évidemment se combiner, mais qui constituent toutes des agressions.
Bien sûr, tous les gouvernements US recourent à l’ensemble de ces méthodes, et pas seulement à certaines. Mais le dosage et les financements diffèrent.

Après les crimes commis par Bush, on pourrait être tenté de se réjouir de voir un changement de méthodes. En réalité, si Washington décide de changer ses tactiques, il ne s’agira pas de pacifisme, mais seulement de rendre la brutalité moins visible. Il faut rappeler que Brzezinski, c’est l’homme qui a financé ben Laden en Afghanistan pour piéger l’Union soviétique dans une guerre de longue durée, coûteuse et briser son alliance avec le monde musulman. Brzezinski est très fier de son succès et ne manque pas une occasion de le rappeler.

Si les États-Unis décident d’appliquer la stratégie Brzezinski, il y aura sans doute moins de guerres directes. Et elles se feront le plus possible en concertation avec les alliés. Ce qui permettra également de mieux soigner l’image médiatique et la manipulation de l’opinion.
Et surtout, en faisant travailler davantage la CIA, on s’efforcera de remplacer les guerres menées directement par les États-Unis par des guerres ‘indirectes’. Faire se battre des pays voisins en soutenant ‘le bon’ sous toutes sortes de bons prétextes. Ce fut la méthode employée avec succès par Clinton contre la Yougoslavie.

La méthode Brzezinski présente deux avantages pour les États-Unis : 1. Elle leur redonne un aspect plus présentable, pour rétablir leur autorité morale. 2. En versant moins d’argent au complexe militaro-industriel, elle permet d’aider davantage l’économie US pour renforcer sa position concurrentielle face à l’Europe, la Chine, l’Inde, etc…

Pour économiser sur les guerres, la stratégie Brzezinski recourt davantage aux chantages et aussi à l’action clandestine. Les chantages peuvent passer, notamment, par l’utilisation des instruments du contrôle économique global comme la Banque Mondiale, le FMI et l’OMC. Institutions multilatérales, mais dominées par les États-Unis et permettant de dicter leurs volontés au tiers monde d’une manière apparemment plus objective. Mais ce ne sera pas facile, car la Banque Mondiale et le FMI ont accumulé tant de haines là où ils sont passés que les pays ont cherché des alternatives. L’idée d’une Banque du Sud, lancée par Chavez, fait son chemin…

L’action clandestine, c’est-à-dire la CIA, devrait aussi être utilisée davantage. Elle permet de se débarrasser des gouvernements gênants avec des investissements bien moindres.

Voilà pourquoi les tenants de la stratégie de Brzezinski se définissent comme partisans d’un ‘soft power’ ou ‘impérialisme intelligent’. Le danger, avec ce soft power, serait que la gauche se réjouisse d’être débarrassée de Bush et diminue sa vigilance parce qu’il y aurait – pendant un certain temps – moins de guerres directes. De sorte que le mouvement antiguerre international, qui connaît une crise évidente, riposterait encore moins face aux stratégies plus discrètes de l’Empire.

De toute façon, cet Empire ne deviendra pas pacifique. Tôt ou tard, il relancera des guerres à la Bush. Parce qu’en fait, l’élite US pratique un cycle d’alternance entre les deux options…

Les présidents passent, les multinationales restent

Elles ne sont pas nouvelles, ces deux options, militariste ou ‘intelligente’. Et il ne s’agit pas d’une opposition entre républicains et démocrates. Parce que ces deux partis ne représentent pas ‘la guerre’ et ‘la paix’, mais seulement des électorats différents, et des tactiques différentes, et toujours au service des multinationales. Ainsi, ce n’est pas un républicain, mais bien un démocrate, Harry Truman, qui a déclenché la guerre en 1950 contre la Corée et la Chine. Ce n’est pas un républicain, mais bien un démocrate, John Kennedy, qui a commencé la guerre contre le Vietnam en 1961.

Et ce n’est pas non plus un vote populaire contre un vote bourgeois. Les multinationales US financent toujours les deux candidats, plaçant leurs oeufs dans les deux paniers. Mais on peut juger leurs préférences aux montants versés. Au début des années 90, les multinationales investissent des deux côtés, mais privilégient Clinton et les démocrates à 58 %. À partir de 1996, au contraire, elles misent sur les républicains à 67 %. Aux présidentielles de 2000, c’est Bush qui est financé massivement. Et déclaré élu bien que le scrutin ait désigné son rival Gore. Par contre, à la présidentielle de 2008, les multinationales changent à nouveau de côté et financent davantage Obama que son rival McCain.

De toute façon, le même président peut changer de politique. Après la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide, Bill Clinton a d’abord baissé les budgets militaires et les commandes au complexe militaro-industriel dans l’espoir de relancer la machine économique US en général. Mais, bien que la décision soit passée quasiment inaperçue, le même Clinton, en fin de mandat, a effectué un virage : « Le budget militaire des États-Unis doit augmenter de 70 % » (10) Ce qui confirme ce qui a été dit plus haut : les grandes décisions politiques ne dépendent pas du caractère de tel ou tel président, mais bien de stratégies décidées plus haut. Les présidents passent, les multinationales restent.

La politique US alterne les méthodes

Donc, on parlera plutôt d’une alternance dans la politique des États-Unis. Après chaque grand revers, on constate un retour, temporaire, au ‘soft power’.
Après la défaite du Vietnam et la réprobation morale envers les dictatures installées par Washington en Amérique latine, les multinationales US ont porté à la présidence le gentil pasteur Jimmy Carter avec de merveilleux discours sur les droits de l’homme. Après la guerre froide et la première guerre contre l’Irak, le président Clinton s’est efforcé d’embarquer les Européens dans ses guerres et il a soigné la présentation médiatique.
En fait, pour essayer de résoudre ses problèmes, la bourgeoisie US a constamment hésité entre les deux options. Ou plutôt, elle les a alternées : un peu plus de bâtons, un peu plus de carottes. Mais ses choix deviennent de plus en plus difficiles. Car aucune méthode ne résout vraiment les problèmes. 

À présent, après le désastreux bilan de Bush, cette bourgeoisie US hésite entre les deux options. Ou bien la fuite en avant, c’est-à-dire la guerre tous azimuts. Ou bien un repli tactique, reculer pour mieux sauter et réorganiser les méthodes d’action. La question n’est pas tant de savoir quel président elle choisit, mais bien quelle stratégie.

De toute façon, on n’est pas certain que la stratégie Brzezinski soit, au final, moins brutale que celle de Bush. Il est vrai qu’en 2008, il a critiqué publiquement le président en disant qu’il était stupide de vouloir attaquer l’Iran, parce qu’il ne pouvait pas gagner et qu’une guerre serait nuisible à la situation d’Israël, au prix du pétrole, et donc à l’économie US. Mais certains analystes pensent que Brzezinski veut ménager l’Iran parce qu’il espère retourner ce pays et le faire participer un jour à un encerclement de la Russie. Voilà la puissance qui reste la bête noire, l’obsession de l’auteur du Grand Échiquier. Certains pensent que Brzezinski vise toujours à encercler et affaiblir complètement la Russie, quitte à en découdre avec elle. Sans oublier la Chine, devenue manifestement une cible majeure. Dans cette hypothèse, le soft power se transformerait en une apocalypse now.

Leurs solutions aggravent le problème

Que la bourgeoisie US soit divisée sur la ligne à suivre, découle du fait que les États-Unis ne sont finalement pas si puissants qu’on le croit. Ni sur le plan économique, ni sur le plan militaire. A chaque fois que les dirigeants des États-Unis ont cru avoir trouvé une solution, il s’est avéré après un certain temps que cette solution aggravait le mal.

Par exemple, dans les années 80, pour échapper à la récession, les multinationales US ont foncé sur l’Amérique latine et d’autres régions du tiers monde, faisant main basse sur leurs matières premières, leurs entreprises, leurs marchés. Mais comme cette offensive néolibérale a tellement appauvri ces pays, elle a provoqué des catastrophes économiques, donc des résistances de plus en plus fortes et l’Amérique latine a viré à gauche. À partir de 1989, Washington a déclenché une guerre globale pour s’assurer le contrôle absolu du pétrole. Mais le pétrole lui a échappé de plus en plus. Á partir de 2001, Bush a déclenché sa guerre contre le prétendu Axe du Mal, mais il n’a réussi qu’à renforcer les résistances dans toutes les régions.

Les États-Unis paraissent très forts, mais le sont-ils vraiment ? Avec tous leurs dollars, toutes leurs technologies et tous leurs crimes, ils ont perdu la guerre de Corée (1950) et celle du Vietnam (1961-1975), ils ont dû se replier du Liban (1982) et de la Somalie (1993), ils n’auraient sans doute pas gagné en Yougoslavie (1999) si le président Milosevic avait accepté les combats terrestres, et ils ont d’ores et déjà perdu en Irak et en Afghanistan, même s’ils ne le reconnaissent pas encore. Ne sont-ils pas, effectivement, comme on dit, un ‘tigre en papier’ ? Sur le long terme, les peuples qui défendent leurs richesses et leur avenir, ne sont-ils pas plus forts que les dollars et les missiles ?

Les États-Unis ont beau dépenser à eux seuls plus que toutes les autres nations du monde ensemble pour les budgets militaires, cela ne réussit plus à leur assurer la suprématie mondiale. Ils sont eux-mêmes victimes, si l’on peut dire, de leur contradiction fondamentale : tout ce qu’ils font s’oppose aux intérêts de l’immense majorité des habitants de cette planète, ils créent donc eux-mêmes la force qui les abattra.

Une armée ne peut pas être plus forte que l’économie qui la finance. Et la faiblesse fondamentale qui empêchera les dirigeants US d’atteindre leur but, c’est que l’économie US scie la branche sur laquelle elle est assise. En sous-payant ses travailleurs, en délocalisant une partie de sa production, en ruinant les pays du tiers monde qui devraient être ses partenaires, elle ne cesse d’appauvrir ceux à qui elle est censée vendre.
Ce problème, aucune des deux options, ni la militariste, ni l’ ‘intelligente’ ne pourront le résoudre. Les militaristes augmentent les dépenses et les résistances. Les ‘intelligents’, s’ils diminuent la terreur diffusée par la guerre directe, encouragent aussi la résistance.

Quelle que soit la tactique choisie, les États-Unis continueront à porter la guerre partout dans le monde. Pour imposer leur système économique et leurs intérêts. Il est urgent de recréer un puissant mouvement pour la paix et la souveraineté des peuples.

MICHEL COLLON
1er septembre 2008

SOURCES :
(1) John E. Peters, etc, War and escalation in South Asia, www.rand.org/pubs/monographs/2006/RAND_MG367-1.sum.pdf
(2) New York Times, 3 avril 2008.
(3) Le Monde, AFP, Reuters, Le Figaro, 21 avril 2008
(4) Corriere della sera, 21 avril 2008.
(5) Michel Collon, Monopoly, EPO, Bruxelles, 2000. Epuisé, voir copie gratuite à :
Brzezinski
(6) Le Soir (Belgique), 23 avril 2008.
(7) Project for a New American Century (PNAC), Rebuilding America’s Defenses, septembre 2000.
(8) Towards a grand strategy for an uncertain world, German Marshall Fund of the United States, www.gmfus.org/event/detail.cfm?parent_type=E&id=451
(9) Nouvel Observateur (France), 1er juillet 1999.
(10) Clinton Remarks on US Foreign Policy, 26 février 1999.

 

 

12 Responses to “Quelle sera demain la politique internationale des USA ?”

  • freelancer

    très intéressant cet article, sa confirme bien ce que je et sans doute beaucoup d’autres personnes soupçonnent, c’est à dire que les présidents quelque soit le parti, ne servent que les intérets des multinationales, tout ça n’est qu’une immense piéce théatrale, obama ou mc cain, peu importe rien enfin presque rien ne va changer, la politique sera toujours plus ou moins la méme.

  • shirlette

    La loi du plus fort ne dure qu’un temps.
    Même sur le plus grand des trônes, un dirigeant n’est jamais assis que sur ses fesses…et il passe le relais, plus misérable que jamais.
    Le pire est de penser que les hommes politiques ont la perversion de mettre leur intelligence au servce du mal.
    Ce sont tous des Machiavels en force.

  • looping

    Si le déclin de l’impérialisme américain approche inexorablement, pourquoi un tel entêtement au lieu de préparer la nation américaine à l’innévitable : c’est arroser le feu d’essence pour mieux s’enflammer

  • Jacques Kotoujansky

    Magnifique article, expliquant de façon lumineuse les deux stratégies de l’oligarchie US.
    Cela fait ressortir de manière encore plus cruelle la veulerie, la bêtise, la lâcheté de la presse française dominante qui endort ses lecteurs avec les niaiseries de la campagne électorale états-unienne dont ne sortira en fait de président des USA que le factotum de la stratégie choisie aujourd’hui, provisoirement sans doute, par l’oligarchie.
    Mais, hélas !, il n’y a pas que la presse qui soit ou crétine ou gredine… La <>, le pouvoir éxécutif et les <> lui disputent le pompon en fait d’aveuglement stupide ou de soumission au donneur d’ordres de Washington.
    Il faut garder espoir : avec des gens comme le député européen Giulietto Chiesa, comme le sénateur japonais Fukuda, comme Thierry Meyssan… et comme les <> (!), la vérité n’est pas submergée et les peuples se révolteront un jour, même si ce ne sera pas grâce à leurs <> présentes.
    Courage, on les aura !
    JK

  • Jacques Kotoujansky

    PS au message précédent : les motes entre guillemets suivants ont disparu du texte : classe politique – intellectuels – les gars bien (!) de Re Open – les élites

  • sympathisant

    Oui, courage !
    Mais le mot est-il encore d’actualité ?

  • Cathy des airs

    Monsieur Jacques Kotoujansky, je profite de votre passage sur ce site pour vous demander des nouvelles de l’article de votre cru, qui m’avait fort intéressée et que vous aviez envoyé récemment à 3000 cadres et personnalités françaises, pour les « éclairer » sur les lacunes de la VO du 11/9.
    Quels retours en avez-vous eu ? Et ne pensez-vous pas que certains parmi ces gens haut placés et ces « intellectuels » qui ont pignon sur rue, sont déjà au courant de la supercherie états-unienne depuis longtemps ?
    Et qu’est-ce qui dans ce cas – en France comme partout ailleurs en Europe et dans le monde – peut bien les empêcher de parler ?
    C’est plus qu’un Giulietto Chiesa ou un Yukihisa Fujita qu’il nous faut à présent ! (même si leur travail est tout à fait remarquable ) C’est un mouvement de fond qui briserait l’omerta médiatique et qui ne pourrait venir que des medias eux-mêmes, par le truchement (notamment) d’intellectuels dissidents… Or, que disent et que font depuis sept ans, nos brillantes élites pensantes – de droite ou de gauche – à propos du 11/9, dans ce pays ? RIEN, si ce n’est s’esclaffer ou afficher un royal dédain pour tout ce qui touche de près ou de loin aux « délires » conspirationnistes.
    Même Noam Chomsky, porté aux nues par plus d’un opposant aux doctrines néoconservatrices et à la propagande ultralibérale, même lui referme son entendement et met en veilleuse son bel esprit critique dès qu’on lui parle des remises en question du 11/9.
    Et que dire de certains journalistes – excellents – qui se réclament de lui (  » apprenez à penser par vous-mêmes, croyez en vos capacités de changer les choses et le monde ») alors qu’eux-mêmes, depuis sept ans, se TAISENT ?
    Personnellement, ma colère n’est pas près de retomber.

  • Entada

    superbe texte de Michel Collon: manque juste une petite information
    pour couronner le tout:
    le conseiller en affaires étrangères du candidat Obama est un certain Brzezinski
    et demain : c’est le D day
    et apres demain ?? le « soft power » ?
    un autre questionnement face a ce texte : j’ai vu dernierement une video de Meyssan denoncant la mise a disposition de forces de l’ONU a l’OTAN par le biais d’un accord secret : juste un changement de drapeau : et l’affaire est dans le sac!! info ou intox??
    http://www.dailymotion.com/search/meyssan/video/x79kii_accord-secret-entre-lonu-et-lotan_news





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